Brel-Gauguin
124 pages
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Brel-Gauguin , livre ebook

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Description

Paul Gauguin : 1848-1903
Jacques Brel : 1929-1978

La rencontre fictive, intitulée « Les deux larrons » et relatée dans la première partie de ce livre, ne pouvait avoir lieu qu'aux îles Marquises où les deux artistes reposent non loin l'un de l'autre et où les « tupapa'u » (esprits des morts) hantent parfois les vallées.
De leur enfance à la fin de leur parcours, ils se racontent et, au fil de leurs vies parallèles, découvrent quelques similitudes troublantes.
La deuxième partie, « Escale aux Marquises », est composée de trois nouvelles inspirées par des anecdotes vécues par les deux hommes.
Enfin, « Fatu Iva - la carte postale » est un court récit d'un séjour de l'auteur sur cette île isolée des Marquises, où Brel et Gauguin auraient pu s'installer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 septembre 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414110278
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-11025-4

© Edilivre, 2017
Dédicace

Pour Annie, ma compagne de vie et d’aventures polynésiennes
Exergue

« Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns »
Jacques Brel
« Est-ce un pays que l’on peut voir ou bien mon rêve ? »
Paul Gauguin
Avant-propos
Paul Gauguin : 1848 – 1903 – Jacques Brel : 1929 – 1978
La première partie de ce livre : « Les deux Larrons », est consacrée à une rencontre fiction entre ces deux artistes qui ont terminé leur parcours de vie aux îles Marquises, appelées également Fenua Enata , qui signifie : La terre des hommes.
De leur enfance à leurs derniers instants, ils se racontent l’essentiel de leurs vies et se découvrent quelques points communs.
La deuxième partie « Escale aux Marquises », est composée de trois nouvelles, inspirées par des anecdotes vécues par les deux hommes. La première, intitulée : Les brouettes , a été publiée dans une première version dans le recueil Cyclone sur Bora Bora et autres histoires polynésiennes , Editions du Net, 2013. Les deux suivantes, Les machines à coudre , et Le concert sont inédites. Enfin, Fatu Iva – La carte postale , est un court récit d’un séjour de l’auteur sur cette île isolée des Marquises où Brel et Gauguin auraient pu s’installer.
Bonne lecture


