Ciao Bianca
138 pages
Français

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Description

Cela fait trois ans que Matthieu n’a pas vu sa famille, depuis qu’il a claqué la porte de la maison, le jour de ses 18 ans. Il n’a pas répondu aux appels de sa mère, a évité de donner des nouvelles. Mais le jour où il apprend qu’elle vient de mourir, un cancer foudroyant, il ne peut faire autrement que d’aller à l’enterrement…

Enfin, l’enterrement… Ce n’est pas vraiment ça… juste une cérémonie…

Parce que Bianca Fois a prévu d’être inhumée en Sardaigne, dans le caveau familial. D’ailleurs, elle a déjà tout organisé : c’est Matthieu qui doit aller là-bas, pour l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure. Seul avec son frère et sa sœur, des jumeaux de 11 ans, Gavi et Lena, qu’il ne connaît plus trop. Matthieu suppose d’ailleurs qu’il a beaucoup à se faire pardonner d’eux.

Ce dont il ne se doute pas, c’est que la descente de l’Italie, et le voyage sur l’île, vont être l’occasion de pas mal de galères, et aussi d’éblouissements, de bains de mer, de nuits à la belle étoile, de chasse aux chauve-souris et au fromage – ce « fromage pourri », spécialité sarde, plein de larves et des asticots qui mangent le corps de ceux qu’on aime…


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 septembre 2019
Nombre de lectures 86
EAN13 9782215159438
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0016€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
Prologue
1. La boîte
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
2. La courroie
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
3. Aux étoiles
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
4. Salade de poulpe
1.
2.
3.
4.
5.
6.
5. La vague
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
6. Les asticots
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
Remerciements
Page de copyright
Pour Louanne, parce que c’est le premier de mes romans qu’elle lit avant les autres. En gratitude pour Pierre, Anne-So, Magnès et Julien, qui m’ont appris à être un petit et un grand frère.
Prologue
Matthieu raccrocha.
Emma attendait, en le regardant. Elle avait les cheveux blond platine – qu’elle portait courts –, en pétard, comme tous les matins ; des yeux gonflés de sommeil, le sourcil interrogatif.
Pour le reste, elle était vêtue d’un kigurumi-lapin rose dont les oreilles lui tombaient mollement dans le dos.
– C’était qui ?
– Grazia. Ma tante…
Il n’ajouta rien, d’abord, lui tourna le dos pour se verser un café, glissa deux tartines dans le grille-pain. Ses mains tremblaient un peu. Il se servit – des haricots, un œuf frit –, récupéra les toasts et s’attabla en face d’elle. L’assiette fit un bruit sec quand il la posa sur la table, comme si elle avait été ébréchée et allait se briser d’un coup.
– Ma mère est morte cette nuit.
Sa chaise avait raclé sur le carrelage.
Cela créa une plage de silence, après coup.
On était dimanche, leur seul jour de congé commun.
Il faisait déjà parfaitement clair, et tiède, parce qu’on était en juillet. Normalement, ils brunchaient un peu plus tard, en discutant dans la cuisine – mais ça, c’était quand on n’appelait pas Matthieu sur son portable pour lui dire que sa mère était morte.
*
Il trempa une tartine dans le jaune de son œuf , sans regarder Emma :
– Il y a une sorte de cérémonie, mardi… Je n’ai pas compris exactement… elle sera enterrée ailleurs, je ne sais pas où, mais il y a un truc à Saint-Pierre.
– Tu savais qu’elle était… enfin, que c’était si grave ?
– Non. Grazia m’avait parlé d’une chimio, après Noël, mais depuis…
Il fit un geste de la main, qui indiquait vaguement que, depuis Noël, on n’avait pas jugé bon de lui fournir d’autres précisions – ou qu’il n’avait pas pris la peine de prendre des nouvelles, selon le camp dans lequel on se plaçait pour regarder l’affaire.
– Et… Tu vas faire quoi ? demanda le lapin rose.
– Je ne sais pas… Dans la mesure où je n’ai rien de prévu en début de semaine… je pourrais peut-être…
Il ne poursuivit pas, enfourna une autre bouchée de pain, but une gorgée de café.
Le lapin décoiffé attendait qu’il conclue.
– … Sauf si tu as besoin de la voiture mardi ?
Le lapin blond platine secoua la tête.
Cela aurait arrangé Matthieu, qu’elle ait eu besoin de la voiture – pour régler la question.
Il aurait bien aimé, par ailleurs, qu’elle ajoute quelque chose, lui donne son avis.
Est-ce qu’il devait y aller, selon elle ? Est-ce qu’elle ne l’accompagnerait pas, éventuellement ?
Le lapin rose n’avait visiblement pas l’intention de donner son avis, ni davantage de l’accompagner.
Il avala une cuillerée de beans, eut un geste maladroit, précipité ou fébrile au moment de porter la suivante à sa bouche. Le contenu tomba sur son pantalon.
La sauce tomate épaisse dans laquelle trempaient les haricots macula son survêtement.
Il s’emporta, brusquement, contre le monde, les semaines sans boulot, les mères à qui on ne parle plus depuis trois ans et qui meurent sans prévenir ; et également contre les taches alimentaires :
– Putain, c’est pas ma semaine, je te jure !
Tu crois qu’il viendra ? *
Bien sûr, il viendra…
C’est maman, quand même… **

Ben, il n’est pas venu à l’hôpital.Pas une fois.
Alors qu’il était au courant… Grazia lui avait dit.
Oui, mais là, c’est différent.
Elle est morte.
Il viendra.

Et s’il ne vient pas ?
On fait quoi ?
Ben, tu veux qu’on fasse quoi ?
On l’appelle ?
Quand ?
Avant ?
Maintenant ?
J’ai son numéro.
Tu as envie de le supplier, toi ?

Je sais pas…
J’aimerais qu’il soit là.

Vraiment.

Pas toi ?
Si.
Je sais pas.
Si, si, en un sens…

Mais je ne veux pas lui demander.

Tu lui en veux ?

Bien sûr. Pas toi ?
Je sais pas.
Si, peut-être.
Mais je m’en fiche, du moment qu’il vient…

Pas toi ?
Je sais pas.

Et s’il vient mardi, mais qu’il ne veut pas aller en Italie ?
On fera quoi ?
Dans ce cas, Grazia nous emmènera.
Elle nous l’a dit.

Mais il ira, t’inquiète pas.
En Italie ?
T’es sûre ?

S’il vient mardi, il ira en Italie.
Et je suis certaine qu’il viendra mardi.
Tu veux parier ?

Combien ?
20 euros ?

* Tablette de Gavi.

** Tablette de Lena.
1. La boÎte
1.
Le mardi matin, avant de partir au boulot, Emma lui donna un conseil utile :
– Tu devrais mettre ton costume noir. Quand même.
Oui, bonne idée. Matthieu allait faire ça.
Normalement, il réservait ce costume pour les entretiens d’embauche, ou pour les soirées où il faisait l’extra au café-restaurant À la bonne saucisse . Mais effectivement, pour un enterrement, ça irait aussi…
Enfin, pas vraiment un enterrement – une cérémonie…
Il était tôt, encore. Emma faisait un remplacement, à la « Boîte aux vêtements », parce que c’étaient les vacances universitaires et les soldes – c’était loin, à une heure de bus.
Elle l’embrassa distraitement, se reprit, revint pour lui donner un vrai baiser. Sérieux. Appliqué.
« Courage », dirent ses yeux, tendrement.
« Coiffe-toi », dit sa main en passant dans les épis de Matthieu.
« À ce soir », dit sa bouche, comme s’ils se séparaient pour une journée habituelle.

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