Le royaume du cœur , livre ebook

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Que faire quand la vie s'écroule autour de soi et qu'on a douze ans ? Faut-il s'abandonner au désespoir ou se battre pour retrouver le bonheur ? Sharon décide de faire confiance à Kira la poupée qui lui a volé l'amour de sa mère et de la suivre dans une aventure pleine de suspenses, angoissante mais si merveilleuse. Abidjan ville magique à plus d'un titre, réserve bien des surprises à ceux qui sont capables de voir avec le coeur ! L'adolescente va-t-elle réussir la mission qu'elle s'est assignée ? Kira est-elle vraiment une poupée magique ou une affabulatrice ?
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Date de parution

01 janvier 2013

Nombre de lectures

351

EAN13

9791090625228

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Josette Desclercs Abondio
Illustrations: Yapo Yapo Martial ( Yapsy)
LE ROYAUME DU COEUR
CIV 522
10 bp 1034 Abidjan 10  Côte d’Ivoire • Tél : (225) 21 56 50 63 Fax : (225) 21 36 56 57 • info@classiquesivoiriens.com • www.classiquesivoiriens.com
LE TEMPS DU BONHEUR
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Il était minuit passé. Pourtant Sharon ne dormait pas. Elle tendait anxieusement l’oreille vers la chambre voisine. « Oh ! Mon Dieu, qu’ils arrêtent de se disputer ! L’écho de la discussion lui parvenait dis-tinctement. La ïllette était malheureuse d’entendre la voix coléreuse de sa mère ; cette intonation, Laura ne l’avait que quand elle était contrariée : un timbre pointu, désagréable à l’oreille. Elle imaginait David, son père, le regard étincelant et les paupières battant doulou-reusement. Sharon se mit à pleurer. - Allons, se dit-elle soudain, j’ai treize ans, bientôt ! Pleurer, c’est pour les enfants ! Elle se redressa, remodela son oreiller, le ta-pota un peu avant de s’y adosser ; elle aurait tant voulu penser à autre chose ! Mais comment oublier que derrière cette cloison les per-sonnes qu’elle aimait le plus au monde étaient en train de se déchirer. - L’amour que Sharon portait à ses parents était sans limites ! Le moindre nuage dans leur couple ? Une catastrophe pour elle. Il lui semblait même que son cœur était trop petit pour contenir tout l’amour qu’elle éprouvait pour eux.
Quand elle les voyait rire, ensemble, elle suffoquait, tellement sa joie était grande. Alors, elle perdait son soufe et avait du mal à respi-rer. David, regarde ! Sharon est toute bleue ; mon Dieu, elle souffre. Il faut l’emmener à l’hôpital ! Elle fait sans doute sa crise de croissance. Où as-tu mal, mon ange ? criait sa mère tout affolée. - Mais non, maman, je n’ai rien ! C’est parce que je suis contente ! lui répliquait aussitôt l’adolescente visiblement radieuse. -Dieu ! Pourquoi est-elle si exaltée ? Mon
Quand je pense qu’elle a déjà douze ans. Je n’arrive pas à y croire. Sais-tu que l’adolescence est la période de tous les dangers ? disait-elle le plus sérieusement du monde en guettant une approbation qui ne venait pas. David se contentait de sourire tendrement sans répondre à sa femme. Il devinait tout. C’est pourquoi Sharon lui faisait toujours une grimace avant de s’en aller en courant dans l’immense jardin. Elle proïtait de ce
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tour pour parler à tue-tête à ses eurs préférées. Puis elle ne manquait jamais de revenir au galop pour embrasser ses parents. -cette enfant ! Du vif argent ! s’écriait sa mère. Je com- Oh, prends pourquoi elle est si maigre ! Sharon, ma chérie, tu devrais appeler une de tes amies ! - Pourquoi ? - Tu dois t’ennuyer avec nous, mon trésor ! -non, maman, je ne m’ennuie jamais avec vous ! Son rire Mais à elle, tonitruant, résonnait fort sous les lambris de la grande maison qu’ils occupaient à la Riviera III, un quartier résidentiel d’Abidjan en Côte d’Ivoire où, depuis sept ans, David dirigeait une grande société d’import-export.
