148
pages
Français
Ebooks
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
148
pages
Français
Ebook
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
RÉSUMÉ
En l’an 530 après la libération des planètes, le Gouvernement Colonial Terrien règne en maître dans l’espace occupé.
Adali, une hybride née de l’union interdite d’une extraterrestre et d’un humain, grandit comme esclave des Terriens. Elle voit sa vie bouleversée lorsqu’elle apprend la déportation massive de son peuple. La fuite de son monde natal la lancera sur un chemin semé d’embûches et de rencontres, guidée par un profond désir de vengeance.
Yaé, un jeune Humain, s’engage dans l’armée du Gouvernement Colonial Terrien pour fuir la pauvreté. Ennemi par nature des extraterrestres des colonies, il lui faudra choisir entre ses principes et sa raison pour trouver sa voie.
Ces deux êtres que tout oppose survivront-ils dans cet univers en proie au conflit et à la trahison ?
EXTRAIT
La veille du jour de la déportation, toute la tension culminait. Au matin, les villageois allèrent à la mine, hormis les enfants, cachés dans une cave. Le groupe chargé de prendre en otage le lieutenant se posta à l’entrée de la montagne, dans le premier tunnel pour sortir dès que possible. Il volerait l’un des véhicules et irait directement chercher l’officier. Adali était prête, et les autres aussi. Pourtant, une angoisse la rongeait. Sur le chemin, une boule se ficha dans son estomac, l’empêchant de lutter contre les rafales de vent et le froid.
Comme un mauvais pressentiment.
DANS LA MÊME COLLECTION
(PLUMES DE RÊVE)
Voyageuse, tome 1
L’antichambre des souvenirs
Un noël pas comme les autres
Un éternel commencement, tome 1
Un éternel commencement, tome 2
Le cercle delaroche, tome 1
La cité dénaturée
À paraître
Voyageuse, tome 2
Aurèle Montoyat
D’un monde à l’autre
Le déclin des empires
Volume 1.1
© Editions Plumes Solidaires
© 2020, Editions Plumes Solidaires
Email : contact@plumes-solidaires.com
Site internet : www.editions-plumessolidaires.com
Auteur : Aurèle Montoyat
Illustration de couverture : Louis Beuzelin
Corrections : Audrey Moui
ISBN numérique : 9791096622764
© Tous droits réservés pour tous pays
Dépôt légal : Octobre 2020
À cette réminiscence,
qui j’espère dans ces pages connaîtra une histoire incarnée à l’écrit,
après nous avoir emmenés, ma sœur et moi,
dans les diverses facettes de l’imagination par les mots de notre père.
Aurèle M.
Le déclin des empires
Volume I.I
D’un monde à l’autre
On attend l’aube toute la nuit, mais lorsqu’elle arrive,
on oublie facilement que, à la fin de la journée, l’obscurité reviendra.
1
L’hiver sans fin
Assise au sommet de la montagne, nue, le froid la pénètre. Elle ne lutte pas contre cette température familière. Elle se lève, s’approche d’une falaise. Elle suit les rochers escarpés du regard. Un chemin sinueux s’y enfonce. Elle y aperçoit des silhouettes. Un frôlement d’ailes déchire l’air. Un gigantesque rapace tourne au-dessus d’elle. Son pouls s’accélère. Elle pousse un cri de terreur, l’oiseau pique vers elle. Elle se jette à terre, évite les serres tranchantes au dernier moment. Mais une force la soulève dans les cieux.
Elle est dans ses pattes. Il fait deux fois sa taille. La tête en bas, elle panique, veut se libérer. Dans son esprit, une voix résonne :
« N’aie pas peur, jeune hybride. Observe et décris ce que tu vois . »
≈
Ni la tristesse ni les remords n’envahirent Yaé lorsqu’il regarda par le hublot. Plutôt un vide étrange. Il ne regretterait pas le bidonville de son enfance. Ses parents et ses cinq frères ne lui manqueraient pas non plus. Ils lui portaient autant d’amour qu’à une jambe gangrenée. Dès qu’il le put, il se débrouilla sans eux. Le climat capricieux de Terre, il n’en serait pas nostalgique. Yaé maudissait chaque sécheresse, séisme, cyclone ou glaciation qui marquait son passage sur cette planète ravagée. Seule Noa, sa petite sœur, aurait su le faire changer d’avis. Il s’était assuré avant son départ qu’elle bénéficierait d’une relative protection et avait, en son for intérieur, pris le serment que, un jour, il reviendrait la chercher. Mais la culpabilité le tiraillait. Sournoise, elle jetait un voile sur sa conscience.
La navette s’élevait rapidement dans l’atmosphère. Les côtes d’Amérique du Sud se montraient doucement. Le vaisseau plus haut dans le ciel, il aperçut les terres désolées et irradiées d’Amérique du Nord. Jusque-là, il n’en connaissait que de très vieilles images. De cette altitude, il devinait les cratères qui sillonnaient leur paysage. Seule la mort ou des abominations vivaient là-bas depuis une antique guerre nucléaire.
