La lecture à portée de main
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Description
Informations
Publié par | Editions du Jasmin |
Date de parution | 25 juillet 2018 |
Nombre de lectures | 1 |
EAN13 | 9782352845232 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Couverture
Du même auteur
DU MÊME AUTEUR
L’enlèvement de la Joconde , Nathan
Verdun 1916 un tirailleur en enfer , Nathan
L’île de la lune , Milan
Police Python, Nathan
Le ballon d’or, Rageot
L’esclave qui parlait aux oiseaux, Rue du Monde
Ploc ploc tam tam , Bilboquet
La pluie des mots, Autrement
Copyright
COLLECTION
ROMAN JEUNESSE
1.
Un loup dans la vitre
Philippe de Boissy
2.
Cloche
Clotilde Bernos
3.
Le cri
François David
4.
La promesse du bonhomme de neige
Eugène Trivizas
5.
Chat qui vole
François David
6.
Sous les sables d’Afghanistan
Jack Chaboud
7.
Direct au cœur
Yves Pinguilly
8.
Cœur d’Aztèque
Corine Pourtau
Illustration de la couverture : Tatiana Domas
Tous droits de reproduction, de traduction
et d’adaptation réservés pour tous pays.
© Éditions du Jasmin, 2005-2006 - 2 e édition
4, rue Valiton 92110 Clichy France
www.editions-du-jasmin.com
ISBN : 2-912080-42-8
ISBN-13 : 978-2-35284-569-0 Avec le soutien du
Titre
Dédicace
Pour Erwan et Justine
PREMIÈRE PARTIE
1
Ils étaient deux. Ils faisaient une partie à huit boules. Le plus petit, pour jouer, se mettait toujours sur la pointe des pieds. C’était pas facile pour lui. Il portait une paire de bottes, comme en ont les pêcheurs qui marchent dans l’eau pour chercher des écrevisses. L’autre, le grand, avait une belle chemise de cow-boy à carreaux, en flanelle et en coton. Aux pieds, celui-là portait des chaussures noires en cuir, avec des bouts ferrés, des chaussures à petits talons. Chacun de ses pas semblait vouloir écorcher le plancher. Lui, après chaque coup, il enduisait de craie l’extrémité de sa queue de billard.
Au-dessus du tapis vert, la suspension était allumée. Ça faisait un rond de lumière qui bavait un peu au-delà du bois vernis du billard. Jessica regardait. Elle pensa : « Cette lumière, on dirait une soucoupe volante qui hésite à se poser ! » C’était un peu vrai, parce qu’en fait, le reste de la salle était à peine éclairé.
Silence.
Les conversations à côté, avaient cessé un instant et aucun camion ne passait à ce moment-là sur la grande route. Sur le tapis vert, les boules se regardaient. C’était comme juste avant une déclaration de guerre. La vie était en attente.
Dehors, la neige venait de tout recouvrir d’un duvet blanc. Un duvet froid, qui était comme une caresse venimeuse sur le monde.
Le petit, celui qui avait des bottes de pêcheur, allongea sa queue de billard sur le tapis.
– C’est bon pour moi. Je rentre avant que cette foutue neige ne mange toute la route.
– Dommage ! Même si on jouait jusqu’à demain, les boules ne seraient pas plus fatiguées que ça ! Des boules, c’est quelque chose ça, des boules !
Quand l’homme aux bottes eut quitté l’arrière salle, l’autre vint s’asseoir comme ça, sans rien demander, à la table de Jessica. Il avait toujours sa queue de billard à la main et il continuait à enduire l’extrémité avec de la craie, comme si la partie allait reprendre. Après avoir regardé le verre plein de Jessica, il s’adressa à elle :
– Les bulles de coca, c’est aussi des boules, sauf qu’elles explosent quand elles arrivent à la surface.
Jessica sourit. Elle n’osait plus boire.
– Tu fais quoi là, assise ?
– Rien. J’attends le car, c’est tout.
– Pour où ? Tu voyages de quel côté ?
– New York.
– Comme moi. C’est pas raisonnable. En cette saison j’aurais dû choisir d’aller au sud, quelque part vers la Nouvelle-Orléans, la Floride ou même le Nouveau-Mexique. Mais j’ai choisi New York. Peut-être que mes points cardinaux sont un peu déréglés. Moi c’est Boyd, et toi ?
– Jessica.
Il avait au moins trois fois son âge et peut-être même plus de quarante ans. Ses mains étaient soignées, ses doigts très longs comme ceux d’un pianiste.
– T’as déjà mangé un New Island Jessica ?
– C’est quoi ?
Il appela la fille qui faisait le service. C’était une blonde un peu frisée, chaussée d’escarpins blancs en cuir vernis. Elle avait l’air aussi fatiguée qu’une bête à cornes qui serait allée à quatre pattes du Montana au Texas. Il passa commande.
– Le New Island, tu vas voir ça… c’est une spécialité de Détroit. Ça n’a rien à voir avec la cuisine française qui mijote pendant des heures sous le regard d’un sorcier en toque blanche. Non. C’est seulement une longue saucisse chaude qui t’arrive bien serrée dans les bras d’un petit pain ; une saucisse caressée par une sauce aux piments et, maquillée en plus par une belle couche de moutarde et une épaisseur d’oignons hachés. Autant dire, que sans bavoir, c’est difficile de sortir blanc comme neige d’un tel festin. Le New Island, ça coule et ça dégouline de partout !
Jessica souriait. Boyd était épatant. Il lui parlait comme ça, comme quelqu’un qui la connaîtrait depuis longtemps et qui reprendrait une conversation d’avant. Sa queue de billard coincée entre les genoux, les mains croisées sur la nuque, il continua :
– Tu sais, Jessica, c’est à Détroit qu’un génie du genre humain a inventé le travail à la chaîne… il était là-bas, avant, le cuistot d’ici. Et là-bas, il servait toutes les quinze secondes un New Island ou un hamburger cru. Pas étonnant qu’il ait changé d’État pour venir faire fortune dans cette station.
La blonde les servit. Boyd lui fit un clin d’œil. Il lui demanda d’apporter une pile de serviettes en papier. Après ça, ils mangèrent sans rien dire. Ça devait être bon, puisqu’ils s’en léchaient les babines !
– C’est tout ce que tu traînes comme bagage, Jessica ?
– C’est tout.
– C’est pas vraiment un déménagement. Moi c’est pareil, juste mon sac et ma guitare.
– Vous êtes musicien ?
– Exact. Regarde là-bas, derrière le billard, tout au fond.
Jessica aperçut un sac bleu et blanc, très long. Elle se souvint d’avoir vu ce genre de sac à Hawaï, quand elle était en vacances avec son père. C’était des surfers qui avaient ça pour emballer leurs planches.
Boyd s’essuya les mains dans une demi-douzaine de serviettes. Il se leva et alla chercher son paquetage bleu et blanc plus sa guitare. Il déposa le tout près du sac à dos de Jessica.
– C’est une belle guitare tu sais, qu’il y a là-dedans.