Elle était attachée à mon sachet de thé
129 pages
Français

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Elle était attachée à mon sachet de thé , livre ebook

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Description

« On ne mesure pas toujours la magie de l’instant, il faut souvent attendre que la mélancolie s’en charge. Mais là, je savais déjà que ces moments resteraient gravés à jamais dans nos souvenirs. »

À 15 ans, Oscar est un garçon érudit et curieux qui, malgré sa passion pour les nuages, a bien les pieds sur terre. Comme chaque année, il passe ses vacances d'été chez ses grands-parents, sous le soleil de l'île d'Oléron.
Si les sessions plage et les sorties entre amis restent au rendez-vous, cet été s'annonce exceptionnel à bien des égards.
Entre la chasse au trésor organisée par son grand-père juste avant de mourir et la rencontre d'une fille, Oscar devra résoudre, seul, les énigmes de sa vie d'adolescent.
Perdant peu à peu ses illusions d’enfant, cette idylle pourrait bien l’aider à passer en douceur le cap inéluctable vers l’âge adulte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juillet 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782493078070
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CAMILLE COLLAUDIN
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tout pays.
N° ISBN 9782493078070
Éditions l’Abeille bleue – 38 rue Dunois 75013 Paris
Collection l’Innocente
Retrouvez toutes nos parutions sur : https://editions-abeillebleue.fr
© Illustration couverture par Marie Mermoud

 
 
 
 
« L'adolescence est l'âge de la vérité, après ce n'est plus qu'une question de compromis. »
Johann Dizant
 
 
 
 
À Johanna, Ferdinand, Félix et Joséphine.
Mes nuages de beau temps.
 
 
Table des matières
Chapitre   1
Chapitre   2
Chapitre   3
Chapitre   4
Chapitre   5
Chapitre   6
Chapitre   7
Chapitre   8
Chapitre   9
Chapitre   10
Chapitre   11
Chapitre   12
Chapitre   13
Chapitre 14
Chapitre   15
Chapitre   16
Chapitre   17
Chapitre   18
Chapitre   19
Chapitre   20
Chapitre   21
Chapitre   22
Chapitre   23
Chapitre   24
Chapitre   25
Chapitre   26
Chapitre   27
Chapitre   28
Biographie de l’auteur
Remerciements

 
Chapitre   1
« Non je n’ai pas vu le film, mais j’ai lu le livre »
 
Les lueurs dorées du début de l’été accompagnaient avec succulence mon dernier jour de collège. Mon cerveau jouait en boucle les notes suaves de Dock of the Bay d’Otis Redding, Sitting in the morning sun . J’avais devant moi la chevelure luxuriante de la fille la plus populaire de la classe. Cette intimité géographique m’offrait la possibilité de sentir par intermittence son odeur de vanille synthétique. Mon voisin de table essayait de me distraire du cours de Monsieur Garisson, mais j’étais résolu à l’écouter.
— Le débarquement allié était prévu le 5 juin 1944, mais la mauvaise météo le fit reporter au 6 juin. Petite anecdote concernant le nom des plages du débarquement...
Monsieur Garisson nous délivrait souvent des anecdotes, pour mon plus grand plaisir. Il se leva et réajusta ses lunettes à l’aide de son pouce et de son index.
— … les Américains ont choisi de les nommer selon le lieu de provenance de leurs commandants : Utah et Omaha. Les Britanniques quant à eux ont utilisé des noms de poissons : goldfish pour « poisson rouge » et swordfish pour « espadon ». Devenant ainsi Gold Beach et Sword Beach. Que veut dire le mot sword en anglais ? Personne ? Oui, Oscar…
— Épée.
— Bien, Oscar. À noter que le w est muet, le mot se prononce sôrd . Retournons à nos plages du débarquement… Pour finir, la plage libérée en majorité par les Canadiens devait s’appeler Jellyfish, « méduse ». Mais le diminutif jelly veut dire « gelée », cela n’aurait pas été pertinent. Ils décidèrent par conséquent de baptiser la plage du nom de l’épouse d’un haut gradé : Juno.
Monsieur Garisson était un professeur agréable à écouter. Il était habillé de façon classique pour un professeur d’histoire, inutile de vous décrire sa tenue, ou bien un indice : velours. Il s’était laissé pousser le front, mais avait trouvé un subterfuge afin de masquer sa calvitie en rabattant une longue mèche sur le dessus du crâne.
Par la fenêtre de la salle de cours, mes yeux se posèrent sur de merveilleux cirrus. Ces nuages ne sont pas formés de gouttelettes d’eau, mais de cristaux de glace, dus à leur très haute altitude. Ils sont en forme de filaments, comme si de la barbe à papa avait été jetée dans le ciel. En latin, cirrus signifie d’ailleurs « boucle de cheveux ».
J’adorais observer les nuages, je me faisais des histoires avec, je traquais les insolites, les rares, j’essayais de faire mes propres prévisions météo. Ils se ressemblent tous, mais sont tous différents ; un peu comme les visages humains. Regarder le ciel, c’était un peu s’évader et j’aimais cela.
La cloche retentit, signalant le point de départ des grandes vacances d’été. Celles au parfum si particulier, celles au charme épique, celles qui font grandir. Nous restâmes, le groupe d’amis et moi, quelques minutes devant le collège pour nous dire au revoir. Ces moments de séparation étaient précieux. Beaucoup de sentiments mélangés parcouraient mes pensées. J’avais toujours un petit pincement au cœur de quitter une classe et, qui plus est en cette année de troisième, un établissement scolaire. Je ressentais déjà de la mélancolie. Mais j’étais également heureux de retrouver mon grand-père et ma grand-mère pour les vacances.
Un arbre à soie dessinait au sol une ombre salvatrice, reposant nos corps d’un accablant soleil. Jade me demanda si je partais, comme chaque année, sur l’île d’Oléron pour les vacances. Je hochai la tête de bas en haut, sourire aux lèvres. Un pote mit son bras autour de mon épaule en me disant : « Oscar, j’ai la dalle ». Un sujet clivant déchira le groupe, Pépito ou Oréo ? Trois personnes se proclamèrent team Pépito et quatre se glissèrent dans la team Oréo.
— Et toi, Oscar, tu ne réponds pas ? demanda Jade.
— Non, j’ai trop peur, je suis team Oré.
— Oréo, tu veux dire ? questionna Jules.
— Non ! Team Oré, je suis timoré, T-I-M-O-R-É. Je suis timide, craintif quoi.
Seul Jules rit. À partir du moment où l’on doit expliquer sa blague, c’est qu’elle est ratée. Peu importe l’auditoire.
Inutile de préciser que je n’étais pas très populaire au collège.
Le soir, mes parents me félicitèrent pour mon année scolaire particulièrement réussie. J’allai au lit rapidement après le repas. La nuit fut courte, mon cerveau bouillonnait d’un insatiable désir.
Le lendemain, mon petit déjeuner se résuma à manger des céréales au lait froid. Mon regard hagard fixait le dos de la boîte de céréales où j’appris que l’abeille est le seul insecte au monde produisant un aliment consommé par l’homme. Je jetai un coup d’œil en direction d’un coin de la table, où il y trônait un livre laissé à l’abandon : Le vieil homme et la mer . Je lisais beaucoup, mais pas de romans. Je ne lisais que des livres documentaires qui me cultivaient, les romans ne m’apportaient aucune source de savoir. Mais j’aimerais beaucoup pouvoir sortir un jour la phrase « Non, je n’ai pas vu le film, mais j’ai lu le livre ». Ce serait la classe totale. Tout ceci me fit penser que je devais passer à la librairie située à deux pas de chez moi, sous le cinéma de ma ville. Quelques ouvrages pour m’instruire durant l’été ne seraient pas de trop.
En rentrant le soir, ma mère tenait dans ses bras ma sœur en sanglots. Mon père était assis sur le canapé, le regard vide.
— Oscar, ton grand-père est mort.
Chapitre   2
« Du jazz qui craque »
 
