7 février 2009
180 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

7 février 2009 , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
180 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Deux mythes vont s'affronter sur le sable dur de l'impasse de la mer du Nord : celui du bipède (odyssée du lent redressement du quadrupède, de l'inimaginable et admirable station debout du dernier avatar du cousin du singe que nous sommes, du grand primate urbain d'aujourd'hui) et celui du char à voile de compétition, jouet, objet de consommation, véhicule qui fait régner la loi du plus fort et l'esprit de conquête des territoires. Deux entités : chair et métal.



Il y a très longtemps mais il n'y a pas si longtemps, l'écrasement d'un corps d'argile par un engin conçu pour qu'un vent aussi immense que son aire cosmique le propulse à la vitesse record de 200 km/h rappelle à l'Homme sa nature strictement biologique : simple ensemble de particules infiniment petites et de minéraux infiniment légers.



S'achève aujourd'hui la narration de deux histoires parallèles, thématique commune. Alternance l'une expose les événements d'hospitalisation et de rééducation d'un corps, l'autre évoque les moments, morceaux choisis, d'un temps passé où les jambes et les bras jouaient à plein.



S'est imposé un découplage du narrateur « Je » représente le patient dans son lit d'hôpital où il analyse les événements dont il est le sujet et l'objet. « Je » se parle tout bas, usant du pronom « Tu », se rappelle sa vie passée, sa jeune personne perdue, l'homme qu'il fut.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juin 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414449675
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson - 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-44966-8

© Edilivre, 2020
Dédicace1
À ma fille Florence.
Dédicace2
À ceux dont la chair est mordue.
Remerciement
Je tiens à remercier Élise, Agathe et Clotilde pour l’aide apportée, lectures et relectures, conseils et encouragements.
7 Février 2009
 
Tu te levais tôt comptais les unités de temps calculais la fréquence des séquences Tu cherchais l’isthme, la passe, le passage de la fin ultime d’aube au juste début d’aurore, l’instant exact, la fulgurance du franchissement.
Tes jambes musculeuses noueuses comme nœuds d’arbres durs comme flancs de montagne, attaches tendons et ligaments tendus au bord du déchirement, veines arborescentes et nerfs en système de toile d’araignée concentraient toute ton expérience contenaient toute ta science qu’elles mettaient à l’œuvre à l’épreuve dès tes premiers pas au sol du petit matin qui levait les dernières heures couvant encore la pleine lumière La clarté s’abandonnait bientôt en abondance sur la vie d’homme et de nature.
Baguettes de sourcier qu’animait un sortilège tu les laissais aller à leur instinct de chair et d’os localiser la source enchantée enchâssée écouter le secret goutte-à-goutte excavant une porte étroite sous lourde roche.
 
 
Aux urgences le bistouri découpe les vêtements collant au corps manipulé dont le chirurgien prend des photos bleuté délicat sur fond noir, clichés des pieds, de la jambe contrebraquée, part de substance perdue, d’une jambe agglomérant des osselets et des esquilles en forme d’y inconnu sur l’ordonnée, chairs sillonnées creusées de gouffres et de grottes, clichés des bras, épaules luxées et déchirées, des os propres du nez cassés.
Je suis allongé dans un lit aux dimensions d’une chambre entière, blanc aseptisé linoléum lustré fenêtre vouant un culte excessif au soleil, nu sous blouse en coton ouverte comme cicatrice dans le dos motif à carreaux blancs et bleu clair qui me rappelle la nappe damier sur laquelle la famille pique-niquait le dimanche.
 
 
Short et maillot usés par toutes ces années passées sur la longue bande dure du milieu de plage la grande droite tissée lissée, marée et pluie, le grand toit de sable de Flandre, France à Hollande, tu courais loin, jambes fléchissant sous le poids du torse et de la vitesse se durcissant sous le nombre d’à-coups portés pointés sur terre rude jambes finissant enflées mollets chargés à craquer de brûlures d’acide lactique, pierres de glace.
Chute continue de gouttes de pluie qui coulaient roulaient froides sur ta poitrine Jets de sel sablé et plomb grenaillé te giflaient griffaient la figure La face de la plage était tendue aux grands vents d’oblique, mailles serrées, forces têtues aiguës de nord-est et de nord-ouest souffles athlétiques de grisaille scellant les yeux poussant aux reins ou refoulant le pas cabrant la course jusqu’arrêt complet rongeant les joues au rouge, carte veineuse en sillons Sifflements et grondements mêlés étourdissaient l’oreille.
 
