Cinq petits monstres
139 pages
Français

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Cinq petits monstres , livre ebook

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Description

Pierre Cyprien, officier de police judiciaire à Bordeaux, est chargé d’une nouvelle enquête : un double enlèvement d’adolescentes.
De rebondissements en faux-semblants, il rencontrera Jade avec ses mystères, ses secrets. La jeune femme a reçu des messages anonymes mentionnant justement ces enlèvements. Mais quel est le lien entre elle et ces kidnappings ? Que cache-t-elle tout au fond de son esprit ? Quel sombre passé ?
Des archives falsifiées, d’anciens dossiers qui ne demandent qu’à être rouverts, un hôpital psychiatrique comme fil directeur et une enquête aux multiples ramifications : voilà ce qui attend notre officier pour qui la partie est loin d’être gagnée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 juin 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782492966019
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À Pauline, mon épouse, qui sait trouver les mots…
Prologue
 
La pièce était plutôt exiguë. À peine éclairée par une petite lampe posée sur un bureau. C’était le seul mobilier présent, avec les chaises sur lesquelles étaient assises les deux femmes. Elles se faisaient face dans un silence quasi religieux. L’une regardait l’autre de manière insistante. Cette dernière, quant à elle, baissait les yeux. Elle semblait perdue, égarée dans un labyrinthe aux multiples recoins. La première vint soudain combler le vide installé depuis déjà de longues minutes.
– Écoutez, Jade. Je peux vous appeler Jade ?
Question purement rhétorique. La femme brune au chignon impeccable reprit de plus belle.
– Vous n’avez pas dit un mot depuis votre arrivée ici. Rien. Rien qui puisse nous aider à y voir plus clair. Cinq personnes sont mortes, Jade. Quatre hommes et une femme. Vous étiez avec eux. Mais il y avait une autre personne, n’est-ce pas ? S’il vous plaît, Jade. Dites quelque chose.  
Le néant, le vide pour toute réponse. La femme au chignon repoussa sa chaise et se leva. Elle commença à se déplacer dans la pièce, marchant lentement, ses talons claquant en rythme sur le sol carrelé. La docteur  Sophie Martel , vingt-huit ans, était psychologue clinicienne. Diplômée depuis deux ans, son seul souhait avait toujours été de travailler au sein de la police. Titulaire d’un master 2, elle n’avait pas traîné pour dénicher un poste au commissariat de Bordeaux, en Nouvelle-Aquitaine. C’était déjà sa deuxième affaire vraiment sérieuse. La première lui avait permis de faire preuve d’une réelle intuition et de mettre en avant ses compétences. Elle lui avait donné l’occasion de mettre en pratique ses connaissances acquises au cours de ses études et de gagner la confiance de ses collègues de la police judiciaire. C’étaient eux, une nouvelle fois, qui l’avaient appelée. Les  lieutenants Thomas Villeneuve et Pierre Cyprien . Des officiers professionnels et expérimentés. Elle leur faisait confiance et elle avait été heureuse de pouvoir travailler avec eux. Pourtant, cette fois-ci, elle pressentait que les choses n’allaient pas être aussi simples. La femme assise tout près d’elle, murée dans son silence, risquait de lui donner du fil à retordre. Elle en était même persuadée.  
– Jade ? Jade, vous êtes toujours avec moi ? Je ne suis pas votre ennemie, vous savez. C’est même tout le contraire. Je suis là pour vous aider. Pour que vous vous en sortiez et que l’on puisse comprendre. Donnez-moi quelque chose. Aiguillez-moi. J’ai besoin de vous.
