Les licornes du Belöwan - Rébellion

Thomas Verdois

Description

La révolte gronde dans le Belöwan : menées par Virandyaa, les licornes se soulèvent contre les Rastkalls, les terribles hommes-rats qui les asservissent depuis trop longtemps.

De leur côté, Kellnys, Oj et Saatna poursuivent leur quête. Après avoir découvert l'Harmonium en ruine, le trio part à la recherche de la prison des Elfkennings.

L’heure est grave, et les licornes doivent à tout prix empêcher ces elfes maudits de réaliser leur plan. Car, s'ils s'échappent, c'est la totalité des Trois Mondes qui sombrera dans le chaos...

La fin d'une quête, le début d'une révolution...

Sujets

• 6-12 ans
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• Pouvoir
• Conflit
• Adieux
• Retrouvailles
• Rèves
• ComBat
• Humains

Informations

• Publié par: Editions Fleurus
• Date de parution: 02 mai 2022
• Nombre de lectures: 56
• EAN13: 9782215181934
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Table des matières L’étincelle Sur la piste des Elfkennings Derniers adieux La fin des rêves La Passe des Brumes Une alliée inattendue Face à la reine Retrouvailles La fuite de Val d’Istra Dernière chance Vers le sommet Confrontation La Grotte du Temps Figé L’alliance Le chemin vers l’Aelyn La plus courageuse des licornes La corruption La libération Omnia Retour à l’Harmonium L’ultime combat La licorne kerrienne Épilogue Page de copyright
Points de repère Cover Title Page Copyright Page Corps de texte

