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Publié par
Nombre de lectures
3
EAN13
9782375681596
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Mon jumeau et moi sommes orphelins. À 16 ans, nos problèmes consistent à se trouver une petite amie, arriver à l’heure au bahut et éviter le plus possible devoirs et tâches ménagères. Quant à notre avenir, il nous tend les bras et ne dépend que de nous... Du moins, c’est ce que nous avons toujours cru.
Mais les certitudes n’existent que pour être balayées... par les éléments, qu’une partie de la population peut contrôler par magie. Nous y compris, semble-t-il. Mais ce nouveau pouvoir, en plus de chambouler notre quotidien, implique trop de choses : des vérités qui dérangent, une cible permanente sur notre tête et un choix qui me semble impossible : tuer ou être tué.
Bienvenue dans la communauté des Chuchoteurs, des êtres à part qui manipulent l’eau, la terre, l’air et le feu. Des êtres qui côtoient les cryptides, des créatures mythiques tout droit sortis de nos contes et légendes. Des êtres qui s’entretuent pour toujours un peu plus de pouvoir...
Pour échapper à cela, je ne peux compter que sur un oncle bourru, mon frère Lucas, mon ami Yannick et mon... chien. Aussi fou que cela puisse paraître, il est mon meilleur atout, un as dans la manche qui passe son temps à dormir, baver et à éviter étrangement tous les sujets importants...
Comme ma survie.
Publié par
Nombre de lectures
3
EAN13
9782375681596
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Estelle Vagner
Editions du Chat Noir
À Lucie, mon dernier rayon de soleil.
Ne crois pas pour autant que tu pourras
piquer toute ta vie dans mes desserts.
Note de l’éditeur
Le roman suivant fait apparaître un certain nombre de créatures mythiques et fantastiques pour lesquelles vous pourrez retrouver plusieurs informations, en guise de rappel, dans un lexique placé en fin d’ouvrage.
Douze ans plus tôt
— Va chercher les enfants !
Les yeux emplis de larmes, la femme regarda son mari, tandis qu’un vacarme assourdissant retentissait à l’extérieur de leur maison.
— Il nous a retrouvés… souffla-t-elle.
— Dépêche-toi ! insista-t-il en voyant la porte d’entrée léchée par les flammes.
La femme se mit à courir pour gravir les escaliers et atteindre la chambre des jumeaux, encore endormis malgré le bruit.
— Mes chéris ! On se lève ! fit-elle en essayant de taire la panique dans sa voix.
Les deux marmots se redressèrent pour voir leur mère attraper les premières affaires qui lui tombaient sous la main et les fourrer dans un sac en plastique.
— Maman ? C’est déjà le matin ? demanda Lucas, du haut de ses quatre ans.
Au même instant, le feu perça les volets en bois de la chambre, nimbant la pièce d’une lueur orangée. Cette fois, elle ne put dissimuler la terreur qu’elle ressentait.
Elle ne répondit pas et laissa tomber le sac, libérant ses bras pour réussir à porter les frères.
— Accrochez-vous bien ! leur cria-t-elle en les emportant au rez-de-chaussée.
— Maman ! geignirent les enfants en voyant le salon brûler.
La femme se dirigea vers la buanderie, qui donnait sur le jardin. Elle y déposa ses précieux paquets.
— Ne bougez pas d’ici et ne faites pas de bruit, compris ?
Les jumeaux acquiescèrent, blottis l’un contre l’autre.
Leur mère repartit à la recherche de son mari.
Elle le trouva en train de détruire toutes les photos des enfants, ainsi que leurs documents, effaçant leur existence.
Une fumée épaisse commença à envahir l’atmosphère, les obligeant tous deux à se protéger la bouche et le nez pour ne pas être asphyxiés.
— Emmène-les, vite ! lui ordonna-t-il.
— Je ne te laisserai pas ! lui répondit-elle, suppliante.
Il lui attrapa le visage et colla son front au sien.
— Mon amour, je t’aime, mais il n’y a que toi qui puisses les sortir de là et les mettre à l’abri.
