Les mémoires d un elfe
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Les mémoires d'un elfe , livre ebook

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Description

Alywen, une fillette de douze ans égoïste et caractérielle se rend, comme tous les mercredis, à l’hospice des « Oiseaux de paradis » pour tenir compagnie à sa grand-tante.

Alors qu’elle se désespère en écoutant les récits décousus de son ancêtre, une femme étrange fait irruption dans la salle commune de la pension. Elle est splendide avec sa longue chevelure blanche et ses yeux d’ambre.

La curieuse dame convie la fillette à la suivre dans sa chambre après lui avoir remis une amulette, entraine l’adolescente dans ses souvenirs.

Alywen découvrira que cette vieille femme blanche se prénomme Alayanne et qu’elle est la dernière représentante du peuple des Elfes. Elle partagera ainsi les péripéties parfois drôles et parfois dramatiques de cette touchante créature de la forêt.

Au travers de ses aventures, Alywen rencontrera Merlin l’enchanteur, Léonard de Vinci, et croisera également la route de dangereuses créatures. Mais surtout, elle sera investie d’une mission qui changera sa vie et celle de a nouvelle amie à tout jamais...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 80
EAN13 9782356770073
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les mémoires d’un elfe
© Editions du Saule, 2018
Tous droits réservés – Reproduction interdite
« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »
Dépôt légal : Novembre 2018
ISBN 978-2-35677-007-3
Les mémoires d’un elfe
Adenora Ker
Éditions du Saule
Dans une existence aussi longue que la mienne, beaucoup d’êtres chers disparaissent en chemin... C’est la raison pour laquelle il faut profiter de chaque instant passé avec ceux que l’on aime. Demain, arrive si vite et la peine beaucoup plus encore que le bonheur.
Alayane
Chapitre 1
La vieille femme blanche
Elles s’introduisirent, comme tous les mercredis, dans la vaste salle à l’éclairage blafard et au sol couvert d’un damier noir et blanc. De grandes tables au plateau de bois et aux pieds en métal y étaient disposées en rangs et l’on pouvait voir assis autou r une trentaine de nonagénaires, répartis en petits groupes. Certains d’entre eux (les plus valides) tentaient de jouer aux cartes, la main tremblante et maladroite. D’autres, essayaient d’échanger quelques mots, le sonotone à l’oreille, sans pour autant comprendre ce que disait leur voisin. Quelques-uns encore, dormaient sur leur chaise, la bouche ouverte, leurs yeux s’agitant sous leurs paupières sombres. Alywen maudissait cet endroit et ces vieilles pers onnes immobiles et ennuyeuses, laissant les dernières heures de leur vie s’égrainer sur le carr elage quadrillé. Cette odeur de médicament qui imprégnait l’air l’écœurait à chaque fois. Il y ava it aussi ce brouhaha incessant, mélange de toussotements, de jérémiades et de réprimandes des infirmières excédées. Elle en voulait terriblement à sa mère de l’obliger à passer ses mercredis dans ce lieu sordide, alors qu’elle aurait préféré finir la cabane qu’elle construisait avec Max, depuis le début du printemps. — Alywen chérie, dis bonjour à la tante Ithère, lu i imposa Hélèna en la poussant vers la dame recroquevillée dans le fauteuil roulant. La fillette obtempéra à contrecœur et se pencha su r la figure à l’épiderme jaune et flétri d’Ithère. Comme toujours, celle-ci lui empoigna rudement la joue. — Bonjour petite, postillonna la sorcière, sans desserrer ses doigts secs aux ongles bruns. — Bongour, grand-tanche Ithère, répondit Alywen parvenant difficilement à articuler, la bouche de travers. Quand enfin la tante consentit à lâcher sa prise sur le visage à la peau laiteuse, une marque rouge et douloureuse subsistait. Alywen se demandait si cette sournoise ne faisait pas exprès de la serrer si fort, juste par pure cruauté. À présent, il fallait se résigner