Les arbres quadrillaient cet espace silencieux de façon militaire. La sécheresse prolongée de ces derniers jours avait d’ores et déjà jauni le jardin funéraire ; l’ombre apportée par les pins et les châtaigniers n’avait pu contenir l’inéluctable phénomène. Les bouquets coloraient l’ensemble du décor par taches. Le soleil, qui était au beau milieu de sa lente ascension, faisait passer de-ci de-là quelques joyeux rais de lumière. En revanche, la raie sur le côté du monsieur en costume noir n’avait rien de jovial. Sa chemise était incroyablement bien repassée, boutons de manchettes dorés et double nœud de cravate, impeccable. Il était rasé de près et souffrait d’une légère couperose. Il avait des chaussures noires à bout pointu, parfaitement cirées ; je me demandai si, à force de les mettre, ses pieds avaient pris la forme de ses chaussures.
Il portait dans un tube cylindrique les cendres encore tièdes de mon grand-père. Après avoir pris la main de ma grand-mère dans la mienne, l’homme en costume noir marmonna une dernière phrase puis dispersa le contenu de l’urne. Les cendres avaient la même couleur que ses cheveux grisonnants. La légère brise faisait virevolter cette poussière de vieilles particules humaines s’écrasant au pied du jeune châtaignier. Suivirent alors les dernières minutes de recueillement. Je me demandai à quoi pouvait bien penser le monsieur en costume noir ; sa liste de courses ? Le film qu’il avait vu la veille ? Au décolleté de ma mère ? À la façon dont il allait fabriquer cet abri qu’il devait réaliser au fond de son jardin ? Il ne pensait sans doute pas au défunt, et je ne lui en voulais pas. C’est un peu comme les personnes qui travaillent dans les abattoirs ou les pompiers qui interviennent pour les accidents de la route, ou encore les gens qui bossent avec quelqu’un qui sent mauvais de la bouche ; on s’habitue à tout. On l’absorbe et l’on fait avec. On compose, on se protège comme on peut, on s’adapte, on survit.
J’aimais tant mon grand-père. Pour ses funérailles, il avait donné l’instruction de passer une chanson de Dean Martin. Au cœur du funérarium avaient résonné les paroles Everybody loves somebody sometime . Et c’est bien vrai, on aime tous quelqu’un à un moment donné. Mon problème, c’est que, à part mes grands-parents paternels, je n’aimais pas beaucoup ma famille.
À la maison, mon père qui était resté digne pendant les obsèques fondit en larmes. Même s’il n’entretenait pas de bonnes relations avec lui, c’était son père. Nous l’entourâmes, mais il se dégagea assez rapidement de cette étreinte en nous lançant un pudique merci . Il se tourna vers la commode en merisier massif et, du tiroir, il sortit deux cachets de Tranxène. Puis, il s’assit dans le fauteuil scandinave du salon, prit son ordinateur et, sans un mot, se mit au travail. Le travail lui occupait l’esprit, chassait ses démons, le focalisait sur autre chose.
Il était analyste financier. J’étais bien incapable d’expliquer ce que son poste impliquait. Il avait beau m’éclairer sur le sujet régulièrement, ses responsabilités me semblaient aussi obscures que l’utilité d’un pompon sur un bonnet. Ma mère, le regard cafardeux, me proposa un thé ; j’acquiesçai d’une petite voix, un thé noir , précisai-je. Rien à voir avec cette journée de deuil, je n’aimais pas le thé vert.
— Tu tiens le

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