— Viens avec nous…, insista-t-elle.
Le désespoir qui perçait dans sa voix blessa le cœur de l’homme avec plus d’efficacité que n’importe quelle lame.
Il la serra si fort dans ses bras qu’elle manqua d’air. Mais elle s’en moquait. Elle savait que c’ était peut -être la dernière fois qu’il la tenait ainsi.
— Je dois l’occuper pour qu’il ne vous suive pas. Tu sais que c’est la meilleure solution pour les sauver.
Il déposa un rapide baiser sur ses lèvres.
— Retrouve-moi au port de Marseille quand ils seront en sécurité, et nous l’entraînerons loin d’eux.
Lorsqu’elle gara la voiture qu’elle avait volée, elle était épuisée. Elle avait conduit toute la nuit pour traverser le pays le plus rapidement possible.
Les jumeaux avaient fini par se lasser de poser des questions qui restaient sans réponses et ils dormaient sur la banquette arrière.
Elle sortit de la voiture en prenant garde de ne pas les réveiller en claquant la portière, puis se dirigea vers le heurtoir du vieux manoir.
Un homme vint ouvrir et tous deux se dévisagèrent une longue minute.
Lui, dans son sempiternel pantalon de toile et sa chemise à carreaux, elle, les vêtements couverts de suie, les cheveux en bataille et à bout de forces.
— Bonjour, mon frère, lan ç a-t-elle.
Chapitre 1
Jonah
— Merci Lucas pour cet exposé, déclare monsieur Nadon. Je suis heureux de voir que tu as pris cette seconde chance au sérieux.
Je jette un œil à mon frère en rassemblant mes notes, assis à ma place et portant mes habits du matin. Il passe une main dans sa crinière brune indomptable, identique à la mienne, comme j’ai l’habitude de le faire.
Il est aussi doué en chimie que je le suis avec les filles. Du coup, lorsque notre prof lui a proposé de gagner quelques points sur sa note catastrophique au dernier contrôle en réalisant un sujet sur la saponification, il a accepté avec beaucoup d’entrain.
Il savait que je ne lui refuserais pas un petit échange.
C’est l’avantage d’être des jumeaux.
Et puis, il l’a encore fait pour moi le mois dernier, afin de passer mon examen de conduite accompagnée. J’ai beau être un excellent conducteur, la pression me fait perdre tous mes moyens.
— Il n’y a vu que du feu, les mecs ! Vous êtes balèzes : même moi j’ai douté un instant ! nous lance Yannick en sortant du bâtiment.
Ses yeux bruns pétillent sous la mèche blonde qui lui mange une partie du visage.
— Grillés, commente mon frère.
Il hausse les épaules.
— Je suis votre meilleur pote ; si je n’étais pas capable de vous différencier, vous en profiteriez sans arrêt.
— Pas faux, dis-je en souriant. D’ailleurs, comment tu fais ?
— Me prends pas pour une quiche végétarienne, s’il te plaît. Je ne révélerai pas mon secret, assène-t-il le plus sérieusement du monde tout en marchant vers l’arrêt de bus.
— Une quiche végétarienne… ? me souffle mon jumeau, comme si moi-même, je possédais la clé pour décrypter le cerveau de notre ami.
Je me contente d’un rictus à la fois amusé et dépité.
Ç a résume assez bien l’effet que produisent les comparaisons sans queue ni tête que Yannick à l’habitude de balancer.
— Soirée pizzas, demain ? demandé-je en le rattrapant.
— Ouais, ma mère bosse, mais elle ne commence qu’à vingt heures, répond-il. Elle me déposera en passant.
— C’est toujours elle qui insiste pour que tu ne… enfin, pour que tu ne sois pas seul chez toi ? le questionne mon frère avec son tact habituel.
Yann ralentit inconsciemment le pas.
— Oui et non… Elle s’inquiète bien moins qu’avant, mais assez pour préférer me savoir avec vous, à jouer à la console un soir de semaine. Je n’ai aucun intérêt à ce que ça change…
— Pas faux, approuvé-je.
— Vous faites quoi cet aprèm ? lance-t-il en montant dans le bus.
