Tanao et le Couple de Brume
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Tanao et le Couple de Brume , livre ebook

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Description

Le village des Pahnans est presque déserté. Tous les camarades de jeux de Tanao sont partis avec leur famille pour la Réunion des Tribus. Malgré leur absence, le jeune garçon va vivre un été animé. Il rencontrera un mystérieux duo. Son aïeule Gardienne des Secrets l’aidera à comprendre les raisons de leur visite. Lorsque d’inquiétants voyageurs feront leur apparition, Tanao et sa grand-mère découvriront un pan de l’histoire de leur clan.

Informations

Publié par
Date de parution 28 octobre 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312039787
Langue Français

Extrait

Tanao et le Couple de Brume
Antoinette B.
Tanao et le Couple de Brume

















LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015 ISBN : 978-2-312-03978-7
Prologue
Tehes, l’Infinie, rêva d’un nouveau monde. Elle créa la mer. Puis elle la borda par les plaines. C’était monotone. Elle rajouta du relief et ainsi vinrent les collines. Tout était immobile. Elle inventa le vent. Il se chargea de l’eau de la mer et s’en alla. Tehes plaça alors une montagne immense au milieu des collines. Les nuages poussés par le vent s’y accrochèrent et ce fut la première Grande Pluie. L’Eau quittait l’Air pour rejoindre la Terre. L’Infinie vit qu’il manquait le quatrième élément nécessaire à son projet ultime. Elle lança le Feu du ciel. L’éclair fut si violent que la montagne s’ouvrit en deux comme un fruit mûr. Ainsi naquirent les Monts Jumeaux. Ils scindèrent en deux la création de Tehes.
Elle souffla la Vie sur ce nouveau monde. Les plaines se couvrirent d’herbes, la végétation envahit les coteaux. Les animaux prirent possession de ce terrain neuf. Tehes était satisfaite de son œuvre. Seuls les flancs blessés de la montagne heurtaient son âme. Elle la couvrit alors par la Grande Forêt. L’homme arriva dans ce jardin . Les Karks s’installèrent au bord de la mer, les Nialuks et les Filatus s’implantèrent sur les plaines fertiles. Les Pahnans préférèrent les collines. Tous décidèrent qu’il n’y avait rien au-delà. Ils vécurent ainsi entre la mer et les Monts Jumeaux. Tehes aima son rêve.
Les Pahnans
Aucun Pahnan ne s’était jamais aventuré sur les Monts Jumeaux.
Leurs flancs étaient recouverts par la Grande Forêt. Dans le labyrinthe des arbres géants, des milliers de gouttelettes emplissaient l’air. La canopée baignait constamment dans un brouillard diffus qui donnait aux deux montagnes un aspect fantomatique. C’était le royaume du guépard et des serpents, mais surtout des moustiques. Plus qu’eux, l’atmosphère saturée d’humidité ôtait toute envie de s’y rendre. Non, vraiment, l’idée de s’enfoncer plus en avant dans la montagne n’avait aucun intérêt.
Pourtant, Karmato l’aurait juré. Une colonne de fumée s’élevait là-bas au Nord. Elle lui avait sauté au regard dès qu’il avait débouché sur le promontoire. Noire et compacte, elle prenait naissance à l’avant des deux montagnes, juste là où elles se séparaient. Comme il l’observait, elle sembla diminuer d’importance. Le vieil homme secoua la tête. Il commençait à s’inventer des histoires. Encore un signe de la vieillesse !
Ce matin-là, le doyen des Pahnans avait gravi la colline surplombant le village. La déclivité du sentier n’avait pas entamé son enthousiasme. Le panorama qui l’attendait au sommet valait bien cet effort. Ce n’était pas uniquement ce qui l’amenait en ce lieu. Ce pèlerinage qu’il accomplissait depuis bien longtemps lui servait à faire le point. A chaque fois, le trajet lui paraissait de plus en plus exigeant. Mais Karmato ne tenait pas s’appesantir sur les signes de son déclin. Il voulait goûter pleinement ce moment de contemplation. A ses pieds, les habitations formaient de petites grappes autour du foyer central. L’arc de cercle qu’elles dessinaient épousait la lisière de la forêt. Il s’ouvrait sur une prairie de graminées parsemée de buissons. Encore verte à cette époque de l’année, elle ne tarderait pas à prendre une teinte dorée. En contrebas, entre les coteaux, l’Arkud serpentait vers la mer que l’on pouvait deviner tout au loin. Karmato espérait y apercevoir la petite troupe en marche.
La veille, la plupart des habitants s’étaient mis en route vers le Sud. Comme chaque année, ils longeraient le fleuve pour atteindre le plateau des Rencontres. Dans une dizaine de jours, ils y retrouveraient les tribus de la plaine pour un temps d’échange et de fête.
