Jacques et Toinette. Au cœur de la Révolution
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Français

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Jacques et Toinette. Au cœur de la Révolution , livre ebook

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Description

Fin 1792.

Alors que la maison familiale brûle, prise d’assaut par des troupes révolutionnaires, Antoinette parvient à s’échapper et à trouver refuge dans la forêt de Rambouillet. Des hommes partent à sa poursuite, bien décidés à la retrouver et à lui faire subir le même sort qu’à ses parents. Mais les recherches n’aboutissent pas et Antoinette, tétanisée de peur, se retrouve seule.

Le lendemain, Jacques et son chien l’Aiguille arpentent la forêt, espérant trouver quelques champignons ou même un lapin. Jacques découvre Antoinette, cachée dans un terrier. Il lui tend un morceau de pain par charité mais la laisse à son triste sort. Mais l’Aiguille revient voir Antoinette et pousse peu à peu Jacques à lui venir en aide…

Un roman d’amitié et d’aventure au cœur de la Révolution française !


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2023
Nombre de lectures 10
EAN13 9782215186793
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0324€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières La traque Des temps difficiles Renard ou lapin ? La rencontre Une alliée Disparue De nuit Danger immédiat La Vieille Double promesse Jeanne Barbotin Punition Libération Toinette Soupçons Panique Dehors ! La fuite Une gaffe Mauvaise surprise Sous la menace Alerte ! Affrontement Dénonciation Promis c’est promis ! Résurrection ! Départ Notes Page de copyright
Points de repère Cover Title Page Copyright Page Corps de texte
À Camille et Louis.
Celui-ci est pour vous deux !
1
La traque
Près de Paris, fin 1792
– Cherchez-la ! Elle ne doit pas nous échapper !
Antoinette se recroqueville dans le terrier de blaireaux abandonné où elle a trouvé refuge. Elle ferme les yeux, comme si ne plus voir ce qui l’entoure suffisait à la rendre invisible. Son cœur cogne fort dans sa poitrine, bien trop fort. La jeune fille s’inquiète que l’on puisse l’entendre.
– Allez ! hurle une voix hargneuse. Il faut la r’trouver !
Antoinette entoure ses genoux de ses bras et se tasse un peu dans sa cachette. Si seulement elle était plus petite… Mais il y a quelques mois, peu avant ses treize ans, elle a commencé à grandir et ne s’est plus arrêtée.
– Si tu continues ainsi, tu vas bientôt me dépasser, plaisantait sa mère en rallongeant patiemment l’ourlet de ses jupes.
En pensant à sa mère si douce, une main lui broie le cœur. Une énorme boule de chagrin lui noue la gorge. Antoinette se mord la lèvre. Ce n’est pas le moment. Son père détesterait la voir pleurnicher.
Soudain, des aboiements retentissent au loin. Antoinette frissonne. S’ils lancent les chiens, ils la retrouveront, c’est certain. Mais si elle sort de sa cachette, elle n’a presque aucune chance de s’en sortir non plus. Antoinette connaît la forêt comme sa poche. Elle l’a si souvent arpentée avec son père, Jean de Brocard, qu’elle saurait s’y retrouver même de nuit. Mais elle ignore combien d’hommes sont à sa recherche et comment ils sont disposés. Elle risquerait de tomber sur l’un d’entre eux et cette seule idée la terrifie.
Son unique chance, c’est que la nuit tombe vite. Peut-être alors les hommes arrêteront-ils leurs recherches ? Elle n’est encore qu’une enfant après tout. Quel tort pourrait-elle bien leur faire même si elle survivait ?
Antoinette relève les yeux vers l’entrée du trou dans l’espoir de voir à travers les arbres le ciel s’obscurcir enfin. Hélas, il reste bleu, désespérément bleu. Antoinette se demande d’ailleurs comment il peut être encore si beau alors que cette journée a été le théâtre de tant de drames.
