Vado Mori
216 pages
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Vado Mori , livre ebook

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Description

1er août 1239. Nex, le roi des Enfers, se joint à la guerre opposant les humain•es aux créatures surnaturelles coalisées qui fait rage depuis quatre ans, et il compte bien y mettre un terme. La Judie, dernier bastion humain, ne lui résistera pas. Clothilde de Burgondie, reine des sorcières et ennemie bien-aimée de Nex, le sait. Il ira jusqu'au bout et elle n'aura pas son mot à dire. Rongé par l'orgueil, Nex repousse ses limites, ignorant que tout pouvoir, aussi grandiose soit-il, a un coût. Mais si Nex se refuse à payer ce prix, qui le fera ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782493244185
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vado Mori
Charles Marcuzzi
 
 
 
 
Suivi éditorial : Sacha Crozas Lauterbach
Couverture & maquette : Sacha Drawzas
 
© 2022 Relicha
22 rue Olof Palme, Le Grand-Quevilly
ISBN : 9782493244185  
 
 
Loi n° 49.956 du 6 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse
 
 
 
 
 
 
 
Vado Mori
Charles Marcuzzi
 
 
 
 
 
R elicha
 
 
 
 
 
À toi mamie, ma sorcière bien-aimée.
 
 
AVERTISSEMENT DE CONTENUS
 
 
 
 
Certains sujets sont abordés tout au long du roman, nous savons qu’ils peuvent être délicats pour certain•es lecteur•ices. C’est pourquoi l’auteur et Relicha ont fait au mieux pour en lister les plus flagrants, bien qu’il soit évident que chacun•e a sa propre sensibilité et que tous•tes ne réagissent pas de la même façon à une situation ou à l’évocation d’un sujet ou un autre.
Le roman traite de manière générale de mort, de sang, de mutilation, de deuil, de dépression, de violence physique et psychologique.
 
 
 
 
 
 
NEX
CHAPITRE I
 
 
 
 
 