Des liens d’amitiés unissaient depuis toujours les quatre ethnies et il n’était pas rare que des couples se forment durant ce séjour. Ainsi, Kobanka, le petit-fils de Karmato reviendrait avec une jeune Nialuk. Toute la famille était donc du voyage, même les derniers-nés. D’ordinaire, les jeunes enfants n’entreprenaient pas un si long chemin. L’usage voulait cependant que la parenté au complet assiste aux noces. Le grand-père aurait bien aimé accompagner les siens. Mais depuis l’accident qui l’avait laissé boiteux, il n’était pas retourné dans la plaine. Même s’il se déplaçait aisément aux alentours du village, il était hors de question pour lui d’entreprendre ce périple de presque deux semaines. Il avait donc embrassé son petit-fils et l’avait regardé rejoindre le groupe qui s’éloignait.
Le vieil homme s’installa sur un tronc au bord de la falaise. D’ici, il pourrait repérer les voyageurs en route pour la Grande Réunion. La dernière à laquelle il avait participé avait été la meilleure et la pire de sa vie.
A l’évocation de ce souvenir, il sentait encore le souffle du vent sur son visage. Une odeur de cheval remontait à sa mémoire. La plupart des Pahnans étaient effrayés par les bêtes robustes de la tribu des Filatus. Ce peuple de la steppe vivait en osmose avec les animaux qu’ils montaient dès leur plus jeune âge. Cette complicité avait toujours fasciné Karmato. Ses premières tentatives divertirent grandement l’ami qui lui avait prêté l’une de ses pouliches. Mais les suivantes furent plus concluantes. Au fil des ans, il revenait de la Réunion meilleur cavalier. Il put enfin quitter l’enclos où il trottait. Son premier galop dans les plaines fut magique. Il y en eut d’autres, cette année-là. Tous aussi grisants.
Jusqu’à la ruade fatale qui brisa sa jambe en trois points. L’accident l’avait privé de bien des activités. Malgré cela, il n’avait aucun regret. Rawak, un membre du clan des Karks, avait assisté à sa chute. Aussitôt, il s’était proposé de le ramener dans son village. Durant des jours, ce géant l’avait transporté sur son dos. Une amitié indéfectible était née de ce douloureux voyage.
Karmato soupira. Reportant son attention sur le fleuve, il scruta ses berges. Il les devina bientôt. Ils cheminaient d’un bon pas et s’étiraient en colonne sur la rive gauche. A cette distance, Karmato ne pouvait les reconnaître mais distinguait les adultes des enfants. Il les suivit longtemps du regard.
Avant d’entamer le retour, il se tourna vers les Monts Jumeaux. La fumée, grise maintenant, montait toujours vers le ciel en oscillant. Rien à voir avec les brumes qui s’étiraient habituellement sur la Grande Forêt.
La saison des Grandes Pluies venait de se terminer. La soixante troisième pour Karmato. Durant près de deux mois, les nuages venus de la mer s’étaient amoncelés, bloqués par les montagnes. Ils avaient déversé leurs eaux quotidiennement sur le village. Comme à l’accoutumée, la vie avait ralenti, se cantonnant sous l’auvent protégeant chaque habitation.
– Aucun feu ne prend naissance seul à cette période. Tout est encore trop mouillé. A moins que ma vue ne me joue des tours, songea le vieil homme.
– Tu l’as remarquée, toi aussi ?
Il se retourna et sourit en reconnaissant la silhouette élancée d’Abalia. La Gardienne des Secrets s’était approchée de lui sans bruit, comme à son habitude.
– Tu crois que quelqu’un a allumé un feu là-bas ?
– C’est étrange, peut-être un peu de brume poussée par le vent ? Il est encore tôt dans la saison, le brouillard prend parfois des formes étranges, répondit Abalia.
Ils demeurèrent silencieux, scrutant le ciel de la montagne. Le paysage avait repris son aspect habituel.
– Nous sommes comme des enfants qui se racontent des histoires.
Abalia secouait la tête en riant. Un chapelet de rides mangeait ses yeux. Désignant la coupelle qu’elle avait glissée à la ceinture nouant sa robe de lin, il demanda :
– Est-ce à cause d’Iptalu que tu n’es pas partie cette année ?
– Oui, un peu. Tu sais que ma qualité de Gardienne des Secrets me donne quelques responsabilités. Il était temps pour lui de prendre sa place parmi nos compagnons.
Lorsqu’un bébé venait au monde chez les Pahnans, la Gardienne des Secrets façonnait une statuette en glaise. Elle la déposait dans la grotte sacrée dont l’accès étai

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