Histoire de Napoleon et de la Grande-Armee pendant l annee 1812 Tome II
178 pages
Français

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Histoire de Napoleon et de la Grande-Armee pendant l'annee 1812 Tome II , livre ebook

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Description

pubOne.info present you this new edition. Quamquam animus meminisse horret, luctuque refugit incipiam. . . . . . . . .

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782819936909
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

HISTOIRE
DE NAPOLÉON
ET
DE LA GRANDE-ARMÉE
PENDANT L'ANNÉE 1812;
par
M. le général comte de Ségur.
Quamquam animus meminisse horret, luctuque refugitincipiam. . . . . . . . .
Virg.
TOME SECOND.
BRUXELLES,
ARNOLD LACROSSE, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
RUE DE LA MONTAGNE, Nº 1015.
1825
LIVRE HUITIÈME.
CHAPITRE I.
On a vu l'empereur Alexandre, surpris à Wilna aumilieu de ses préparatifs de défense, fuir avec son armée désunie,et ne pouvoir la rallier qu'à cent lieues de là, entre Vitepsk etSmolensk. Entraîné dans la retraité précipitée de Barclay, ceprince s'était réfugié à Drissa, dans un camp mal choisi etretranché à grands frais; point dans l'espace, sur une frontière siétendue, et qui ne servait qu'à indiquer à l'ennemi quel devaitêtre le but de ses manœuvres.
Cependant Alexandre, rassuré par la vue de ce campet de la Düna, avait pris haleine derrière ce fleuve. Ce fut làseulement qu'il consentit à recevoir pour la première fois un agentanglais: tant il attachait d'importance à paraître, jusqu'audernier moment, fidèle à ses engagemens avec la France. On ignoresi ce fut ostentation de bonne foi, ou bonne foi réelle; ce qui estcertain, c'est qu'à Paris, après le succès, il affirma sur sonhonneur (au comte Daru) «que, malgré les accusations de Napoléon,ç'avait été sa première infraction au traité de Tilsitt. »
En même temps, il laissait Barclay faire aux soldatsfrançais et à leurs alliés ces adresses corruptrices qui avaienttant ému Napoléon à Klubokoë; tentatives que les Françaistrouvèrent méprisables, et les Allemands intempestives.
Du reste, l'empereur russe ne s'était pas montrécomme un homme de guerre aux yeux de ses ennemis; ils le jugèrentainsi, sur ce qu'il avait négligé la Bérézina, seule lignenaturelle de défense de la Lithuanie; sur sa retraite excentriquevers le nord, quand le reste de son armée fuyait vers le midi;enfin, sur son ukase de recrutement, daté de Drissa, qui donnaitaux recrues pour point de ralliement plusieurs villes qu'occupèrentpresque aussitôt les Français. On remarqua aussi son départ del'armée, lorsqu'elle commençait à combattre.
Quant à ses mesures politiques dans ses nouvelles etdans ses anciennes provinces, et quant à ses proclamations dePolotsk à son armée, à Moskou, à sa grande nation, on convenaitqu'elles étaient singulièrement appropriées aux lieux et auxhommes. Il semble, en effet, qu'il y eut, dans les moyenspolitiques qu'il employa, une gradation d'énergietrès-sensible.
Dans la Lithuanie nouvellement acquise, soitprécipitation, soit calcul, on avait tout ménagé en se retirant,sol, maisons, habitans; rien n'avait été exigé: seulement on avaitemmené les seigneurs les plus puissans; leur défection eût été d'unexemple trop dangereux, et dans la suite leur retour plusdifficile, s'étant plus compromis; c'étaient d'ailleurs desotages.
Dans la Lithuanie plus anciennement réunie, où uneadministration douce, des faveurs habilement distribuées, et uneplus longue habitude avaient fait oublier l'indépendance, on avaitentraîné après soi les hommes et tout ce qu'ils pouvaient emporter.Toutefois, on n'avait pas cru devoir exiger d'une religionétrangère et d'un patriotisme naissant l'incendie des propriétés:un recrutement de cinq hommes seulement, sur cinq cents mâles,avait été ordonné.
Mais, dans la vieille Russie, où tout concouraitavec le pouvoir, religion, superstition, ignorance, patriotisme,non seulement on avait tout fait reculer avec soi sur la routemilitaire, mais tout ce qui ne pouvait pas suivre avait étédétruit; tout ce qui n'était pas recrue, devenait milice ouCosaques.
L'intérieur de l'empire étant alors menacé, c'étaità Moskou à donner l'exemple. Cette capitale, justement nommée parses poètes Moskou aux coupoles dorées , était un vaste etbizarre assemblage de deux cent quatre-vingt-quinze églises et dequinze cents châteaux, avec leurs jardins et leurs dépendances. Cespalais de briques et leurs parcs, entremêlés de jolies maisons debois et même de chaumières, étaient dispersés sur plusieurs lieuescarrées d'un terrain inégal; ils se groupaient autour d'uneforteresse élevée et triangulaire, dont la vaste et doubleenceinte, d'une demi-lieue de pourtour, renfermait encore, l'une,plusieurs palais, plusieurs églises et des espaces incultes etrocailleux; l'autre, un vaste bazar, ville de marchands, où lesrichesses des quatre parties du monde brillaient réunies.
Ces édifices, ces palais, et jusqu'aux boutiques,étaient tous couverts d'un fer poli et coloré; les églises, chacunesurmontée d'une terrasse et de plusieurs clochers que terminaientdes globes d'or, puis le croissant, enfin la croix, rappelaientl'histoire de ce peuple; c'était l'Asie, et sa religion, d'abordvictorieuse, ensuite vaincue, et enfin le croissant de Mahomet,dominé par la croix du Christ.