La famille Smith habitait toute l’année ce beau pays de l’Afrique de l’Ouest, mais elle passait ses vacances aux Etats unis où l’adolescente retrouvait toujours avec beaucoup de plaisir, ses cousins et ses grands-parents.
A chaque voyage, elle laissait un peu de son cœur à Abidjan, car c’était là que ses parents semblaient heureux de vivre ensemble. Abidjan ! En ce temps-là, il y ottait comme un parfum de bon-heur et de douceur incomparable.
Hélas, leur belle entente s’était effritée et Sharon se demandait quand elle revivrait cette félicité avec des parents gais et amoureux, comme autrefois.
A cette époque, elle adorait accompagner sa maman au marché de Cocody, célèbre pour ses fruits et légumes, mais aussi pour ses objets d’art ; elle était ravie d’entendre les exhortations des vendeurs d’antiquités et les protestations amusées de sa mère qui immanqua-blement rentrait triomphalement à la maison avec un nouveau « tré-sor » sous le bras. Quand il les accompagnait au marché, David s’étonnait de la voir marchander avec autant d’âpreté, même si sa grande connais-
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sance des objets d’art africains l’enthousiasmait. Laura entrait dans le jeu de la palabre avec aisance et se montrait volubile et accrocheuse. Elle ne lâchait jamais prise avant d’avoir obtenu satisfaction. Tout cela l’effrayait un peu. De jour en jour, il regardait avec inquiétude une nouvelle personnalité se dessiner sous les traits de sa femme adorée.
Sharon ne perdait rien des expressions du visage de son père contemplant son épouse aux prises avec les commerçants du marché. Sans vraiment en comprendre les raisons, elle partageait la perplexité de son père. Il lui semblait même qu’une obscure menace pesait sur leur famille. Mais la présence de sa mère avait le don de dissiper toute angoisse, et Sharon ne tardait pas à rire à nouveau.
Mon Dieu ! Laura, quelle talent ! s’exclamait alors David devant la mine radieuse de sa mère brandissant l’objet de sa convoitise. - Mais oublies-tu que je sors des Beaux-Arts ? lui disait-elle, rieuse. -ma chérie, je ne l’oublie pas ; tu t’en tires à merveille. Tu Non, as le don de trouver de vraies œuvres d’art dans tout ce fouillis ! lui ré-pliquait-il en l’embrassant. Vraiment, Laura, nous regretterons ce pays ! -as raison, mais il nous restera tous ces objets. J’ouvrirai une Tu galerie à New York pour que nos compatriotes puissent découvrir et même comprendre la Côte d’Ivoire et l’Afrique tout entière. -Hé ! Hé ! s’esclaffait-il en plissant ses beaux yeux aux reets d’émeraude.
David ne prenait jamais au sérieux les projets d’avenir de sa femme. Il estimait qu’il gagnait sufïsamment d’argent pour entretenir sa petite famille. Il faisait bon vivre sous les cocotiers d’Abidjan, n’est-ce pas ? Pourquoi aller si loin dans le futur ? Cela pouvait attendre ! Mais Laura ne l’entendait pas de cette oreille. Elle mourait d’envie de s’afïrmer dans sa profession et dans son art.
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- Il faudra bien que je travaille un jour ! - Mais tu travailles, Laura ! disait-il en l’enlaçant.