Chapitre 1
L’étincelle
— V irandyaa, je n’en peux plus.
Dans les profondeurs du Belöwan, la plus âgée des licornes se retourna pour voir qui venait de s’adresser à elle. En contrebas, sur le chemin qui serpentait depuis l’Eden Ker, elle aperçut Rosalia, membre du clan des licornes de Glace, dont la robe bleutée était mouchetée de timides flocons blancs.
Comme toutes les licornes, elle traînait de lourds blocs de ker d’un bleu turquoise, presque translucide. Elle avait l’air épuisée.
— Encore un effort, petite Rosalia. Nous y sommes presque. Ce soir, tu pourras te reposer.
Rosalia n’avait que trente-sept ans, ce qui était particulièrement jeune pour une licorne. Virandyaa veillait sur elle avec la bienveillance d’une grand-mère, et s’en voulait de ne rien pouvoir faire pour alléger son fardeau.
Parce qu’elle était jeune, les Ratskalls la faisaient travailler plus que les autres et ne lui accordaient aucun répit. De toute façon, ces monstres leur en demandaient toujours plus. Toujours plus de ker. Toujours plus de magie brute qu’elles devaient remonter sous forme de cubes luminescents depuis l’Eden Ker, le poumon du monde.
— Je ne sais pas si j’en suis capable, Virandyaa. Je n’y arrive plus. Je suis à bout.
— Tiens bon. Je te l’ai dit, nos amies vont bientôt nous délivrer. Fais-leur confiance. Ce calvaire va prendre fin.
En effet, il était temps !
Depuis presque un an, elles vivaient sous le joug des hommes-rats, les Ratskalls, qui s’étaient échappés par dizaines de la Grotte du Temps Figé. Franchissant le Ryorim, ils avaient transformé leurs villages autrefois féeriques en de terribles camps de puise-magie, et les licornes n’avaient eu d’autre choix que de leur obéir. Elles qui avaient toujours veillé sur le ker, la source de toute vie et de toute magie, s’étaient retrouvées forcées de travailler afin d’en livrer autant que possible à leurs bourreaux.
C’était d’ailleurs parce qu’elles étaient les seules à pouvoir extraire cette substance des tréfonds du Belöwan que les Ratskalls les avaient épargnées. Grâce à leurs luminorias, leurs cornes magiques, les licornes pouvaient manipuler le ker et le transformer en des blocs solides utilisables par les autres créatures.
Comble de malheur, elles-mêmes étaient maintenant incapables de se servir de la magie du ker. La faute aux horribles colliers kericides, vestiges de la Guerre du Ker, que leur avaient attachés de force les Ratskalls.
Et si le cœur de Virandyaa saignait un peu plus à chaque morceau de ker arraché, elle gardait espoir.
Bientôt, les cristaux magiques brilleraient de nouveau dans tout le Belöwan. Les ténèbres reculeraient, et elles seraient à nouveau libres.
Car trois licornes avaient réussi à s’évader.
Kellnys, Oj et Saatna étaient là-haut.
Ses courageuses amies, membres des licornes d’Argent, étaient passées de l’autre côté. Elles avaient franchi le Ryorim et avaient retrouvé l’Harmonium, l’ambassade entre les Trois Mondes.
D’après les dernières nouvelles, elles étaient parvenues à triompher de Krael, le vil chef ratskall qui s’était lancé à leurs trousses en jurant de les ramener, mortes ou vives.
Si ses trois amies avaient pu le vaincre, alors, tout était possible !
Hélas, l’espoir de Virandyaa vola en éclats au moment où Rosalia trébucha contre l’un des cristaux qui parsemaient le chemin. Derrière elle, la jeune licorne s’effondra. Son bloc de ker dégringola dans les abîmes de l’Eden Ker avant de se désagréger dans un fracas assourdissant.
— Que se passe-t-il, ici ? vociféra un Ratskall posté le long du sentier.
Il accourut près de la licorne à terre et asséna un coup de bâton sur son collier.
— Qu’est-ce que tu attends, cornue ? Relève-toi ! Ce n’est pas le moment de dormir.
D’autres coups suivirent.
— Et toi ? cria-t-il en s’adressant à Virandyaa. Que regardes-tu ? Dépêche-toi d’emporter ton chargement là-haut, ou tu subiras le même sort.
La licorne reprit son ascension tout en priant pour que Rosalia se ressaisisse. Pendant ce temps, d’autres Ratskalls s’engouffraient dans le large cratère, alertés par l’agitation. Ces monstres n’étaient peut-être pas bien musclés, mais leur vitesse était prodigieuse, ce qui faisait d’eux de terribles combattants.
— Quel est le problème ? demanda l’un d’eux, vêtu d’une armure lugubre faite de cuir et d’os.
Virandyaa le reconnut aussitôt.
L’ancien bras droit de Krael, aussi sournois que son défunt maître.
— Une cornue a laissé échapper son chargement, caporal Fregyr. Mais elle va de ce pas retourner le chercher. N’est-ce pas ? cria-t-il à la malheureuse.
— Bien entendu, répondit Rosalia à travers son collier.
Une autre des propriétés de cet instrument anti-magie était de traduire les pensées des licornes en paroles humaines.
— Non ! intervint Fregyr avec un sourire sardonique. Aidons-la plutôt à remonter.
En entendant ces mots, Virandyaa s’immobilisa. Les Ratskalls avaient-ils subitement décidé de faire preuve d’un peu de bonté ?
Elle en doutait. La suite confirma ses craintes.
— Celle-ci servira d’exemple. Nous allons faire d’une pierre deux coups : montrer ce qui arrive aux licornes qui ne savent pas travailler, et faire passer un message aux trois évadées.
Le pouls de Virandyaa s’accéléra.
— Vous avez raison, caporal. Punissons-la ! s’enthousiasma un jeune Ratskall dont les longues dents effleuraient le menton.
D’un geste vif, il frappa le sol de son bâton.
— La punir ? À quoi bon ? Regardez-les : ces cornues refusent de comprendre. Elles fuguent, refusent d’obéir… Et je suis certain qu’elles continuent de comploter dans notre dos. Non, il faut nous montrer bien plus persuasifs. Nous n’allons pas la punir, nous allons… l’exécuter.
Rosalia eut à peine le temps de crier que, déjà, un groupe de Ratskalls fondait sur elle, la menaçant de leurs lances aux pointes d’os aiguisées.
Sans ménagement, ils la saisirent par le collier et la traînèrent hors du puits creusé dans la roche, jusqu’au camp de puise-magie.
Avant l’arrivée des hommes-rats, chaque clan de licornes était en charge d’un terrier érigé autour des cratères de ker, sur lesquels elles veillaient avec la tendresse d’une mère.
Les Ratskalls les avaient chassées pour prendre leur place, avant de les parquer dans de larges enclos situés sur les hauts plateaux, plus simples à surveiller. De paisibles demeures, leurs villages avaient été transformés en camps de l’horreur.
— Virandyaa, je t’en prie, ne les laisse pas faire. Je… je ne veux pas… mourir.
La licorne de Glace, les yeux rouges, était en larmes. Virandyaa se dépêcha de se débarrasser de son bloc de ker dans l’un des silos construits par les Ratskalls, puis chercha une solution.
Elle ne pouvait pas laisser Rosalia mourir.
Mais que faire ? Les geôliers étaient partout.
La jeune licorne bleue fut conduite au centre du village et hissée sur un promontoire en bois qui, d’ordinaire, servait à observer les environs.
— Ratskalls ! appela Fregyr. Amenez les cornues, qu’elles voient ce qu’il en coûte de nous tenir tête.
Virandyaa tressaillit.
Le silence se fit, et une excitation morbide gagna tout à coup les Ratskalls. Ces monstres se réjouissaient d’assister à la mort d’une licorne !
Pour la première fois depuis près d’un an, le travail des camps de puise-magie fut interrompu alors que tous, prisonnières et gardiens, convergeaient vers l’estrade. À la manière de bergers rassemblant leurs bêtes, les Ratskalls frappaient le sol de leurs lances et de leurs arcs, criant après les pauvres créatures apeurées.
— Cornues ! Nous vous avions prévenues. Nous vous laissions la vie sauve à une seule condition : vous deviez nous fournir le ker dont nous avons besoin. Aujourd’hui, votre sœur a cru qu’elle pouvait refuser de travailler. Elle a préféré perdre un précieux chargement de ker que de fournir l’effort nécessaire pour nous l’acheminer. Mais nous ne sommes pas des imbéciles… Le prix à payer pour celles qui ne veulent pas obéir est clair : la mort !
Un souffle de panique parcourut l’assemblée des licornes.
Rosalia allait-elle réellement périr sous leurs yeux ?
— Que faisons-nous ?
— Il faut la sauver. Il faut intervenir.
— Mais comment ? Avec ces colliers, nous ne pouvons pas nous défendre.
— En outre…, continua Fregyr, vous savez que trois de vos semblables se sont enfuies. Vous allez payer pour cet affront. À compter d’aujourd’hui, et tant qu’elles ne seront pas rentrées, chaque jour, l’une d’entre vous mourra…
— Ce n’est pas