 
1er août 1239
 
Terre brûlée, terre de sang. Les vaillant•es en armure y combattaient, des plaines rasées de la Chabaudie jusqu’aux douves de la Judie. La chaleur d’été pesait sur les corps de métal, alourdissant le moindre mouvement, la moindre tentative de se défaire du statut de monstre de fer. L’ennemi, quant à lui, aussi sournois que sa nature lui dictait d’être, s’effaçait, se cachait derrière les cadavres de chair et de pierres. Le petit groupe d’humain•es avançait ainsi à la recherche de fantômes ; les esprits étaient nerveux, les cœurs battaient la chamade, la prise était moite autour des manches des épées. On murmurait des prières à chaque pas vers l’inconnu, comme si ces mots de latin, dont iels ne comprenaient que des bribes, allaient leur assurer une meilleure protection que leurs boucliers levés.
La cacophonie de leurs armures masquait tous les bruits aux alentours : tendre l’oreille ne suffisait pas, il fallait garder tous ses sens en alerte pour continuer à progresser au milieu de nulle part. Ce comportement, où leurs nerfs étaient constamment à vif, n’était pas sans risque. L’un d’entre elleux, le cœur pourtant brave et la mine pourtant fière, ne put s’empêcher de glapir en entendant un craquement semblable à celui d’une branche morte sous ses pieds. Il se sentit bien idiot d’avoir ainsi sursauté, et ce sentiment de honte ne fit que s’accroître sous les rires naissants de ses compagnons d’armes.
Les rires se fanèrent vite.
Il leur suffit d’un autre craquement, plus sourd, moins organique, pour que la peur s’empare de leurs membres. Crainte et panique ne faisant qu’une, les premières sueurs froides naquirent sur leurs fronts. Ce n’était pas des branches qui se trouvaient à leurs pieds (cela aurait été bien trop simple !) mais bien des os, plus ou moins en morceaux, dont les caractéristiques humanoïdes étaient à peine reconnaissables au sein de ce bourbier. Comme en écho à leur frayeur, la terre se mit à gronder, véritable gosier de bête qu’elle était. Croyant•es néanmoins incrédules, iels ne cherchèrent pas à relever la tête pour faire face à leur destin ; les flammes, fatalité parmi tant d’autres, s’abattirent d’elles-mêmes sur les humain•es, et en un éclair écarlate, les os n’étaient plus que poussière.
Gal ne s’attarda pas sur ces vies qu’il venait d’arracher. Le dragon, puissante bête répondant au titre de dieu des airs, s’éleva de nouveau plus haut que ses ailes lui permettaient, de façon à couvrir l’entièreté du champ de bataille de son ombre menaçante.
Un monstre, un vrai, aux griffes de roc, à l’haleine de mort et au souffle de feu, volant ainsi au-dessus de minuscules, misérables points noirs que formaient les armées. Une bête, dont le grondement suffisait à faire trembler les plus valeureux•ses des guerrier•es. Rien ne semblait pouvoir soumettre le dragon, ou presque.
Le chuintement des armes fut soudainement interrompu par un bruit de cor. Une fois. Deux fois. Trois fois. On l’appelait, il n’y avait pas de doutes à avoir. La bête de feu et d’écailles poussa un puissant rugissement, de ceux qui faisaient trembler la terre jusqu’à son centre. Elle s’éleva de nouveau au milieu des nuages pour ensuite se diriger à l’opposé du soleil couchant. Bien vite, les paysages qui défilaient sous son immense carrure se transformèrent, passant des plaines vides lacérées par la main humaine aux premières tentes écarlates du campement bordant le lac.
Le dragon plana encore quelques secondes ; au-devant du campement militaire se trouvait un terrain vague déserté par la végétation. L’endroit parfait pour se poser en toute tranquillité sans que les bourrasques, enfants de ses larges ailes d’écailles et de chair, ne viennent jeter ces habitations de fortune au vent. Puis la bête devint homme, sans que ses traits caractéristiques draconiques n’en soient totalement altérés.
Gal était toujours de stature imposante, dépassant de peu les deux mètres, et ces proportions déjà admirables étaient accentuées par une musculature lourde, que des siècles de travaux manuels avaient développée. L’homme n’avait en rien perdu de son rouge si reconnaissable : le roux avait envahi ses cheveux, sa barbe et la multitude de taches de rousseur qui recouvraient l’entièreté de son corps. À peu de détails près (et par détails, nous entendons la tunique et les braies de lin qui l’habillaient, ainsi que les anneaux pendants à ses oreilles), Gal n’avait cessé de dégager cette bestialité si sauvage et pourtant si attrayante.
— M-monsieur Gal, vous voilà donc !
Hadryen, petit•e elfe aux yeux vairons qu’iel était, manqua de se cogner contre la jambe de Gal dans sa précipitation. Venu•e tout droit des forêts chinoises pour compléter sa formation de page qui lui faisait tant défaut, ce fut dans une surprise générale qu’iel offrit, à l’aube de la guerre, ses services au cœur le plus solitaire du camp. Et, contre toute attente, l’étrange association fonctionnait à merveille ; Hadryen, par sa discrétion, s’était parfaitement adapté•e au caractère difficile du dragon.
— En effet, Hadryen, me voici comme tu me l’as demandé.
Gal poussa un soupir lourd de lassitude, essuyant la terre sur son visage avec la serviette que son page lui tendait.
— J’espère que c’est urgent, je n’étais pas censé quitter de sitôt mon poste.
— Je sais bien, monsieur, mais le Maréchal Mizuchi demande votre présence. Un conseil de guerre improvisé au motif urgent, a-t-il dit.
Gal le remercia dans un grommellement et se dirigea à grands pas vers le plus haut chapiteau du camp, Hadryen sur ses talons. Par chance, la bataille faisant encore rage quelques kilomètres plus loin, le camp était donc vide de ses habituelles marées de fourmis qui rendaient le passage presque impossible en journée. De ce fait, Gal n’eut pas à jouer des coudes pour apercevoir ne serait-ce que les banderoles de chaque armée flottant fièrement sous l’action du vent chaud.
Pourtant, l’absence de la foule jurait avec le poids qui obstruait sa gorge au fur et à mesure qu’il se rapprochait de la tente. Quelque chose clochait, comme si une angoisse aussi vieille que le monde refaisait lentement mais sûrement surface dans son cœur et son esprit. Gal, poussé par cette panique grandissante, ce bouillant mélange d’incompréhension forcée et de révélation soudaine, ralentit ses pas jusqu’à s’arrêter définitivement, le souffle court.
Chaque créature avait une aura qui lui était propre, un sentiment qui s’insinuait immédiatement dans le cœur des inconnu•es lors d’une rencontre. Depuis son arrivée dans le camp, Gal avait eu l’occasion de découvrir des personnalités illustres aux auras les plus remarquables. Mais s’il y en avait bien une que Gal pouvait reconnaître parmi une multitude d’autres, c’était bien celle-là : une qui vous prenait à la gorge, enserrait votre cou de ses longs doigts d’araignée, mettait à genoux votre esprit sans le moindre effort.
Une aura avec ses subtilités, ses peurs, ses vices, dont Gal sentait encore l’acidité sur le bout de sa langue.
— Monsieur ? Tout va bien ?
Gal fit un bref geste de la main pour rassurer Hadryen. Il huma une dernière fois l’air, pour se persuader que tout cela n’était pas illusion, puis entra.
Il y avait les autres souverain•es, confortablement enfoncé•es dans leurs sièges respectifs, la tête haute, la mine fière, resplendissant dans leur armure au métal brillant. Et il y avait Nex.
Nex était, à bien des égards, l’une des plus fascinantes curiosités, et l’un des plus grands cauchemars de ce monde. Certain•es diraient qu’au premier regard, il ne payait pas de mine, or ces gens ne s’arrêtaient qu’à l’aspect le plus bateau de son physique : une taille que l’on qualifierait de petite, et un âge avancé pour son espèce bien que, pour les humain•es, il ne semblait pas dépasser la quarantaine d’années. S’il n’y avait que cela, Nex ne marquerait en rien les esprits.
Mais Nex était un démon, et ce de la pire engeance, car il était le roi. Un roi aux cheveux d’argent, aux yeux et au cœur de serpent, à la peau brune marquée, abîmée, meurtrie et ruinée par l’orgueil. Nex était roi parce qu’il n’avait pu être dieu. Cela lui convenait, et il portait sa couronne avec une imbattable fierté. On disait qu’il était cruel, car il avait décapité l’ancien•ne porteur•euse de son titre. On disait qu’il était tyran, car jamais il n’avait perdu de guerre.
Nex était aussi craint qu’adulé ; une moitié du monde le voulait mort, et l’autre était terrifiée à l’idée de voir ce monument disparaître. Et surtout, au-delà de toutes ces choses, Nex était celui que Gal n’avait cessé d’aimer.
— Gal.
— Nex.
Émus, tous deux l’étaient certainement. Tant de choses, tant de regrets, tant de remords à exprimer. Mais ni l’un ni l’autre n’avaient son mot à dire dans cette situation. Alors Gal, fuyant ce regard brûlant, se traîna jusqu’à son propre siège dans un lourd silence, avant que le tableau de guerre ne reprenne enfin vie.
— Bien, énonça Mizuchi, maréch

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