- Comment cela ? s’écriait-elle, non sans une pointe d’humeur. - Tu as fort à faire avec nous deux, hein, Sharon ? Et puis,quand tu en as assez de nous, tu travailles dans ton atelier ! Tu y passes trop de temps, mais nous rongeons notre frein et tentons de survivre à ton absence. Ton retour est une fête pour notre ïlle et moi.- Je n’appelle pas cela travailler, encore moins m’absenter, Da-vid ! Je suis là, tout à côté de vous ! s’exclamait-elle. Et lui continuait, mi-sérieux, mi-blagueur : Mais tu t’enfermes, tu nous exclus de ton univers ! C’est comme si tu t’absentais ! Pour nous, tu travailles déjà ; alors de quel travail as-tu encore besoin ? De ma galerie d’Art, David ! Quand Sharon sera assez grande pour se passer de moi. C’est déjà le cas, puisqu’elle a déjà douze ans.Mais je ronge mon frein, car ma galerie d’art, je ne la veux nulle part qu’à New York ! continuait-elle vivement, refusant ainsi d’entrer dans le jeu de son mari qui désapprouvait son projet de rentrer aux Etats-Unis. - Hé ! hé ! hé ! reprenait-il taquin, se gardant bien d’entamer une discussion qui ne les mènerait nulle part. Ni Sharon, ni son père ne souhaitaient que la discussion continue surtout quand elle prenait cette tournure.
Pour David la cause était entendue ; il préférait voir sa femme s’occuper de leur grande maison et de leur ïlle unique. La vie était merveilleuse ainsi du point de vue du père et de la ïlle. Et quand sa mère la poussait vers ses amis, Sharon « faisait de la résistance » selon l’expression de sa mère qui ne comprenait pas pourquoi elle refusait de se séparer d’elle.
- A ton âge, j’avais de nombreux amis ! Tu es toujours dans mes jambes, Sharon, n’as-tu pas envie d’avoir un programme à toi, rien qu’à toi, sans moi pour te contrarier ? - Je préfère lire, maman, ou t’accompagner au marché d’art. Mes amies, je les vois à l’école. -Mais enïn, je ne te comprends pas ! Tu as sans doute envie d’autre chose ! Aller manger une glace, aller à la piscine, faire autre
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chose que de m’accompagner. Ce n’est pas normal pour une adoles-cente ! - Laisse-la donc, Laura ! Après tout, c’est elle qui décide. -est de mon devoir de l’aider à grandir, tout de même ! Il -Tu ne peux pas l’obliger à avoir des loisirs qui ne lui conviennent pas ! Sharon est assez grande pour savoir ce qu’elle veut ! - Je suis persuadée que ce n’est pas bon pour elle de rester conïnée à la maison. A son âge, on a envie d’espace, de bouger, de se faire de nouveaux amis, tout le temps. - Laura, je t’en prie, chérie, ce n’est pas le cas de Sharon ! Ces sujets faisaient partie des différends qui les opposaient. Sha-ron sentait confusément que sa mère était pressée de la voir grandir et sans doute pour la contrarier, elle « faisait de la résistance ». A pré-sent, il y en avait de plus en plus et leur mariage battait de l’aile, au grand dam de Sharon.
Depuis leurs dernières vacances, les fous rires se faisaient rares dans la maison. L’adolescente, peinée de les voir se bouder sans cesse, inventait toutes sortes de stratagèmes pour les réconcilier.
C’était peine perdue, la moindre étincelle devenait aussitôt un im-mense brasier détruisant ainsi ce couple qui avait été si uni dans le passé. Ils étaient si occupés à se disputer qu’ils oubliaient leur ïlle. Ils oubliaient même quelquefois de venir l’embrasser le soir, comme ce soir où Sharon s’était couchée, le cœur gros.
La petite veilleuse à son chevet éclairait faiblement la chambre et ses chiffres dorés brillaient dans la nuit en faisant entendre un léger bruit métallique ampliïé par le silence qui venait de s’installer dans la grande demeure. David et Laura avaient mis ïn à leur dispute. Sharon, soulagée, se laissa glisser, ferma très fort les yeux, mais le sommeil ne vint pas.
Bientôt elle se mit à s’ennuyer dans son lit. Elle ne pouvait allu-mer la lumière, car elle ne voulait pas attirer l’attention de ses pa-
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