Un seul rayon de soleil faisait étinceler, cetteville superbe de mille couleurs variées! À son aspect, le voyageurenchanté s'arrêtait ébloui. Elle lui rappelait ces prodiges, dontles poètes orientaux avaient amusé, son enfance. S'il pénétraitdans son enceinte, l'observation augmentait encore son étonnement;il reconnaissait aux nobles les usages, les mœurs, les différenslangages de l'Europe moderne, et la riche et légère élégance de sesvêtemens. Il regardait avec surprise le luxe et la forme asiatiquesde ceux des marchands; les costumes grecs du peuple, et leurslongues barbes. Dans les édifices, la même variété le frappait; ettout cela cependant, empreint d'une couleur locale et parfois rude,comme il convient à la Moskovie.
Enfin quand il observait la grandeur et lamagnificence de tant de palais, les richesses dont ils étaientornés; le luxe des équipages; cette multitude d'esclaves et deserviteurs empressés, et l'éclat de ces spectacles magnifiques, lefracas de ces festins, de ces fêtes de ces joies somptueuses, quisans cesse y retentissaient, il se croyait transporté, au milieud'une ville de rois, dans un rendez-vous de souverains, venus avecleurs usages, leurs mœurs et leur suite; de toutes les parties dumonde.
Ce n'étaient pourtant que des sujets, mais dessujets riches, puissans; des grands orgueilleux d'une noblesseantique, forts de leur nombre, de leur réunion, d'un lien généralde parenté, contracté pendant les sept siècles de durée de cettecapitale. C'étaient des seigneurs fiers de leur existence au milieude leur vastes possessions; car le territoire presque entier dugouvernement de Moskou leur appartient, et ils y règnent sur unmillion de serfs. Enfin, c'étaient des nobles, s'appuyant, avec unorgueil patriotique et religieux, «sur le berceau et le tombeau deleur noblesse; » car c'est ainsi qu'ils appellent Moskou.
Il semble en effet que ce soit là que les nobles desfamilles les plus illustres doivent naître et s'élever; que ce soitde là qu'ils doivent s'élancer dans la grande carrière des honneurset de la gloire; et qu'enfin ce soit encore là que, satisfaits,mécontens ou désabusés, ils doivent rapporter leurs dégoûts, ouleur ressentiment pour l'épancher; leur réputation pour en jouir,pour exercer son influence sur la jeune noblesse, et relever enfinloin du pouvoir, dont ils n'attendent plus rien, leur orgueil troplong-temps courbé près du trône.
Là, leur ambition, ou rassasiée ou mécontente, aumilieu des leurs, et comme hors de portée de la cour, a pris unlangage plus libre; c'est comme un privilège que le temps aconsacré, auquel ils tiennent, et que respecte leur souverain.Moins courtisans, ils sont plus citoyens. Aussi leurs princesreviennent-ils avec répugnance dans ce vaste dépôt de gloire et descommerce, au milieu d'une ville de nobles, qu'ils ont ou disgraciésou dégoûtés, qui échappent à leur pouvoir par leur âge, par leurréputation, et qu'ils sont obligés de ménager.
La nécessité y ramena Alexandre; il s'y rendit dePolotsk, précédé de ses proclamations, et attendu par les nobles etles marchands. Il y parut d'abord au milieu de la noblesse réunie.Là, tout fut grand, la circonstance, l'assemblée, l'orateur et lesrésolutions qu'il inspira. Sa voix était émue. À peine eut-il cesséqu'un seul cri, mais simultané, unanime, s'élança de tous lescœurs: on entendit de toutes parts: «Sire, demandez tout! nous vousoffrons tout! prenez tout! »
Puis aussitôt, l'un de ces nobles proposa la levéed'une milice, et, pour la former, le don d'un paysan survingt-cinq. Mais cent voix l'interrompirent en s'écriant «que lapatrie voulait davantage; que c'était un serf sur dix, tout armé,équipé, et pourvu de trois mois de vivres, qu'il fallait donner! »C'était offrir, pour le seul gouvernement de Moskou, quatre-vingtmille hommes et beaucoup de munitions.
Ce sacrifice fut voté sur-le-champ, sansdélibération; quelques-uns disent avec enthousiasme, et qu'il futexécuté de même, tant que le danger fut présent. D'autres n'ont vu,dans l'adhésion de cette assemblée à une proposition si extrême,que de la soumission, sentiment qui, devant un pouvoir absolu,absorbe tous les autres.
Ils ajoutent qu'au sortir de cette séance, onentendit les principaux nobles murmurer entre eux contrel'exagération d'une telle mesure. «Le danger était-il donc sipressant! l'armée russe, qu'on leur disait encore être de quatrecent mille hommes, n'existait-elle plus? Pourquoi donc leur enlevertant de paysans! Le service de ces miliciens ne serait, disait-on,que temporaire? Mais comment espérer jamais leur retour! Ilfaudrait bien plutôt le craindre! Ces serfs rapporteraient-ils desdésordres de la guerre une même soumission? non sans doute, ils enreviendraient tout pleins de nouvelles sensations, et d'idéesnouvelles, dont ils infecteraient les villages: ils y propageraientun esprit d'indocilité, qui rendrait le commendement incommode, etgâterait la servitude. »
Quoi qu'il en soit, la résolution de cette assembléefut généreuse et digne d'une si grande nation. Le détail importepeu. On sait assez qu'il est par-tout le même; que tout, dans lemonde, perd à être vu de trop près; qu'enfin, les peuples doiventêtre jugés par masses et par rés

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