Apologie de l abbé Galiani
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Apologie de l'abbé Galiani , livre ebook

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Description

Ferdinando Galiani, dit l’abbé Galiani (1728 - 1787) est un économiste italien est l'auteur d'un traité Dialogues sur le commerce des blés (1770), qui va porter le débat sur la liberté du commerce des grains au temps des Lumières. Les partisans de la libéralisation s'opposent aux Dialogues. Diderot soutient son ami et écrit l'Apologie de l'abbé Galiani.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 452
EAN13 9782820628251
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection
«Essai»

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ISBN : 9782820628251
Sommaire
APOLOGIE DE L’ABBÉ GALIANI
APOLOGIE DE L’ABBÉ GALIANI
APOLOGIE DE L’ABBÉ GALIANI
La première réflexion qui vient à l’esprit est sur l’auteur de cet ouvrage. On se demande quelle espèce d’homme c’est que cet abbé Morellet, qui est l’ami de l’abbé Galiani et qui écrit contre l’abbé Galiani, qui est l’ennemi des Économistes et qui écrit en faveur des Économistes. L’abbé Morellet ! C’est l’abbé Morellet, celui qui fréquentait la boutique des Économistes d’où il nous rapportait leurs principes sur la liberté de la presse, l’importance d’éclairer la nation sur ses intérêts, l’évidence, l’unique véritable contre-force, la liberté du commerce en général, la liberté du commerce des grains, l’agriculture base de toute richesse, et qui a traîné dans la boue l’ouvrage de La Rivière où tous ces beaux principes sont établis. C’est lui qui a prêté la main au d’Invault et à Boutin pour ruiner la Compagnie des Indes, qui n’a pas obtenu une épingle de récompense du d’Invault et qui s’est déshonoré, et qui a arrêté lui-même les souscriptions de son Dictionnaire du commerce. C’est lui qui, pour faire sa cour au Trudaine, s’élève contre l’ouvrage de l’abbé Galiani, qui fait un livre contraire aux principes du Terray qui l’arrête et qui lui fait perdre les frais de son édition. C’est l’homme le plus personnel que je connaisse ; c’est un homme violent et étourdi, qui court après tout et qui manque tout. C’est un homme qui s’aime, qui s’embrasse sans cesse mais qui s’étouffe à force de s’embrasser. L’abbé Morellet n’a point d’idées de lui-même, mais sait écouter ceux qui en ont. Il a de la logique. Il écrit purement et facilement ; mais il est diffus, dur, long, sec, ennuyeux à périr. Son extrait Sur l’inquisition est bien fait, mais on ne peut le lire ; ses Toiles peintes sont bien faites, mais on ne les a point lues ; son Prospectus du dictionnaire du commerce est bien fait, mais il est impossible à lire ; sa Réfutation des dialogues est bien, mais on ne la lira pas. Au reste, il n’y a pas une idée neuve, pas une vue qui vous surprenne dans tout cet ouvrage. C’est tout ce qu’on rencontre dans les Économistes bien employé contre l’abbé Galiani. C’est l’ouvrage d’un homme de sens, et l’ouvrage de l’abbé Galiani est celui d’un homme de génie. Tout ce que celui-ci dit, bon ou mauvais, faux ou vrai, lui appartient. Il n’y a pas un mot qui soit à l’autre. Il n’y a que l’abbé Galiani qui pût faire son livre ; tout le monde aurait fait la Réfutation de Morellet. L’abbé Galiani pense et nous fait penser ; l’autre se fait écouter parce qu’il a raison, mais il ne vous fait pas penser parce qu’il ne pense pas et qu’il vous fatigue et vous ennuie. Il relève très bien les bévues de son adversaire, mais il en fait de son côté qui sont très grosses et très lourdes. En ne disant que des choses communes, il a plus de morgue que Montesquieu, il est insolent, il est mauvais plaisant, et après avoir prouvé en cent endroits que son adversaire a tort, on ne sait s’il a raison, et la question reste plus embrouillée que jamais. L’abbé Morellet n’a pas un grain de l’enthousiasme de la gloire, de la vérité. Je l’ai entendu se plaindre du ministère : toute sa plainte était d’un homme intéressé. A sa place, je me serais plaint comme lui, mais il ne me serait rien venu de ce qu’il disait. Ce sentiment d’intérêt le domine si fort qu’il en est comique sans s’en apercevoir. Je me suis amusé à le tenir en scène, et je me faisais violence pour ne pas éclater de rire.
C’est moi qui ai publié les Dialogues de l’abbé Galiani ; je voudrais bien savoir quelle est la vue du Morellet en me communiquant sa Réfutation . Cela se découvrira.

