Anubis pleure Gaïa
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Anubis pleure Gaïa , livre ebook

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Description

"Aujourd’hui, 6 août 2074, le constat est consternant, l’expérience tourne court. La belle Bleue est désormais grise de pollution, de fumées, de guerres. Gaïa, autrefois si colorée, si fertile de vies, est empoisonnée dans toutes les profondeurs de ses chairs, de ses eaux, de ses airs... Gaïa devient irrémédiablement stérile. Ses babines se relâchent, son regard s’assombrit, Anubis pleure Gaïa. Dans un dernier sursaut d’espoir, le dieu égyptien, conducteur des âmes dans le royaume de la mort, se concentre, dilate sa pupille et transperce l’atmosphère planétaire du regard. Il cherche, scrute, voit ce qu’il redoutait: les rapaces des grandes altitudes tombent comme des feuilles mortes..." Un roman futuriste construit sur un axe humains-dieux en temps réel plutôt original. Le mode dystopique sur lequel sont construits les chapitres dont l’action se déroule sur Terre fait froid dans le dos tant il semble réaliste. Les références aux civilisations antiques et à leurs dieux permettent à l’auteur de dénoncer efficacement les dérives de la société moderne. Édifiant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 novembre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748371529
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Anubis pleure Gaïa
Mahg
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Anubis pleure Gaïa
 
 
 
Les Dieux Premier cercle : la levée du cœur
 
 
 
I
Il descend de sa barque solaire, foule le sol de la lune sans laisser de traces. Longuement, il déambule, pensif. De là, il contemple celle que les dieux surnommaient la belle Bleue, cachée dans l’écrin de la voie lactée. Tous les grands maîtres intergalactiques connaissent son existence : Gaïa, la Terre et ses myriades de vies, planète diamant du dieu des dieux, le Soleil Source.
Aujourd’hui, 6 août 2074, le constat est consternant, l’expérience tourne court. La belle Bleue est désormais grise de pollution, de fumées, de guerres. Gaïa, autrefois si colorée, si fertile de vies, est empoisonnée dans toutes les profondeurs de ses chairs, de ses eaux, de ses airs… Gaïa devient irrémédiablement stérile.
Ses babines se relâchent, son regard s’assombrit, Anubis pleure Gaïa . Dans un dernier sursaut d’espoir, le dieu égyptien, conducteur des âmes dans le royaume de la mort, se concentre, dilate sa pupille et transperce l’atmosphère planétaire du regard. Il cherche, scrute, voit ce qu’il redoutait : les rapaces des grandes altitudes tombent comme des feuilles mortes… Le dernier signal des anciens est donc donné pour qu’il procède à l’ultime levée. L’heure n’a jamais été aussi grave et le poids des responsabilités aussi lourd sur les épaules du passeur.
Il observe ses légions rapatriées en urgence des quatre coins de cet univers. Elles ne suffisent plus à accompagner toutes les âmes humaines en partance, qui n’ont plus le courage d’affronter leur vie. Les morts se comptent par millions. Pourtant Gaïa en a vu d’autres ! Combien de civilisations a-t-elle nourries en son sein ? Les hommes se détruisaient, certes, mais il suffisait alors d’un déluge, d’une éruption, d’un tsunami, d’un changement de climat et le nettoyage était fait. La terre assainie pouvait accoucher alors d’une nouvelle expérience de vie, d’une nouvelle chance à la diversité, à l’expression de la création.
Mais les dégâts commis par les hommes sur toutes les strates de son corps sont irréparables et Gaïa sait que ses soubresauts et quelques millénaires ne suffiront plus à épurer.
Alors, au chaos qui s’étend sur tout le globe s’ajoutent les gémissements des entrailles de Gaïa, qui s’étouffe et se meurt de l’homme, de ses certitudes, de sa cruauté avide. Sa plainte rauque, qui n’en finit pas, s’entend jusqu’aux confins de l’univers.
Pourtant elle voulait grandir et réussir avec l’homme transcendé, elle voulait accéder, avec lui, à sa couronne orbitale de lumière. Mais le gardien de la Vie en est devenu son bourreau, Gaïa se meurt de l’avoir attendu.
II
Malgré la trahison de l’espèce humaine, Anubis a choisi de paraître dans un corps d’homme surmonté de sa terrible tête de chacal noir, paré de sa tenue de cérémonie, caducée à la main droite :
 
— Je te salue ! Ô ! Gaïa ! Te souviens-tu des temps anciens où les dieux foulaient ton sol ?
— Les souvenirs sont engloutis dans un océan noir d’ordures et d’immondices, gémit-elle.
— Les hommes reliés au Soleil Source, dieu des dieux, me vénéraient ainsi, dit-il en montrant ses habits !
— Profanation, pouvoir, possession sont leur seule obsession !
— Gaïa ! N’as-tu donc aucun espoir ?
— L’espoir a lentement glissé dans le néant, s’essouffle-t-elle à répondre.
 
Anubis soupire, pointe son museau vers les contrées nocturnes, hurle à la mort. Les étoiles, seules, accueillent sa complainte funeste.
L’ouvreur des chemins d’outre-tombe fut toujours diabolisée par les hommes. Dans leur peur indomptée de la mort, ils avaient juste oublié qu’ils étaient mortels. Pourtant de l’autre côté de la rive, il vaut mieux faire le voyage avec un guide, Anubis, que se perdre seul.
Il monte dans la barque sacrée, quitte la lune, navigue sur l’exosphère de Gaïa.
De son troisième œil divin, surgit un rayon de lumière blanc qui dissout toutes les pollutions le temps du passage. Il pénètre dans la stratosphère et survole l’Atlantique obscur et graisseux. Çà et là, supertankers corrodés, carcasses de bâtiments de guerre dérivent au gré des courants et des intempéries… La terrible guerre des Ténèbres, quatrième guerre mondiale, telle un éclair, a foudroyé la planète. Comment les hommes en sont-ils arrivés là ?
Au-dessus du royaume englouti des Atlantes, un parfum de nostalgie entraîne l’embarcation dans un cercle parfait, un ultime adieu hors d’âge.