à écouter les ré cits décousus de son ancêtre pendant le reste de l’après-midi. Elle se cala dans une chaise, rompue à son propre sort. Malgré sa mine boudeuse, c’était une ravissante fillette de douze ans. Elle avait de longs cheveux noirs et soyeux séparés en deux tresses serrées der rière chacune de ses oreilles, de grands yeux expressifs, bordés de cils épais. Son teint pâle et sa frêle corpulence lui conféraient une apparence chétive, elle jouissait cependant d’une santé de fer et n’avait jamais souffert d’aucune maladie. Elle portait ce jour-là, un chemisier blanc brodé au col et une jupe plissée, lui donnant l’air d’une enfant sage. Toutefois, ce masque de bienséance s’a vérait en vérité, très loin de la réalité. En témoignaient les boots vertes qu’elle s’obstinait à associer avec ses tenues, en dépit des récriminations insistantes de sa mère. Ses bottes d emeuraient les seules chaussures qu’Alywen tolérait à ses pieds. Elle les trouvait confortable s et leur couleur peu commune cassait le style austère des vêtements qu’on lui imposait. Alywen disposait du tempérament fort et impétueux des Dewan, sa lignée paternelle. Pourtant, son iris d’émeraude, sa bouche rose pulpeuse et l’ovale gracieux de sa délicieuse frimousse, elle les avait sans conteste hérités de la charmante Hélèna. En ce qui concernait leurs caractères, mère et fil le demeuraient fort différentes. La première se révélait douce, compréhensive, compatissante et pleine de bonnes intentions. L’adolescente quant à elle se montrait dure, têtue et dépourvue de bienve illance pour autrui. Ce manque d’empathie désolait Hélèna, qui souhaitait secrètement qu’en grandissant, elle devienne raisonnable et moins égoïste. Alywen restait donc assise sur un siège inconfortable en se tortillant, face à sa momie de tante qui lui racontait pour la millième fois, les péripéties de sa fastidieuse et insipide jeunesse à la campagne. Mourant d’ennui, la fillette laissait glisser son regard dans la salle, acquiesçant de temps en temps
pour ne pas se faire gronder par sa mère. Son intérêt se porta sur une dame... ou un monsieu r, d’aucuns n’auraient pu le dire avec certitude, tant la vieillesse avait provoqué de ravages sur la pauvre créature. Cette personne, quoi qu’elle soit, frappait la table à l’aide d’un gobelet en plastiqu e en réclamant à boire dans une interminable et déchirante plainte. — Mais personne ne va donc lui apporter de l’eau ? Qu’elle se taise, une bonne fois pour toutes, pensa Alywen, horripilée par ses gémissements et observant d’un œil inquisiteur un groupe de soignantes occupées à bavarder. Alors qu’elle pestait en son for intérieur contre ces employés incompétents, son attention fut étrangement et irrésistiblement attirée vers la porte desservant les chambres des pensionnaires. Une curieuse femme venait d’apparaître dans l’embrasure. De faible stature, elle était vêtue d’une longue robe d’un blanc lumineux pourvue d’un col mo ntant en fines dentelles et de larges manches évasées qui seyait à merveille à sa silhouette gracile. Son visage ténu bénéficiait d’un teint opalin presque nacré, et était encadré d’une cascade de ch eveux duveteux, elle aussi immaculée. Elle semblait rayonner dans la grisaille de cet après-midi d’avril et avançait légèrement, la tête relevée, s’appuyant à peine sur une canne de chêne au pommeau argenté. Alywen la vit s’installer à une table vide non loin d’elle et en profita pour l’examiner attentivement. Elle réalisa qu’elle paraissait jeune en comparaiso n des autres habitants de l’hospice. Pas vraiment par son allure, mais surtout par l’aura mystérieuse qui émanait de sa personne. Se sentant observée, la dame blanche dévisagea Alywen à son tour. Prise sur le fait, elle se détourna promptement, feignant de s’intéresser aux élucubrations de la tante Ithère. Seulement, elle devinait le regard de l’inconnue sur sa nuque et au bout d’un moment, elle