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Description
Sujets
Informations
Publié par | Ligaran |
Nombre de lectures | 45 |
EAN13 | 9782335065084 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
EAN : 9782335065084
©Ligaran 2015
NOTE DE L’ÉDITEUR
Saynètes et monologues , édité par Tresse de 1877 à 1882, regroupe six volumes de textes courts en vogue dans le Paris des cercles littéraires d’avant-garde comme dans les soirées mondaines. Un répertoire de dialogues, monologues, saynètes, comédies et opérettes portés à un art véritable dont la modernité apparaît avec évidence et dans lequel se côtoient Charles Cros, Paul Arène, Nina de Villard, Charles de Sivry, Théodore de Banville, Eugène Labiche, Charles Monselet ou encore Villiers de L’Isle Adam.
Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Saynètes et monologues que nous avons choisi de vous faire connaître. De nombreux autres titres rassemblés dans nos collections d’ebooks, extraits de ces volumes sont également disponibles sur les librairies en ligne.
Ce monsieur !
Comédie en un acte
de Quatrelles
Un salon. – Porte au fond. – Porte à droite conduisant chez Madame. – Porte à gauche conduisant chez Monsieur. – À gauche, une cheminée. – À droite, une table. – Sur la table, une lampe.
Personnages
MONSIEUR, agent de change : 50 ans.
MADAME : 38 ans.
MADEMOISELLE : 18 ans.
Scène première
Monsieur, Madame, Mademoiselle.
Au lever du rideau, Madame et Mademoiselle brodent, assises auprès de la table. – Monsieur dort dans un fauteuil, au coin du feu. – Silence de quelques instants que Monsieur trouble seul par des ronflements discrets et intermittents. – À chaque reprise, Madame essaie en vain de cacher son indignation que trahissent des haussements d’épaules, des regards blancs tournés vers le plafond.
MADAME
Et c’est tous les jours la même chose. Voilà comment se passent nos soirées.
MADEMOISELLE
Papa se fatigue beaucoup à la Bourse ; il a bien le droit de se reposer un peu.
MADAME
Tout ce que dit ton père, tout ce que fait ton père est irréprochable. C’est convenu.
MADEMOISELLE
Il y a une demi-heure à peine que papa a fermé les yeux.
MADAME
Une demi-heure ! Il y a des mois, il y a des années qu’il dort, Monsieur ton père. Il ne rentre pas pour autre chose. Il faut que cela finisse !
MADEMOISELLE, À part
Il y a de l’orage dans l’air.
MADAME
Allons, Mathilde, plie ton ouvrage et couche-toi.
MADEMOISELLE
Mais, bonne mère, il n’est que dix heures.
MADAME
J’ai à causer avec ton père.
MADEMOISELLE
J’obéis, puisqu’il le faut. (Elle embrasse sa mère.) Bonne nuit, (À part.) Que peut-elle avoir à lui dire ?
Mademoiselle se dirige du côté de son père. – Madame la suit des yeux.
MADAME
Où vas-tu ?
MADEMOISELLE
Embrasser papa.
MADAME
À quoi bon… puisqu’il dort.
MADEMOISELLE
Il m’en voudrait si je lui volais son baiser du soir. Il m’aime tant !
MADAME
Ne dirait-on pas qu’il n’y a que lui qui t’aime ici ?
MADEMOISELLE
Vous m’aimez bien, tous les deux.
MADAME
Moi surtout.
MADEMOISELLE, souriant
Toi surtout.
Elle embrasse de nouveau sa mère, et s’approche doucement de son père qu’elle baise sur le front.
MONSIEUR, se réveillant en sursaut
Qu’est-ce que c’est ?… La rente ?… Elle ferme à 63,65. – Tiens, c’est toi, chère enfant ? J’ai cru que c’était mon caissier.
MADEMOISELLE
Comment ! comment !… ton caissier ? Est-ce qu’il t’embrasse, comme je viens de le faire, lorsqu’il te rend ses comptes ?
MONSIEUR
Ah ! mais non !
MADEMOISELLE
Je t’y prends, toi qui soutiens que tu ne dors jamais après le dîner.
MONSIEUR
Je ne dormais pas. Je ferme les yeux et me recueille, voilà tout. J’ai entendu tout ce que vous avez dit.
MADAME
Cela peut s’appeler avoir l’oreille fine. Nous avons respecté votre… recueillement. J’ai lu et brodé pendant que Mathilde achevait son ouvrage et que vous nous faisiez de la musique. Embrassez votre fille, j’ai à causer avec vous.
MONSIEUR
Est-ce qu’il ne serait pas temps d’aller dormir ?
MADEMOISELLE
Décidément, le sommeil vient en dormant, comme l’appétit vient en…
MADAME
Ce que j’ai à vous dire est très sérieux.
MONSIEUR
Tant pis !
MADAME
Laisse-nous, Mathilde.
MONSIEUR
Bonne nuit, chère fille. Dors bien, puisque, par bonheur pour toi, on n’a encore rien de sérieux à te dire.
Mademoiselle sort par le fond.
Scène II
Monsieur, Madame.
MONSIEUR
Eh bien ?… nous voilà seuls. Qu’avez-vous de si important à me révéler ?