Aël
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Aël , livre ebook

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Description

Aël est fils du Ciel. Il a pour sœur La Nuit et pour frères Le Soir et Torrent. Petit garçon vif et insouciant, il n’a qu’une idée en tête: jouer. Pourtant, il lui tarde déjà d’être grand et de tout savoir. Mais il lui faudrait alors abandonner le monde des jeux et des rêves pour devenir raisonnable... et puis surtout travailler. Et ça, Aël ne le veut pas! En attendant, il découvre l’univers avec son regard d’enfant, naïf et juste, et fait la connaissance d’une tortue de mer, de nuages, du Temps, d’Orion... Mais patience, il est encore petit et il lui reste tant à apprendre avant de pouvoir s’occuper de ces mondes qui bientôt seront les siens. Ce conte philosophique à l’univers fantaisiste nous entraîne à la suite des aventures d’Aël. Avec lui, nous faisons l’apprentissage de la sagesse des adultes mais aussi et surtout de celle des enfants: il nous rappelle à quel point le monde des grands peut parfois sembler absurde et l’importance que revêtent les jeux et l’imagination. Car c’est grâce à l’imaginaire et à la poésie de ce récit que l’auteur réussit à restituer toute la vérité de la réalité.

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748369373
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aël
Anne Fériale
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Aël
 
 
 
 
Avertissement au lecteur
 
 
 
Aël est l’enfant qui joue éternellement dans le cœur de l’homme, comme le dit Rabindranath Tagore.
Enfant mythique, intangible et pérenne, il voit la réalité à travers l’imaginaire qui la restitue…
À cinq ans, il s’expérimente naturellement comme le centre de l’univers. Le monde lui appartient, et c’est dans cette appartenance qu’il apprend à connaître la substance des choses, et que naît sa tendresse pour toutes les formes de vie.
 
De ce qui suit l’enfance, Aël pressentira la vérité fondamentale : la douleur de grandir. Car dès qu’il sut lire, il comprit que jamais il ne retournerait au pays des contes…
Peut-être arrive-t-on au plus proche d’Aël en l’écoutant dire, au début de cette histoire :
« À tout prendre, ce que je préférais, c’était poser des questions à mon père le Ciel. »
 
C’était aux temps anciens où les étoiles de mer ne dévoraient pas les coquilles Saint-Jacques.
Un temps très ancien : personne ne s’en souvient.
Sauf les enfants.
 
Mais quand les enfants disent que les étoiles de mer furent douces et paisibles, et que les coquillages sont philosophes et sages, personne ne veut les croire…
Ainsi de cette histoire, qui est vraie vérité.

Mais si les grandes personnes croient qu’il s’agit d’un conte, laissons-les dire, et lire, et rire, et rêver…
 
 
 
 
Mon père le Ciel
 
 
 
Moi, je m’appelle Aël, et je voudrais parler de mon père le Ciel. Mais c’est très difficile, vous savez. C’est un père très occupé. Bien que grand seigneur très puissant, il reste un père très aimant. C’est lui qui a créé le monde. Je n’aurais pas fait mieux, moi, son enfant.
Cependant, il est parfois soucieux à cause de la Terre.
 
— Pourquoi ça n’a pas marché, Père, ta création, avec la Terre ?
— « Pas marché », ce n’est pas le mot, a-t-il répondu. En pensant à ces temps derniers, je dirais même que ça a couru ! Mais pas dans le bon sens. Pas comme je le voulais. Je sais bien que la Terre, notre vieille parente, n’est pas facile à vivre. Mais tout de même, comme les hommes la malmènent ! À lui en donner le vertige ! Si je ne les avais pas doués moi-même d’intelligence, je me demanderais qui leur a donné leur bêtise ! Ce qui gâche tout, c’est que les hommes ne veulent en faire qu’à leur tête. Je leur ai pourtant créé un cœur, et ils ont ma mesure. Mais dans des outres pleines d’elles-mêmes, on ne pourrait seulement semer du vide…
Il a prononcé encore d’autres paroles très sérieuses pour adultes, et là, je n’ai pas très bien compris mon père. Lui est plein de savoir, et je ne suis encore qu’une graine non germée de compréhension.
 
Alors je suis parti : comme il était 5 heures, je suis allé chez les Pléiades, où un grand goûter m’attendait.
 
 
 
Ma mère la sagesse
 
 
 
Au couchant d’un jour d’enfance, j’ai demandé à mon père le Ciel :
— Mon Père, qui est ma mère ?
Lui, le Grand, mon seigneur, a attendu l’arrivée de ma sœur la Nuit. Alors ils m’ont pris par la main et m’ont dit :
— Regarde les étoiles, regarde-les bien.
— C’est merveilleux, les étoiles !
Et le Ciel a murmuré gravement :
— Ta maman était avant qu’elles soient. Quand elle eut mis au monde ta sœur la Nuit, je lui offris les étoiles. Seule, elle pouvait posséder des univers et des univers d’étoiles, parce qu’elle est la Sagesse, la couronne d’or de ma volonté.
J’ai fermé les yeux très fort, pour chasser le sable du sommeil, pour me rappeler, et revoir maman…
Maman était très douce et parée d’étoiles. Le soir, elle me berçait. Je m’endormais dans son regard. Ses yeux étaient l’abri très chaud d’un enfant qui a peur du noir…
 
Nous avons rêvé la vie, les soirs, Maman, moi près de toi, assis sur un petit banc, jouant près du feu avec le tisonnier doré et la brosse de salon à fins poils rouges.
Tu attendais que je devienne plus grand : un vrai petit garçon, sans plus de boucles. Quand ce fut fait, le premier soir d’hiver, mon père vint te chercher pour un très long voyage en ses demeures…
Maman de moi petit, qu’il est dur d’être grand quand on n’a que cinq ans ! J’aurais voulu, pour te garder, me changer en grain de poussière. Rappelle-toi, Maman : ma main ne voulait pas s’ouvrir, pour te rendre un bracelet d’or. Mon cœur ne savait pas se dire, tout près de toi, si chaud blotti. Comme je t’aimais, Maman !
 
