CHAMANE T2
144 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Les Sorciers de la Confrérie n'en ont pas fini avec Isidora...Isidora est de retour en France. Loin du danger, elle doit apprendre à dompter ses pouvoirs, et reprendre sa vie, aussi normale que possible.
Mais Miguel est si loin, resté au Chili…
Lorsque son grand-père meurt dans de terribles circonstances, Isidora est certaine que ce n’est pas un accident. La menace des Sorciers de la Confrérie plane encore sur elle et sa famille…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 avril 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9791039520058
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© 2022, éditions Auzou 24-32 rue des Amandiers, 75020 Paris
ISBN : 979-10-395-2005-8
Correction : Catherine Rigal / Claire Gaillard
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation strictement réservés pour tous les pays. Loi n o 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n o 2011-525 du 17 mai 2011.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À Gypsie. Toute ma reconnaissance à Jennifer et Jeanne, les bonnes fées qui se sont penchées sur mon livre.
T ABLE DES MATIÈRES
Page de titre
Page de copyright
Dédicace
1. - Retour à Génissac
2. - L'accident
3. - Le Messager
4. - Kamila
5. - Absence
6. - Abuelito
7. - Retrouvailles
8. - Le méchoui
9. - Rentrée
10. - Fuite
11. - Guadalupe
12. - Kay Kay
13. - Diego Montebaro
14. - Départ
15. - Agua de Oro
16. - Chiloé
Épilogue
À propos de l'autrice
1.
Retour à Génissac

Ça m’a fait du bien de parler d’Isidora avec Margarita…
Cette vieille femme à qui je livre ses courses est une chamane qui s’ignore. L’aura qui l’entoure est brillante mais, bien sûr, beaucoup moins que celle d’Isi. Comme je le lui ai dit la première fois que je l’ai vue, elle, elle est comme une grosse ampoule lumineuse…
Sur mon triporteur, tandis que je zigzague dans la circulation intense de Santiago, je sens encore sa présence à mes côtés. Avant de revenir à l’épicerie, je fais un petit détour pour prendre les rues que nous avons parcourues ensemble, elle et moi, à toute vitesse. Elle adore la cordillère majestueuse qui entoure la ville. Elle dit que c’est la colonne vertébrale du Chili !
Quand la reverrai-je ? Je me suis pris un abonnement pour qu’on puisse se téléphoner. Un peu cher pour moi, mais j’économise en sautant quelques repas. Et maintenant, je commence à mettre des sous de côté pour aller la voir en France.
J’arrête mon triporteur. Pedro me fait signe. Un patron sympa. Mais je ne lui rends pas son signe, car une vision s’impose à moi. Devant l’épicerie, c’est comme si le soleil faisait grésiller l’air : je distingue une image en surimpression. C’est un privilège que nous avons, nous, les chamanes, de voir l’émanation d’une personne qui, au moment même, pense à vous…
Isidora, presque en chair et en os… Il y a un vieil homme à côté d’elle, sans doute son grand-père, celui qu’elle appelle affectueusement Abuelito, mais qui l’a beaucoup déçue.
Mais qu’est-ce que c’est que cette tache qui flotte au-dessus d’elle ? D’elle ou de son grand-père d’ailleurs ? On dirait un papillon noir, comme dessiné par une coulée d’encre entre deux feuilles appliquées l’une contre l’autre…
Un vertige me prend. Les chamanes savent qu’une personne est proche de mourir quand ils « voient » une tache noire au-dessus d’elle. Une tache noire qui devient une forme mouvante, de la taille et de la forme exactes de la personne à laquelle elle correspond…
Mais non, la tache disparaît comme elle est venue. Le soleil du Chili est si violent qu’il vous ferait prendre des vessies pour des lanternes…
Allons, tout va bien, les sorciers de la confrérie de la Caverne ont été anéantis !
 