Pour mettre en scène la rencontre fiction intitulée « Les deux larrons » , l’auteur a utilisé pour les dialogues, outre les sources bibliographiques situées en fin d’ouvrage, les correspondances échangées par Paul Gauguin avec : Emile Bernard, André Fontainas, Mette Sophie Gad-Gauguin, William Molard, Daniel de Monfreid, Charles Morice, Emile Schuffenecker.
Pour les dialogues de Jacques Brel, la parole publique et les nombreuses interviews données à : Europe 1, France Culture, France Inter, RTL, ainsi que des rencontres et échanges avec Dominique Arban, Maddly Bamy, Jacques Chancel, Jean Clouzet, Bertrand Dicale, Danièle Heymann, Fred Hidalgo, Patricia Parrish, Paul-Robert Thomas, Jacques Vassal.
Première partie Brel – Gauguin Les deux larrons
L’enfance
Jacques BREL : – Salut Koké. Beau clair de lune ce soir. Dis-moi, Koké, c’est bien ainsi qu’ils t’appelaient les marquisiens ? Je t’ai entendu gémir. Toujours ta jambe qui te fait souffrir ?
Paul GAUGUIN : – Salut le chanteur. Effectivement, beau clair de lune. Oui, c’est bien ma jambe et ses ulcérations, vieux souvenir de Concarneau. Tu as raison pour mon surnom, ils disaient Koké, ou coquin. Ils n’ont jamais su dire Gauguin… Toi aussi, je t’ai entendu tousser. Il est vrai qu’ici l’air est de plus en plus humide.
Jacques BREL : – Et oui, je tousse. « Le poumon, le poumon vous-dis-je » a écrit Molière…
Paul GAUGUIN : – Tu as entendu dans l’autre monde ? Tous ces fracas, toutes ces bombes ? « Ils ne savent pas ce qu’ils font, ils sont devenus fous » a écrit Walter Scott dans « les aventures de Nigel ».
Jacques BREL : – Oui, ils massacrent les hommes, ils tuent l’enfance. Tu te souviens de ton enfance ?
Paul GAUGUIN : – Je n’avais qu’un an en 1849 lorsque mon père décida de partir pour le Pérou où vivait la famille de ma mère. Il voulait y fonder un journal. Nous avons embarqué sur un navire de commerce, L’Albert . Pendant la traversée, du Havre vers Lima, mon père s’est souvent disputé avec le commandant du bateau. Il paraît qu’il trouvait ma mère à son goût… Malade du cœur, mon père était très affaibli. En Patagonie, se trouvait une petite île, un confetti au milieu de l’océan avec une petite bourgade. Nous attendions avec ma mère, ma sœur et quelques matelots, dans la baleinière qui allait nous conduire sur l’île pour faire quelques provisions. Au moment de franchir l’échelle de coupée, mon père s’est écroulé. Rupture d’anévrisme. Mort subite. Bien sûr, comme je te l’ai dit, je n’avais qu’un an et c’est ma mère qui m’a raconté toute l’histoire.
La baleinière a gagné l’île et mon père a été enterré à la va-vite dans le village de Port Famine. Drôle de nom pour un lieu de fin de vie.
Le voyage a ensuite continué jusqu’à Lima où un vieil oncle, Don Pio de Tristan nous a accueillis. Je me souviens d’un domestique chinois, du goût de la canne à sucre et du soleil qui brillait en permanence. C’est sûrement de cette période que j’ai gardé l’envie de voyages et d’exotismes.
J’avais sept ans quand ma mère fut contrainte de revenir en France, à Orléans, pour régler la succession de mon grand-père paternel. Je n’étais pas heureux. J’étais devenu un indien en exil privé de lumière. Je m’ennuyais ferme sur les bancs de l’école. À neuf ans, j’ai pensé à m’enfuir du pensionnat.
En 1859, je suis entré au petit séminaire. J’étais un élève médiocre. À 17 ans j’ai quitté l’école et me suis engagé comme matelot, sur un cargo en partance pour L’Amérique du Sud. J’étais de nouveau à la recherche de la lumière.
Et toi ? Ton enfance ?
Jacques BREL : – Enfant, je me suis beaucoup ennuyé moi aussi. À la maison, à l’école, à l’église… oui, à l’église, alors, je m’inventais des rêves.
Quand j’étais petit, j’aimais beaucoup faire du vélo de course, j’en ai fait très longtemps. J’avais un jeu parfaitement idiot et qui était parfaitement anormal d’ailleurs, je faisais des tours. J’avais trouvé une espèce de fausse piste dans les faubourgs de Bruxelles, derrière chez nous, et je roulais. Je roulais jusqu’à tomber.
Chez nous, il y avait aussi un toit plat. Je grimpais dessus et je me couchais sur le dos les bras en croix. Je regardais les étoiles jusqu’à m’étourdir, jusqu’au vertige. J’aimais regarder les étoiles. Ce n’était pas pour fuir, c’était juste pour être heureux.