Soudain, la femme interrogée releva la tête. Ses yeux bleus étaient injectés de sang. Elle semblait épuisée, lessivée. Des larmes avaient séché sur ses joues, son maquillage coulé, lui donnant ainsi l’air d’une poupée de porcelaine sur laquelle un enfant aurait dessiné. Ses cheveux blonds, réunis en une natte, laissèrent échapper quelques mèches qui vinrent se coller à son rimmel.
Un masque de ténèbres,  songea le docteur Martel . Pour dissimuler quoi ? Que caches-tu, Jade ? Que ne veux-tu pas que l’on découvre ?  
– Je n’ai rien fait ! hurla tout à coup la jeune femme. Rien, vous m’entendez ! Je ne comprends pas ce que je fais là ! Où suis-je d’ailleurs ? Où m’avez-vous amenée ? On m’interroge, on me bouscule, on essaie de me faire dire des choses. Je ne sais même pas où je suis.  
La glace est brisée,  pensa la psychologue.  C’est le moment. L’instant fatidique. Je ne dois pas laisser passer cette chance.  
– Calmez-vous, Jade. Je vous le répète : vous ne craignez rien.
Devant le profond désarroi de la jeune femme blonde, la docteur Martel était convaincue qu’il ne fallait pas la brusquer. Ne pas proférer d’accusations. Ne pas la bousculer. Même si les faits, eux, ne souffraient d’aucune discussion…
– Vous êtes à Bordeaux, dans les locaux de la police judiciaire. Ceci, je ne vais pas vous mentir, est un interrogatoire. Je fais partie intégrante de l’équipe qui travaille sur cette affaire.
– Quelle affaire ? questionna Jade, coupant la parole au docteur Martel. Vous me parlez de meurtres ? De cinq personnes assassinées, c’est bien ça ? Depuis hier, ça n’arrête pas ! Je l’ai vu, dans les yeux des autres, de ceux qui m’ont déjà posé tout un tas de questions, ce sentiment de détenir la responsable. Car c’est bien de ça qu’il s’agit, n’est-ce pas ? Vous la tenez, votre coupable. Assise là, juste devant vous !  
Jade se tut alors. Aussi soudainement qu’elle avait commencé son monologue. Elle semblait une nouvelle fois, ailleurs, comme déconnectée. Sophie la regarda, tentant de discerner ce qui se cachait derrière le masque. Elle sentait pourtant que quelque chose lui échappait. Que Jade lui glissait entre les doigts. Elle essaya alors une ultime pirouette. Peut-être la dernière carte de son jeu. En espérant que ce soit la bonne.
– Jade.
Le ton était calme, posé, se voulant rassurant.
– Vous étiez dans ce manoir, le relais des Rois pour être plus précise. Il est situé au sud-est de Lénac, une petite commune à une quarantaine de kilomètres de Bordeaux. Vous vous souvenez de ce lieu ? De cet endroit ? C’est important, Jade. Si vous voulez que je vous croie, il me faut votre version des faits, je dois accéder à vos souvenirs. Notre seul objectif est de comprendre ce qui est arrivé. Pour être très sincère, nous pensons que vous n’avez rien fait, mais nous avons besoin de preuves, vous comprenez ?  
 – C’est un peu flou, comme si un voile dissimulait l’ensemble de ma mémoire. Néanmoins, je me souviens de quelques détails.
La voix de Jade était un peu plus apaisée à présent. La douceur employée par le docteur Martel portait ses fruits. Elle sécha ses larmes, reprit son souffle et poursuivit :
– Je revois cette grande bâtisse. Toutes ces pièces. L’intérieur est très beau et en même temps froid, presque impersonnel. Il y a beaucoup de tableaux, de draperies… Le sol est en pierre, je crois. Et il y a du bois sur les murs. Un bois très sombre, peut-être teint ou verni.
La jeune femme fit une pause. Elle donna l’impression de rassembler ses pensées. De remettre de l’ordre dans son esprit.
– Par contre, je suis désolée, mais je ne sais pas pourquoi j’étais là-bas. Impossible de me rappeler.  
– Et ces personnes, Jade. Vous les connaissiez ?
Sophie Martel lui reposa la question, insistant sur ce point précis.
