L épopée de Sem (Tome 1)
163 pages
Français

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L'épopée de Sem (Tome 1) , livre ebook

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163 pages
Français

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Description

Sem s'apprête à subir un rite initiatique, comme tous les adolescents de son clan, un peuple primitif mais aux lois égalitaires. S'il réussit, il deviendra l'apprenti du chaman. Mais pour cela, il lui faudra renoncer à l'amour de Colchike, une redoutable guerrière. Et ce n'est pas la seule épreuve qui l'attend : créatures dangereuses, rivaux menaçants, attaques des autres clans... Sem devra faire appel à tout son courage et à son espoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 novembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782733891995
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© 2019, éditions Auzou
24-32, rue des Amandiers, 75020 Paris
 
Mise en pages : IGS-CP à L’Isle-d’Espagnac (16)
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation strictement réservés pour tous les pays.Loi n o  49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse,modifiée par la loi n o  2011-525 du 17 mai 2011.
Dépôt légal : septembre 2019
Imprimé en Serbie.
Produit conçu et fabriqué sous système de management de la qualité certifié AFAQ ISO 9001.
 


 
 


 
 

AUZOU
 
Par tout ce qui vit et par tout ce qui meurt
Par tout ce qui pousse et par tout ce qui respire
Par tout ce qui marche, rampe et vole
Par le vent, le feu, la glace et les pluies blanches
Par l’œil jaune dans le ciel du jour
Et par l’œil blanc dans le ciel de la nuit
Par la Montagne grouillante
Et par la courbe parfaite du bond des sauteuses
Par les racines profondes et sacrées de notre Orguï…
 
