Pop-corn blues
72 pages
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Pop-corn blues , livre ebook

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Description

Mylène a 14 ans et vit depuis toujours avec son père. Ou presque ! En fait, elle n'a jamais connu sa mère qui a quitté la maison lorsqu'elle était bébé. C'est une adolescente enjouée, qui n'a que des petits soucis de collégienne. Cette tranquillité apparente va éclater avec l'arrivée de sa prof de français remplaçante. Sarah, sa meilleure copine, a raison et Mylène n'en revient pas. Elle ressemble à cette Madame Briant comme deux gouttes d'eau, comme une fille peut ressembler à sa mère... Le doute s'est immiscé en elle et ne va plus la lâcher. Débute alors une longue quête d'identité qui ne l'épargnera pas...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 novembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414281527
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-28153-4

© Edilivre, 2019
Exergue

« Car dans la vraie vie l’absence de la mère est la pire chose qui puisse arriver à une petite fille… »
Harlan Coben
Chapitre 1 Papa
Je tourne les pages de mon carnet de vocabulaire, papa est très fier de m’avoir déniché dans le grenier ce vieux répertoire téléphonique vierge. Il m’a expliqué qu’il datait d’une époque où les smartphones n’existaient pas ! Autant dire l’ère primaire…
C’était un carnet sur lequel on écrivait les numéros de téléphone, parce que personne n’avait encore eu l’idée d’inventer le portable avec sa page des contacts !
Je suis obligée de noter depuis septembre, tous les mots difficiles de nos leçons de français dans ce calepin. Je continue aujourd’hui mes révisions et j’en arrive à la lettre M.
M comme “monoparental” ce mot là, par contre, il parait qu’il est bien plus récent, de l’ère divorcaire avait lancé ma copine Sarah, jamais à court d’imagination pour essayer de faire rire la classe. Je connais très bien sa signification car papa et moi en formons une. Une famille monoparentale… Tout ça pour dire que ce petit carnet est devenu depuis la rentrée mon plus gros soucis. Pour faire court, disons qu’à peine mon entraînement de basket terminé, la lecture obligatoire de ce fichu carnet me gâche toutes mes fins de mercredis après-midi.
Je sais que je ne suis pas la seule à me plaindre de ce qu’a mis en place monsieur Harico, mon prof de Français. D’ailleurs, je trouve que même son nom, qui n’assume pas le T final, est une invitation à la plaisanterie. Charlotte, la redoublante affirme que c’est encore pire que l’année passée, comme si ce prof cherchait à collectionner les mots les plus alambiqués de la langue française (celui-là est le tout premier dans les A). Pour le dernier nous avons fait un petit écart car il nous vient d’Italie. C’était “crescendo”. Pour l’occasion, nous avons eu droit à une prouesse technologique ! Monsieur Harico a descendu le magnétophone à bande du haut de l’armoire de musique. Je pensais qu’il servait uniquement à accrocher la poussière, un peu comme ces rubans collants d’un jaune pisseux, qui pendent des plafonds à la campagne pour attraper les mouches. Après quelques tâtonnements techniques, le prof a expliqué que l’on comprendrait le sens du mot “crescendo” en écoutant attentivement ce morceau de musique classique. Personne ne s’est permis de réflexions, trop content d’avoir pour une fois une petite récréation musicale.
Cela commençait très doux je me souviens, comme pour nous forcer à faire silence, j’ai cru reconnaître une clarinette qui entamait un air genre “Aladdin”. Il y avait toujours le même roulement de tambour en fond sonore, j’ai pensé alors que le batteur ne devait pas savoir jouer autre chose. Le reste des instruments est arrivé par la suite au compte-goutte, un peu comme si aucun n’avait pu attraper la même rame de métro.
