Chronique d une vie pas si simple
41 pages
Français

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Chronique d'une vie pas si simple , livre ebook

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Description

Juin 1975. Cet été-là, celui de ses quinze ans, Joëlle ne veut pas partir en Italie. Pas cette fois. Impossible. Elle ne veut pas, elle ne peut pas. Elle doit trouver une issue, s’échapper, fuir ces vacances prévues depuis longtemps. Seule avec ses idées noires et sa douleur, elle va plutôt rejoindre les Ardennes en tant qu’animatrice pour enfants. La joie, l’insouciance, et peut-être l’amour, le vrai, enfin... Les bases pour croire en un avenir meilleur... Mais peut-on seulement oublier le passé? Entre confession et exorcisme, Véronique Meneghetti replonge dans sa jeunesse et remonte le fil de trente-sept longues années de silence et de souffrance. Les souvenirs sont intacts, la sensibilité à fleur de peau. Sous la forme d’un roman autobiographique, l’auteur se libère d’un fardeau trop lourd à porter et rend hommage aux piliers de sa vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 novembre 2011
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748370324
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chronique d'une vie pas si simple
Véronique Meneghetti
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Chronique d'une vie pas si simple
 
 
 
Aux hommes de ma vie :
à Frédéric mon pilier,
à Raymond mon sauveur.
Et aussi à Magali pour son écoute,
et à Gaëtan mon ange gardien.
 
 
 
 
Juin 1975
 
 
 
Elle s’appelle Joëlle.
Elle est là, sur ce quai de gare, elle attend.
Le regard vide, tourné vers le lointain.
Le corps vide, torturé.
Elle attend.
Elle attend ce train, ce crissement libérateur.
Elle attend, juste en espérant avoir le courage, trouver la force de se laisser glisser devant ce train qui tarde tant.
Mais ce corps, ces pieds collés au bitume ne lui obéissent pas.
Elle reviendra, elle reviendra demain, demain ou plus tard.
Elle reviendra trouver cette libération, ce refus de vivre.
 
 
 
Juillet 1975
 
 
 
L’aube d’un été comme tous les autres, emplis de promesses d’un avenir meilleur.
Une chaleur moite à mourir, un soleil caressant mais aussi des vacances en Italie qui approchent à grand pas.
Non !!!
Ce non venu du plus profond de son âme !
Pas cette année, pas pour elle, impossible, elle ne veut pas, elle ne peut pas.
Son corps tremble, ses pensées s’emmêlent, ses sentiments s’entrechoquent.
Elle doit trouver une issue, s’échapper, fuir ces vacances bien établies et prévues de longue date par ses parents.
— Joëlle, il faudra que tu prépares ta valise, nous partons la semaine prochaine et tu n’as encore rien préparé.
— Mais maman, j’en ai marre de ces vacances, toujours les mêmes, chaque année ne rien faire au soleil ; la famille, les pâtes… J’ai envie d’autre chose, voir d’autres personnes ; m’amuser ou me rendre utile à quelque chose.
— Mais enfin, ce n’est pas possible, tu en as besoin, tu dois te reposer, tous tes soucis de santé, tes opérations, le psychologue te les as conseillées.
Il est vrai que Joëlle venait de vivre des mois de souffrance avec ce corps que l’on avait ouvert plusieurs fois, tant de jours passés sur ce lit d’hôpital qui l’enveloppait comme un linceul.
Seule avec ses idées noires et sa douleur.
Entourée par sa famille mais si seule dans sa tête.
« Psychosomatique » qu’ils disaient les médecins qui n’y comprenaient rien.
— Je me sens beaucoup mieux maintenant maman.
Elle voulait approcher la vérité, la tutoyer mais son cri était-il seulement sincère ?
Allait-elle convaincre sa mère ?
— Ces vacances sont prévues depuis belle lurette, la famille nous attend, les billets de train sont déjà payés ; on doit y aller.
— Non maman, s’il te plaît.
— Tu ne vas pas rester ici toute seule ? Que vas-tu faire ? Ce n’est pas possible enfin.
— Ils demandent des animateurs pour s’occuper des enfants en vacances.
— Mais où ça grand Dieu ?
— Dans les Ardennes, là ou nous avons notre maison de vacances ; j’aimerais bien y aller.
— Tu es trop jeune et tu n’as pas d’expérience ; tu ne t’es jamais occupée d’enfants en bas âge.
— Allez maman, fais-moi confiance, je m’en sens capable tu sais.
— Bon ! Renseigne-toi, on verra, je vais en parler à ton père.
Le plus dur était fait, en parler à sa mère ; son père serait plus facile à convaincre.
Mais de toute façon, Ardennes ou pas, elle n’irait pas en Italie.
C’était pour elle impossible, surhumain.
Elle préférait encore le quai de la gare.
Il faudrait qu’elle puise en elle toute la force mais s’il vous plaît donnez-lui la volonté.
Elle qui ne croyait ni en Dieu, ni au diable, voilà qu’elle se surprenait à invoquer des forces surnaturelles.

 
 
Après quelques jours de palabres, de discussions, de compromis ; la décision fut prise… enfin.
Cette année, pas d’accent italien, pas de pâtes, pas d’exil, pas de train.
Elle pouvait enfin se prendre en main et rejoindre l’équipe d’animateurs en Ardennes.
Départ demain, son père l’y conduirait.
Le stress s’installa, la peur de l’inconnu, la peur de ne pas être à la hauteur, de se tromper ; et toujours ce corps qui n’en pouvait plus mais la promesse d’un jour nouveau.
Le mal-être qui était devenu son quotidien, allait-il enfin disparaître ? S’évanouir ?
 
Enfin !
 
