Portraits litteraires, Tome I
285 pages
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Description

pubOne.info present you this new edition. BOILEAU, PIERRE CORNEILLE, LA FONTAINE, RACINE, JEAN-BAPT. ROUSSEAU, LE BRUN, MATHURIN REGNIER, ANDRE CHENIER, GEORGE FARCY, DIDEROT, L'ABBE PREVOST, M. ANDRIEUX, M. JOUFFROY, M. AMPERE, BAYLE, LA BRUYERE, MILLEVOYE, CHARLES NODIER.

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782819931515
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PORTRAITS LITTÉRAIRES
TOME I
PAR
C.-A. SAINTE-BEUVE
DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE.
Nouvelle Édition revue et corrigée.
1862
I
BOILEAU, PIERRE CORNEILLE, LA FONTAINE, RACINE,JEAN-BAPT. ROUSSEAU, LE BRUN, MATHURIN REGNIER, ANDRÉ CHÉNIER,GEORGE FARCY, DIDEROT, L'ABBÉ PRÉVOST, M. ANDRIEUX, M. JOUFFROY, M.AMPÈRE, BAYLE, LA BRUYÈRE, MILLEVOYE, CHARLES NODIER.
«Chaque publication de ces volumes de critique estune manière pour moi de liquider en quelque sorte le passé, demettre ordre à mes affaires littéraires. » C'est ce que je disaisdans une dernière édition de ces portraits, et j'ai tâché de m'ensouvenir ici. Bien que ce ne soit qu'une édition nouvelle àlaquelle un choix sévère a présidé, j'ai fait en sorte qu'elleparût à certains égards véritablement augmentée. En parlant ainsi,j'entends bien n'en pas séparer le volume intitulé: Portraits deFemmes , qu'on a jugé plus commode d'isoler et d'assortir en unemême suite, mais qui fait partie intégrante de ce que j'appelle maprésente liquidation. Les portraits des morts seuls ont trouvéplace dans ces volumes; ç'a été un moyen de rendre la ressemblancede plus en plus fidèle. J'ai ajouté çà et là bien des petites noteset corrigé quelques erreurs. C'est à quoi les réimpressions surtoutsont bonnes; les auteurs en devraient mieux profiter qu'ils nefont. L'histoire littéraire prête tant aux inadvertances par lesparticularités dont elle abonde! Le docteur Boileau, frère dusatirique, a écrit en latin un petit traité sur les bévues desauteurs illustres; et, en les relevant, on assure qu'il en a commisà son tour. J'ai fait de plus en plus mon possible pour éviter detrop grossir cette liste fatale, où les grands noms qui y figurentne peuvent servir d'excuse qu'à eux-mêmes. «L'histoire littéraireest une mer sans rivage, » avait coutume de dire M. Daunou, qui enparlait en vieux nocher; elle a par conséquent ses écueils, sesennuis. Mais il faut vite ajouter qu'au milieu même des soinsinfinis et minutieux qu'elle suppose, elle porte avec elle sadouceur et sa récompense.
Septembre 1843.
BOILEAU
Note 1: (retour) Cet article fut le premier dupremier numéro de la Revue de Paris qui naissait (avril1829); il parut sous la rubrique assez légère de Littératureancienne , que le spirituel directeur (M. Véron) avait pris surlui d'ajouter. Grand scandale dans un certain camp! Quoi? cesmodèles toujours présents, venir les ranger parmi les anciens ! Quinze ans après, M. Cousin, à propos de Pascal,posait en principe, au sein de l'Académie, qu'il était temps detraiter les auteurs du siècle de Louis XIV comme des anciens ; et l'Académie applaudissait. — Il est vrai que dansce second temps et depuis qu'on est entré méthodiquement dans cettevoie, on s'est mis à appliquer aux oeuvres du XVIIe siècle tous lesprocédés de la critique comme l'entendaient les anciensgrammairiens. On s'est attaché à fixer le texte de chaque auteur;on en a dressé des lexiques. Je ne blâme pas ces soins; bien loinde là, je les honore, et j'en profite; le moment en était venu sansdoute; mais l'opiniâtreté du labeur, chez ceux qui s'y livrent,remplace trop souvent la vivacité de l'impression littéraire, ettient lieu du goût. On creuse, on pioche à fond chaque coin etrecoin du XVIIe siècle. Est-on arrivé, pour cela, à le sentir, à legoûter avec plus de justesse ou de délicatesse qu'auparavant?
Depuis plus d'un siècle que Boileau est mort, delongues et continuelles querelles se sont élevées à son sujet.Tandis que la postérité acceptait, avec des acclamations unanimes,la gloire des Corneille, des Molière, des Racine, des La Fontaine,on discutait sans cesse, on revisait avec une singulière rigueurles titres de Boileau au génie poétique; et il n'a guère tenu àFontenelle, à d'Alembert, à Helvétius, à Condillac, à Marmontel, etpar instants à Voltaire lui-même, que cette grande renomméeclassique ne fût entamée. On sait le motif de presque toutes leshostilités et les antipathies d'alors: c'est que Boileau n'étaitpas sensible ; on invoquait là-dessus certaine anecdote, plusque suspecte, insérée à l'Année littéraire , et reproduitepar Helvétius; et comme au dix-huitième siècle le sentiment se mêlait à tout, à une description de Saint-Lambert, à un conte deCrébillon fils, ou à l'histoire philosophique des Deux-Indes, lesbelles dames, les philosophes et les géomètres avaient pris Boileauen grande aversion2. Pourtant, malgré leurs épigrammes et leursdemi-sourires, sa renommée littéraire résista et se consolida dejour en jour. Le Poète du bon sens , le législateur denotre Parnasse garda son rang suprême. Le mot de Voltaire, Ne disons pas de mal de Nicolas, cela porte malheur , fitfortune et passa en proverbe; les idées positives du XVIIIe siècleet la philosophie condillacienne, en triomphant, semblèrent