Les Années Collège , livre ebook

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Tous les matins, Awassa se rendait au collège, heureux comme un luron. Son air de sage et sa tenue, exagérément ample, lui donnaient des allures de commis. "Je vais te faire confectionner des vêtements que tu porteras plusieurs années de suite", avait décrété son grand-père. Fier de son idée, le vieil homme fit confectionner pour son petit-fils une tenue scolaire à mi-chemin entre une redingote et un ensemble "nago"! Les lundis et les samedis, les garçons du collège devaient impérieusement porter des uniformes bleu et blanc, une cravate noire et des souliers noirs bien cirés. Epreuve pénible pour la plupart des élèves, des parfaits campagnards. Ils ne savaient pas nouer une cravate. Ces pauvres enfants s'étranglaient presque avec cette étoffe. Mais c'était la règle. Les fille,s si belles dans leur uniforme impeccablement propre et bien ajusté au corps, n'étaient pas moins tenues de s'habiller décemment.
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Publié par

Date de parution

30 août 2017

Nombre de lectures

8 939

EAN13

9791091832458

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

18 Mo

Sylvestre OURÉGA
LES ANNÉES COLLÈGE
Roman Nouvelle édition
JD Editions 04 B.P 206 Abidjan 04 Côte d’Ivoire
Collection “Lire pour se construire”
© JD Éditions, Abidjan 2017 ISBN : 979-10-91832-45-8 Toute reproduction, quel que soit le procédé, est interdite sous peine de poursuites judiciaires.
DÉDICACE
J'exprime ma profonde gratitude à l'endroit de la famille Abi qui m'a offert gîte et couvert pendant mes années collège. Puisse Dieu bénir :Agbati, Akouba, Alain, Aniki, Anne-Marie, Anounou, Azonda, Christian, Gléwa, Glôgba, Jean Claude, Jean Deferre, Jean Paul, Makola, Nowôh, Paul, Tantie Clémentine, Tonton Abi, Youyou… et ceux dont les noms ne me reviennent plus et qui sont pourtant encore au tréfonds de mon cœur. Je voudrais aussi dédier ces modestes lignes à mes camarades de classe — de la sixième à la troisième. Qu’ils me permettent d’associer leurs noms à cette œuvre. Ce sont dans l’ordre alphabétique : Adama Diabaté ; Agbohoun Apollinaire ; Agoussi Isaac ; Ahogny Serge ; Akepoh Ernest ; Aman Assahoué ; Aphanou Kikey ; Attokpa N'tah ; Azodjé Reine Patricia ; Bably Joachim ; Bagnon Francis ; Baié Serge ; Bandama Béatrice ; Bla Philomène ; Bohoussou Kouassi ; Boni Henriette ; Check Kalil ; Comlan Sylvain ; Comoé Missa ; Dabo Anne ; Dadjé Hortense ; Dago Médéhi ; Dago Pierre ; Dayoro Koudou ; Déza An-toinette ; Dido Gabriel ; Dinta Diarra ; Djagbo Vincent ; Dogo Elie ; Essoh Eudoxie ; GAGBÉ Marceline ; Gama Élysée ; Gbah Jacqueline ; Gbahourou Beure ; Gbeda Cécile ; Gbedou Emmanuel ; Gnalin At-chitché ; Gnangbo Williams ; Godi Sylvain ; Grah Martine ; Grahoua Véronique ; Guédé Constant ; Hamidou Diallo ; Jean Danho ; Kalou Jean-Pierre ; Karaboué Mamadou ; Katé Gnakouri ; Kébo Marc ; Koffi Assane ; Koffi Antoine ; Koffi Eugène ; Konan Kouadio ; Konan Gilbert ; Konan M'faman ; Koné Oumar ; Kouadjané Amoin ; Kouakou Amenan ; Kouakou Bernard ; Kouakou N'goran ; Kouakou Lazare ; Kouamé Emmanuel ; Kouamé Kouakou ; Kouassi Eugène ; Kouassi Michel ; Loa
Galo ; Loba Diokouhi ; Lobo Lydie ; Lobognon Brego ; N’dri Firmin ; N’goran Monique ; Ouattara Dramane ; Ouédraogo Oumarou ; Ouréga Appolinaire ; Owato Douzo ; Ozoukou Kelignon ; Séka Germain ; Soro Penetjiligué ; Sylla Moustapha ; Tapé Félix ; Tchimou Béatrice ; Tety Julienne ; Tiga Zongo ; Vadro Bamba ; Yao Marcellin ; Yao René ; Yao Claude ; Yohou Gouamené ; Zadi Corneille ; Zogbo Gbayoro ; Zogo Théodore ; Zohouri Ernest…
CHAPITRE 1
LA SÉPARATION
assée la joie du succès à l’Entrée en Sixième, P Awassa commençait à avoir des craintes. Lui qui avait passé toute son enfance dans les jupes de sa grand-mère, devait bientôt quitter son village. Mais comment supporter cette douloureuse sépa-ration d’avec celle qui avait toujours été là pour lui ? Qui allait désormais l’écouter,le dorloter et concocter, pour lui, de petites gâteries appétissantes ? Awassa était tout ce que cette brave femme avait au monde. Il était pour elle, à la fois un garçon et une lle : il balayait sa concession, lavait son linge, l’approvisionnait en bois de chauffe... À son tour, sa grand-mère l’aimait bien et ne cachait pas sa erté pour lui. Son père et sa mère, séparés, l’avaient aban-donné aux mains de cette mamie. Sa mère s’en était