– Qui sont-elles ? Que faisiez-vous tous, dans cet endroit ?
La psychologue changea son fusil d’épaule. Elle tenta le tout pour le tout, devenant plus oppressante en s’adressant à la jeune femme.
– Je vous en conjure : si vous voulez que je vous aide, il me faut quelque chose. Un début d’explication au moins. Sinon… désolée de vous le dire comme ça : sinon mes collègues, là derrière, ne vont faire qu’une bouchée de vous.  
Jade la regarda de ses grands yeux bleus. Sophie pensa à un lac aux eaux turquoise. Une  étendue paisible, d’une beauté à couper le souffle. Pourtant, elle n’entrevit que la surface. Que la partie émergée de l’iceberg. Elle sentit qu’au plus profond de ces yeux se cachait autre chose. Le mensonge ? La folie ? Impossible de se prononcer pour le moment.  
– J’essaie de me souvenir, mais je ne revois personne, juste ce manoir. Cet endroit lugubre, glacial, sans âme. Comme si les lieux étaient abandonnés depuis des lustres. Vraiment, je ne vous mens pas. Je veux vous aider, je veux m’en sortir, rien n’y fait. Mes pensées s’emmêlent et j’ai l’impression de traverser une immense nappe de brouillard. Tout se mélange. Je… j’ai besoin de temps. Et de repos. Je suis si fatiguée. Est-ce qu’on peut arrêter là ? Reprendre plus tard ?  
Le regard de la jeune femme était implorant. Les larmes affleuraient. Sophie perçut qu’il était temps de suspendre l’interrogatoire. Que sinon elle allait la perdre.
– Très bien, dit-elle sèchement, frustrée de ne pas pouvoir poursuivre.
Elle comprenait toutefois qu’elle devait se montrer patiente. Que la vérité était toute proche, qu’il fallait la laisser éclore.  
– Je vous laisse. Mes collègues vont vous raccompagner jusqu’à votre cellule. N’hésitez pas à leur demander à boire ou même à manger. Vous êtes toute pâle et probablement épuisée. Reposez-vous, Jade. Et, si quoi que ce soit vous revient, demandez-moi. Je suis là, je ne bouge pas.
La femme blonde esquissa un semblant de sourire tout en regardant le docteur Martel.
– Merci, docteur. Merci de vous montrer aussi… compréhensive. Mon esprit est si confus… Je vous promets de tout faire pour me rappeler ce qui s’est passé. Je veux vous aider, soyez-en certaine.  
– Je vous crois, Jade, je vous crois.
D’un geste, elle tendit le bras vers un petit interrupteur situé juste à droite de l’unique porte de sortie. Une seconde plus tard, un officier actionnait la poignée et pénétrait dans la pièce.
– Vous pouvez reconduire madame Delacour dans sa cellule. Notre conversation est terminée pour aujourd’hui.
Le fonctionnaire s’approcha de Jade sans un mot. Cette dernière se leva et le suivit en silence, comme résignée. Elle bredouilla un dernier « merci » alors qu’elle parvenait à la hauteur de Sophie Martel et celle-ci, avant que Jade disparaisse dans le couloir qui jouxtait la pièce, lui posa une dernière question.
– Pardonnez-moi, Jade, mais les noms de  Pauline Volkov et Marie Perrache  ne vous disent rien ?  
– Non, pas le moins du monde. Pourquoi ? Ils devraient ?
– Non, non, ce n’est rien, ne vous inquiétez pas.
Sur ces derniers mots, la psychologue quitta à son tour l’endroit et se dirigea vers une autre porte, toute proche. Elle retrouva ses deux collègues officiers de police judiciaire, Thomas Villeneuve et Pierre Cyprien.  
– Messieurs, j’imagine que vous avez suivi cet échange.
– Elle ment, fit Villeneuve, la quarantaine, les traits tirés et le visage anguleux. C’est une évidence. Nous avons des preuves, bordel, pourquoi ne pas lui faire cracher le morceau ?  
– Parce qu’il s’agit de ne pas la brusquer, lui répondit Cyprien. Sa mémoire lui joue des tours. Et ce ne sont pa

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