LES FOLLES LECTURES D'ARCHIBALD BLOOMER TOME 2 - Le Manoir du Monstre , livre ebook
191
pages
Français
Ebooks
2023
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
191
pages
Français
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Publié par
Date de parution
24 mars 2023
EAN13
9791039534581
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Découvrira-t-il un indice dans sa quête pour retrouver son père ?
Publié par
Date de parution
24 mars 2023
EAN13
9791039534581
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Rod Marty
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« À ce qu’on dit, quelque chose ne tourne pas rond dans la maison du docteur . », page 47,
« Réprimer la curiosité est une chose. Mais la vaincr e en est une autr e. », page 70,
« Il possède à peu pr ès autant de sensibilité qu’une statue. », page 127,
et « Il n’est pas vr aiment un, mais vraiment tr ois » (« deux », dans la v er sion or iginale), page 128,
sont issues de L ’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde , Robert LouisSte v enson,
tr aduit de l’anglais par T héo V arlet, 1886, Longmans, Gr een & co .
© 2023, éditions Auzou
24-32, rue des Amandier s, 75020 P ar is – F r ance
T ous dr oits r éser vés pour tous pa ys.
Illustr ations : Chloe Dominique
Corr ection : Clair e Gaillar d, Catherine Rigal
Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées
à la jeunesse, modiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011.
Dépôt légal : mar s 2023.
P o u r Cél i a,
J'e s père que t o i aus s i t u d ev i en d ras une g ran d e l e ct ri c e
en g ran d i s sa n t !
ISBN : 979-1-03953-458-1
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1.
Un re t our br ut a l
En r egar dant W ellmington de tr ès haut dans le
ciel, il aur ait été impossible d’y distinguer quoi que
ce soit. Même en a vion, le gr os nuage gris gor gé
de pluie – et souv ent d’éclair s – qui surplombait la
ville en permanence empêchait tout v o y ageur de
l’aper ce v oir . Il fallait le tr av er ser pour découvrir
la petite comm unauté aux r ues sinueuses cachée
en dessous .
Au pr emier abor d, W ellmington av ait tout pour
attir er les tour istes : for êts v er do y antes, par c av ec
un lab yr inthe, énorme bibliothèque aux colonnes
gr ecques , et de nombr euses sculptur es en v err e
épar pillées un peu par tout… Mais malgr é ça,
pr esque per sonne n’y v enait. Apr ès tout, comment
pr oter de ces attr actions lor sque v ous de viez
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patauger dans des aques à longueur de temps ,
sous une pluie qui ne s’arr êtait quasiment jamais ?
Lor squ’une horloge miaula quelque par t – ce qui
n’a v ait r ien de sur pr enant par ici –, la plupar t des gens
de W ellmington étaient couchés ou ne tar der aient
pas à l’êtr e. Il y a vait bien encor e quelques habitants
qui cour aient sous les gouttes pour r entr er chez eux,
mais c’était tout. Il ne faudr ait guèr e plus de quelques
minutes a v ant que tout le monde soit complètement
endormi… ou pr esque. Car une famille n’était pas
pr ête à tr ouv er le sommeil : celle des Bloomer .
Dans le hall du manoir familial, Ar chie et Lizzie
faisaient face à leur s mèr es dans un silence de mor t.
Ils s’obser v aient comme s’ils a v aient un tas de choses
à se dir e, mais qu’ils n’osaient pas le fair e par cr ainte
que des couleuvr es, des cr apauds et un tas de cafar ds
ne sor tent de leur s bouches. Il faut dir e que depuis le
r etour des enfants de leur der nièr e av entur e, les dis -
putes s’étaient enchaînées . Les adultes n’acceptaient
pas qu’Ar chie ait désobéi en lisant un r oman tandis
que les plus jeunes ne compr enaient pas pour quoi
onleur a v ait caché le pouv oir des Bloomer…
Ils r estaient donc tous là sans r ien dir e, à
attendr eque la pluie arr ête de tomber à l’extérieur ,
le s foles lecture s d' archiba ld blomer
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comme chaque soir entr e 23 h 58 et 00 h 03. Car
seulement apr ès, la Cér émonie du F eu Sec
qu’Ar chie av ait in v oquée pourr ait commencer…
Là, enn, il obtiendr ait les r éponses qu’il désir ait
tant (du moins , il l’espér ait) : sur son pouv oir d’en -
tr er dans les livr es, sur la disparition de son pèr e
et sur la manièr e dont il pour r ait le r etr ouv er… Et
tant pis si sa mèr e semblait effr a y ée à l’idée d’y êtr e
confr ontée !
