Rêver double , livre ebook

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Les souvenirs sont-ils fiables ? Pourquoi nous a-t-il abandonnées ?



Très tôt, ces questions s’imposent à l’esprit d’Alcidie qui, pour se protéger d’une vérité qui l’effraie, se réfugie dans un ailleurs enchanteur.

À l’aube de ses quinze ans, ses perceptions singulières interférent avec son imagination et ses souvenirs, la perturbant, et les frontières entre la réalité et le rêve se dissipent peu à peu, conduisant ces mondes à s'entremêler. Progressivement, Alcidie perd les notions de temps et d'espace. Elle se noie dans son propre esprit.

Alors, guidée par d’étranges créatures, elle glisse au sein d’un univers insondable illuminé par un crépuscule éternel : Le Clair-obscur.

Y trouvera-t-elle du réconfort ? Un moyen de faire face à ses peurs ? Ou sombrera-t-elle plus profondément encore dans les limbes de son esprit rêveur ?

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Publié par

Nombre de lectures

4

EAN13

9782375681633

Langue

Français

Mina M
Rêver Double

Editions du Chat Noir
Cheminons entre les rêves, sans toutefois nous y égarer…


CREPUSCULE


1. Les couleurs du temps
« La danse est le langage caché de l’âme »
Martha Graham.
CRÉPUSCULE
Émerveillée par les couleurs ensorcelantes du crépuscule, Alcidie dansait entre le jour et le rêve. Les yeux rivés sur l’horizon, elle guettait la faille imperceptible qui s’étirait comme un sourire étrange, dont s’échappaient des éclats étincelants de poésie. Ce court interlude énigmatique et envoûtant mettait en lumière le paisible monarque du soleil couchant  : Crépuscule , un hêtre au port altier qui régnait sur l’ouest du jardin .
À la tombée du jour , se levaient les ombres mystérieuses et gracieuses qui glissaient sur les rayons mourants du soleil.
Les lumières du soir s’unissaient à ces silhouettes déformées qui ondoyaient lentement, comme des serpents ensommeillés qui dévoraient goulûment l’espace.
L’astre diurne se faisait alors peintre, le temps de dire bonne nuit au monde sur le point de s’endormir. Il esquissait des lueurs atmosphériques habillées de rouge, d’orange et de rose, puis faisait place à la ténébreuse onde violette qui trainait derrière elle le voile brumeux du jour déclinant.
La lune prenait enfin possession du ciel qui se parait progressivement d’un bleu profond, avant de laissait régner l’obscurité parsemée d’étoiles scintillantes.
Venait alors l’heure de Nuit Noire , l’arbre du nord, un if remarquable aux proportions impressionnantes. Le prince des ombres solitaires, le lien entre le ciel et la terre.
Dans les ténèbres naissantes, Alcidie ne distinguait plus la couleur des roses qui déployaient leurs corolles de pétales délicats . Mais, tandis que le monde se parait de nuances de gris, elle pouvait encore apprécier leur parfum enivrant.
Elle goûtait encore le plaisir d’avoir regard é la palette infinie des couleurs se répandre en trainées mouvantes sur la toile fantomatique du ciel, quand Aubeline s’assit à ses côtés.
— C’est magnifique, n’est-ce pas ?
Allongée sur la pelouse, enveloppée d’une couverture douillette après avoir dansé avec les ombres du soir, Alcidie faisait glisser son regard sur la voûte céleste.
— Oui, c’est apaisant. Je ne m’en lasse pas. Il reste encore quelques touches de bleu derrière la cime des grands arbres du bois. Regarde-les ! On dirait de longs pinceaux maculés de ciel. Je vais attendre que ces lueurs vespérales disparaissent totalement avant de rentrer. Quand tout devient gris, il est préférable de se mettre à l’abri.
— J’aimerais tellement voir le monde à travers tes yeux, ce doit être une expérience fabuleuse, ma chérie.
Aubeline s’allongea à son tour et enlaça sa fille qui lui rendit son étreinte. Elles regardèrent encore un moment les étoiles , dans un silence ponctué des bruissements de la nature environnante.
— Maman, j’ai choisi la couleur que j’aimerais mettre à l’honneur le jour de mes quinze ans. Ce sera le rose. Je porterai ma robe rose brumeux et sa ceinture décorée de broderies. Je mettrai des roses dans mes cheveux noir corbeau et je chausserai mes sandales à fleurs noires. Et ce jour, je l’appellerai simplement le Jour Rose .
— Alors, il te faut un carnet et de l’encre roses ! Si j’ai bonne mémoire, tu n’en as pas encore  ?
— Non, je n’en ai pas.