Page 2. – Je ne dirai pas qu’il a ébranlé les personnes à qui les principes étaient connus .
Et vous aurez tort de ne pas le dire, mon cher abbé ; car moi qui vous parle, je connais bon nombre de transfuges de l’École économique.
Ibidem . – L’espèce de succès qu’ont eu les Dialogues.
Voilà comme on parle quand on prend son jugement pour celui du public. L’abbé, j’aurais beau souhaiter la même espèce de succès à votre Réfutation , elle ne l’aura pas. L’abbé Galiani sait faire lire le mensonge et cela est fâcheux ; et vous ne saurez pas faire lire la vérité, ce qui est plus fâcheux encore.
Page 3. – Quoique le goût de l’auteur ne soit pas toujours sûr.
Il peut manquer de goût quelquefois, comme Voltaire ; mais vous n’en avez jamais.
Ibidem. – Il a pu séduire des personnes qui cherchent plus dans un livre l’amusement que la vérité.
Que voulez-vous que je vous dise ? C’est qu’il est si rare d’y trouver, si difficile d’y reconnaître la vérité, quand elle y est, que si l’on n’a pas été amusé, l’on a tout perdu. Que me resterait-il de l’abbé Galiani, s’il ne m’eût pas amusé ? Que me restera-t-il de votre Réfutation , si vous ne m’avez pas instruit ?
Ibidem. – L’esprit dominant de l’ouvrage montre peu d’attachement pour la vérité ; indifférence, légèreté dans une matière intéressante et grave ; respect affecté pour les opinions communes ; flatterie continuelle pour l’autorité de tous les temps et de tous les lieux ; goût très marqué pour le despotisme ; dogme de l’infaillibilité de ceux qui gouvernent ; haine de l’écrivain qui se mêle d’administration.
Peu d’attachement pour la vérité ! Mon cher abbé, le Galiani aime plus la vérité et moins l’argent que vous. Si vous avez pris pour indifférence cet air d’impartialité qu’il a dû avoir dans les Dialogues , qui séduit, qui captive, qui entraîne, tant pis pour vous. C’est que vous avez beaucoup de morgue et peu de goût ; c’est que vous êtes dogmatique et que l’abbé est enquêtant ; c’est que vous aimez la dispute et qu’il aime la causerie ; c’est que vous êtes toujours sur les bancs de l’école et que l’abbé est toujours sur un canapé.
Légèreté, indifférence dans une matière grave ! C’est un reproche tout aussi bien fondé et tout aussi ridicule que celui que les jésuites faisaient à Pascal. Mais, Monsieur Panurge, Monsieur le Pantagruéliste, dans un moment vous serez homme à mériter l’inscription de la comédie italienne :

Ridendo dicere verum quid vetat ?
Ridiculum acri,
Fortius et melius magnas plerumque secat res .

Vous voulez rire et vous ne voulez pas qu’on rie.
Respect affecté pour les opinions communes !
Je ne connais aucun ouvrage sans exception où il y ait moins d’affectation. S’il a des égards pour les opinions générales, c’est qu’il est moins disposé qu’un autre à croire qu’il a raison tout seul ; c’est qu’il regarde l’intérêt comme un fin logicien ; c’est qu’il sait que celui qui n’est pas du métier et qui parle du métier dit bien des sottises.
Flatterie continuelle de l’autorité de tous les temps et de tous les lieux.
Ce n’est pas cela ; l’abbé est peut-être moins flatteur que vous, mais il a peine à croire que nos devanciers n’étaient que des bêtes ; il imagine sur certaines choses qu’ils ont bien faites qu’ils n’étaient pas si sots qu’on croit. Il croit que toute institution bonne passe et devient mauvaise ; qu’on ne réforme rien à forfait et qu’il y a eu tout un lambeau d’ancien cousu à un lambeau de réforme nouvelle ; il cherche la couture et sait quelquefois très bien la trouver. Goût marqué pour le despotisme ! et où cela est-il ? Dogme de l’infaillibilité du ministère ! Et où cela est-il ? Haine des écrivains ! Ce n’est pas cela, c’est mépris et quelquefois bien fondé. Et vous, l’abbé, n’avez-vous pas eu du mépris pour les Économistes ? Et votre mépris ressemble beaucoup à de la haine. L

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