La Cér émonie du F eu Sec était un jeu étr ange
qui n’e xistait qu’à W ellmington et qui ne pouvait
êtr e inv oqué qu’un soir de pleine lune : face à une
bougie , chacun des par ticipants s’engageait à dir e la
v érité et à r épondr e aux questions des autr es . C’était
un jeu auquel per sonne ne pouvait se soustr air e lor s -
qu’il était in vité à y par ticiper . Du moins s’il v oulait
conser v er son honneur… Refuser d’y jouer – ou
mentir dur ant une par tie – signiait que v ous n’aviez
pas plus de v aleur qu’une limace ou une car pe. Si
cela s’appr e nait, v ous étiez assur é de ne plus r ester
dans la r égion pour longtemps, car plus per sonne
n’acceptait ensuite de v ous parler , de v ous ser vir ou
même de v ous aider . C’est en tout cas ce que de
nombr euses histoir es r acontaient à ce sujet…
Un retour br ut al
Quand la pluie
arr êta de tomber ,
Ar chie ouvr it
en gr and les
por tes du manoir
tandis que Lizzie allumait la
bougie qu’elle tenait à la main. En
sor tant, ils obser v èr ent tous le ciel
maculé d’étoiles . Au-dessus d’eux,
comme chaque soir à cette heur e-là, le nuage qui
sur plombait la r égion s’était é vapor é . C’était magni -
que et en même temps tr ès étr ange : ils étaient si
habitués à êtr e sous la pluie qu’il y av ait pr esque
quelque chose d’anormal à aller dehor s sans se
fair e mouiller .
Arr iv ée au milieu de
la cour , Lizzie posa
la bougie sur les
pa v és puis r ecula
d’un pas .
V ictor y Bloomer ,
Mme MacNogan et
Ar chie pr ir ent place
aupr ès d’elle pour for mer
un cer cle. Dans les bois , une multitude de petits
y eux r eétaient la lumièr e de la lune . Il s’agis -
sait de tous les animaux qui r estaient cachés dans
des terr ier s ou dans des arbr es dur ant la jour née.
Quelques descendants de perr oquets abandon -
nés par leur s pr opriétair es des centaines d’années
plus tôt se dissim ulaient même par mi eux : on les
appelait « les juges ». Car , si jamais les r ègles de
la Cér émonie du F eu Sec n’étaient pas r espec -
tées , ils se char geaient
d’aller le r épéter à toute
la ville… de vr aies
commèr es !
— Je ser ai le pr e -
mier , lança Ar chie,
sûr de lui. Maman,
est-ce que…
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— C’est la pr emièr e fois que tu joues, n’est-ce
pas ? le coupa-t-elle.
Il acquiesça.
— Je m’en doutais . C’est au plus âgé de poser
sa question, l’or dr e de passage v a ensuite jusqu’au
plus jeune . Nous continuer ons ainsi jusqu’à ce que
la pluie r ecommence à tomber et éteigne la bougie.
Il soufa, agacé . Il ne pourr ait donc poser sa
question qu’apr ès la gouv er nante et sa mèr e.
— Elizabeth…, dit Mme MacNogan en com -
mençant la par tie , si je te demande de ne plus
jamais r etour ner dans un livr e , m’obéir as-tu ? Puis-je
te fair e conance ou dois-je m’inquiéter en per ma -
nence pour toi ?
