KINTSUGI - Le fil doré de ma vie
159 pages
Français

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KINTSUGI - Le fil doré de ma vie , livre ebook

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Description

Le kintsugi, c'est une méthode japonaise de réparation des céramiques. Au lieu de cacher les défauts et les cassures, on les sublime.Le kintsugi, c’est redécouvrir la beauté de quelque chose qu’on croyait brisé à jamais.Car ce qui a été cassé et réparé devient encore plus beau.Le kintsugi, c’est la résilience.Car tout ce qui est cassé peut être réparé.Le kintsugi, c’est l’histoire de Lorna. Un matin, une cassure, immédiate, définitive. Un matin, la vie s’arrête, pour elle, pour son père, pour sa merveilleuse et joyeuse petite sœur. Et pourtant la vie doit continuer. Les copains, l’amour, le lycée. Autant de morceaux éclatés qu’il faudra recoller patiemment avec le fil doré de la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 septembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9791039527002
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de l’autrice
Passionnée de DIY, Mathilde Paris est une véritable touche-à-tout qui se nourrit de ce qui l’entoure, notamment la nature.
Créatrice mais aussi autrice pour la jeunesse, quand elle n’imagine pas des loisirs créatifs, elle écrit des albums, des romans d’évasion et des documentaires pour sensibiliser les enfants à la protection de la planète.
Chez Auzou, elle a notamment écrit les séries Mission animaux , Ma vie mouvementée par Plume, Les P’tites créatrices et le roman Retrouvez-moi .
La chanson citée ici est de Victor Hugo : « La Chanson de Maglia » ( Toute la lyre ) . Le film cité ici est Le Grand Bleu , réalisé par Luc Besson en 1988.
© 2022, éditions Auzou
24-32, rue des Amandiers, 75020 Paris – France
Correction : Catherine Rigal et Karine Afchain
ISBN : 9791039527002
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation strictement réservés pour tous les pays.
Loi n o  49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n o  2011-525 du 17 mai 2011.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Table des matières
Page de titre
Page de copyright
Au milieu de nulle part Majestueux Le cactus survit Et refleurit
Le regard vers l'horizon N'indique pas le but Il montre le chemin
Qui sait ? Peut-être Je reviendrai
La fleur de cerisier Retient son souffle Avant de tomber Et faner
Sur un brin d'herbe Déposer ses souvenirs Et voir le ciel
Nuit d'automne Mon ombre s'éteint Silence
Sous l'humus Les arbres parlent Et se souviennent
Un miroir Me regarde Est-ce moi ?
Écoute La forêt crie Le temps s'échappe
Odeur d'oubli Et souvenir d'enfance Dans l'âtre
Le vent souffle Le papillon argenté S'envole
Dans la nuit Dans les rêves Un souhait
L'eau coule Sur les rochers Le temps glisse
Au-dessus de moi Un nuage Éclate et coule
Pensée couleur Au bord de l'eau L'oiseau
Surprise et stupeur Les mots Glacés
Raisonnable La fin des gelées La fleur attend
Mon cœur Sur une balançoire Se rapproche du ciel Puis retombe
Un toi Et un moi Forment-ils un nous ?
Vide Vide Vide
Au bout de la branche Après la pluie La goutte s'accroche Puis tombe
Tout ce qui est créé Peut être Cassé
Laisser partir Ce qui doit partir Et pleurer
Laisser le temps Dériver Pour retrouver le présent
Une seule Et même ombre Emmêlés
L'homme qui Allongé Voudrait conquérir Le monde
Sur le fil du temps D'un pas hésitant L'équilibriste
Tomber Se relever Et continuer
Ma Petite Lettre À Sam
Et l'un contre l'autre Se retrouver Pour toujours
Matin de printemps Qui suspend son vol Adieu
Épilogue
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Maman est partie.
Je le sens. Ou plutôt, je ne la sens plus.
Je ne sais pas si ça fait dix minutes, une heure ou cinq heures que je suis là, assise, immobile, sur le canapé. À regarder la porte, à attendre le retour d’Ebony et de Papa. À attendre ceux qui vont revenir.
Dans ma tête, une seule question tourne en boucle.
Pourquoi ?
Quand je suis rentrée du lycée vers 13 h 45, ce n’est pas la disparition du cactus qui m’a frappée. Non, ça, je l’ai vu après. Ce qui m’a tout de suite frappée, c’est l’absence d’odeur. Cette odeur de patchouli, de terre mouillée, d’herbe fraîche. Un mélange étrange qui fait partie de ma vie depuis toujours. Une odeur rassurante, parfois entêtante. L’odeur de ma mère. D’habitude, quand je rentre, la maison est remplie de ma mère, de son odeur, de ses bruits, de sa présence. Là, rien.
Je suis allée vérifier son placard à vêtements.
S’il est vide, elle est partie ; s’il est plein, elle est encore là.
Je l’ai ouvert, il était plein.
Et pourtant, je le sais, elle est partie.
Je suis repassée dans le salon, tout était à sa place. Jusqu’à ce que je remarque enfin l’absence du cactus sur la commode de l’entrée. « Un cactus, c’est comme la vie, Lorna, m’a-t-elle toujours répété. C’est notre capacité à vivre en milieu hostile, à survivre à la désolation, à grandir au milieu du chaos. »
Et quand elle disait ça, elle tournait le cactus, le regardant de tous les côtés, en détail, comme si elle attendait qu’il lui livre un secret, quelque chose qu’elle ne savait pas encore. Elle regardait le cactus et moi je la regardais.
Nos yeux ne se croisaient pas, je ne comprenais rien à ce qu’elle disait, mais je saisissais l’importance du moment.
« Hostile », « désolation », « chaos ».
Ça faisait beaucoup de mots à chercher dans le dictionnaire. À quatre ans, je les trouvais un peu piquants, ces mots, comme le cactus. À six ans, j’ai su les écrire, enfin, j’ai essayé. Mais je ne savais toujours pas ce qu’ils signifiaient. À neuf ans, j’ai compris mais je n’ai pas voulu savoir. Maintenant, j’ai envie de les enfiler comme des perles et d’en faire un collier que je porterais pour le reste de ma vie. « Hostile », « désolation », « chaos ». Je pourrais alterner les perles, ça ferait plus joli.
 