Du coup, à la fin c’était un véritable capharnaüm (lettre C, un de nos premiers mots de l’année). Pourtant assises au cinquième rang à gauche du tableau et protégées par cette grande asperge de Jérémy, Sarah et moi, on a dû se boucher les oreilles tellement c’était fort. Et en plus, c’est que ça n’en finissait pas ! Quinze minutes et trente trois secondes à la Casio vintage de Paolo, qui nous a fait grâce des dixièmes. Remarquez, personne n’est venu se plaindre de cet inattendu quart d’heure de récré. Dans l’affaire, j’allais oublier de dire qu’on avait tous reconnu le morceau. C’était une musique de pub pour une banque, ou une assurance, il n’y a que sur ce point de détail que nous n’étions pas d’accord. C’est curieux monsieur Harico n’a pas du tout partagé notre enthousiasme, il s’est contenté de souffler devant notre ”inculture”(là, je le cite comme disent les journalistes), avant de nous balancer qu’il s’agissait d’un Français, Maurice Ravel et que l’œuvre qui portait un nom de vêtement qui ne me revient plus, n’avait rien à voir avec un spot publicitaire. Je doute un peu ! D’abord parce qu’en musique classique je pensais qu’il n’y avait, comme au 100 m, aucun français célèbre. Ensuite parce que Nicolas, notre monsieur “je sais tout” de la classe, n’avait lui jamais entendu ce nom là !
J’en reviens à présent à mes moutons, “monoparental”, ça me fait je ne sais pas quoi de le prononcer, surtout depuis que je sais que ça résume notre situation à papa et moi. Ce qui rend notre cas un peu marginal, c’est que c’est lui qui a obtenu ma garde, le tribunal donne rarement raison au papa d’habitude paraît-il. Enfin nous, on était hors catégorie puisque ma “génitrice” nous a planté tous les deux, avant même que j’ai le temps de souffler ma première bougie.
Là, vous devez vous dire que “génitrice” me vient forcément aussi de mon carnet : perdu !
Celui-là je le tiens de Nico. On avait déjà ensemble une relation très complice avant le départ de son père et sa nouvelle situation familiale, au grand désespoir de Sarah, nous a encore un peu plus rapproché. Nicolas, à l’inverse de moi donc, c’est son père qui est parti, ce qui est plus banal. Encore que ! Vu l’écart d’âge entre son paternel et sa nouvelle compagne, c’est discutable. Tout ça pour dire que sa mère n’emploie plus le mot de papa devant Nico, mais de “géniteur”. Et moi comme je suis maline et que je connais Wikipédia, j’ai trouvé le féminin : génitrice.
Chez Nico je ne sais pas, mais nous à la maison, depuis toujours, nous faisons comme si ma mère n’avait jamais existé. Pour papa je suppose que c’est digéré, mais pour moi autant dire que ce n’est pas simple. Sarah, qui a toujours un avis sur tout, m’a expliqué qu’elle avait vu une émission à la téloche sur le sujet. D’après elle, à ce qu’ils ont dit, c’est parce que je suis “en recherche d’identité”. Si cette expression tout droit venue de séries policières veut dire que je voudrais me souvenir de son visage, alors oui on est pile poil dans le sujet. Papa n’a gardé aucune photo d’elle, fâché comme il devait l’être après maman je peux comprendre, mais pour moi c’est dur. J’ai osé demander, il y a peu de temps, des renseignements sur ma mère à tata Rosalie (la sœur de papa). Elle m’a répondu que plus je grandissais et plus la ressemblance entre nous devenait troublante. Elle m’a raconté comment papa avait tailladé au cutter et jeté toutes les photos de maman après son départ. Sur le coup, j’ai trouvé ça vachement romantique, mais une demi seconde seulement ! C’était en fait totalement crétin, je ne trouve pas de mot plus classe…
La seule femme dans l’existence de papa, c’est donc moi, Mylène, ou Minouche pour les intimes. Faut pas croire, ce n’est pas toujours un rôle facile à porter, c’est à la fois un job à plein temps et une sacré responsabilité. Sans vouloir me jeter des fleurs, je trouve que pour mes quatorze ans à peine, je m’en tire plutôt bien. Ce qui est drôle c’est qu’on est si proche avec papa, que côté conversation, c’est souvent le minimum syndical.
Rassurez vous, la plupart du temps c’est quand même animé à la maison, on rigole bien et en plus on aime les mêmes choses. Ce que j’adore faire par dessus tout avec lui, c’est regarder ses DVD de polars. Ceux que je préfère sont en noir et blanc, d’ailleurs ça m’a fait un choc la première fois, je croyais que ça venait de notre télé. C’est pas trop pour l’histoire que j’aime ces vieux films, le scénario est toujours assez simple, mais les dialogues, c’est toujours un régal pour les “esgourdes” comme disent les gangsters, j’adore.
Vautré chacun dans un des fauteuils du salon, nous piochons par poignées des pop-corn que je mets un point d’honneur à préparer. Ce genre de soirée téloche se finit invariablement de la même façon, le mot fin tout juste évanoui, il me...

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