marquerd'un sceau plus durable la renommée du plus sensé, du plus logiqueet du plus correct des poëtes. Mais ce fut surtout lorsqu'une écolenouvelle s'éleva en littérature, lorsque certains esprits, bien peunombreux d'abord, commencèrent de mettre en avant des théoriesinusitées et les appliquèrent dans des oeuvres, ce fut alors qu'enhaine des innovations on revint de toutes parts à Boileau comme àun ancêtre illustre et qu'on se rallia à son nom dans chaque mêlée.Les académies proposèrent à l'envi son éloge: les éditions de sesoeuvres se multiplièrent; des commentateurs distingués, MM.Viollet-le-Duc, Amar, de Saint-Surin, l'environnèrent desassortiments de leur goût et de leur érudition; M. Daunou enparticulier, ce vénérable représentant de la littérature et de laphilosophie du XVIIIe siècle, rangea autour de Boileau, avec unesorte de piété, tous les faits, tous les jugements, toutes lesapologies qui se rattachent à cette grande cause littéraire etphilosophique. Mais, cette fois, le concert de si dignes effortsn'a pas suffisamment protégé Boileau contre ces idées nouvelles,d'abord obscures et décriées, mais croissant et grandissant sousles clameurs. Ce ne sont plus en effet, comme au XVIIIe siècle, depiquantes épigrammes et des personnalités moqueuses; c'est uneforte et sérieuse attaque contre les principes et le fond même dela poétique de Boileau; c'est un examen tout littéraire de sesinventions et de son style, un interrogatoire sévère sur lesqualités de poëte qui étaient ou n'étaient pas en lui. Lesépigrammes même ne sont plus ici de saison; on en a tant faitcontre lui en ces derniers temps, qu'il devient presque de mauvaisgoût de les répéter. Nous n'aurons pas de peine à nous lesinterdire dans le petit nombre de pages que nous allons luiconsacrer. Nous ne chercherons pas non plus à instruire un procèsrégulier et à prononcer des conclusions définitives. Ce sera assezpour nous de causer librement de Boileau avec nos lecteurs, del'étudier dans son intimité, de l'envisager en détail selon notrepoint de vue et les idées de notre siècle, passant tour à tour del'homme à l'auteur, du bourgeois d'Auteuil au poëte de Louis leGrand, n'éludant pas à la rencontre les graves questions d'art etde style, les éclaircissant peut-être quelquefois sans prétendrejamais les résoudre. Il est bon, à chaque époque littérairenouvelle, de repasser en son esprit et de revivifier les idées quisont représentées par certains noms devenus sacramentels, dût-onn'y rien changer, à peu près comme à chaque nouveau règne onrefrappe monnaie et on rajeunit l'effigie sans altérer lepoids.
Note 2: (retour) Rien ne saurait mieux donner idéedu degré de défaveur que la réputation de Boileau encourait à uncertain moment, que de voir dans l'excellent recueil intitulé l'Esprit des Journaux (mars 1785, page 243) le passagesuivant d'un article sur l' Épître en vers , adressé deMontpellier aux rédacteurs du journal; ce passage, à mon sens, parson incidence même et son hasard tout naturel, exprime mieux l'étatde l'opinion courante que ne le ferait un jugement formel:«Boileau, est-il dit, qui vint ensuite (après Regnier), mit dans cequ'il écrivit en ce genre la raison en vers harmonieux et pleinsd'images : c'est du plus célèbre poëte de ce siècle que nousavons emprunté ce jugement sur les Épîtres de Boileau, parce qu'uneinfinité de personnes dont l'autorité n'est point à mépriser,affectant aujourd'hui d'en juger plus défavorablement, nous avonscraint, en nous élevant contre leur opinion, de mettre nos erreursà la place des leurs. » Que de précautions pour oser louer!
De nos jours, une haute et philosophique méthodes'est introduite dans toutes les branches de l'histoire. Quand ils'agit de juger la vie, les actions, les écrits d'un homme célèbre,on commence par bien examiner et décrire l'époque qui précéda savenue, la société qui le reçut dans son sein, le mouvement généralimprimé aux esprits; on reconnaît et l'on dispose, par avance, lagrande scène où le personnage doit jouer son rôle; du moment qu'ilintervient, tous les développements de sa force, tous lesobstacles, tous les contrecoups sont prévus, expliqués, justifiés;et de ce spectacle harmonieux il résulte par degrés, dans l'âme dulecteur, une satisfaction pacifique où se repose l'intelligence.Cette méthode ne triomphe jamais avec une évidence plus entière etplus éclatante que lorsqu'elle ressuscite les hommes d'état, lesconquérants, les théologiens, les philosophes; mais quand elles'applique aux poètes et aux artistes, qui sont souvent des gens deretraite et de solitude, les exceptions deviennent plus fréquenteset il est besoin de prendre garde. Tandis que dans les ordresd'idées différents, en politique, en religion, en philosophie,chaque homme, chaque oeuvre tient son rang, et que tout fait bruitet nombre, le médiocre à côté du passable, et le passable à côté del'excellent, dans l'art il n'y a que l'excellent qui compte; etnotez que l'excellent ici peut toujours être une exception, un jeude la nature, un caprice du ciel, un don de Dieu. Vous aurez faitde beaux et légitimes raisonnements sur les races ou les époquesprosaïques; mais il plaira à Dieu que Pindare sorte un jour deBéotie, ou qu'un autre jour André Chénier naisse et

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