Henri Dasson scrute le ciel lui aussi. Il a hâte que la nuit tombe et que tout cela se termine pour rejoindre enfin sa famille, dormir et oublier. En ralliant le groupe des paysans qui s’était formé un peu plus tôt dans la journée, il ne pensait pas que les choses prendraient cette tournure. Ils avaient seulement prévu de faire peur au lieutenant Jean de Brocard et à sa famille pour l’obliger à un peu plus de souplesse. Henri n’imaginait pas que tout tournerait si mal. L’échauffement des hommes, l’inflexibilité du lieutenant, le premier coup de feu, la furie ensuite, puis le château incendié. Et maintenant, la fille du couple qu’ils cherchent dans la forêt. Non vraiment, Henri n’a jamais voulu cela.
Henri Dasson avance sur la ligne qu’on lui a attribuée et fouille du regard chaque buisson pour y dénicher la jeune fille. Les hommes se sont organisés en battue, comme lorsqu’ils traquent le gibier. Sauf que depuis plusieurs années, Jean de Brocard et ses gardes leur donnent de moins en moins souvent l’autorisation de prélever des bêtes dans la forêt sous prétexte qu’elle appartient au roi. En allant voir le lieutenant chez lui pour l’intimider, les paysans espéraient qu’il leur accorde la permission de chasser un peu et de ramasser du petit bois pour se chauffer. Au moins cela. Au nom de la Révolution 1 . Il a fait si froid l’hiver dernier…
Une brindille craque non loin de sa cachette. Antoinette tend l’oreille. Elle espère entendre le souffle d’un chevreuil ou le grognement d’un sanglier. N’importe quelle bête sauvage plutôt qu’un homme.
Henri Dasson s’est arrêté net. Le morceau d’étoffe bleue qui dépasse du terrier de blaireaux a aussitôt attiré son attention. Son cœur bat plus fort. Il s’approche lentement et se penche vers le trou.
Antoinette se fige en entendant à nouveau du bruit. Il y a quelque chose, là, tout proche. Prudemment, elle relève la tête et scrute au dehors. Quand elle l’aperçoit, elle ouvre la bouche dans un cri muet.
Henri Dasson tressaille en découvrant les grands yeux marron d’Antoinette au milieu d’un visage aussi blanc qu’un linge. Elle le regarde, terrorisée. Elle lui fait penser à un jeune animal traqué, comprenant qu’il va mourir.
En apercevant ses boucles blondes parsemées de brindilles et de mousse, le cœur d’Henri se serre. Ces boucles… Ce sont les mêmes que celles de ses enfants ; celles de son fils Jacques en particulier, qui a eu quatorze ans il y a trois jours.
– Henri ? T’as trouvé quèque chose ? tonne alors une voix d’homme à quelques mètres de là.
Henri se redresse vivement comme s’il venait de recevoir un coup.
– Non ! répond-il d’une voix mal assurée.
– Pourquoi tu t’arrêtes alors ? reprend l’autre d’un air suspicieux.
– J’ai vu un blaireau, répond Henri d’une voix plus forte.
– Attrape-le donc qu’on s’régale !
Un rire gras retentit qui glace le sang d’Antoinette.
– Il a filé, le bougre ! grogne Henri.
– Alors avance, dit l’autre. Y faut qu’on la r’trouve avant la nuit.
Henri hésite, balaie la terre de la pointe de son sabot et reprend la battue à la suite des autres comme si de rien n’était.
L’étoffe bleue n’est plus visible. Elle est recouverte de terre à présent.
2
Des temps difficiles
Le jour est à peine levé mais Jacques est déjà debout. C’est le meilleur moment de la journée pour aller glaner en forêt. À cette heure-ci, les hommes de la maîtrise des Eaux et Forêts 2 dorment encore : Jacques ne risque pas de tomber sur eux et de se faire prendre la main dans le sac. En plus, s’il en croit les bribes de conversation qu’il a saisies hier soir entre ses parents, les hommes du lieutenant ne sont pas près de revenir de sitôt contrôler les gens du coin.
