À deux ou trois près
120 pages
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À deux ou trois près , livre ebook

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Description

Malmené par la vie, Maxime promène un regard cynique et désabusé sur les sentiments et les relations humaines. Quand son amie Claire lui propose de s’associer à la construction de son couple avec sa compagne, c’est l’occasion pour lui de laisser l’espoir le conduire vers un avenir libéré. Malgré les doutes et les obstacles, le trio tente l’expérience inédite de concevoir à plusieurs un rêve de famille partagée.


Cette histoire moderne traite avec réalisme, finesse et humour d’un sujet d’une brûlante actualité, la question sensible et contemporaine de l’éclosion et du devenir des nouvelles parentalités.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414034536
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-03451-2

© Edilivre, 2017
I
– T’es assis ?
Il n’aimait pas cette invitation au confort qui n’annonçait rien de bon.
– Tu as vu les papiers, les papiers de la banque, sur la table ?
Il n’était pas très à l’aise avec les choses administratives. Il préférait le plus souvent les laisser tomber, les mettre de côté, les abandonner sur place pour en annuler les conséquences.
– Ils sont pénibles avec leurs pubs et leurs offres en tout genre. C’est quand on a besoin de lui que l’on va chez son banquier, pas l’inverse.
Elle éclata de rire en rentrant dans la pièce, les documents à la main.
– Pas cette banque là. Tiens, c’est pour toi.
Elle était souriante depuis la matinée. Il était plutôt détendu jusqu’à cet imprévu venant crisper légèrement le relâchement annoncé. C’était le début du week-end, les premières heures où l’on amorce la pause des fins de semaines dont on veut profiter dès le prélude tant elle est courte et précieuse, ce bout d’espace privilégié que l’on veut désencombrer des dossiers clos de la veille pour deux jours de répit sans se laisser rattraper par les moindres contraintes.
Il prit le courrier curieux de l’amusement provoqué, sauta l’entête pour aller droit au texte et démêler l’allusion joyeuse, prit un peu de temps pour se concentrer à nouveau, rassembler l’attention, se saisir du contenu en gommant les artéfacts de la perplexité.
C’est vrai que le terme de banque l’avait toujours un peu étonné pour cet endroit de dépôt et de retrait entre particuliers.
Service de Médecine de la Reproduction et du Traitement de l’Infertilité
Monsieur,
En réponse à votre courrier et suivant la législation en vigueur, nous vous rappelons que le don de sperme ne peut s’envisager que dans le cadre d’une procédure anonyme et gratuite ne pouvant être destinée à une personne bénéficiaire particulière désignée par avance.
Par ailleurs, conformément aux prérogatives européennes, nous vous informons que les enfants issus d’une insémination artificielle ayant eu recours à un don de gamètes peuvent avoir la possibilité de solliciter l’accès à certaines informations concernant le donneur en vertu du principe de transparence des origines et du respect de l’expression du droit de l’enfant.
Nous nous tenons à votre disposition pour toutes informations ou questions complémentaires
Le secrétariat
– C’est pas possible ! Pour une fois que je veux donner quelque chose, on me demande mes empreintes. Le droit de l’enfant… Non mais je rêve ! Logement, travail, santé, avenir, la vie entière est légiférée, tout est dans le code pénal, c’est pour ça qu’il est si lourd. Il y a quarante ans on pouvait te condamner à mort, maintenant on peut t’interdire de crever. On a besoin de l’autorisation pour tout. On la demande pour n’importe quoi. La loi est partout. Le tribunal c’est open-bar, on rentre là-dedans comme dans un drive-in, on porte plainte comme on commande une pizza, et les juges nous préparent leur petite cuisine dans l’arrière-cour pour nous livrer leur avis en te laissant un dernier droit, celui de la fermer ! Et le droit de me foutre la paix, il n’existe pas celui-là ?
Il avait eu du mal à se faire à l’idée, à accepter de faire ça pour Claire, à se renseigner, à prendre contact dans un premier temps. Chez Max le chemin était long entre l’intention et la solution, la voie barrée d’embuches, de virages et de croisements indécis.
– C’est anonyme ! Anonyme, tu comprends ! C’est un don, putain. Un don, pas un investissement ! Quand il reçoit son sang l’hémophile, il ne vient pas réclamer le modèle de ses plaquettes neuves. Mon fils ! Ma fille ! Mais j’hallucine ! Je fous des paillettes dans l’azote liquide, je n’épouse pas un frigo, bordel !
Maxime n’était pas d’un naturel grossier. La colère violente les mots, l’agacement maltraite les sons. L’émotion n’est pas l’amie de la délicatesse.
– Max, calme-toi, cela ne nous concerne pas. On a voulu voir comment ça marche, regarder la procédure en passant par les organismes habituels. On n’est pas dans ce cadre là, tu sais bien. Pour nous, ce n’est pas pareil. Tu ne donnes pas à n’importe qui, incognito, tu ne vas pas te répandre dans la nature ni fournir le monde entier.
C’est à moi. C’est pour moi, Max. Le petit il saura, on lui dira, il ne t’aura pas loin. C’est ce que l’on veut non. Tu seras son père de toute façon… Son géniteur si tu préfères, si le terme t’effraie tant. On lui expliquera.