Soudain, le seigneur du Passage, qui a remis cap à l’est, pense être la proie d’une hallucination : là, flottant au milieu de l’océan, d’énormes croix de vie, en matériau composite d’aluminium, crachent de l’eau par leurs branches et leur sommet. Le symbole pharaonique, constitué au départ des deux bras de la croix et d’une boucle qui les surmonte, s’étire ici sous forme de pompe à eau. Il effectue un piqué fulgurant, happe le liquide rejeté, retrouve avec étonnement le goût de mer d’antan. Il jappe de joie et s’intéresse de plus près à ces constructions colossales qui lui semblent être encore un mirage. Ici, l’emblème égyptien se déploie dans la tridimensionnalité : à la surface des flots. Quatre branches horizontales, perpendiculaires les unes aux autres, émergent. Elles soutiennent au-dessus un édifice ovoïde, et stabilisent, en dessous, une quille gigantesque, qui s’enfonce dans des profondeurs vertigineuses. Des capteurs recouvrent le tout et alimentent le moteur installé sous la ligne de flottaison. L’eau limpide jaillit à volonté, le long des quatre branches aqueducs. Aux pieds de ces pompes démesurées, des centaines de bateaux, escortés de navires de guerre, s’affairent pour récupérer l’eau saine aspirée des courants millénaires, préservés dans les abysses. Anubis qualifie cet exploit d’ingénieux et de désespéré. Il s’interroge : pourquoi intégrer une machinerie dans un signe sacré ? Un SOS ? Une bouteille à la mer ? Une profanation de plus ? Non ! Anubis élimine cette dernière hypothèse : l’eau salubre, même salée est une denrée rare. Celui qui a conçu ce système offre le rayonnement de la croix de vie à son entreprise vitale. Qui lance cette ultime invocation ?
Dans ce monde sans repères, il existe encore une âme qui espère et agit. Son appel sincère, au milieu du chaos, fait écho dans le cœur du passeur. Puisse le dieu des dieux bénir sa requête !
Une assourdissante détonation l’arrache brutalement à ses spéculations. D’un coup d’œil, il scrute la réalité physique, pressent un projectile nocif se dirigeant droit sur lui. À la vitesse de la lumière, il déguerpit, tend son index vers le navire de guerre coupable. L’engin funeste effectue un demi-tour complet, explose dans la proue de son lanceur. Même Anubis n’aime pas être traversé par des dispositifs mortifères. Dubitatif, il se demande comment son imperceptible présence a été détectée. Indésirable donc et ne souhaitant plus s’attarder, il reprend son vol.
III
Son vaisseau s’enfonce au-dessus de l’Afrique silencieuse pour se stabiliser sur la géoposition de la deuxième cataracte du Nil. Il se pourlèche les babines à l’idée de descendre le fleuve dieu, comme autrefois. Des mémoires multimillénaires de beauté éclosent à fleur de sa peau sombre. Dans un voluptueux soupir, passé et présent se confondent. Il tressaille de contentement. Sous ses pieds, dans le désert pyramidal, s’unissent, dans la crue providentielle, les eaux du Nil Blanc, coulant des grands lacs, et celles du Nil Bleu d’Éthiopie. Il amerrit.
À peine stabilise-t-il son embarcation sur les flots gris tumultueux, que la vue de montagnes de sédiments noirâtres lui coupe le souffle net. Des alluvions anormalement amoncelées s’étalent stériles, à perte de vue, sur le sol de la Nubie. Quel déluge a charrié aussi massivement tant de boue que le fleuve s’y épuise à serpenter ? Le seigneur canidé éternue, l’air acre et acide lui picote la truffe, il ne flaire plus la belle énergie fécondante de la crue. Aucun signe de vie. Le limon accumulé est empoisonné. Ce n’est plus le Nil, c’est le Styx. Il lance au ciel, obscurci de pollution, un affreux hurlement. Anubis pleure Gaïa.
Fini le temps des splendeurs ! Brutalement redescendu sur terre en l’an 2074, il n’a plus qu’une seule idée en tête : se ressourcer auprès de celle qui lui a tout appris, pour trouver la force d’accomplir sa funeste besogne.
À vive allure, il dépasse les colosses de pierre d’Abou Simbel, célèbre temple de Ramsès II, avec cette désagréable et persistante impression de perdre le nord. Les sanctuaires ne se trouvent plus là où il les a connus : mauvais pressentiment.
Penser à elle lui conférera l’énergie de cet ultime voyage… Elle, la maîtresse des magies, la matrice… Isis.
Sur le fleuve éternel, il cherche l’écrin de la belle, Philae, son île en forme d’oiselle. Stupéfait, il arpente de long en large la terre de la déesse, engloutie dans un linceul de boues, quand il aperçoit le profil majestueux de son temple s’étirer sur l’île voisine d’Agikia. Les humains ont-ils vraiment perdu tout reste de raison ? Déplacer le temple d’Isis, c’est sectionner le cordon ombilical qui nourrit l’équilibre de la terre. Les bras lui en tombent, son dos humain se hérisse de poils de chacal, ses naseaux expirent sa rage. Il fulmine encore pendant de longues minutes avant de trouver le chemin de l’apaisement, qui le mène au pied du sanctuaire déménagé.
Ne plus penser qu’à elle !
Dans le lac sacré desséché, il s’immerge dans

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