ne put résister à l’envie de jeter un coup d’œil dans sa direction. La femme ne cessait de la scruter et lorsque leurs prunelles se croisèrent, un frisson chaud et pénétrant se propagea dans toutes les veines de son corps. L’étonnante vieille dame effectua alors un timide mouvement de la main, pour l’inciter à la rejoindre. Intriguée, elle hésita un instant, après tout, elle ne la connaissait pas cette dame. Mais sa curiosité naturelle et son besoin de se distraire eurent raison de sa réticence. Il ne restait plus qu’à trouver un prétexte crédible pour s’éclipser. Hélèna risquait de la soupçonner de vouloir échapper à son devoir, consistant à tenir compagnie à Ithère. — Maman, je peux aller aux toilettes, réclama la fillette en bondissant de sa chaise. — Oui bien sûr ma chérie… accepta sa mère, faisant mine, elle aussi, d’être absorbée par les histoires mortifères de l’acariâtre mégère. Alors qu’Hélèna reprenait sa passionnante discussi on, elle se dirigea d’un pas sautillant, et dépourvue d’appréhension vers la vieille dame. Arrivée à sa hauteur, elle ne put s’empêcher de remarquer à quel point elle était magnifique. Ses traits gardaient une extrême douceur, malgré les si llons creusés un peu partout sur sa peau. Ses pommettes saillantes étaient surplombées de grands yeux en amande qui mangeaient presque toute sa figure menue. Cils et sourcils étaient aussi blancs que sa chevelure et des lèvres fines au dessin parfait ébauchaient un délicat sourire. Cependant, l’élément le plus déconcertant de son visage consistait en l’indéfinissable couleur de ses pupilles. C’était comme si une flamme bleutée vacil lait doucement dans un anneau d’ambre incandescent. La profondeur de son regard provoquait la drôle de sensation qu’elle lisait à l’intérieur de votre âme, c’était presque surnaturel, mais l’adolescente ne se laissa pas intimider pour autant. — Que voulez-vous, madame ? interrogea la fillette. La vieille femme plongea à nouveau ses yeux dans les siens, puis lui tendit le même gobelet que le « monsieur-dame » tapait inlassablement sur la table. Alywen s’en saisit, se demandant à quoi il allait bien pouvoir lui servir. Ne prononçant aucune parole, la dame blanche lui indiqua la malheureuse créature, en pointant un doigt fuselé dans sa direction. — Vous voulez que je lui apporte ce verre, c’est ça ? se renseigna Alywen, souhaitant s’assurer qu’elle avait compris. Elle approuva d’un bref mouvement de la tête. — Mais il est vide ! cria Alywen, se disant qu’ell e était vraisemblablement sourde, voire même complètement gâteuse. De nouveau, la femme lui fit signe que oui tout en fronçant les sourcils. Alywen savait d’expérience qu’il n’était pas bon de contrarier les personnes âgées. Une fois, elle avait refusé de lacer la chaussure de la tante Ithère et la harpie lui avait alors asséné un violent coup
de pied dans les tibias, pendant que sa mère avait le dos tourné. Prudente, elle se saisit donc du verre, haussa les épaules et partit rejoindre la geignarde de l’autre côté de la pièce. Elle plaça le récipient devant la malheureuse et s’en retournait en direction d’Hélèna, quand elle s’aperçut, stupéfaite, que le gobelet qu’elle venai t de déposer s’était rempli, comme par enchantement, d’une bonne quantité d’eau. — Merci, mademoiselle, chuchota la créature d’une voix rocailleuse, en ingurgitant bruyamment le breuvage tant attendu. — Il n’y a pas de quoi… balbutia Alywen, déconcertée. Il n’y avait rien dedans quand elle l’avait pris, elle en était certaine. Comment cela était-il possible ? Sidérée, elle se détourna, afin de communiquer son désarroi à la femme blanche, or, elle constata que celle-ci avait disparu… Surexcitée par sa mésaventure, Alywen se précipita vers sa mère, pour lui raconter ce qui venait de se passer. Sans comprendre véritablement la teneur des propos de sa fille, mais relevant son enthousiasme inattendu, elle se moqua gentiment : — Alors, ma chérie, j’ai l’impression que les personnes âgées ne sont pas aussi assommantes que tu te plais à l’imaginer. Pour le coup, Alywen ne trouva pas à redire et était même pressée de revenir le mercredi suivant. Il fallait à tout prix qu’elle connaisse le secret de ce tour. Avec de la chance, la vieille femme accepterait de le lui expliquer... En tout cas, Max n’allait pas en croire ses oreilles. Comme elle, il adorait la magie et tout ce qui s’y rapportait un tant soit peu. Tous deux s’amusaient souvent à se prendre pour des enchanteurs ou de puissants sorciers. Ils se taillaient des baguettes dans le sureau en face de la cabane, et combattaient à coups de sortilèges pendant des heures. Plus tard, après avoir promis à la tante Ithère qu ’elles reviendraient vite, elles prirent enfin congé et quittèrent l’hospice. Un taxi les attendait devant la grille rouillée, le moteur déjà en marche. D’habitude, c’était le vieux Samy qui les emmenait, néanmoins, ce jour-là, il avait un mauvais rhume et était resté alité. Le chauffeur grassouillet à la fine moustache brune qu i le remplaçait ce jour-là, les salua brièvement en jetant d’un geste agacé la cigarette qu’il n’avait pas terminée et la voiture prit la route du manoir Dewan. Il ne s’écoula pas plus d’une quinzaine de minutes avant qu’elle ne s’introduise dans une allée couverte de gravillons blancs qui sautaient autour des pneus tels des pop-corn trop cuits. Le véhicule s’arrêta devant une somptueuse demeure coloniale. Immense et admirable, sa façade de pierres grises était dominée par une toiture de bardeaux rehaussée de moulures beiges. Sur les deux étages, quatre fenêtres possédaient des impostes vitrées et décorées qui lui donnaient, il faut l’avouer, une fière allure. La porte noire de l’entrée garnie d’un gros bouton de cuivre patiné, accusait un style Nou velle-Angleterre et était nichée sous un porche en équilibre sur des colonnes de granit sombre. La propriété était bâtie au centre d’un parc qui s’étendait sur plusieurs hectares. Les alentours les plus proches avaient été aménagés en parterres de fleurs et un bois dense prospérait sur le reste du terrain. Alywen sortit vivement du véhicule. — Je vais rejoindre Max ! lança-t-elle alors qu’elle filait déjà en direction du bocage. — Je veux que tu sois rentrée dans une heure tout au plus, Alywen ! prévint sa mère, habituée à la voir revenir tard de ses escapades. — Oui promis ! répondit-elle, sans interrompre sa course effrénée. Elle traversa à toutes jambes le vaste jardin, ent ra sous la couverture des arbres, prit le sentier menant près du lac et arriva enfin en vue de la cabane. Elle aperçut aussitôt Max, occupé à attacher un panneau de pin pour le hisser dans la maisonnette. De belle physionomie, il avait les épaules larges pour un garçon de douze ans et une silhouette svelte et musculeuse. Plus petit que sa camarade de plusieurs centimètres, la vilaine gamine ne manquait pas une occasion de le souligner juste pou r le taquiner. Son visage aux traits volontaires se trouvait attendri par sa chevelure blonde et bouclée contrastant étonnamment avec ses yeux d’un noir profond. Été comme hiver, il portait une paire de baskets aux lacets continuellement défaits, des jeans plus ou moins usés aux genoux et un sweater à capuche qu’il tronquait par un T-shirt coloré
