Au fond de ses yeux j existe, je revis
40 pages
Français

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Au fond de ses yeux j'existe, je revis , livre ebook

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Description

À l’aube de ses cinquante ans, entouré de ses amis Eric, Sandra et Corinne, Adrien, enseignant, artiste peintre, divorcé, éprouve le besoin de partir dans une errance affective et amoureuse qui lui procure une indispensable liberté mais l’enferme peu à peu dans une solitude de plus en plus difficile à supporter. Conseillé et poussé par sa meilleure amie Corinne, Adrien va s’inscrire sur un site de rencontres sur Internet. Au début il n’y croit pas, mais c’est pourtant bien par ce biais que sa vie va se trouver bouleversée. Le passé refait parfois surface pour laisser entrevoir un avenir insoupçonné. Adrien va ainsi rencontrer la mystérieuse Jeanne, et la douce et surprenante Mélanie, toutes deux différentes mais séduisantes, et Marie, petite fille autiste en quête d’existence. Ce court roman qui sent bon la Provence et l’été se laisse déguster comme un verre de rosé bien frais. L’auteur y peint avec beaucoup de sensibilité les sentiments ambigus d’un quinqua à la recherche de lui-même, désireux de rencontrer quelqu’un avec qui il pourra partager ce profond désir d’attachement, de confiance totale et d’abandon, dans le respect de l’identité et de la liberté de l’autre. La question centrale de la représentation, de l’image de soi, de la rencontre authentique avec l’autre est ici traitée avec légèreté mais à-propos. Exister dans le regard de l’autre pour se trouver soi-même, Au fond de ses yeux j’existe, je revis, tel est le refrain, de ce blues rempli de sensualité, de nostalgie et d’espoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 novembre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748371536
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Au fond de ses yeux j'existe, je revis
Jean-Luc Fabre
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Au fond de ses yeux j'existe, je revis
 
 
 
 
 
 
 
Ton sourire illumine à nouveau le salon, tu virevoltes d’un fauteuil à l’autre ; j’en ai le tournis ; un baiser dans mon cou me trouble beaucoup, tu le sens bien et tu récidives. Aïe ! La ligne jaune va être franchie ; j’ai envie d’écouter Imagine  de John Lennon ; je te prends dans mes bras et nous dansons avec une intense émotion ; encore un baiser dans mon cou, un autre sur ma bouche affamée, tes seins tendus contre mon torse ; je perçois ton émoi, mon trouble s’intensifie. J’ai peur que ça aille trop vite pour toi : « Attends, me dis-tu, laisse-moi encore un peu de temps ! » c’est toi qui accélères et tu me demandes de ralentir ! Je cherche le frein à main. Impossible de le trouver !
Il faut que tu ailles fumer une cigarette dehors !
 
 
Et depuis deux semaines, plus de nouvelles.
 
 
Sur une chaise du salon, ta veste attend sagement. Parfois elle me parle de toi, de ce que tu es en train de faire ; j’ai l’impression qu’elle te connaît bien la coquine ! Grâce à elle je m’évade vers toi.
Je t’imagine… En ce moment, tu t’occupes de tes fils, c’est l’heure du petit déjeuner ! Tu ris et tu chantes : suis-je encore dans tes pensées ?
 
Mardi matin, 8 h 35. Mon portable sonne, il affiche « Véronique ». Tu m’as laissé un message pour me dire que tu m’adores, tu me trouves merveilleux, tu aimes être avec moi, mais tu as tes enfants et un mari auxquels tu tiens toujours beaucoup ; surtout tu ne veux pas détruire ce que tu as construit avec eux, tu ne veux pas tout remettre en question ; j’en souffre, mais je te comprends, moi qui ai vécu cela voici quelques années ; j’étais alors du côté du mari trompé, « abandonné ». Véronique, tu as raison, prends le temps. D’autant que l’on ne se connaît pas vraiment ; sais-tu exactement qui je suis, ce que je désire vivre ? Sûrement pas, puisque moi-même je l’ignore ! Je commence à peine à savoir ce que je ne veux plus vivre à l’aube de mes cinquante ans, j’éprouve un grand besoin de tendresse, d’émotions fortes et nouvelles, le désir de goûter et de partager des plaisirs multiples et variés, de sortir de ma routine dévastatrice, de m’échapper vers l’inconnu ; et en même temps de vivre une relation calme et sereine, dans la confiance et la fidélité. Tu vois je suis toujours aussi ambivalent !
 
