Chiralité
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Chiralité , livre ebook

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Description

L'odrre des letters dnas un mot n'a pas d'ipmrotncae, la suele coshe ipmrotnate est que la pmeirère stoi à la bnnoe pclae. Le rsete puet êrte dnas un dsérorde ttoal. Le creaveu hmauin ne lit pas chuaque ltetre elle-mmêe, mais le mot cmmoe un tuot.
Néanmoins, cette faculté projetée sur un monde chiral, bâti sur de faux semblants, sur des informations reconstituées et des mensonges asymétriques peut éventuellement nous jouer des tours. Discerner le vrai du faux devient naturellement moins évident. Akybou Déla et ses trois compagnons se heurtent à cette machination à travers l'écheveau de leurs pérégrinations. Réussiront-ils à trouver le bon côté du miroir ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 mars 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332678188
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-67816-4

© Edilivre, 2014
Chapitre 1 Moi, Akybou Déla
Je m’appelle Akybou Déla, je suis né à Nzi-Bokro, un petit village à soixante-dix kilomètres au sud de la capitale Yamoussoukro, érigé sur les hauteurs d’une des plus riches collines ivoirienne. Mon village abritait environ cinq mille habitants, descendants de cinq grande familles. Djezou, Tola, Tanoh, Saraka et Déla.
Comme dans de nombreux pays africains, la flore est grandement respectée. Il y a encore cinquante années, c’était notre seule source de survie, avant que le code-barre n’atteigne notre contrée. Malgré tout, notre esprit conservateur a pu protéger quelques vieilles traditions. Certaines d’entre elles remontent au début du dix-huitième siècle. En ces temps, notre rivière qui dévale le long des collines Nzi-Comoé a été proclamée sacrée. Les pèlerins déboulaient de partout, savourant ses eaux et raffolant de ses bontés. Les sages du village disaient qu’avant cette époque, notre ciel et notre mère nature étaient moins généreux à cause des batailles et des effusions de sang qui ont ocré notre sol. Ils ont ajouté que nous devrions nous réjouir de toutes leurs récentes prodigalités. D’après leurs dires, la rivière sacrée ne chargeait ses eaux qu’en période de paix. C’est en ces conditions seulement qu’on avait le droit de cultiver nos plaines et recevoir la bénédiction de Pondo .
Pondo est un éléphant très particulier. Autrefois nous mettions en commun les plaines et les eaux avec le troupeau d’éléphants qui traversait la rivière, migrant ainsi vers le nord pendant la saison des récoltes. Interdiction de goûter aux fruits et légumes avant la fête de N’gattana, et avant que le premier éléphant à franchir la rivière n’y goûte lui même. Cet éléphant là est Pondo. Cinq paniers égayés de couleurs, attifés de fruits et de légumes sont entreposés tout le long de la rivière pour lui. La vieille femme commence par prononcer quelques prières, ensuite, c’est l’attente. Nos grands-parents faisaient le pied de grue durant des jours, voire des semaines. Le geste de l’éléphant avait une double signification, il annonce le commencement de N’gatta et des festivités et élit le nouveau chef du village. Le chef de famille dont le panier a été choisi par Pondo . Les autres chefs de familles complètent le cercle des sages du village. Cette liturgie symbolise le respect mutuel liant l’homme, la terre et l’animal fétiche. Il reste encore le totem du village, même si ce sacrement a été délaissé à la fois par l’homme mais aussi par les éléphants qui ont déserté les zones habitées. Non qu’ils craignent les villageois, mais par peur de l’homme en général, particulièrement avide de leurs défenses. L’élection du chef du village avait changé depuis. Devenue fade et fastidieuse, elle se déroulait à huit-clos entre les chefs de familles. La seule contrainte est que le vote doit se faire à l’unanimité. Pendant cinquante années, le chef du n’était autre que mon père. Molosan Déla, le plus jeune leader de l’histoire du village. Son courage durant les combats qui ont soulevé le pays en 1959 a séduit les villageois et lui a garanti sa position. Sa légende le poursuivait partout où il se rendait. Les personnes qui le connaissaient affirmaient qu’il avait réussi à lui seul, à sauvegarder sa communauté en devinant la marche des patrouilles et en déplaçant continuellement nos gens. Le soir, pendant que ces derniers se cachaient, mon père partait alors avec trois ou quatre hommes pour chercher les vivres. D’après ce qu’on racontait, mon père aurait été foudroyé par une vision le rendant muet jusqu’au jour où le cesser-le feu fut instauré. Les troupes de soldats devaient regagner Abidjan. Celles qui dévalaient du nord n’avaient de choix que de camper pour la nuit, en tenant compte du terrain hostile, et obscurément vertigineux. Cette nuit là, mon père et la vieille dame, accompagnés des chefs de famille avaient déserté le refuge provisoire pour n’arriver qu’en milieu de matinée. Personne ne saura ce qui s’était réellement passé. Les spéculations enflaient au fils du temps. L’impact de ce secret a bien plus rendu service aux habitants qui ont regagné leurs demeures ne pensant qu’à élucider le mystère, dépistant le parcours de leurs héros. La dizaine de jours de cavale tomba dans l’oubli. Certains disent que leurs sauveurs ont exécuté tout un bataillon, d’autres prétendent qu’ils ont seulement pris la peine d’inspecter le village, les plus inspirés ne voyaient pas l’utilité de la vieille pour cet exercice. Pour eux c’est logique, la sorcière a grisé une bande émoustillée de soldats, avant d’en faire… À chacun sa songerie.