*Pour chaque mot en italique, se référer au lexique.
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allée se remarier dans une autre contrée,son père, parti à l’aventure.Ses parents n’ont jamais cherché à savoir ce que devenait leur rejeton. Pendant toutes ces an-nées, Awassa avait porté cette frustration, cette souffrance. Encore un garçonnet, pas plus haut que trois pommes, il avait espéré que la situation changerait, qu'il les reverrait un matin à son réveil. Et qu'il se jetterait dans leurs bras pour s'abreuver d'amour et d'affection. Awassa avait tant rêvé à ce moment ! Mais, plus il constatait qu’il perdait tout espoir de les revoir, plus il se repliait sur lui-même, envahi par la tristesse. Cela nit par lui forger un carac-tère très émotif : une attitude de mépris de la part de quelqu’un ou une injustice subie par un tiers et il fondait en larmes. Grand-père le traitait — sans doute par dépit — de « demoiselle ». – Si tu continues comme cela, tu ne seras jamais un homme, ne cessait-il de lui dire. Awassa n’était plus un petit garçon ; il avait quinze ans maintenant. Il pouvait donc bien se passer de parents. Le moment était venu pour qu’il prouve à grand-père, qu’il était bel et bien devenu un homme, un vrai ! À présent, la question de savoir qui pourrait l’hé-berger en ville, dans son lieu d'affectation se posait.
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Grand-père décida de l’accompagner à Kôboly, faire son inscription,et en même temps,de lui trouver un tuteur à tout prix. Il leur fallut pour cela, se rendre d’abord à la capitale régionale,d'où ils emprunteraient un de ces véhicules, communément appelé « 22 Places ». Quand ils arrivèrent en ville, ce matin-là, grand-père acheta à Awassa quelques petites affaires nécessaires à sa nouvelle vie : une serviette, une éponge, du savon et une brosse à dents. À la gare, ils attendirent une heure, sous un hangar branlant et bondé de monde, avant l’embarquement. Assis sur une banquette de bois, Awassa regardait, sans les voir, les autres passagers qui allaient et venaient. À côté de lui, une jeune lle lui souriait de temps en temps mais Awassa l’ignora royalement. Pen-dant cette attente, les deux apprentis, aidés d’autres personnes chargeaient de nombreux colis et autres bagages sur le toit du vieux car. Lorsque sonna l’heure du départ, Ahouély, le grand-père, invita Awassa à prendre deux sièges assez confortables, car ils avaient quarante-deux ki-lomètres à parcourir. Grand-père connaissait cette voie, pour l'avoir souvent empruntée, autrefois, quand il était jeune et aventurier.
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Une fois installés à bord du véhicule, ils prirent la route pour ce voyage dans l'inconnu pour le nouveau collégien. L’étroitesse de la voie et les pro-fonds nids de poules en ajoutaient à l’angoisse. Chaque fois que deux véhicules se croisaient, l’un devait s’arrêter pour laisser passer l’autre ! Durant le trajet, Awassa t la connaissance d’autres nouveaux collégiens. L'occasion fut belle pour ceux-ci d'échanger leurs impressions sur leur nouvelle vie de collégien et, la ville de Kôboly — qui demeurait tout un mystère pour eux. Au bout de deux interminables heures, le minibus, s’immo-bilisa à l’entrée de la ville sous de vieux palmiers qui bordaient un vaste espace mal entretenu : la gare routière de Kôboly ! Totalement épuisé, grand-père descendit péni-blement du véhicule ; il t de la grimace, montrant les quelques dents rougeâtres qui lui restaient dans la bouche. Il était méconnaissable, totalement re-couvert de poussière. Son vieux chapeau n'avait pas été épargné. Pris par un besoin pressant, le vieil homme boi-tilla jusqu'à la broussaille la plus proche, s’arrêta, écarta les jambes et lâcha deux pets sonores suivis d'un grand bruit d'écoulement d'urine. Une colonie
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