HOSTILE
(latin  hostilis , de  hostis , ennemi)
1.  Qui se conduit en ennemi, qui manifeste des intentions agressives.
2.  Qui désapprouve quelque chose ou quelqu’un, qui le combat par la parole, par l’écrit, ou par des actes.
3.  LITTÉRAIRE . Qui semble contraire à l’homme et à ses entreprises.
4.  Se dit d’un milieu, d’un environnement dans lequel l’homme est soumis à des agressions physiques (pression, bruit, température, rayonnement, etc.) ou chimiques.
 
DÉSOLATION
(bas latin  desolatio , -onis )
1.   LITTÉRAIRE . État d’un lieu inhabité, désert, dépourvu de verdure.
2.  Peine extrême, affliction extrême ; consternation.
3.  Ce qui est cause d’une grande contrariété ; ennui.
 
CHAOS
(latin  chaos , du grec  khaos , abîme)
1.  Confusion générale des éléments de la matière, avant la formation du monde.
2.  Ensemble de choses sens dessus dessous et donnant l’image de la destruction, de la ruine, du désordre.
3.  État de confusion générale.
 
Je suis ensuite allée dans nos chambres. Celle d’Ebony d’abord, puis la mienne. Histoire de vérifier. Sur chaque lit, une nouveauté. Deux licornes en peluche, assises bien sagement, attendant notre retour. Celle d’Ebony était rose et verte, la mienne, blanche et violette.
N’importe quoi.
 
