Au fil de mes lectures
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Description

« On a dit que la lecture est à l’esprit ce que le sport est au corps. Cette phrase devrait inciter tout un chacun à avoir toujours un livre à portée de main. J’ai quant à moi beaucoup fait de sport et aussi beaucoup lu, et lis toujours. Que ce soit pour échapper à la grisaille quotidienne, découvrir ou s’instruire, la lecture est un moment privilégié qui permet de vivre une solitude agréable.
Dans ce recueil de commentaires et de réflexions sur quelques-uns de mes livres favoris, j’ai choisi les auteurs lus ou relus ces dix dernières années.
Mon choix se veut le plus éclectique possible et sans ordre précis. Quelques grands classiques de la littérature ainsi que des ouvrages de très grande qualité un peu oubliés accompagnent des ouvrages de vulgarisation scientifique passionnants. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414025053
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-02503-9

© Edilivre, 2017
L’étranger/Albert Camus/ (1913-1960) Prix Nobel 1957
Publié en 1942, L’étranger fait partie des grands classiques du XX e siècle.
Je l’ai lu et relu depuis plus de 50 ans pour y découvrir à chaque fois une nouvelle idée de l’absurde, une nouvelle illustration des convictions philosophiques de Camus et notamment du Mythe de Sisyphe et cette prise de conscience du non-sens de la vie qui a conduit Camus à dire que l’homme est libre de vivre sans appel quitte à payer les conséquences de ses erreurs tout en devant épuiser les joies de cette terre.
Meursault, le narrateur, est un modeste employé de bureau à Alger, un homme simple qui mène une existence médiocre dans une grisaille quotidienne qui suinte l’ennui, la désespérance et la lassitude. Il semble frappé d’une torpeur, d’une mélancolie pathologique et d’une indifférence à l’égard de tout ce qui l’entoure. Il paraît sans aucune illusion et vit dans la morosité comme si rien n’avait de sens.
Il vient d’apprendre la mort de sa mère. Il va alors vivre les contraintes liées à cet événement dans une sorte de rêve éveillé.
Il fréquente quelques amis dont Raymond, un voisin qui connaît quelques problèmes avec un groupe d’Arabes pour une histoire de femmes.
À la suite d’une rixe, Raymond est blessé par un de ces Arabes. Meursault, cédant à un désir qu’il ne comprend pas va plus tard tuer l’Arabe en question à la suite d’un enchainement aveugle de circonstances dans une sorte d’hébétude, et sans raison véritable.
La narration de Meursault est objective, telle un procès-verbal de gendarmerie, déprimante au possible laissant entrevoir l’absurdité de toute chose.
Dans un style impersonnel fait de phrases courtes et d’une grande sobriété, un style dépouillé et neutre tout en notations sèches et monotones traduisant bien l’absurde des situations, Camus accorde toujours la première place aux idées. Il se refuse à user d’une quelconque magie stylistique.
Meursault est arrêté. Il n’a pas conscience d’être un criminel et de ce fait crée le scandale aux yeux du procureur, du juge et même de son avocat. Il est un étranger dans ce monde, ignorant les valeurs conventionnelles qui donnent un sens à la vie des autres. Aux yeux des témoins et des juges, Meursault est un être insensible, inhumain, amoral.
Face au juge lui demandant s’il regrette son geste :
« J’ai réfléchi et j’ai dit que plutôt que du regret véritable, j’éprouvais un certain ennui. J’ai eu l’impression qu’il ne me comprenait pas. »
Face aux gendarmes qui l’accompagnent qui lui demande s’il a le trac avant d’être jugé :
« J’ai répondu que non. Et même, dans un sens, cela m’intéressait de voir un procès. Je n’en avais jamais eu l’occasion dans ma vie. »
Meursault est vraiment étranger à ce qui lui arrive. La scène du tribunal est quasi surréaliste, Meursault donnant l’impression que c’est un autre qui est jugé.
L’entretien avec l’aumônier dans la cellule est un grand moment du récit. Meursault condamné à mort ne peut croire en Dieu s’il n’est pas certain qu’il existe. Sa logique est implacable toujours en inadéquation avec le monde qui l’entoure. Meursault se refuse à parier comme l’eût fait Pascal pour une autre vie et préfère consacrer à cette vie ses ultimes instants avant d’être exécuté. Et il se révolte contre l’aumônier et ses certitudes d’un autre monde, avant de retrouver la paix, seul au fond de sa cellule.
« Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal, vidé d’espoir, devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore… »
Un grand, très grand roman.
Vol de nuit/ Antoine de Saint Exupéry (1900-1944)
Hommage aux pionniers de l’Aéropostale.
Plus de cinquante ans après une première lecture, je reprends en main ce livre de chevet de mon adolescence. Saint-Exupéry a toujours fait partie de mon univers et ce récit évoque une époque où le vol de nuit n’en était qu’à ses balbutiements.
En effet, faire face au « perfide mystère de la nuit » (Gide) devenait alors un hasardeux défit où d’impalpables périls faisaient partie du vol. Ce fut une période héroïque et l’épopée contée dans ce livre illustre bien cette époque pionnière de l’aviation civile et plus particulièrement de l’Aéropostale, où la noblesse dans le « surpassement de soi qu’obtient une volonté tendue » et inflexible était de tous les instants.