Et soudain, l’espace. Il plaqua son nez contre le hublot pour mieux voir. Terre se dévoila dans son intégralité. Au-dessus de l’Eurasie, havre des fortunés, un voile bleuté scintillait. Seuls les Eurasiens s’offraient d’aussi luxueux boucliers pour se protéger des cataclysmes naturels et des attaques extraterrestres. De gigantesques morceaux de la Lune gravitaient dans le vide et rendaient le panorama irréel, maintenus à distance de Terre par de massifs réacteurs. L’étoile Sol, éblouissante et terrifiante, s’y reflétait, et les astres, véritables danseurs, se concertaient pour se mouvoir. Dans les tréfonds de sa mémoire, Yaé ne se remémorait rien d’aussi beau. Les continents, dessinés un à un, les mers étincelantes, les nuages crémeux… Le pont reliant la pointe de l’Afrique à l’Antarctique se réduisait à une mince bande au travers de l’océan. Un cyclone titanesque d’une couleur tourmentée tirant vers le noir se déplaçait lentement sur les eaux. La navette pivota et révéla la plus grosse station spatiale de l’espace du Gouvernement Colonial Terrien. Depuis son enfance, Yaé rêvait de se rendre sur ce point lumineux admiré d’en bas.
La structure, aussi étendue qu’une ville, s’imposait dans le vide absolu. Des passerelles d’amarrage à l’allure de tentacules déroulés partaient de son corps circulaire. Beaucoup de vaisseaux prouvaient par leur emblème une appartenance militaire. Elle accueillait aussi des commerçants et leurs cargos de marchandises dans des bras séparés. Yaé, fasciné par les voyages spatiaux, connaissait le moindre détail du fonctionnement de cette infrastructure. À l’âge de dix ans, il se procurait des plans au marché noir et les épluchait de fond en comble. Cette ferveur eut raison des rudes leçons d’apprentissage de la lecture en autodidacte, et il comptait parmi ces rares enfants du bidonville à savoir lire.
Sa passion pour l’espace était d’ailleurs l’une des raisons de son engagement dans l’Armée Terrienne. Rester sur Terre à dealer de l’aphamine et ne jamais découvrir d’autres mondes aurait sonné comme la pire des punitions. Il avait toujours aimé les histoires sur les extraterrestres, même si elles ne transpiraient pas de gaieté. Des intentions perverses agitaient les aliens, créatures fondamentalement mauvaises à peine plus évoluées que des animaux. Leur unique aspiration : imiter et dominer les Humains. Les pires d’entre eux, les Gobs, livraient une guerre acharnée au Gouvernement Colonial Terrien depuis plus de deux siècles. Yaé n’était peut-être pas attaché à sa planète natale, mais il préférait combattre un ennemi commun à tous les Humains, venu de Terre ou d’ailleurs, plutôt que de mourir poignardé sans même en comprendre la raison. Il ne tenait pas particulièrement à devenir soldat et évitait la violence dans la mesure du possible, mais le seul moyen de quitter les bidonvilles passait par l’Armée Terrienne.
La navette s’amarra au ponton. L’une des recrues, également enrôlée dans un bidonville, vêtue de haillons, vomissait dans un sac en plastique, le teint moite et les mains tremblantes. Une autre dépassait à peine l’âge légal pour s’engager, soit treize ans. Yaé s’enrôlait à vingt ans. Le message du gang pour lequel il travaillait dans son taudis débordait de clarté : si malheur l’en prenait de partir sans rembourser ses dettes, sa famille en subirait les conséquences. Il ne serait pas affecté par la mort de ses parents et ses frères, mais il aimait sa sœur et se donnait pour mission de la protéger. La veille, il lui offrit ses économies.
— Veuillez attacher vos ceintures et vous préparer au débarquement, s’il vous plaît , débita une voix automatique.
Des amarres se refermèrent sur la navette dans un bruit de succion. L’intérieur du vaisseau se dépressurisa, puis ils franchirent un sas translucide. Un soldat les guida à travers un labyrinthe métallique aux murs sobres. Yaé écarquillait les yeux ; la modernité de cet endroit lui donnait le tournis. Régulièrement, ils croisaient des drones de surveillance étincelants. Dans les bidonvilles terriens, les gangs pirataient les rares engins encore en service pour les utiliser. À chaque vrombissement qui signalait leur présence, les muscles de Yaé se crispaient, prêts pour la fuite.
Ils rejoignirent une centaine de personnes dans une salle au plafond ovale. Un militaire plus grand que la normale s’avança. La peau sombre, le visage carré, ses sourcils gris se touchaient presque. Aucune ride ne trahissait son âge certainement avancé. Il appartenait sûrement à ces riches et éminents membres du Gouvernement Colonial Terrien, rajeunis par la science. Les pauvres racontaient ces histoires à leurs enfants pour les faire rêver, même s’ils savaient que jamais ils ne bénéficieraient de cette médecine. Un nombre impressionnant de médailles sur son uniforme en