Toutefois, la transmission du pouvoir de la vieille a fidèlement été épargnée de l’usure du temps. Cette succession s’opère de génération à l’autre, de mère à fille, ou de mère à nièce. La vieille dame prend toujours place au conseil, c’est aussi la voix la plus cotée quand il y a divergence. Elle est avant tout une guérisseuse. Grâce aux herbes qu’elle entretient, elle peut venir à bout des troubles de tout genre, permanents soient-ils ou passagers. Anis, thym, belladone, sauge des devins…, la guérisseuse veille à ce que ces prétendantes reçoivent la meilleure dose d’instructions, toujours deux héritières à chaque fois, au cas où quelque chose s’abattrait sur l’une d’elles. La plus insignifiante des négligences peut entraîner la mort et la moindre erreur lors des mixtures peut engendrer du poison. Quand la vieille se blottit sur la grande colline pour ses sacrifices et ses incantations, il vaut mieux être loin ou caché. Surtout quand les vents se mettent à siffler des mélodies sinistres, dominant les bruits des diorites qui s’écrasent violemment entre elles dans les courants du fleuve.
Même pour un petit village isolé comme le nôtre, le quotidien est loin d’être des plus communs. Ici les femmes sont agricultrices, les hommes mineurs, les garçons écoliers et les filles ménagères. Cette répartition à été instaurée en 1930 par l’armée coloniale française. Examinant chaque brin d’herbe, retournant chaque motte, c’est en meutes ordonnées que ces nouveaux-venus ont fusé sur nos terres.
Une équipe stationnée dans les plâtras de l’Eglise abandonnée par les anglais, une autre qui furetait du côté de la rivière, une troisième barricadée sur la colline dominante. Et une dernière que la vieille baptisa l’équipe du rossignol, s’enchevêtrait avec les autochtones. Une équipe de poètes, de beaux parleurs. La petite canzonette hypnotisante qu’ils ont siffloté a versé du miel sur les cœurs naïfs des gobe-mouches qui n’avaient jamais eu à dealer avec l’hypocrisie. Nous aider à rattraper la civilisation moderne paraissait leur unique tintouin. Leurs échafaudages étaient supposés améliorer nos vies. L’école religieuse dans les anciennes ruines pour les petites filles, le détournement du fleuve pour nous épargner le poids de l’eau et les va-et-vient assidus. Et la tour radio, comme ils disaient, pour nous permettre d’entendre la voix de nos bien-aimés qui vivent à distance ; c’est-à-dire la voix de personne.
Les dames de cette équipe avaient dressé une monstrueuse tente pyramidale derrière le monastère. Bien qu’elle eût la couleur du crottin d’éléphants cette toile devait avoir une grande valeur aux yeux de ces infirmières insolites qui l’avaient balisée d’une croix en rouge fluo, sans doute pour aviser le reste du camp de son affiliation. Elles ont niché dans ce dais avec leur équipement et leurs lourde valises métalliques ainsi que des tonnes de sacs de farines listés avec quelques épigraphes numérotés allant de 1924 à 1927. En d’autres mots, une tonne d’aumônières périmées.
Le chapiteau thérapeutique se transformait le soir en une scène de défilé. Les jeunes nubiles du village faisaient la queue, un par un devant le paysage. Je présume qu’ils avaient besoin de desserrer le bandage qui contrariait leur sommeil.
Le droit des peuples à disposer d’eux mêmes, un droit totalement ignoré car quelque temps plus tard le village s’est transformé en un attractif sanctuaire pour les plus célèbres sommités du pays. Leurs jouissances se faisaient sentir au loin, attirant même la curiosité des singes en rût qui voulaient à tout prix soulager leurs gloutonneries. Qu’y avait-il de si plaisant ? Le chef de la légion est venu pour mettre la populace dans la confidence. Le détournement du fleuve n’était qu’un leurre, une mise en scène pour accroître le niveau d’eau qui a divulgué les profondeurs d’une rivière riche en métaux. Or, argent, cuivre, le sable et les roches de la clairière en abritaient une quantité conséquente. Ce trésor, disaient-ils, nous permettra d’affronter les défis en perspective, dans dix, vingt ou cinquante ans, quand notre nombre quadruplera et que la nourriture se fera rare. Les anciens natifs, réticents à l’idée qu’une main étrangère prenne en charge leurs vies, se sont retrouvés face à deux choix possibles : Accepter, ou abandonner les lieux. L’attachement excessif à leurs terres et à leurs légendes soulagea le colonisateur dans le besoin de main-d’œuvre. C’est à ce moment précis que tout a changé. C’est en ces jours qu’une page de l’histoire de ma paisible contrée s’est tournée et qu’une autre s’est ouverte sur des lignes ensanglantées signant les plus sombres des récits.
Mon histoire est né au milieu de ces lignes. Nous avons passé nos premières années, mes camarades et moi, au monastère, sous la tutelle du père Nestore. À six ans nous nous sommes rendus à Dim-Bokro pour poursuivre notre éducation à l’école publique ivoirienne, qui offrait un programme scolaire déversé depuis la métropole. Il nous fallait plus

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