Lizzie se mor dilla la lè vr e . Elle de v ait dir e la
v érité, mais elle sa vait que sa r éponse n’allait pas
plair e à sa mèr e .
— Je ne v oudr ais pas que tu fasses une crise
car diaque et que tu meur es . Mais tu ne peux pas
me demander de r enoncer à toutes ces a v entur es !
C’est tellement e xtr aor dinair e , maman ! Dans
Le conte de Kr isto , j’ai eu parfois tr ès peur , mais j’ai
vu tellement de choses incr o y ables… T ellement de
choses que je ne v err ai jamais dans la vr aie vie…
le s foles lecture s d' archiba ld blomer
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Alor s oui, même si tu me suppliais de ne plus
jamais r etour ner dans un livr e , je te désobéir ais…
Je suis désolée .
Mme MacNogan semblait déçue . Lizzie tenta
de lui pr endr e la main, mais elle r ecula.
— Moi qui pensais que tu étais une bonne lle !
Lizzie r egar da tristement Ar chie , le menton
tr emblant.
— Ça va aller , lui chuchota-t-il. Elle v a se calmer .
Ce fut ensuite au tour de V ictor y Bloomer . Elle
prit une g r ande inspir ation a vant de se lancer .
— Ar chibald… Je v eux que tu compr ennesque
je ne cher che qu’à te pr otéger . C’est pour quoi
j’aime r ais sa v oir si tu as tr ouv é quelque chose
dans ta dernièr e lectur e qui pour r ait te mettr e sur
lapiste de ton pèr e.
Il fr otta ses mains l’une contr e l’autr e. Soudain,
elles étaient de v enues moites . Il ne s’était abso -
lument pas attendu à ce qu’elle l’interr oge à
ce sujet.
— Ar chibald, le r elança V ictor y Bloomer . C’est
toi qui as in v oqué la Cér émonie du F eu Sec . Le
moins que tu puisses fair e est donc d’y par ticiper
en disant la v érité.
Un retour br ut al
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Il baissa la tête . Il av ait été per suadé qu’il n’av ait
rien à cacher , mais il s’était fait pr endr e à son pr opr e
jeu. Dans les bois , plusieur s coassements de cr a -
pauds r etentir ent a v ant qu’un per r oquet hurle :
— Le moins que tu puisses fair e est donc d’y
par ticiper en disant la v érité ! Le moins que tu
puisses fair e est donc d’y par ticiper en disant la
v érité !! Le moins que tu puisses fair e est donc d’y
par ticiper en disant la v érité !!!
Ar chie se dépêcha de r épondr e pour le fair e
tair e.
— J’ai tr ouv é un livr e que papa m’a laissé :
LeManoir du Monstre . C’est le pr ochain que je dois
lir e pour tenter de le r etr ouv er . Je l’ai r angé dans
son b ur eau à notr e r etour .
Sa mèr e posa une main sur sa bouche, l’air
effr a y é. Elle par aissait encor e plus inquiète qu’aupa-
r a vant. Il compr enait qu’elle puisse se fair e du
souci pour lui, mais n’était-elle pas pr ête à tout pour
son mari ?
— T u ne souhaites pas que papa r e vienne à la
maison ? lui demanda-t-il.
— De tout mon cœur , s’écria-t-elle. De toute
mon âme ! Mais je r efuse de te mettr e en pér il. T u es
le s foles lecture s d' archiba ld blomer
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tr op jeune pour t’av entur er dans ces histoir es. Et je
ne v eux pas te per dr e comme je l’ai per du. Dans
une dizaine d’années , av ec la bonne pr épar ation,
ce ser a peut-êtr e différ ent, mais tu n’es pas encor e
pr êt pour ça. T u ne compr ends pas encor e tous les
danger s qui t’entour ent…
Sa mèr e essuy a r apidement ses lar mes et, en
quelques secondes à peine , son visage r ede vint
impassible .
— C’est ton tour , lança-t-elle à Lizzie. T u peux
poser ta question.