 
En vase clos d’éther dans un lit dont le matelas m’est étranger je n’ai pas entendu sonner l’heure du coucher M’éblouit une lumière blanche de verrière surchauffée où se perchent se perdent des papillons à plumes de paon yeux bleus scrutateurs en amandes, ocelles faisant la roue, volière où passent et repassent des ailes d’oiseaux exquis exotiques piailleurs et railleurs.
… Ah ! tiens quelqu’un respire de l’autre côté du rideau de douche, cloison d’intimité.
Des petits pas et pieds de Chine résonnent et s’empressent vers moi : « Vous vous trouvez au 6 ème Est » Qui font demi-tour aussitôt… Ça y est j’ai compris, je suis à l’hôpital public ou dans une clinique privée Comment suis-je arrivé là ? Du pas de porte les petits pieds vifs reviennent… Aurais-je donc posé la question tout haut ? : « Dans le véhicule d’une équipe d’urgentistes »
… Pourquoi ? La petite dame n’a peut-être pas entendu je n’ai peut-être pas posé la question assez fort, peut-être pas posé la question en fin de compte Alors, je cherche : une syncope, une chute ?
 
 
L’oxygène sort de la prise murale Le tube se divise en deux branches jusqu’aux bords des narines et se glisse derrière les oreilles comme des branches d’une paire de lunettes Suspendues à une potence en acier chromé des poches ventrues, antalgiques analgésiques anti-inflammatoires, liquides auxquels se raccorde une seringue auto pulsée de morphine à écoulement lent hésitant presque mélancolique, se vident dans le pli du coude, bras gauche, dans les veines les plus larges que les aiguilles et prises de sang labourent tout le jour Flacons mous et épais qui se rident se fripent les deux parois finissant par se souder.
Gibet où se balançaient au lycée cours d’histoire du Moyen Âge et de poésie française des corps maigres infiniment coupables tous épouvantails accrochés aux branches d’arbres sous gangue de coton d’hiver vêtements et chairs en lambeaux têtes penchées piteuses yeux entre becs et griffes de corbeaux aux plumes luisantes.
Deux mains deux manettes L’appel-malade en forme de poire dont il est inutile de presser l’extrémité l’infirmière ne se présentant pas Et une télécommande redressant le dos du lit à l’heure de la toilette ou du repas, objet jouet magique capable de me lever les jambes à hauteur des yeux amorçant ainsi le retour sanguin.
 
 
À 5 ans, au retour du père inconnu tu avais acquis l’âge d’homme le chiffre cinq étant la durée de combats sans octroi de permissions L’engagé volontaire était parti : « Le sourire aux lèvres », citation maternelle, jusqu’à Saïgon Indochine d’où il envoyait à sa famille matières précieuses et objets enchanteurs : tasses en porcelaine dont les dragons vifs de couleur ondulaient, de l’argent fin et souple sous forme d’encriers gravés légers comme l’air, des jonques dont l’agencement logique des voiles et des lattes te laisse encore perplexe, de l’ivoire sculpté évidé le plus petit éléphant tenant familialement familièrement le plus gros par la queue et des tableaux en laque dont le plus mystérieux et silencieux présente une scène bucolique un village indigène à l’ouvrage Devant des toits de pagodes contre un ciel couvert de feuilles détaillées dentelées découpant des clairières d’or ocre rouge indien Indochine rouge feu de forge, des hommes neufs et des buffles forts labourent paisiblement une terre noire un balancier nourricier s’équilibre sur une épaule féminine des villageois portent d’amples robes pantalons d’aisance et des triangles d’or en guise de coiffes Or et ocre tranchent violemment avec l’arrière-plan, charge obscure peinte à l’encre de chine, avec la nuit fondamentale et les ténèbres profondes d’un vaste continent pictural essentiellement immuable Impression d’une vie simple songeuse et sereine, rive opulente et lointaine d’une Grande Asie.
 
 
Tu allais à l’école enfiler sur une aiguille des perles de toutes les couleurs Tu ignorais qu’il fallait faire un nœud au bout du fil, boucle que tu ne savais d’ailleurs pas exécuter Les échecs suivaient les heures du jour et les jours du calendrier :
« Apprends à bien compter tes jours » Le bout des doigts saignait, liquide de la même couleur que chaque claque reçue, empreinte brûlante devant le miroir.
Couleur qui se mêlait aux autres, celles des perles, belles billes et agates qui tombaient tintaient rebondissaient et roulaient vite loin et longtemps heurtant les plinthes Tu ne rentrais pas déjeuner tous les jours : « Tu resteras là tant que tu n’auras pas compris ».
 
 
« Les Viêts attaquaient corps soudés ne faisant qu’un, d’un seul tenant, soldats accrochés soudés les uns aux autres coudes et épaules solidaires rangs pressés lignes serrées successives à l’horizon interminable, paysage et perspective, jambes vives inépuisables hurlement de ressac » te racontait un des compagnons de ton géniteur qui s’était assis sur les mêmes bancs de l’École de...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents