Cahiers Albert Cohen N°26
70 pages
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Cahiers Albert Cohen N°26 , livre ebook

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Description

Aucun lecteur de l’œuvre de Cohen ne peut oublier les incorrigibles bavards qui cherchent constamment à y occuper le devant de la scène. Paroles solitaires ou parole collective, parlure sociale ou monologue intérieur, parole prophétique ou langue de bois : le champ d’étude est infini. Sans prétendre épuiser le sujet, toutes les études de ce recueil explorent des aspects nouveaux ou méconnus de la parole dans l’œuvre de Cohen : parole des personnages comme « facteurs d’identification » (Jérôme Cabot), discours « intra-subjectif » (Jack Abecassis), mise à l’honneur d’un personnage “secondaire” de « beau parleur » (Antonia Maestrali), statut de la parole historique chez Cohen et Proust (Géraldine Dolléans), et traces du discours publicitaire (Claudine Ruimi)… Une étude hors dossier de Louise Noblet-César sur le statut du cycle romanesque cohénien vient compléter cette nouvelle livraison des Cahiers Albert Cohen.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 février 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782304046557
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0025€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cahiers Albert Cohen N° 26
La parole dans l’œuvre d’Albert Cohen

Philippe Zard

Éditions Le Manuscrit 2017
ISBN:9782304046557
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

Avant-propos
La parole dans l’œuvre d’Albert Cohen
De l’expérience romanesque : la parole des personnages comme facteur d’identification
L’intra-subjectivité muette, l’oralité dans Carnets 1978 d’Albert Cohen
Le personnage de Scipion dans Mangeclous : un beau parleur
Les enjeux de la parole publicitaire dans l’œuvre d’Albert Cohen
Paroles d’historiens et vérités historiques de la parole dans les romans de Proust et de Cohen
Recherche
Le cycle romanesque d’Albert Cohen
 
Du même auteur
 
Cahiers Albert Cohen n° 8, Lectures de Belle du Seigneur , 2008
Cahiers Albert Cohen n° 13, Visages d’Albert Cohen , 2013
Cahiers Albert Cohen n° 15, Ô vous frères humains , 2005
Cahiers Albert Cohen n° 16, É criture et identité : Hommages à Norman David Thau , 2006
Cahiers Albert Cohen n° 17, Albert Cohen et la modernité littéraire , 2007
Cahiers Albert Cohen n° 18, Animal et animalité dans l’œuvre d’Albert Cohen , 2008
Cahiers Albert Cohen n° 19, Cohen « humorialiste » : Hommages à Judith Kauffmann , 2009
Cahiers Albert Cohen n° 20, La folie dans l’œuvre d’Albert Cohen , 2010
Cahiers Albert Cohen n° 21, Figures de l’étranger , 2011
Cahiers Albert Cohen n° 22, Retour sur Mangeclous , 2012
Cahiers Albert Cohen n° 23, La géographie imaginaire d’Albert Cohen , 2013
Cahier Albert Cohen n° 24, Théâtralité d’Albert Cohen , 2015
Cahier Albert Cohen n° 25, Albert Cohen : la littérature à l’épreuve , 2016
 
 
Image de couverture, d’après une affiche de Marie Ferré, UMR THALIM.
Avant-propos
 

 
L’appel à communications pour la journée d’étude annuelle organisée en 2016 par l’Atelier Albert Cohen était ainsi formulé :
 
Aucun lecteur de l’œuvre de Cohen ne peut oublier les incorrigibles bavards qui cherchent constamment à y occuper le devant de la scène, de Scipion à Mangeclous, grand péroreur devant l’Éternel, en passant par Adrien, intarissable commentateur de son succès social. Le « cours de séduction à l’université de Céphalonie » dans Les Valeureu x, ou le « discours de séduction » de Solal dans Belle du Seigneur comptent sans nul doute parmi les plus longues prises de parole d’un personnage dans le roman occidental. Paroles solitaires, les soliloques d’Ariane dans son bain et de Mariette dans sa cuisine occupent un volume de pages important et sont proches par certains aspects des monologues intérieurs de James Joyce ou Valery Larbaud. Parole collective, ou communautaire, celle des cinq cousins céphaloniens qui ont instauré un dialogue perpétuel et se gorgent de mots parfois archaïques ou ronflants. Si on ne se limite pas aux romans, on constate que l’œuvre est née dans des poèmes intitulés « paroles » ( Paroles juives ) avant de se diriger vers le dialogue de théâtre ( Ézéchiel ), qu’elle a subi pendant la guerre une inflexion la conduisant d’un côté vers le choix d’une parole polémique à vocation collective et de l’autre d’une parole plus intime, voix élégiaque de l’autobiographie ( Chant de mort ). Les romans eux-mêmes sont éminemment polyphoniques et l’œuvre dans son ensemble bruit de multiples voix comme l’ont bien montré les analyses linguistiques, par exemple les travaux de Bertrand Goergen, Jérôme Cabot ou Claire Stolz.
La langue de Cohen s’inscrit aussi, par bien des aspects, dans un travail de transcription, ou de transposition, de l’oralité, celui des romanciers des années trente, époque que Jérôme Meizoz a joliment qualifiée d’« âge du roman parlant ». De ce point de vue, Cohen mérite incontestablement d’être comparé à d’autres romanciers tâchant de faire passer la langue orale dans la langue écrite, comme Queneau (voir Mathieu Bélisle), Céline (Nathalie Fix-Combe) ou Romain Gary (Annie Dayan-Rosenman). La dimension sociale de la parole, qui véhicule parfois les stéréotypes les plus dangereux (dialogue des tricoteuses) pourrait elle aussi être explorée de manière plus approfondie.
La parole des hommes engage en effet non seulement l’e thos mais le rapport à la vérité (il peut se tromper, ou mentir) de celui qui la donne. « Personne avant elle, personne après elle », déclare ainsi Solal à propos d’Ariane et cette déclaration aux allures de serment porte en elle le destin du couple. Une réflexion métaphysique, philosophique et religieuse peut ainsi s’engager (Carole Auroy, Maxime Decout) à partir des travaux de Paul Ricoeur, d’Emmanuel Levinas ou de René Girard. La question théologique n’est naturellement pas absente : quel crédit accorder à la parole divine, ne cessent de demander les essais autobiographiques, interrogeant inlassablement les textes sacrés ?
 
Les cinq études que l’on pourra lire ne sauraient épuiser, comme on peut s’en douter, un programme aussi ambitieux. Toutes, en revanche, explorent des aspects nouveaux ou méconnus de la parole dans l’œuvre de Cohen : parole des personnages comme « facteurs d’identification » (Jérôme Cabot), discours « intra-subjectif » (Jack Abecassis), mise à l’honneur d’un personnage “secondaire” de « beau parleur » (Antonia Maestrali), statut de la parole historique chez Cohen et Proust (Géraldine Dolléans), et traces du discours publicitaire (Claudine Ruimi)… Une étude hors dossier de Louise Noblet-César sur le statut du cycle romanesque cohénien vient compléter cette nouvelle livraison des Cahiers Albert Cohen.
Il faudrait souligner, pour terminer, que les deux dernières années ont été marquées par d’importantes publications sur lesquelles nous reviendrons inévitablement : celles de Maxime Decout ( Écrire la judéité. Enquête sur un malaise dans la littérature française , Champ Vallon, 2015), de Claudine Nacache-Ruimi ( Albert Cohen. Une poétique de la table , P. U. de Rennes, 2015 [1] ) et du magnifique album de Luz inspiré d’ Ô vous, frères humains (Futuropolis, 2016) auquel le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme vient de rendre un hommage mérité.

 
Footnotes ^ Pour les amateurs de gastronomie littéraire, gardons-nous d’oublier la parution d’ À table avec Albert Cohen. Cuisine sépharade de Corfou… à Marseille, éd. Non Lieu, 2015.
La parole dans l’œuvre d’Albert Cohen
 

 
 
De l’expérience romanesque : la parole des personnages comme facteur d’identification
 

 
Jérôme Cabot
 
Chez Albert Cohen, la parole des personnages romanesques est un facteur déterminant dans la réception que le lecteur a de l’œuvre, dans son immersion fictionnelle, dans le jeu de l’illusion référentielle, et dans la portée éthique et agissante du texte. La mise en scène des discours opérée dans la tétralogie génère une identification mobile du lecteur, à la fois aux personnages locuteurs et auditeurs [1] .
Parler d’identification suppose que l’on considère le lecteur en tant que lisant , tel que le définit Vincent Jouve, « part du lecteur piégée par l’illusion référentielle et considérant, le temps de la lecture, le monde du texte comme un monde existant » . Le lisant appréhende le personnage « comme une personne évoluant dans un monde dont lui-même participe le temps de la lecture » [2] . Comme dans la vie extra-romanesque, l’empathie joue notamment sur le code culturel [3] , c’est-à-dire les valeurs extratextuelles, l’idéologie, l’axiologie, et sur le code affectif [4] , dont le principe central est la proximité et l’identité : « Notre sympathie à l’égard de quelqu’un est proportionnelle à la connaissance que nous avons de lui […]. Plus un personnage est individualisé, plus il se rapproche de mon statut existentiel. » [5] .
D’

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