lorsque le temps était plus chaud. — Salut ! cria-t-elle, essoufflée, la main appuyée sur le point de côté qui la lançait. — Salut Aly ! Je pensais que tu n’allais pas venir aujourd’hui, remarqua le garçon. — Pff, j’ai dû aller voir la vieille zinzin, se justifia-t-elle, dédaigneuse. — Oh ! Alywen, tu n’as pas l’impression d’être dure avec ta grand-tante par moments ? C’est une femme âgée, tu pourrais lui montrer un peu de respect, s’indigna Max outré par ses propos. — Tu ne vas pas m’infliger une leçon de morale, to i aussi ! J’en ai largement assez avec ma mère si tu veux le savoir, le blâma-t-elle en lui lançant un regard révolté. Fils unique du docteur Alexandre Palomb, médecin a ttitré de la petite bourgade de Nothon, le garçon n’avait pas connu sa mère, cette dernière étant décédée en le mettant au monde. De ce fait, il attachait beaucoup d’importance à sa famille et n’appréciait pas la façon dont Alywen traitait parfois les siens. — Bon, laisse tomber, se résigna Max en soupirant, accoutumé à ses emportements. Regarde plutôt la cabane. Elle leva les yeux sur le grand chêne qu’ils avaient choisi pour ériger la maisonnette. Sur la première branche, à moins de trois mètres, trônait l’objet de nombreux mois d’un dur labeur. Des planches, aussi hautes que la fillette, étaient solidement clouées pour confectionner la base de l’habitation. Les façades mesuraient environ autant et un toit de tôl e en recouvrait quasiment la charpente. Des lucarnes étaient percées sur la structure, l’une au sud, d’où il était possible d’observer les personnes qui arrivaient du chemin, et l’autre au nord, donnant sur une vue imprenable du lac. On accédait à l’intérieur à l’aide d’une corde à nœuds qu’il suffisait de remonter une fois en haut. Max était sans conteste un excellent bricoleur et se plaisait à concevoir des maquettes de villes ou de châteaux dont il imaginait l’ossature avec brio. Le garçon n’avait rarement été plus heureux que le jour où ils avaient décidé de fabriquer leur propre cabane et ambitionnait secrètement d’entreprendre des études d’architecture quand il serait en âge. M alheureusement, son père ne l’envisageait pas de cette manière, il deviendrait médecin, car telle était la coutume dans la famille Palomb et nul ne devait déroger à cette ascendance. Max, en fils aimant, ne le contredisait pas, même s’il doutait que cette profession lui convienne un jour. Alywen, quant à elle, avait participé avec plaisir à l’élaboration du cabanon, sciant et clouant tout autant que le jeune homme. Sa mère prétendait qu’elle était un vrai garçon manqué et cela l’amusait beaucoup, sauf quand Hélèna la réprimandait en voyant ses vêtements abîmés, souvent entièrement déchirés. — Waouh ! Tu as presque fini le toit, s’extasia-t-elle, ravie. — Je voulais te faire une surprise et j’imagine que c’est réussi, se réjouit-il, la mine satisfaite devant son expression émerveillée. — Tu as raison… Mais moi, j’ai assisté à un truc extraordinaire cet après-midi… Seulement, si tu veux savoir ce que c’est, il faudra m’attraper, l’incita-t-elle avant de décamper à toute vitesse. Elle s’esclaffait tellement en courant qu’elle parvint tout juste à atteindre la rive du lac, Max sur les talons. Le garnement l’agrippa par les chevilles, la plaqua sur la grève et s’assit sur son dos pour l’empêcher de bouger. — Bien, maintenant raconte-moi tout, tout de suite, ou je t’écrase comme un vulgaire moucheron, menaça-t-il, éclatant de rire à son tour. — D’accord… d’accord abdiqua Alywen échevelée, en tapant son poing sur les cailloux en signe d’abandon. À présent, laisse-moi partir, les galets entrent dans mes côtes et me font un mal de chien... Il la libéra, lui permettant ainsi de se rétablir. Ils restèrent un instant, épaule contre épaule, le regard posé sur l’étendue huileuse du lac. Finalement, elle se résolut à lui expliquer sa rencontre avec la femme blanche. Elle commenta avec force détails de quelle façon, elle s’était retrouvée devant un verre plein, qui ne l’était pas une minute auparavant. — C’est incroyable ! s’exclama le jeune garçon, après qu’elle eut terminé son récit. Et tu lui as demandé comment elle avait fait ? — Je n’en ai pas eu le temps, elle était déjà partie, mais, rassure-toi, la prochaine fois elle ne va pas m’échapper, confirma Alywen avec un air de défi. — Ben, tu vois, pour une fois, tu n’iras pas à contrecœur rendre visite à ta « zinzin de tante », railla-t-il.
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