Beau Soleil
170 pages
Français

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Beau Soleil , livre ebook

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Description

Histoire, société, amour et magie se mêlent pour brosser le tableau d’un village du Poitou à travers l’histoire de quatre frères, quatre destins, au lendemain de la Première Guerre mondiale.
Antoine, le plus jeune, parti avec ses frères, n’en reviendra pas. Sa mère ne s’en remettra jamais, malgré le retour d’Aristide, Gustave et Arsène. Mais les jeunes hommes, comme tous ceux qui ont connu les champs de bataille, n'en ressortent pas indemnes. Ils ont assisté à trop d’horreurs et n’envisagent plus leur vie de la même façon. Les traditions leur pèsent. Si Aristide accepte de suivre le chemin de ses parents, les deux autres veulent prendre leur existence en main.
Dans cette période de renouveau, où tout semble possible, les ambitions personnelles s’opposent au sens du devoir. La famille se déchire, le choc des générations est violent.
Entre rêves et désillusions, la vie est rude à la campagne et chacun devra faire face aux épreuves du destin.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414039661
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-03964-7

© Edilivre, 2017
Prologue
Certaines histoires restent enfouies longtemps dans les cœurs, et puis un jour elles s’imposent, comme surgies d’elles-mêmes.
A Beau Soleil le temps s’est arrêté.
Pendant de longues années j’ai fui ce lieu trop habité.
Un matin j’ai rouvert la porte de chêne.
Lucie, Martial et Justin n’étaient plus là.
Reviendraient-ils un jour ?
Clémentine se tenait près de la cheminée. Comme toujours, comme avant.
Jamais elle n’a quitté Beau Soleil. Comment son âme pourrait-elle s’échapper ?
Elle m’a souri… Enfin je pouvais raconter.
I Saint Jean 1924
Le Feu avale tout.
Meubles en bois, bon combustible, lits aux draps de lin cousus main, jolies gravures, photos du mariage et de la famille.
La cheminée a disparu, fondue au cœur des étincelles.
Il faut les voir tous ces gens, paysans, fermiers et journaliers, jeunes et vieux qui charrient d’improbables seaux d’eau, tellement dérisoires et inutiles. Mais on veut tous y croire, se battre sur cette terre poitevine si dure aux mains et aux cœurs. On veut repousser l’ultime malheur, celui qu’on n’attendait pas, celui qui n’aurait jamais dû arriver.
Je me souviens : les cris, les flammes, l’odeur et surtout la terreur et la colère qui habitent Gustave. Plus que la colère encore, cette haine qui le précipite dans l’enfer. Il s’y jette éperdument, suivi à une demi-seconde près par son frère.
– Gustave ! Arsène ! Non ! C’est trop tard !
Et, prenant les autres à témoin.
– Arrêtez-les ! Ils vont mourir !
Soudain Clémentine se tait… Sans doute elle vient de réaliser que si c’était elle, là-dedans…
Car dans les flammes il vit beaucoup plus que les meubles et les souvenirs.
Berthe et Louise.
Aucune ne répond aux appels. Aucun signe de vie depuis ce terrible hurlement qui a arraché les habitants du village de Saint Jean à leurs travaux. On le saura plus tard, c’est Berthe, la Madineau, « l’altérée » qui a mis le feu. L’âtre était bien peu garni, quelques braises et deux bouts de bois dans cette région où il est compté. Elle a voulu le ranimer, ce maigre foyer, donner un peu de clarté et de chaleur à sa Louise. L’humidité pénètre les vêtements, l’automne s’installe. Le soleil de fin Septembre ne réchauffe pas assez ses petites mains.
Et Gustave qui n’est pas là – comme toujours – a-t-elle pensé.
Oh ! bien sûr il a des occupations… Il faut travailler et travailler encore pour le faire vivre, ce maudit commerce.
* * *
Ils ont acheté le Café situé au cœur du village de Saint Jean. Il trône au milieu du carrefour qui traverse l’ancienne voie romaine. D’aucuns disant que là, précisément, aurait existé un camp romain.
L’enseigne toute neuve encore étale ses lettres en italiques rouges sur le fond vert. Le tout a été peint à la main par le père de Gustave, Léopold. Et la devanture est attirante. Les trois portes qui ouvrent respectivement sur le bar, l’épicerie et l’espace privé de l’immense cuisine vous invitent à entrer pour partager des moments de repos et de bonne humeur.
En face, au bord de la route, la salle destinée à accueillir des banquets occupe un superbe et grand bâtiment neuf dressé sur un beau terrain.
Dehors, par derrière, dans le jardin, sous les pruniers, les pommiers et les poiriers, on installe des tréteaux et des bancs pendant les jours d’été.
Le vaste potager, à sa droite, regorge de tomates, de haricots verts, jaunes, ou secs qu’on appelle les mojettes, de pommes de terre, de concombres, de cornichons, d’aubergines, de melons et autres trésors…
Derrière le bar, Gustave et Berthe disposent d’une grande réserve. Elle sert aussi, et c’est bien plus passionnant, de Grotte des Mille et Une nuits à leur petite fille qui se délecte des cachettes qu’elle y déniche chaque jour. A trois ans, elle suit partout son père, qui se prête au jeu.
– Louison ! Où tu te caches ? Où tu as disparu ?
Quand elle ne répond pas, et c’est toujours le cas, il menace d’une voix qui monte d’abord dans les aigus pour se perdre dans des timbres caverneux :
– Gare à toi, pauvrette ! Je vais t’envoyer le dragon de Chizé ! Tiens, je l’entends, je le vois qui arrive là !… Il est devant la porte !