 
 
 
Jeux avec Orion
 
 
 
Certaines aubes me trouvaient, à demi éveillé et frissonnant encore, trottinant à côté d’Orion. Il m’emmenait dans les bois d’étoiles, tout au bout du parc, guetter le gibier. Dans la lumière rose des matins de chasse, on voyait s’agiter de grandes oreilles d’alarme, et des derrières de lièvre disparaissaient comme des houppes rousses dans l’eau des herbes. J’essayais bien de courir pour en caresser un. Quand nous arrivions à des terriers, et que, à plat ventre, j’envoyais un coup d’œil prudent dans ces couloirs obscurs, je ne voyais jamais rien. Ah ! Pourquoi étais-je si gros ? Je ne pouvais me faufiler comme eux ! Orion me consolait
— Même si tu pouvais entrer, Aël, ils courent trop vite, et puis les gîtes ont beaucoup de sorties ! Jamais tu ne les rencontrerais !
— Si, Orion, tu boucherais les autres sorties !
— Mais ils étoufferaient, s’exclamait-il, indigné.
 
Peu convaincu et soupirant de déception, je me laissais relever, brosser les genoux, et nous partions.
Avec lui, je n’avais peur de rien. Du reste, je n’avais jamais peur. Qui eut osé toucher à moi, le dauphin du royaume ? Petite Ourse et Grande Ourse me souriaient au passage. L’Archer me laissait tirer toutes ses flèches sur des bandes de poussières d’infini qui volaient. Une seule fois, je me fis attraper parce que j’avais visé la queue d’une comète qui émigrait vers un soleil plus chaud.

J’avais tout ce qu’un enfant peut désirer – même un cheval, un magnifique cheval qui s’appelait Pégase. Une fois emmitouflé dans la grande écharpe qu’Iris me nouait autour du cou, j’avais permission de galoper jusqu’aux régions glaciales des confins du royaume.
 
À vrai dire, personne n’aimait m’y laisser aller. Les uns prétendaient que je pouvais m’enrhumer. Les autres, qu’un enfant si jeune livré à lui-même commettrait de graves imprudences. Ma sœur la Nuit, chargée spécialement de mon éducation, répugnait à la compagnie des manchots et des phoques. Elle n’admettait pour moi, là-bas, que les baleines. Mon père sait si ces vieilles dames un peu fortes étaient ennuyeuses ! Ruminant sans cesse du plancton, elles rabâchaient à mon profit des paroles sentencieuses sur un ton monotone. Mais quand elles bavardaient entre elles, se faisant, entre leurs fanons, des confidences filandreuses, elles ne prenaient plus garde à moi, et je m’esquivais…
Je rejoignais subrepticement les phoques, adorables garçons, sous leurs airs moustachus et bourrus, trompetant la bonne humeur, pêcheurs émérites en poissons, n’ayant pas leurs pareils pour vriller la glace et percer des hublots.
En joyeuse bande, quand une aurore boréale nous offrait son tremplin, nous grimpions sur son dos en nous bousculant, puis nous nous laissions couler, à plat ventre, le souffle coupé par le vent, atterrissant à grande allure sur la banquise, où nous glissions très loin…
Les pingouins à la belle respectabilité perdaient leur air compassé. Leur jeunesse de caractère était à l’origine de mille farces. Préparant notre terrain de jeu, un jour de particulière malice, ils lissèrent notre piste vers le large. Les phoques et moi ne nous en étions pas aperçus. Nous élançant, emportés par l’allure, nous décollâmes du sol pour un plongeon de haute volée. Les pingouins se tordaient de rire quand nous revînmes à la surface en nous ébrouant !
C’est toujours au plus fort de nos jeux qu’arrivait un albatros pour me ramener à la maison : quel dommage !
Mais quand je partais, au son des grognements et grincements d’adieu de milliers de lions de mer et de pingouins, le roi n’était pas mon cousin !
 
 
 
 
Essai de création
 
 
 
Je suis né dans une grande demeure de mon père, chez une constellation amie. J’ai grandi dans un parc immense. Il y avait là un jardinier que je n’aimais pas du tout. À force de se courber sur la terre, il avait des ornières sur le visage, et ses joues piquaient comme des cactus. Pourquoi fallait-il toujours que j’embrasse les grandes personnes ? Dans un grand bassin, aussi, il y avait un vilain cygne qui me pinçait les mollets. Et devoir s’enfuir à toutes jambes devant un cygne quand on a pour père le Ciel, et devant des grandes personnes qui rient, c’est très humiliant !
Alors on m’a donné un grand chien et un petit chien : l’un devant, et l’autre derrière, le cygne n’avait qu’à bien se tenir !
Mais quand je suis revenu près du bassin, le temps avait emporté quelques degrés, et le cygne avait disparu… Je respirai plus librement !
Ce que je préférais cependant, aux jeux, c’était d’être appelé chez mon père le Ciel pour poser des questions. Les autres ouvraient la bouche et restaient silencieux. Puis ils disaient :
— Pourquoi poses-tu des questions si bêtes ?
Naturellement, c’était parce qu’ils ne savaient pas.
Mon Père savait tout, puisqu’il était à l’origine de tout. Rien à quoi il n’eût pensé, qu’il n’eût pesé, avant de lui attribuer une place dans l’univers. Par exemple, il savait pourquoi les mouches ont six pattes, alors que moi je n’en avais que

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