Prière chamanique du Clan
Cela faisait cinq jours et cinq nuits que la petite troupeavait quitté le village.
Nous étions aux prémices de la saison verte.
Ils avaient pris la direction de l’ouest, sillonné en premier lieu de vastes prairies grasses où les insectes étaientlégion, avant de plonger définitivement dans le clair-obscurdes sous-bois.
Au matin du sixième jour, Fraya huma l’air de son neztordu, pointa du doigt une direction au travers des troncsd’arbre, qui masquaient l’horizon, et dit :
— Nous atteindrons notre but dans la soirée dedemain…
Avant d’ajouter :
— … si d’ici là nous ne faisons pas de mauvaises rencontres.
C’était une guerrière accomplie. Elle ouvrait la marche,tandis que sa sœur jumelle, Artamis, la fermait. Difficilede différencier les deux femmes tant elles se ressemblaient.Pour ne pas se tromper quand on s’adressait à l’une ouà l’autre, il convenait d’observer attentivement les motifsque dessinaient les cicatrices sur leurs visages, souvenirsdes nombreux combats qu’elles avaient livrés. Une lignetorve coupait de part en part la figure d’Artamis, alors quel’aile droite du nez de Fraya manquait, emportée jadis parun coup en partie esquivé.
Comme tous les membres adultes du Clan, femmes ouhommes, leur oreille gauche avait été sectionnée au coursde la cérémonie du Passage pour être offerte à l’Orguï sacré.
Les cheveux des deux guerrières étaient remontés encrête. Une crête teinte d’un rouge sang, signe distinctif quiattestait qu’elles avaient l’une et l’autre participé à la dernière guerre, il y avait de cela quinze cycles. Leur musculature était dense, leur pas alerte. Elles portaient une lance,ainsi qu’une épée à la lame d’acier qui leur battait la cuisse.
Au sortir de la forêt, chacun respira plus à son aise, carles bois étaient davantage propices aux attaques-surprises.Jusqu’ici, le voyage s’était déroulé sans encombre. Lesjumelles ne relâchaient jamais leur attention. Elles avaientpour mission d’assurer la sécurité des trois autres marcheurs.
Fraya annonça une courte pause. L’œil jaune du jourau-dessus de leurs têtes brûlait telle une torche flamboyante. Des lambeaux de nuages venaient parfois s’y brûler. Quelques plumeux traçaient des signatures invisiblessur la couverture du ciel.
Érastéous, le chaman du Clan, en profita pour retirerun caillou logé dans sa botte, qui lui torturait le pied. Ilplanta dans le sol son grand bâton en haut duquel tintinnabulait tout un assortiment de gris-gris, avant de se laissertomber sur les fesses. Fatigué d’une si longue marche, ilmaugréait plus qu’il ne parlait. Nulle suite de mots, maisdes sons discordants qui glissaient de sa bouche presqueédentée.
Il passa ses doigts, longs et légèrement tordus, sur soncrâne chauve. Son index et son majeur s’attardèrent, pianotèrent l’endroit où, jadis, il y a bien longtemps, pointaitson oreille gauche.
— Humpf…, fit-il en vidant ensuite sa chaussure et ense massant les orteils.
Difficile de savoir son âge, d’évaluer combien de cyclesil avait déjà traversés. Certains jours, il semblait vieux, etd’autres, il pouvait faire montre d’une telle énergie qu’onle pensait beaucoup plus jeune qu’il n’y paraissait.
Érastéous était aussi sec et noueux que son bâton.Il avait les yeux perpétuellement exorbités, comme s’il s’étonnait encore de toute chose. C’était à lui que revenaitl’épineuse tâche de s’adresser aux dieux. Ceux-ci étaient lesastres, le vent, la courbe des rivières, toutes les créatures– monstruosités qui emplissaient ce monde, marchantesou rampantes –, ainsi que les plantes, les arbres, les traînéesde lumière et les recoins d’obscurité.
Après avoir montré l’arche d’un arc-en-ciel au toutdébut du premier jour, alors qu’ils quittaient la prairieoù nichait le village, le vieil homme avait annoncé que letrajet se déroulerait sous les meilleurs auspices. Et jusqu’àprésent, dans son interprétation des signes, il ne s’était pastrompé.
Ensuite venaient les deux jeunes gens qu’on allait soumettre au rite. Ils avaient quinze saisons vertes, étaientà l’aube de leur seizième, et, selon une vieille tradition àlaquelle le Clan était très attaché, s’ils voulaient devenirdes humains faits et être reconnus comme tels par leurssemblables, ils devaient se soumettre à une épreuve extrêmement périlleuse. S’ils y survivaient, l’avenir leur seraitalors ouvert.
Cette année, ils n’étaient que deux à se préparer aurituel. Mais c’était seulement dû au hasard démographiquedu Clan, car au cours du cycle précédent, à la saison vertedernière, ils avaient été six à se soumettre à l’épreuve, troisjeunes femmes et trois jeunes hommes.
Bien entendu, Gorik et Sem avaient encore leurs deuxoreilles.
Le premier avait une carrure de colosse, une poitrine silarge que tous les gris-gris du vieil Érastéous auraient pu s’yloger. Pommettes saillantes, nez busqué et lèvres charnues,il était plutôt beau garçon. Mais les dieux avaient eu la drôled’idée de l’affubler d’une voix qui jurait totalement avec lereste : aiguë et nasillarde, agaçante au possible. En plus de lecomplexer, ce dérèglement avait rendu Gorik peu avenant,dénué de toute générosité et très souvent tenté de se laisseraller sur la pente de la brutalité et de la fourberie. Il maltraitait en douce les plus faibles que lui. Il avait forcémentle profil pour devenir un rude guerrier, mais nul n’ignoraitque son ambition ne s’arrêtait pas là. Un jour, il serait Chefde guerre, poste qu’occupait pour l’instant, et depuis denombreux cycles, Phiobée, la combattante borgne.
Sûr de lui, le jeune homme clamait depuis le début duvoyage qu’il réussirait sans mal l’épreuve du Grand Bruit ,qu’il avait un grand destin à accomplir.
L’autre garçon était quant à lui quasi squelettique, disgracieux et, depuis sa plus tendre enfance, l’une des proiesfavorites du grand Gorik.
Autant dire que ces deux-là se détestaient.
En guise de jambes, Sem possédait de longuesquilles. Les genoux y apparaissaient comme de curieuses excroissances. Il avait les épaules étroites, le cou frêle et latête fournie d’une épaisse chevelure, noire et en bataille. Lecôté gauche de son visage était étonnamment parcheminé.C’était dû à une brûlure conséquente, subie lors d’un bêteaccident domestique alors qu’il n’était encore qu’un doki,un enfant tout juste âgé de trois saisons vertes. Partant dela racine de ses cheveux, la surface de chair abîmée, granuleuse, descendait jusqu’à la courbe du menton, venaiteffleurer la base du nez, la commissure des lèvres, empaquetait son œil dans une étrange boursouflure de peau.Fort heureusement, le feu dévastateur n’avait pas atteintl’organe. Le jeune homme y voyait parfaitement.
Ce visage, c’était comme un dessin bâclé, comme lereflet trouble que renvoie la surface d’une rivière. Quand ilsouriait, ça faisait une étrange grimace.
D’un naturel plutôt solitaire, Sem passait depuisquelque temps une partie de ses journées à suivre Érastéous,curieux, intéressé par les diverses activités du chaman.
 
L’œil jaune dans le ciel du jour piquait les nuques etles visages. Ils burent de longues gorgées à leurs outres sanséchanger un mot.
Érastéous tapota amicalement la tête de la seule monture qu’ils avaient entraînée avec eux, avant de légèrement resserrer les attaches des paquetages. C’était une grouillante, que le chaman avait fini par nommer Poop’s.L’animal transportait les fourrures qui servaient de sacs

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