— Je crois qu’aujourd’hui, il nous a prévu un brin de ménage, marmonne Lucas.
— C’est dingue que votre oncle vous prive de tous vos mercredis après-midi, râle notre ami. On aurait pu tester la nouvelle salle de billard en ville…
— Oui, mais non, rétorque mon frère pour couper court. Tu as reçu ta manette ou pas ?
Je souris. « Comment faire oublier un sujet à Yann en deux secondes ». Mon jumeau est doué à ce jeu-là.
La réponse était « oui », mais pas un « simple oui ». C’est notre arrêt qui a mis un terme à son monologue sur les qualités de son nouveau jouet. Il a été si convaincant que je songe à taper dans ma réserve pour m’offrir la même.
Lorsque nous arrivons chez nous, au manoir, un molosse noir se précipite pour nous accueillir en grande pompe.
— Assis ! râle Lucas comme à son habitude. Assis ! répète-t-il devant l’inefficacité de sa première tentative.
Je ne sais pas pourquoi il insiste, Melchior n’en a toujours fait qu’à sa tête.
Je lui gratte l’arrière des oreilles jusqu’à ce qu’il me laisse enfin passer, puis dépose mon sac avant de rejoindre mon frère dans la cuisine.
Je hausse les sourcils, constatant que le repas n’est pas prêt, et que notre oncle ne semble pas dans les parages.
— Martin ? Martin ! appelle Lucas en passant d’une pièce à l’autre.
Voyant qu’il reste sans réponse, je me joins à lui dans ses recherches.
Dix minutes plus tard, nous le retrouvons au fond du domaine, endormi près du tas de bois. Ce n’est pas la première fois qu’il nous fait le coup, mais d’habitude, ses siestes improvisées se font dans le manoir, pas dehors, avec douze petits degrés en guise de couverture.
— Quelle heure est-il ? grogne-t-il après que mon jumeau l’a secoué.
— Il va bientôt être treize heures, répond-il sous le regard embrumé de notre oncle. Tout va bien ?
Je suis heureux qu’il ait posé la question, car s’endormir comme ça par terre n’est absolument pas normal. Mais il n’aurait pas dû. Martin est du genre à nier la moindre faiblesse de façon assez…
— J’ai l’air d’aller mal, gamin ? tonne-t-il en se redressant et en bombant légèrement le torse. J’ai pas le droit de me reposer un peu ? Ce bois ne s’est pas coupé tout seul, figure-toi ! Pendant que vous glandiez à l’école, j’ai travaillé, moi !
Je lève les yeux au ciel, son attention étant focalisée sur Lucas.
— Je vais préparer le repas, annoncé-je d’une voix atone, abandonnant lâchement mon frère.
Certes, c’est moche, mais il savait aussi bien que moi ce qu’il risquait.
Nos parents sont morts dans un accident de voiture alors que nous avions quatre ans. Martin est devenu notre tuteur légal et nous élève depuis douze ans. Autant dire que nous avons eu le temps de nous faire à son caractère d’ours.
Lorsqu’ils me rejoignent, le beurre fond dans les pâtes fraîchement égouttées, Lucas est maussade et plus ramolli que les nouilles.
— Aujourd’hui, déclare notre oncle en s’installant à table, vous vous occuperez du grenier. Il y a un bazar sans nom là-haut.
Nous acquiesçons en silence, conscients qu’il ne sert à rien d’essayer de se dérober.
— Au fait, Yannick viendra demain soir, sa mère travaille de nuit, lance mon jumeau.
— Hmm. Il est encore suicidaire ?
J’avale de travers et manque m’étouffer. Je suppose que je dois m’estimer heureux que notre ami ne soit pas là pour entendre ça.
— Plus ou moins, répond toutefois Lucas.
— Vous allez encore squatter le salon avec votre console ?
Une idée me vient alors.
— Et si on aménageait le grenier ? Puisqu’on doit déjà le ranger… En plus, il y a tout ce qu’il faut pour en faire notre salle de jeu !
Martin réfléchit quelques instants pu