 
Le lendemain matin, au seuil de ma porte, tu es restée figée, tu as mis un long moment avant de sonner ; pourquoi tant d’émotions ? Tu me dis à nouveau que tes sentiments pour moi sont très forts et très profonds, que tu n’as jamais éprouvé rien de tel auparavant. Tu me dis encore que ça te fait peur, que tu « ne veux pas démolir tout ce que tu as bâti : ta vie de couple et de famille ». Mais le désir te pousse vers moi, tu as du mal à lui résister. Tu es aussi claire que moi, aussi contradictoire !
Tu me répètes tellement de choses dans le désordre que je ne sais plus où j’en suis. Je suis perdu, dans l’espace et dans le temps. Je sais seulement que tu me troubles, que lorsque tu es près de moi, mon corps s’électrifie. Envie de te prendre dans mes bras, de te cajoler comme une enfant que tu n’es plus, envie de t’embrasser longuement ; désir de chavirer avec toi dans l’autre monde ; envie folle de plonger dans l’eau tiède de nos désirs.
Mais il faut bien que je l’accepte : tu n’es pas libre, ni dans ta tête ni dans ton corps.
« Adrien, ne m’en veux pas ! Je te demande pardon de ne pas être capable d’assumer mes désirs », me dis-tu à nouveau.
Je ne comprends plus, que cherches-tu alors ? J’étouffe dans cette maison tout à coup trop petite et trop sombre ; je sors de chez moi sans savoir où je vais. Besoin de m’aérer ! Je marche dans la rue comme un fantôme, mes pieds ne touchent plus terre.
Au bar « Le Provençal » je retrouve Éric, Corinne et Sandra. Éric, trente-deux ans, avec son costume trop étroit, ses chaussures noires trop pointues qui lui compriment les orteils. Corinne, jolie brune, aux cheveux longs, ondulés. Corinne et son rire éclatant si communicatif !
Sandra, la taciturne, sa peau dorée, et ses yeux bleus, délavés, comme s’ils venaient de pleurer. Ils ont l’air de bien s’amuser tous les trois.
« Allez, Adrien, viens avec nous te chercher une femme ! »
Corinne a posé son ordinateur portable devant elle, entre deux verres de bière, elle me montre ce qu’ils sont en train de regarder : une liste de noms ou plutôt de pseudonymes, et quelques portraits :
 
— C’est un site de rencontres de célibataires, précise-t-elle, c’est très sérieux tu sais ! J’y suis inscrite depuis un mois et j’ai déjà trouvé deux hommes super !
 
— Et tu les as déjà rencontrés ?
— Non, pour le moment on n’a fait que s’écrire des messages ! On s’est envoyé une photo, on s’est même téléphoné.
Mon scepticisme grandit à mesure qu’elle décrit ses aventures…
— Je ne comprends pas que tu fasses ce genre de chose Corinne ! Tu n’as pas peur de tomber sur un malade mental ou un pervers ? Ou même un type qui en a après ton argent ?
 
Corinne, trente ans, est la directrice d’une importante agence de voyages, mais aussi une artiste peintre que j’ai rencontrée il y a un an lors de mon dernier vernissage, à Aix en Provence.
— Arrête, Adrien ! Tu vois toujours le pire ! Tu me fatigues avec ton pessimisme chronique ! Respire un grand coup et viens boire avec nous !
— Au fait, et toi tu en es où avec Véronique ? me demande Corinne.
 
— On s’est plantés ou plutôt elle m’a plaqué, c’est fini avant d’avoir véritablement commencé ; pourtant j’étais sûr que notre attirance l’un pour l’autre était irrésistible ! Mauvaise pioche ! Véronique a appris à être raisonnable ; il lui manque ce petit grain de folie qui parfois nous entraîne vers l’inconnu, vers ce que l’on ne maîtrise plus. On appelle ça une aventure.
— Allez, Adrien, viens t’asseoir à côté de moi, ta vieille amie va te consoler !
Je m’assois à côté de Sandra, sur le seul fauteuil encore au soleil. J’aime le soleil de septembre, il est plus doux, plus câlin, moins violent qu’en juillet. Sandra, quarante-sept ans, deux enfants tyranniques, un mari gentil, mais un peu ennuyeux, qu’elle a trompé deux fois
— Tu vas voir, Adrien, je vais te booster, comme d’habitude !
Elle s’y connaît en ruptures brutales, en relations compliquées, en relations cassées avant même d’avoir commencé.
— Tu sais, Adrien, il vaut mieux que ça se passe aujourd’hui que dans six mois, tu souffriras moins.
Pendant que Sandra s’applique à me réconforter, Corinne continue à faire défiler des portraits de princes charmants, en faisant des commentaires enflammés ou sarcastiques :
— Regarde celui-là Sandra, il a l’air sérieux comme un pape ; remarque, c’est plutôt ton genre que le mien ! Elle se met alors à lire son annonce : « Divorcé depuis un an, j’en ai vraiment assez d’aligner des conquêtes d’un soir, j’aime les voyages, les soirées entre amis ; je cherche une femme de mon âge ou plus jeune, avec qui j’établirais une relation stable, sincère et durable. »
— Tu as vu, il est cadre commercial ; regarde son profil : il habite à Toulon ; il est divorcé, il a un enfant ; il gagne cinquante mille euros par an et on a soixante-dix pour cent d’affinités, c’est pas mal non ?
— Soudain, Corinne fait une moue dubitative et déclare solennellement, avec force :
— Non, mais moi je n’ai pas envie de me taper l’enfant d’un autre ! Je veux un homme pour moi toute seule. Ce n’est même pas la peine de continuer !
Éric qui commençait à se prendre au jeu l’encourage ardemment à continuer :
— Si ! Allez, regarde plus loin son profil détaillé : il veut avoir des enfants (un ou deux) mais accepterait de rencontrer une femme qui n’en veut pas.
Ses loisirs préférés : les randonnées, jouer de la guitare, aller au cinéma, au théâtre. Sport préféré : le football.
— Ah non ! Je n’ai pas envie de me taper en plus les soirées foot avec les copains de monsieur pendant que moi je m’occupe des marmots ! D’abord est ce que j’ai envie d’en faire moi aussi des enfants ? C’est vrai ça, quand j’ai rempli le questionnaire, la première fois, j’ai écrit que je voulais en avoir deux ; mais je me pose la question maintenant que l’échéance approche. Je me dis que ce n’est pas la priorité, que ça pourra bien attendre.
— Tu vois Adrien plus j’avance dans mes recherches et plus je suis amenée à préciser ce que je veux vraiment. Regarde ! Il aime les voyages les sorties en voilier, il adore le rock, il aime bien aller au restaurant et il est fumeur, comme moi ; bon, je vais quand même lui écrire, j’aime son pseudonyme : « Acapulco 707 ». On verra bien ! Pour les enfants, peut être que je changerai d’avis ou bien ce sera lui ! On fera d’abord nos voyages et après on verra ! Moi qui passe mes journées à vendre des voyages magnifiques aux autres, je vais bien en trouver de beaux pour nous deux !
Sandra écoute son amie avec beaucoup d’étonnement et lui demande :
— Vous vous êtes dit des choses intimes ?
— Oui, nos discussions commencent à être plus personnelles et profondes.
— Moi, je ne pourrais pas dire des choses intimes à quelqu’un que je n’ai jamais vu ! Juste une photo, ce n’est pas grand-chose !
Corinne acquiesce tout en ajoutant :
— C’est vrai que ce n’est pas facile ; mais d’un autre côté, au contraire, comme c’est anonyme, on ne se dévoile que progressivement, chacun à son rythme et finalement on arrive à se dire des choses qu’on ne pourrait sans doute pas

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