Le père de Jacques est rentré hier soir, le visage sombre. Quand sa mère l’a interrogé sur la façon dont l’entrevue avec le lieutenant s’était passée, il s’est muré dans une sorte de silence obstiné. Il a à peine touché à l’assiette de soupe qu’elle avait conservée au chaud pour lui. Ce n’est que lorsque Jacques et ses frère et sœurs sont allés se coucher qu’il a accepté de parler enfin. Péniblement. À travers la fine cloison de bois qui sépare la chambre de la pièce principale, Jacques a compris que la rencontre avait dégénéré. Le lieutenant et sa femme étaient morts, tués par les paysans venus les voir. À cette heure-ci, leur château n’était sans doute plus qu’un amas de décombres et de cendres.
– Et la petite ? Leur fille ? a demandé la mère de Jacques, la voix étranglée.
Son père a émis un grognement indéchiffrable pour toute réponse.
La chienne agite la queue, excitée à l’idée de la promenade en forêt qui s’annonce. Depuis que Jacques l’a découverte il y a un an, rôdant autour de la maison, elle ne quitte plus le jeune garçon et le suit dans le moindre de ses déplacements.
Jacques s’accroupit et gratte la tête de la chienne, qui se laisse faire.
– Je compte sur toi pour réaliser des merveilles aujourd’hui, lui dit Jacques avec douceur. Un lièvre, ce serait bien. On n’a plus eu de viande depuis longtemps, tu sais.
À quatorze ans, Jacques est maintenant l’aîné de la famille et il met un point d’honneur à aider le plus possible ses parents. Il sait comme il est difficile pour son père de subvenir aux besoins de ses quatre enfants et de sa femme. Les travaux aux champs sont mal payés. Les mauvaises récoltes s’enchaînent depuis plusieurs années. Il n’y a plus de travail pour les enfants en âge d’aider. Tout manque. Alors Jacques soutient sa famille comme il peut en rapportant ce qu’il trouve en forêt. Un peu de gibier, les très bons jours, quelques champignons, parfois, et surtout des herbes que sa mère transforme en soupe.
Les oreilles de la chienne se dressent comme si elle écoutait. Elle baisse la tête à plusieurs reprises puis pose son museau dans le creux du coude de Jacques.
Jacques se relève, glisse les pieds dans ses sabots, attrape son sac de toile et embrasse sa mère qui lui tend un morceau de pain en guise de déjeuner 3 . Elle aussi s’est levée aux aurores. Elle pétrit une pâte presque brune pour faire quelques petits pains. Elle a réussi à acheter un fond de farine coupée avec du son 4 et s’empresse de l’utiliser avant qu’elle ne soit infestée par les vers.
– L’Aiguille et moi nous occupons du déjeuner, lui souffle Jacques avec bonne humeur. Un lièvre aux champignons, ça te dirait ?
Sa mère se tourne légèrement vers lui et sourit, les yeux brillants.
– Dieu t’entende ! dit-elle. Je compte sur vous.
Jacques sourit à son tour, frotte la tête de l’Aiguille et sort de la maison.
– Allez, viens mon chien.
Perrine Dasson le regarde fermer la porte, le sourire toujours fixé aux lèvres, puis elle retourne à son pétrissage et retrouve une mine grave. Si seulement son fils pouvait dire vrai. Les temps sont durs, et il lui semble que cela fait des années qu’elle n’a pas pu offrir un repas digne de ce nom à sa famille.
– Je peux aller avec Jacques, maman ?
La voix du jeune Paul la fait sursauter. Elle ne l’a pas entendu sortir du lit. Elle lui sourit et secoue doucement la tête.
– Non, mon Paul. Tu es trop petit.
– J’ai six ans ! riposte le garçonnet fièrement. Je suis grand maintenant.
– Et c’est bien pour cela que j’ai besoin de toi à la maison, répond aussitôt sa mère. Tu vas m’aider à m’occuper de tes petites sœurs.
Paul grimace, boudeur. Il en a assez de s’occuper de ses sœurs. À deux ans et un an, Marie et Thérèse ne ­l’intéressent pas du tout car elles ne peuvent pas jouer avec lui. Tandis qu’avec J

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