— Rose brumeux. C’est un nom de couleur très poétique. Si je devais te peindre vêtue de cette robe vaporeuse, j’utiliserais un rose carmin lavé de gris clair. C’est une teinte très douce qui correspond merveilleusement à ta personnalité. Ton choix est très judicieux, comme toujours !
Alcidie embrassa tendrement sa mère et l’aida à se relever. Puis elles se dirigèrent, main dans la main, vers la maison qui les avaient vues naitre toutes les deux, leur cocon familial, le berceau de leur univers : la maison des Bruman.
Cette maison, Alcidie y vivait depuis sa naissance avec Aubeline, sa mère, Orson, son grand-père maternel, et Rosamé, la sœur d’Orson. À une certaine époque , Aubeline avait habité une petite maison de pierre avec son conjoint Théophane. Mais quelques semaines avant la naissance d’Alcidie, la mérule pleureuse avait brutalement envahi la masure et souillé ses murs de pernicieuses larmes colorées qu’Alcidie appelait : les coulures de couleurs.
COULURES
COULEURS
La maisonnette s’était lamentée.
Bientôt, elle s’effondrerait.
Invités par Orson et Rosamé, Aubeline et Théophane s’étaient donc installés ensemble dans la maison familiale des Bruman, où les événements de la vie avaient fait que la jeune maman ne s’en était plus jamais éloignée.
Aubeline tenait fermement la main de sa fille qu’elle entraîna dans le salon. Installés dans le canapé, Orson et Rosamé les attendaient, une tasse à la main. Ils avaient l’air détendus, presque assoupis.
— Ah ! Vous voilà ! s’exclama Orson qui s’éveilla soudain. Désirez-vous un peu de ce breuvage délicieux, mesdames ? demanda-t-il avec emphase. J’ai ouï dire que vous aimiez les infusions de Vapeurs oniriques  ?
— Avec plaisir, très cher, répondit Alcidie, mimant une petite révérence. J’aime les infusions de Vapeurs oniriques plus que toute autre boisson chaude.
Elle s’assit dans le fauteuil qui jouxtait le canapé afin de savourer la décoction.
— Le spectacle était-il à votre goût, ce soir ? s’enquit le vieil homme.
— Absolument ! Les couleurs du ciel étaient éblouissantes ! Les ombres du crépuscule m’ont même invitée à danser.
— Quel honneur ! s’extasia Orson. J’espère que vous me ferez profiter de ce spectacle à l’avenir ?
— J’y penserai, répondit Alcidie en lui adressant un clin d’œil complice.
Elle appréciait particulièrement ces moments de partage pendant lesquels Orson se livrait à l’improvisation théâtrale. Il s’imaginait très souvent être un autre homme et elle prenait plaisir à lui donner la réplique.
— Aubeline, une tasse de Vapeurs oniriques   ? demanda-t-il à sa fille qui s’était affalée dans le canapé aux côtés de Rosamé.
— Bien entendu, souffla-t-elle en levant les yeux au ciel. Je ne puis refuser de boire ce breuvage qui semble avoir été concocté par vos amis imaginaires, ajouta-t-elle en riant.
— Trêve de plaisanteries, Orson, intervint Rosamé. J’ai une question éminemment importante concernant l’anniversaire d’Alcidie. Quelle couleur as-tu choisi de porter le quinze juillet prochain, ma chérie ?
— J’ai opté pour le rose. C’est une teinte que je n’ai encore jamais intégrée aux Couleurs du temps .
— C’est un très bon choix. Aimerais-tu que je choisisse les fleurs qui orneront ta chevelure ?
— Ce serait merveilleux, Rosa. J’aimerais aussi qu’Angèle soit des nôtres. Penses-tu qu’elle sera disponible ?
— Elle ne manquerait cet événement pour rien au monde.
— Quant à moi, intervint Aubeline, je vais devoir élaborer le dessert idéal. Et il sera rose, bien entendu.
Un sourire malicieux illuminait son visage. Elle savait que sa fille apprécierait que le moindre détail se rapporte à la couleur qu’elle avait sélectionnée.
COULEUR
Depuis sa plus tendre enfance, les couleurs fascinaient Alcidie. Rien que pour elles, elle avait imaginé un calendrier intitulé Les couleurs du temps . Les 5, 15 et 25 de chaque mois, elle choisissait l’une d’entre elles et l’arborait de la tête aux pieds pendant l’intervalle de temps qui séparait ces dates. Ses tenues chatoyantes lui valaient un surnom poétique donné par les habitants des environs. Ils l’appelaient Fille d’Iris, en référence à la déesse messagère des dieux de l’Olympe qui laissait dans son sillage, un arc-en-ciel. Seul Ailill, un adolescent qui lui en voulait pour une raison mystérieuse, l’appelait parfois Sorcière Aubépine. Ce sobriquet, le jeune homme lui avait attribué un été, inspiré par les fleurs d’aubépine qui ornaient alors sa coiffure.
Après avo

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