J’allais m’en rendre compte plus tard, c’est pourtant à l’école, grâce à un professeur de français qui aimait la poésie et qui se tuait à nous faire comprendre que c’était une jolie chose, que j’ai eu envie d’écrire mon premier poème et ensuite ma première chanson.
Il y a un extrait dans « Le dernier poème » de Robert Desnos : « Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres / D’être cent fois plus ombre que l’ombre … », qui a dû m’influencer lorsque j’ai écrit beaucoup plus tard :
« Laisse-moi devenir.
L’ombre de ton ombre.
L’ombre de ta main.
L’ombre de ton chien… » 1
Le théâtre, c’est l’abbé Deschamps et l’abbé Lamberti à l’école catholique de Bruxelles qui me l’ont fait aimer. Il paraît que j’avais des talents d’imitateur, de comédien.
Après la crise des années trente, suite au krach boursier du 24 octobre 1929 à New York, mon père s’est associé à son beau-frère, Armand Vanneste, dans une entreprise de cartonnerie.
Je me souviens, quand j’avais douze ans, mon père m’a emmené à l’usine, dans son bureau. Il m’a fait asseoir en face de lui et m’a dit : « Voilà, c’est là que tu finiras ta vie ». C’était sinistre.
Après des années de scoutisme, j’ai rejoint un mouvement de jeunesse d’inspiration chrétienne, « La Franche Cordée », dont la devise était « Plus est en toi ». C’est là que j’ai rencontré Miche, qui allait devenir ma femme et la mère de mes enfants.
Au début, Miche n’était pas séduite. C’est vrai que j’étais complexé, je ne me trouvais pas beau.
« Faut dire qu’elle était belle.
Comme une perle d’eau.
Faut dire qu’elle était belle.
Et je ne suis pas beau… » 2
L’amour
Jacques BREL : – Lorsque j’ai quitté l’école, j’ai rejoint l’entreprise familiale où je m’ennuyais ferme tout comme à la maison. Je ne sais pas si tu as déjà vendu du carton, mais… c’est très triste…
À La Franche Cordée, j’ai rejoint un groupe de théâtre amateur qui donnait des spectacles dans les foyers et les hôpitaux et c’est lors d’une fête de fin d’année à la cartonnerie que j’ai commencé à chanter.
Après le service militaire où je chantais le soir à la cantine, j’ai retrouvé l’usine et le 20 mai 1950, le mariage civil avec Miche a été prononcé.
En 1951 notre première fille est venue au monde, Chantal, puis il y a eu France en 1953 et Isabelle en 1958.
J’en étais heureux, mais je maintiens que la paternité n’existe pas. C’est une vue de l’esprit. La maternité oui, elle existe et la tendresse d’une mère est indispensable.
Entre-temps, c’était la cartonnerie, la famille et la chanson où j’ai pu faire mes débuts dans un cabaret de Bruxelles. C’était une toute petite salle appelée « Le grenier », car elle se situait au dernier étage de l’établissement « La Rose Noire ». Ma mère Lisette partageait mes projets avec quelques amis, mais pas mon père, pour qui chanter n’était pas un métier.
Inconsciemment, je dis bien inconsciemment… où pas finalement, car je ne me sentais pas à ma place derrière un bureau, j’ai écrit dans la chanson : « Il pleut » : « Les carreaux de l’usine, moi j’irai les casser ». 3
Mon père, qui avait des ennuis de santé, n’a apparemment pas apprécié…
Si je résume mes débuts, c’est très simple. J’ai fait des études, des mauvaises études commerciales. J’ai pratiquement tout échoué. Comme mon père avait une usine de carton ondulé, il m’a immédiatement engagé comme représentant avec l’espoir que je devienne directeur. Pour en sortir, j’avais trouvé deux solutions. D’abord, l’élevage de poules et ensuite, la chanson. Pour l’élevage de poules, il fallait des capitaux et je n’en avais pas. Pour la chanson, il fallait une guitare et j’en avais une.
Paul GAUGUIN : – Moi, je suis resté longtemps à bourlinguer sur toutes les mers du monde. D’abord sur un bateau qui s’appelait Luzitano et un second qui avait pour nom Chili . J’avais le grade de lieutenant en second. C’est en mer que j’ai appris la mort de ma mère que je n’avais jamais revue.
Ensuite, j’avais 20 ans en 1868 et il a fallu que j’effectue mon service militaire dans la marine de guerre sur le navi

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