Le bonheur de l’homme est-il dans la liberté ou dans l’acceptation d’un devoir ? C’est aussi le thème de la réflexion de Saint-Exupéry dans ces lignes magnifiquement écrites dans un style concis, simple, poétique et elliptique.
« Aimez ceux que vous commandez ; mais sans le leur dire » dit Rivière, un personnage charismatique organisateur en chef du réseau de collecte aérienne du courrier au Chili et en Argentine. C’est toute la subtilité dans les relations humaines qui est évoquée aussi. Rivière, un homme prêt à prendre tous les risques pour faire vivre l’aéropostale.
Pellerin, Rivière et l’inspecteur Robineau : trois hommes qui doivent conjuguer la connaissance des hommes et le respect du règlement :
« Ne permettant pas aux hommes de se réjouir d’un temps bouché, comme d’une invitation au repos, Rivière les tenait en haleine vers l’éclaircie, et l’attente humiliait secrètement jusqu’au manœuvre le plus obscur. »
Et Fabien faisant face à l’orage et la tourmente en Patagonie navigue à la boussole au cours d’une nuit sans rivage avec une heure de carburant restant… et il pense :
« … à l’aube comme à une plage de sable doré où l’on serait échoué après cette nuit dure. Sous l’avion menacé serait né le rivage des plaines. La terre tranquille aurait porté ses fermes endormies et ses troupeaux et ses collines… S’il pouvait, comme il nagerait vers le jour.
Et Rivière toujours sur la brèche se veut le défenseur absolu des vols de nuit. Sa devise : « Les échecs fortifient les forts. » Pour lui, si la vie humaine n’a pas de prix, nous agissons toujours comme si quelque chose dépassait, en valeur, la vie humaine… Mais quoi ? Il se demande ce qui resterait d’une civilisation puissante, sans les pierres…
« Au nom de quelle dureté, ou de quel étrange amour, le conducteur de peuples d’autrefois, contraignant ses foules à tirer ce temple sur la montagne, leur imposa-t-il donc de dresser leur éternité ? »
Et Fabien qui dérive, monte vers les étoiles, cherche la lumière, erre, infiniment riche de myriades d’étoiles, mais condamné perdu parmi les constellations.
« Le but peut-être ne justifie rien, mais l’action délivre de la mort. »
Un livre unique dans la littérature française. Un beau livre.
Voyage au bout de la nuit/ Louis Ferdinand Céline (1894-1961) Prix Renaudot 1932
La Grande Guerre, l’Afrique, l’Amérique et le retour en France : Ferdinand Bardamu va tout connaître et nous conter ses aventures et pérégrinations tout au long des 500 pages de ce délicieux et picaresque récit.
Des horreurs de la guerre il nous parle dans son langage imagé et cru, évoquant ses illusions perdues, lui l’innocent pacifiste qui revient brisé par ce qu’il a vécu.
Du colonialisme en Afrique, il dénonce l’immoralité et la cruauté. Militaires, fonctionnaires et commerçants se côtoient à la colonie, mais l’élément militaire est encore plus abruti que les deux autres, et bouffe de la gloire coloniale… Le gouverneur dont l’inexpiable muflerie forme le fond de la grande conversation apéritive, en prend pour son grade.
De l’Amérique, il souligne les contradictions du capitalisme. Dans ce pays où il ne faut pas être malchanceux, il tente de survivre d’expédients tout en côtoyant la généreuse Molly, une jeune prostituée.
« On se demande comment le lendemain on trouvera assez de force pour continuer à faire ce qu’on a fait la veille et depuis déjà tellement trop longtemps, comment on trouvera la force pour ces démarches imbéciles, ces mille projets qui n’aboutissent à rien, ces tentatives pour sortir de l’accablante nécessité, tentatives qui toujours avortent, et toutes pour aller se convaincre une fois de plus que le destin est insurmontable, qu’il faut retomber au bas de la muraille, chaque soir, sous l’angoisse de ce lendemain, toujours plus précaire, plus sordide. »
Et puis la France où il exerce la médecine en banlieue. Sans se leurrer.
« La médecine, c’est ingrat. Quand on se fait honorer par les riches, on a l’air d’un larbin, par les pauvres on a tout du voleur. »
Ce long voyage sur les chemins de la misère humaine touche par l’humanisme de Bardamu qui ne ferme jamais les yeux sur les pires vices des hommes et qui n’aime ni les vétilleux ni les hâbleurs.
Des soldats, des rançonnés de la vie, il met en lumière la précarité, eux les couillons de la vie, les battus, les transpirant de toujours, et les prévient que quand les grands de ce monde se mettent à les aimer, c’est qu’ils vont les tourner en saucissons de bataille.
La puissance du style atteint parfois des sommets :
« Les vieillards de l’hospice s’en allaient crachoter leurs cancans avec leurs caries d’une salle à l’autre, porteurs de petits bouts de ragots et médisances éculées. Ici cloîtrés dans leur misère officielle comme au fond d’un enclos baveux, les vieux travailleurs broutaient toute la fiente qui dépose autour des âmes à l’issue des longues années de servitude. »
Alors, parvenu au terme de ce récit d’une grande qualité littéraire, on ne peut éviter se poser la question : peut-on tenir ainsi des propos nettement racistes, xénophobes, homophobes et parfois antisémites ? Bardamu est-i

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