Je n’ai touché à rien.
Je suis retournée dans le salon, incapable de réagir autrement qu’avec cette passivité.
Plus d’odeur, plus de cactus, deux licornes.
Voilà, c’est donc à ça que se résume le départ de ma mère.
J’aurais pu me dire que Maman était juste partie faire une course, qu’elle allait revenir. Et d’ailleurs, en secret, c’est ce que j’espérais encore. Mais non.
Elle ne reviendra pas, je le sens dans mes tripes. J’ai l’impression que quelqu’un m’a mis un coup de poing dans le ventre qui fait remonter les lasagnes et le yaourt au sucre de canne de la cantine au fond de ma gorge. J’ai envie de vomir.
Je suis encore sur le canapé quand Ebony rentre à son tour de l’école. Le lundi, c’est la mère de sa copine Luna qui la raccompagne. Pendant deux secondes, je suis reconnaissante envers Maman, elle a bien choisi son jour. Le soleil de septembre pénètre loin dans la pièce, comme s’il cherchait à réchauffer l’ambiance glaciale qui y règne. Ça me réconforte un peu. Un tout petit peu.
Ebony arrive en sautillant, ses cheveux blonds et sa jupe en tulle rose rebondissent.
Mes yeux prennent des photos : sa peau presque mate, sa tache de naissance sous son œil gauche, sa petite bouche toute rose, ses yeux brillants…
Ma petite sœur.
Merde. Merde. Merde. Qui va lui dire que sa Maman est partie ?
Est-ce que c’est à moi de le lui annoncer ? Ebony et moi avons dix ans d’écart. Plus qu’une génération ou la vie d’un cheveu, il paraît. Elle a eu six ans il y a deux jours.
Mon téléphone émet un faible bip, comme s’il n’osait pas me déranger. Je le déverrouille. C’est un message WhatsApp d’un nouveau groupe intitulé « Foutez-moi le b… ». Une invitation à une soirée chez Matthieu, un copain d’Hugo qui est en terminale, pour samedi prochain.
Hier, j’aurais sauté de joie d’être invitée. J’aurais été flattée, je crois, de faire partie d’un groupe. Aujourd’hui, ça me semble tellement superflu.
— Lorna, y’a plus de gâteaux ! J’ai faim.
Je verrouille mon téléphone, me lève et la rejoins dans la cuisine.
Hier tout semblait normal, aujourd’hui les étagères sont vides, comme si cette maison n’avait pas été habitée depuis des mois. Une conserve de thon à l’huile d’olive, des crackers périmés, du concentré de tomate. Je referme le placard en me disant qu’il est à l’image de mon cœur : moisi et presque vide.
— Viens, Ebo, on va chez Jo. Je vais t’acheter un truc.
Je pioche de l’argent dans le pot spécial. En y plongeant la main, je me demande pourquoi Maman ne l’a pas vidé.
— Maman n’est pas là ? m’interroge Ebony.
Je hausse les épaules, attache mes longs cheveux châtains en un chignon au sommet de mon crâne, attrape ma veste en jean et me dirige vers la porte-fenêtre. Des gestes de toujours, qui font croire que tout est normal.
— On passe par-derrière.
On passe toujours par-derrière. Je ne sais pas pourquoi je le précise. Comme si énoncer des banalités remplissait l’air, et reportait le moment fatidique de tout dire à ma petite sœur. Elle me suit et je vois dans son regard qu’elle me suivrait n’importe où. Je pourrais lui dire « Viens, on se casse, on va chercher Maman », elle me dirait « D’accord » tout de suite, elle ne chercherait même pas à en savoir plus. Elle m’aime tellement. Elle aime tellement Maman.
En arrivant à hauteur du portail, j’aperçois une ombre.
— Oh ! Regarde, Lorna, le petit chat est revenu ! s’exclame-t-elle.
— Hum…
— On pourra lui donner quelque chose à manger en rentrant ?
Je ne peux pas m’occuper de la terre entière, Ebony.
— On verra…
— À tout à l’heure, petit chat, dit ma sœur en caressant l’animal qui ronronne de plaisir.
Dans ma poche, ça vibre. Sans doute des réactions diverses suite au message de Matthieu et de sa soirée « du siècle ».
N’importe quoi.
Je marche vite, Ebony est obligée de trot

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