— Laisse-moi, je m’en occupe.
Après avoir calé dans le compartiment bagage le tambourin mapuche qu’elle rapporte de son voyage, Isidora se glisse dans le siège près du hublot. Son père, qui attendait dans le couloir pour lui laisser la place, s’installe à son tour, mais elle ne le remercie pas.
Il s’en passera du temps, avant qu’elle ne le remercie de quelque chose…
Le hublot de l’avion, c’est sa dernière fenêtre sur le Chili. Tant que l’avion n’a pas décollé, elle peut ressortir, descendre, courir, courir, courir…
Courir aussi vite qu’un chien. Qui sait ? Elle est bien devenue un chien chez Felipe. Quelques instants seulement, mais… elle s’en souvient. Et tous ces chiens qui la suivaient et lui obéissaient à San Pedro de Atacama, elle s’en souvient aussi…
Elle n’arrive toujours pas à y croire, mais ce n’était pas un rêve. Quoique certains rêves soient bien réels. On les appelle des « rêves lucides ». Certaines personnes parviennent même à se retrouver en rêve, en se donnant rendez-vous. C’est ce qu’elle espère réussir un jour : rejoindre Miguel en rêve lucide, par-delà les frontières de l’espace et du temps. C’est possible, quand on est très fort. Et elle est très forte, à ce qu’il paraît…
Et maintenant, une grosse envie de pleurer. C’est comme le temps. Il pleut à Santiago, pour la première fois de son séjour. Pour son départ. Ce qui pleut, c’est son cœur. C’est l’hiver ici, puisque les saisons sont inversées dans l’hémisphère Sud, mais elle n’y a connu que du soleil brûlant, que du feu… Derrière le hublot s’amoncellent des nuages épais, presque du brouillard, comme un rideau opaque. On ne voit pas la cordillère du hublot. Et Miguel encore moins… Mais elle le voit partout, à chaque instant. Sa main dans ses cheveux, sa poitrine contre son cœur. Comme elle aimerait le retrouver et retourner avec lui dans le cercueil de terre où ils ont passé leur première nuit d’amour ! C’était donc de ça que parlaient les MAV… et pourtant rien à voir, mais alors rien !
Elle jette un coup d’œil à son père. Elle l’entend encore lui avouer comment il lui a caché la vérité sur ses origines.
« J’ai essayé de me rattraper, je suis allé te chercher, je t’ai sauvé la vie. »
Il peut toujours essayer de se rattraper ! On part de trop loin, vraiment.
« J’avoue qu’à cette époque j’étais complètement indifférent au sort des Mapuches et aux dommages humains causés par la construction du barrage. »
Ben voyons ! Si indifférent qu’il a proposé de l’argent aux sorciers de Chiloé pour faire peur à la chamane du village, qui s’opposait au barrage de la rivière… sa vraie mère… Erika…
Morte.
Noyée.
Quand une boule de feu vous fonce dessus, que vous courez vers un lac pour y échapper et que vous ne savez pas nager, c’est inévitable.
Quant à son autre mère, dite maman…
Elle a avalé la fable que lui ont racontée son mari et son beau-père pendant toutes ces années. C’est ça, le pire : Abuelito, son grand-père adoptif adoré. C’est même lui qui a eu l’idée du quipu, ce tissage inca dans lequel Isidora était enveloppée quand on l’a trouvée : un objet du nord du Chili, pas du sud, où vivent les Mapuches, en Araucanie. Circulez, il n’y a rien à voir dans le Sud ! Mais vous n’aviez pas prévu qu’il y aurait un Miguel sur votre chemin, pas vrai ?
— Je veux qu’on m’appelle Millaray, maintenant. Mon vrai nom, dit-elle en se tournant brusquement vers son père.
Celui-ci se rembrunit. Il sait bien que les ennuis ne font que commencer. Sa fille a renoué avec ses origines. Sa mère morte était une machi , une chamane mapuche. Et Isidora a hérité de ses pouvoirs. Transes, visions, conversations avec les morts… Il est chilien lui aussi, il sait de quoi elles sont capables.
Et surtout de quoi sont capables les brujos , les sorciers.
La secte qui s’est attaquée à Isidora est la plus puissante d’entre elles, cette fameuse et sinistre confrérie de la Caverne, dont la base se trouve sur l’île de Chiloé. Ses membres sont des spécialistes d’effets magiques en tout genre : mauvais sorts, transformations en zombies, en monstres, meurtres…
— Ça ne va pas être facile. De toute façon, tu t’appelles Cabanas, vu que tu as été adoptée.
— Une adoption illégale.
— Pas du tout, j’ai les papiers.
— Obtenus contre de l’argent.
— Veuillez attacher vos ceintures, nous nous préparons à décoller, intervient l’hôtesse d’une voix suave.
Mais la ceinture d’Isidora est déjà bouclée. Sa bouche aussi. Elle tourne la tête.
* *     *
Des heures se sont passées. Isidora et son père n’ont pas échangé un seul mot de tout le vol. Ce serait plus vrai de dire qu’elle n’a pas desserré les dents.
— Je pense qu’il vaut mieux en raconter le moins possible à ta mère, recommence son père à la fin du vol. Ne pas lui parler de l’ imbunche , par exemple…
Moue méprisante.
— Un Européen ne peut pas comprendre…
Européen toi-même, vendu !
L’avion commence sa descente vers Paris, l’hôtesse leur recommande de se préparer à l’atterrissage.
— Un chewing-gum ? propose-t-elle en s’arrêtant devant eux, avec son petit panier.
Miguel est loin, mais pas tant que ça. Isidora le voit presque en train d’arriver à l’épicerie sur son triporteur.
Elle cligne des yeux. Une sensation de danger l’étreint. Quel danger ? Les sorciers ont été éliminés ! En plus, quand on a quatre Anciens comme anges gardiens, on peut dormir sur ses deux oreilles. Mais est-ce que les anges gardiens traversent les continents ? Sans doute, d’autant plus que ces grands ancêtres Mapuche sont des filaments de lumière, d’énergie… Abuelito aurait sans doute des idées intéressantes là-dessus, puisqu’il est physicien… Mais bon, Abuelito… La confiance qu’elle avait en lui est perdue à jamais.
— Je compte sur toi ? insiste son père. Ta mère n’y est pour rien.
— Moi non plus.
Mot de la fin.
L’ambiance reste à couteaux tirés jusqu’au moment où ils retrouvent son grand-père qui les attend derrière la porte après les bagages. Le vieil homme passe la main dans ses cheveux blancs rabattus en arrière, signe révélateur d’une certaine nervosité. Il adresse à Isidora son grand sourire habituel, saupoudré d’un soupçon d’inquiétude. La mauvaise conscience, c’est comme des mouches sur de la confiture, ça colle.
— Ma chérie, pardonne-moi…
— On en parlera plus tard, je suis fatiguée.
Soudain, elle fronce les sourcils. Elle se rend compte que son grand-père n’a pas d’aura. Lui qui est si beau, si lumineux, qui dégage un tel éclat…
Un bref regard autour d’elle. Pas de halo parmi les centaines de personnes en train de se presser dans l’aéroport. Le stress ? Ou bien l’aura est une particularité des Chiliens, conséquence de leur nature chaleureuse ?
Abuelito tend les bras vers elle, mais elle se recule.
— Maman n’est pas venue ? Et Nelson ? demande-t-elle pour se donner une contenance.
— Comme ça, tu pourras dormir à l’arrière de la voitu

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