Joëlle débarqua dans les Ardennes dans le calme, la joie et l’impatience.
Sa valise à la main, elle fut vite sous le charme de ce petit village niché dans un coin de verdure.
La maison du curé se dressait sur la petite place.
Adossée à l’église ; elle était belle cette maison ; belle et accueillante.
Construite en vieilles pierres du coin ; les fenêtres s’ouvraient sur des rires d’enfants.
L’accueil par le responsable fut chaleureux, le soleil brillait de mille feux.
— Bonjour ! Tu es la nouvelle recrue ?
— Oui, je m’appelle Joëlle, j’ai quinze ans et je suis là pour le poste d’animatrice.
— Tu sais t’occuper d’enfants en bas âge ? Tu as de l’expérience ?
— Bien sûr ! J’ai un petit frère et une petite sœur ; je m’occupe beaucoup d’eux ; je connais des jeux, des comptines. Je sais chanter, danser.
Pourquoi ces petits mensonges ?
Pourquoi ses joues empourprées soudainement ?
Joëlle ne savait pas mentir ou si mal.
Par omission peut-être !
Mais elle le voulait ce poste ; il y allait de sa survie.
Elle le désirait ce petit coup de pouce du destin !
Et dans sa tête ; une petite voix lui chuchotait sans cesse : « Vas-y, vas-y, montre-leur à tous qui tu es ; fonce Joëlle ».
Cette maison serait son havre de paix, emplie de musique et de rires d’enfants.
— Viens Joëlle, je vais te présenter Catherine, ta collègue, elle a l’habitude des enfants, tu verras, elle est très sympathique.
— OK merci, avec plaisir, je vous suis.
C’était à l’étage que les petits étaient rassemblés.
Catherine était réellement très sympa, chaleureuse aussi, enfin une nouvelle amie qui mit Joëlle rapidement à l’aise dans sa nouvelle tâche.
Les enfants étaient petits et turbulents.
Ils demandaient une attention de tous les instants.
Joëlle se débrouillait très bien et de chansons en comptines, les heures de l’avant-midi s’égrenaient.
Ces petits bouts avaient besoin d’elle, de son énergie, de sa bonne humeur.
Elle adorait les enfants, elle qui ne pourrait peut-être jamais en avoir.
Mais elle avait décidé de ne pas se laisser envahir par ses idées noires.
Et toujours la petite voix dans sa tête : « Fonce Joëlle, montre-leur ton envie, ton besoin de te surpasser ».
Cette petite voix qui la boostait à chaque instant, chaque respiration.
Les bruits de train dans sa tête s’estompaient de plus en plus pour ne devenir qu’un murmure.
La pause de midi arriva très vite.
— Joëlle, il est midi, on va descendre en cuisine pour le repas des petits.
— Oui, je les rassemble. Tu connais le menu ?
— Aucune idée, mais tu verras, l’équipe des extras est super ! Viens, je vais te les présenter.
Après une joyeuse cavalcade dans l’escalier de bois, elles installèrent les enfants dans la salle à manger autour d’une immense table dressée à leur intention.
Leurs petits pieds martelaient le plancher et leurs rires animaient la pièce.
De la cuisine parvenaient des effluves délicieux et l’appétit de Joëlle n’en fut que décuplé.
Appétit de vivre ou appétit tout court ?
La cuisine était immense ; des tas de marmites, d’assiettes, de couverts…
L’évier disparaissait sous des tas de légumes : carottes, salades, concombres…
Les fenêtres s’ouvraient sur un superbe jardin fleuri entouré de buis et de thuyas.
Les cuistots s’affairaient ; ils n’étaient pas trop de trois pour satisfaire toutes ces petites bouches affamées.
— Viens Joëlle, je vais faire les présentations. Voici Jeannot, l’un de nos marmitons.
Jeannot était un Africain couleur chocolat au lait, les yeux rieurs et la bouille sympa. Toujours de bonne humeur, il démarrait au quart de tour quand il s’agissait de faire une bonne blague.
— Voici Lionel, le second cuistot et Franck le responsable.
Lionel avait lui l’air timide et réservé. Le regard fuyant et le sourire discret, ses longs cheveux châtain clair lui retombaient sur les épaules.
Quand à Franck, il avait cet air jovial qui vous donnait envie de goûter ses carottes au beurre ou ses brocolis vapeur même si vous aviez horreur de cela.
— Bonjour ! Moi, c’est Joëlle, très heureuse de vous connaître.
Leur poignée de main fut franche et cordiale.
— Installons-nous, proposa Catherine. Les enfants sont affamés et nous aussi.
Elle expliqua alors le déroulement de la journée tout en gardant un œil sur ses poussins.
— Après le repas, sieste jusqu’à 15 heures, ensuite balade dans le village ou le jardin si le temps le permet, petites histoires douces et goûter. À 16 h 30, les parents viennent récupérer les enfants et nous, nous avons quartier libre jusqu’au repas du soir prévu vers 19 heures Veillée musicale et puis départ des filles qui logent dans un couvent du village voisin.
— Ce programme me convient parfaitement Catherine, l’après-midi sera parfait pour moi.
Joëlle se sentait bien depuis son arrivée, soulagée aussi que tout se passe au mieux.
Pas une seule fois elle n’avait pensé à l’Italie, aux gares, aux trains.
Elle ne se sentait plus comme cet oiseau blessé, tombé de sa branche.
Elle voulait réapprendre à voler doucement, tout doucement, sans précipitation et avec encore beaucoup d’hésitation.
Elle devait reprendre confiance en elle et surtout, recommencer à faire confiance aux autres.
Le repas fut délicieux, les petits rassasiés et elle, crevée !
— Alors Joëlle, que pe

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