Louise éclate toujours de rire car son père ne l’a jamais terrifiée avec cette vieille légende qui raconte que, dans la forêt de Chizé, régnaient deux dragons. L’un possédait sept têtes. Au cours d’un combat gigantesque, il fut tué par celui qui n’en possédait qu’une, mais qui savait sûrement mieux se servir de son unique cervelle ! A la place est apparu un chêne à sept troncs qu’on peut toujours admirer.
Pour le dragon, je ne peux rien jurer, mais on me l’a tellement décrit… Des yeux rouges – comme il se doit – des ailes géantes, des écailles vertes et gluantes, sept langues plus longues que des liserons sauvages et qui pouvaient vous attraper en un rien de temps pour vous accrocher dans les arbres ou vous envoyer valser dans les étoiles. Et surtout une haleine si puante que l’on en mourait si on la respirait.
Mais personne ne m’a jamais raconté ce qui se passait si on cessait de respirer ?…
Donc Louise n’a jamais craint le dragon, elle se contente de sortir de sa cachette et de sauter dans les bras de Gustave qui l’empoigne et la juche sur ses épaules, traverse le café en riant et la ramène à sa mère avant de retourner servir ses clients.
Et ils viennent toujours plus nombreux, les clients. Ici on les écoute sans se lasser, au besoin on sert de confidents. On amène la vie, on la mitonne et on la savoure. Le grand carrefour est le passage obligé de toute la population des environs. Elle rentre de bon cœur, c’est quand même bien toute cette nouveauté, cette jeunesse qui est venue s’installer. Pour en arriver là on n’a pas renâclé à la tâche.
La maison est immense avec ses couloirs, ses deux escaliers, ses bâtiments. Il faut passer les commandes, tenir les comptes, servir encore et toujours au café ou à l’épicerie qui voit défiler les femmes et les enfants. Les femmes pour les petites nécessités de la vie quotidienne. Les enfants pour les bonbons colorés, les sucettes Pierrot Gourmand , les bâtons de guimauve, les grosses boules de réglisse noires et blanches, les caramels, les pastilles multicolores et tutti frutti qu’ils prennent le temps de choisir et qu’il faut comptabiliser centime après centime.
– Eh bah ! Mon drôle ? As-tu fini ?
Et comme l’enfant hésite toujours, elle lui fourre très vite vingt centimes de tout venant, sans lui laisser le temps de choisir et cela de plus en plus souvent. Puis elle le renvoie chez lui.
Depuis quelques mois elle ne sait plus attendre et bouscule tous les autres.
Pourtant c’est là qu’elle règne, c’est son domaine, son pré carré que cette petite pièce de cinq mètres sur trois avec son comptoir, sa caisse enregistreuse, ses rayonnages regorgeant de marchandises plus incroyables les unes que les autres. Elle a pris soin, dès le début, de se fournir chez le meilleur mercier de Melle, le meilleur épicier en gros de Lezay. Il ne manque rien et les ménagères le savent bien. Il suffit de parcourir quelques centaines de mètres à pied pour trouver l’introuvable. Plus besoin d’attendre la foire annuelle du bourg voisin pour faire provision de fil, d’aiguilles, de boutons, de dentelles, de rubans ou d’élastique.
Les tiroirs renferment les cafés en grain qu’on sert au détail. Et le gros moulin à main fait entendre son craquement retentissant quand Berthe broie le précieux trésor noir pour les clientes. Puis les pains de sucre sortent de la réserve. Elle en casse des morceaux qu’elle jette dans un papier kraft sur la balance Roberval. Sel, épices, légumes secs en vrac attendent leur tour.
L’épicerie étale aussi ses paquets de chicorée Leroux, de Banania, de Phoscao et ses boîtes de gâteaux Gondolo ou petit Lu. Quant aux sardines, elles s’empilent de façon périlleuse au-dessus des bidons d’huile de cinq litres tandis que les cirages noirs narguent la lessive Persil cantonnée à leurs côtés.
D’un autre côté l’amidon Ours Blanc côtoie la Brillantine et les Bébé Cadum enfouis dans leurs caissettes en bois.
C’est sans compter les journaux qui arrivent tôt et qui affichent leurs gros titres et leurs couleurs alléchantes. On vient acheter Le Petit Journal, Le Matin , les Photo-Revues et les illustrés pour les enfants.
Le petit commerce fait encore office de Bazar : moulins à légumes, verres de lampes, crayons à papier, cahiers d’écoliers, encre et plumes… Tout s’amoncelle dans un désordre organisé qui lui donne des allures de caverne d’Ali Baba. Berthe semble donc avoir gagné son pari, car le timbre aigrelet de la porte ne cesse de retentir.
Et, depuis peu, Gustave a pris une patente de buraliste. Petit Gris à chiquer, à priser ou à rouler, cigarettes brunes, Gauloises et maïs. Ça n’en finit plus et ça donne presque le vertige. Les étagères se remplissent de paquets à bande grise, bleue ou rouge. Blagues à tabac, pierres à briquets, chaque jour amène son quota de nouveautés. Le tabac, ça rapporte un peu, mais surtout ça fait venir les hommes qui s’arrêtent alors pour boire un verre ou deux après leurs longues journées.
Depuis quelque temps il fait des va et vient incessants entre le café et l’épicerie. D’autant plus qu’il faut servir des produits dangereux : pétrole lampant pour les lampes Pigeon ou essence conditionnée en larges bidons.
Mais Berthe sait bien qu’il ne vient pas aussi souvent pour cette seule raison.
Hélas ! Elle ne règne plus…
* * *
Au bar où les affiches de publicité pour Byrrh, Fapanis et Cinzano décorent les murs peints en vert pâle, on parle des fenaisons et des moissons, des chèvres qui donnent toujours trop peu de lait.
– On

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