– Ouah, cool comme terme ! C’est celui-là qui me fout les boules oui : « Mon petit…, ta mère a rencontré ton père, pardon… ton géniteur, un beau matin à l’entrée d’une éprouvette à – 100°, il pelait grave alors ils se sont juste croisés mais ils t’aiment très forts tous les deux… » Méga affectueux ton truc !
– Maxou, il n’y a qu’avec toi que je peux le faire. Moi non plus je ne veux pas d’un anonyme, de n’importe qui, de n’importe quoi. C’est toi que je veux. C’est toi, c’est nous, c’est entre nous. Il y a des sentiments, des liens, une histoire.
– Je ne suis pas étalon moi. Si tu permets, je veux décider moi-même de l’usage de mes gamètes. C’est quand même à moi, c’est perso comme truc, c’est copyright. La dernière fois que j’ai déposé mon ADN, c’était par voie basse à une blondinette qui Dieu merci n’en a rien fait. C’était entendu par avance. Un coup pour rien, pour le fun.
Elle était petite et un peu ronde, sucrée sur les lèvres, fondant dans la bouche. Il n’en avait plus vraiment le souvenir, juste encore le goût.
Un véritable bonbon sexuel.
– C’est la seule solution, Max. C’est pour moi. On en a déjà parlé cent fois, t’es chiant à la fin…
– Non Claire, pas chiant. Exigeant. Tant qu’à faire, je n’ai pas trop envie de me louper sur ma descendance.
– C’est de la mienne de descendance dont il s’agit plutôt. C’est mon idée je te rappelle, mon projet. C’est moi qui prends les risques, qui me lance, qui défie l’avenir. Je ne te demande pas de t’engager, tu le sais bien, je ne te demande pas grand-chose finalement…
La question avait été brutale pour Maxime. Il avait mis du temps à la saisir, à la considérer avec sérieux, à démêler la réalité des principes, les enjeux des a priori. Pour lui sa réponse n’avait rien d’accessoire, sa position rien d’anodine. Il n’avait pas d’expérience sur le sujet mais il avait des convictions.
– On parle de se reproduire, de donner la vie. Ce n’est pas n’importe quoi. Qu’est-ce-que tu racontes, « C’est pour moi… » . On est deux, tu permets. Ça se fait à deux encore. On est même trois à la fin. Le géniteur comme tu dis, il faut qu’il se prépare quand même, qu’il mûrisse un peu, qu’il assume son geste. Un bébé, c’est neuf mois dans le ventre de la mère, ça peut être en gestation quelques temps dans le crâne du père avant l’expulsion, non ?
Cela faisait un an un an déjà que l’idée lui était venue, que Claire y avait pensé, qu’elle en avait parlé à Maxime. Il ne pouvait pas en quelques jours appréhender une vie toute entière. Il n’avait pas donné sa réponse tout de suite.
Ce n’était toujours pas gagné.
II
Maxime avait rencontré Claire il y a trois ans. C’était une de ses soirées d’anniversaire partagé où se mélangent des amis d’amis qui se saluent, se croisent et se quittent sans jamais faire vraiment connaissance. Trop sympathique pour être mondain. Trop courtois pour être amical. Ils avaient beaucoup discuté ce soir là sans accorder trop d’importance à la nature des propos. La conversation comble juste le silence. Les banalités resserrent un peu les distances. C’est tout. Quand il y a quelque chose, c’est ailleurs que cela se situe. On ressent. On connecte. Il y’a des trucs qui passent par au dessus. Ces deux là s’étaient bien trouvés. Le contact s’était fait très vite, le lien devenu très fort. Un mélange d’affinité, de complicité et de confiance scellant une infaillible fraternité. Ils se retrouvaient souvent, partageaient leur intimité, échangeaient leurs confidences, mélangeaient des parts de vie commune sans qu’aucun travers ne vint perturber la sincérité de leur affection gémellaire. Ils se connaissaient depuis le début, sûrement même un peu avant.
Elle lui avait tout de suite parlé de sa situation. Il l’avait bien vite compris avant qu’elle ne l’évoque.
Des connaissances, Claire en avait beaucoup. Elle en avait toujours eu dès son plus jeune âge, appréciée pour sa franchise et son naturel ayant facilité les moindres contacts lors des premiers jeux d’école. Elle était devenue une jeune femme sociable et sympathique, à l’aise avec le sourire, avec le lien qu’elle attirait souvent mais repoussait toujours. Elle consommait la relation avec une gaieté légère et spontanée dénuée de séduction facile, d’arrière-pensées ou de manigance. Claire aimait bien les gens, les collègues, les copines. Les copains aussi, quelques amis tout au plus. Une amitié réservée à certains garçons, une proximité sincère, fidèle, sans véritable intimité. Il faut dire qu’au lit elle était plutôt vagin, Claire. Pas d’homme sous la couette. Pas de sexe mélangé. Elle préférait la sensualité à la vigueur, le partage à la possession. Cela simplifia beaucoup les choses entre Max et Claire. Elles furent de suite naturelles sans le parasitage des corps et des pulsions. Il n’y eut jamais d’ambiguïté entre les deux, chacun sur son terrain, unis par une pure alchimie sans désir.
Quand elle connut Maxime, Claire vivait avec Lucille.
Elle l’avait rencontrée dans l’un de ses bars de filles, pour filles, où même les garçons de café étaient du genre féminin. Elle fréquentait peu ces endroits réputés pour les échanges faciles et les contacts éphémères où l’instinct l’emportait souvent sur les sentiments. A ce s

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