Au nom du Mâle !
30 pages
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Au nom du Mâle ! , livre ebook

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Description

Ce recueil contient deux nouvelles qui traitent des problèmes liés au genre sous le ciel africain. Les deux personnages féminins y exposent des images complexes de la réalité socio-togolaise contemporaine.
La première histoire est une énigme. Une femme aux manières bourgeoises s’établit comme malade mentale dans un quartier de Lomé. Personne ne sait d’où elle vient, mais elle sera vite adoptée par les habitants. Ses problèmes deviennent un sujet collectif.
La deuxième histoire raconte la séparation de deux jeunes gens de milieux défavorisés. Akpéné aime son petit ami, qui est d’ailleurs la seule personne à lui faire accepter sa différence de peau. Ils rêvent d’une vie amoureuse jusqu’au jour où la peau d’Akpéné doit être mise à prix.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 août 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414257652
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-25766-9

© Edilivre, 2018
Dedicace

Pour Olashade
Le mystère des vies
Ce furent les enfants du quartier Xedzranawoe qui avaient été les premiers à remarquer que le ventre de Tanti Kaletta était devenu anormal. Ils la connaissaient bien. Elle passait ses journées à arpenter la grande route qui partait du marché de cette agglomération pour aboutir à l’aéroport de Lomé. Ils la suivaient par moment, quand ses pieds craquelant se hasardaient à longer les grands murs lézardés qui délimitaient la paroisse Christo Risorto. Curieux et fouineurs, leurs pas croisaient les siens qui, par moment, s’aventuraient, dans l’enceinte dudit centre liturgique. Il arrivait aussi qu’ils l’aperçoivent écroulée à la sacristie, toujours devant la même statue : celle de La vierge Marie drapée en bleu ciel tenant avec douceur son fils.
« Comment vas-tu Tanti Kaletta ? » l’apostrophaient-ils toujours, ces gamins. À cela, elle montrait d’abord ses dents pendant un moment, sans laisser échapper un brin de sourire, et, d’un ton psalmodique, elle récitait son credo : si tu fais du bien, tu le fais à toi-même. Si tu fais du mal, tu le fais à toi-même .
Ensuite, elle refermait la bouche sur ses dents d’une blancheur inexplicable, regardait le ciel un instant, puis dépassait ses interlocuteurs, tout en laissant à leurs narines puériles cette odeur fétide propre aux fous qui peuplent les rues de Lomé. C’était toujours la même réponse ; l’unique énoncé que tout le quartier lui connaissait. Cet énoncé avait paru énigmatique au début. Avec le temps, personne ne cherchait plus à en percer le mystère. Peu importe le nombre de fois que les enfants rencontraient Tanti Kaletta, ils lui posaient toujours la même question, tout en connaissant la réponse à l’avance.
On ne pouvait non plus se rappeler le jour où elle fit sa première apparition dans le quartier. Elle était là ; c’est tout. Inconsciemment, elle comptait aussi bien que tout objet et personne qui faisaient la spécificité du lieu. À un moment donné, Il avait fallu lui trouver un nom d’appropriation. Un nom assez simplet mais assez caractéristique qui pouvait la distinguer des autres fous désagréables. Elle était certes déréglée , mais elle ne dérangeait personne. Personne non plus, ne l’incommodait dans son monde inconnu. C’étaient encore eux, les enfants du quartier, qui lui trouvèrent ce nom : Ils la surnommèrent Tanti Kaletta.
Tanti, fait référence à ses traits physiques. Ils indiquaient qu’elle avait bel et bien dépassé la mi-trentaine ; donc théoriquement, elle pouvait être leur tante à tous. Ils y ajoutèrent Kaletta vu qu’elle arborait les dimanches un aspect singulier qui leur rappelait une scène d’une pièce de théâtre dans laquelle la figure principale, le torse noir, le visage blanchi par la craie, récitait bêtement à chaque interpellation : « Kaletta, Kaletta, gbo ! »
En effet, les jours du Seigneur, elle prenait soin de saupoudrer outrageusement son admirable visage d’une grande pluie de talc avant de pénétrer le lieu du culte. Personne n’a jamais compris pourquoi. Au début, certains théoriciens du coin avaient voulu déceler un mystère dans ce geste anodin. Avec le temps, tout le quartier s’habitua à son aspect des dimanches.
Tanti Kaletta, en tant qu’individu, était une femme svelte, à l’allure sûre et aux hanches infiniment bien...

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