Shakespeare. Combien de prétendants ?
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Description

DU VIVANT DE SHAKESPEARE, et longtemps après son décès, de nombreux témoignages évoquent l’acteur, l’entrepreneur de théâtre, l’écrivain, parfois avec envie, le plus souvent avec amitié et admiration. Aucun n’émet le moindre doute quant à la paternité de ses œuvres. C’est seulement deux siècles et demi plus tard que commence l’ère du soupçon.


Par un étrange renversement de perspective, « gentle Shakespeare » est devenu aujourd’hui « le médiocre homme de Stratford », vil spéculateur, illettré, usurpateur d’une œuvre qu’il aurait été bien incapable d’écrire. Et de nouvelles voix dissidentes se font entendre pour proclamer, à la suite de Delia Bacon, Edward Looney ou Abel Lefranc, que le dramaturge connu sous le nom de Shakespeare serait en réalité John Florio, fils d’un immigré, auteur de manuels de langue italienne, d’un dictionnaire anglo-italien, mais aussi et surtout traducteur des Essais de Montaigne.


Le présent ouvrage apporte la réponse de spécialistes français, anglais et américains face à un point de vue qui leur semble gravement méconnaître les réalités historiques caractérisant l’écriture et la condition théâtrales à l’époque élisabéthaine.


Dominique Goy-Blanquet est professeur d’université. Son dernier livre est intitulé Côté cour, côté justice : Shakespeare et l’invention du droit (Classiques Garnier, 2016).


François Laroque est professeur d’université. Il vient de publier un Dictionnaire amoureux de Shakespeare (Plon, 2016).


Auteurs: Roger Chartier, James Shapiro, François Laroque, Daniel Bougnoux, Christophe Camard, Jonathan Frances, Lois Potter, Jacques Darras, Gisèle Venet, Dominique Goy-Blanquet, Henri Suhamy, Paul Edmonson et Stanley Wells, Richard Wilson.


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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782362800795
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D u vivant de Shakespeare, et longtemps après son décès, de nombreux témoignages évoquent l’acteur, l’entrepreneur de théâtre, l’écrivain, parfois avec envie, le plus souvent avec amitié et admiration. Aucun n’émet le moindre doute quant à la paternité de ses œuvres. C’est seulement deux siècles et demi plus tard que commence l’ère du soupçon. Par un étrange renversement de perspective, « gentle Shakespeare » est devenu aujourd’hui « le médiocre homme de Stratford », vil spéculateur, illettré, usurpateur d’une œuvre qu’il aurait été bien incapable d’écrire.
En cette année 2016 où l’on commémore le quatre-centième anniversaire de la mort de Shakespeare, le 23 avril 1616, de nouvelles voix dissidentes se font entendre pour proclamer à la suite de Delia Bacon, Edward Looney ou Abel Lefranc, que le dramaturge connu sous ce nom et célébré dans le monde entier serait en réalité John Florio, fils d’un immigré, auteur de manuels de langue italienne, d’un dictionnaire anglo-italien, mais aussi et surtout traducteur des Essais de Montaigne. Les deux propagateurs de cette thèse, Lamberto Tassinari, journaliste et professeur émérite de philosophie à l’université de Montréal et Daniel Bougnoux, universitaire médiologue et spécialiste d’Aragon, prennent l’occasion de cet anniversaire pour faire la promotion de leurs livres et de leur thèse commune.
Le présent ouvrage apporte la réponse de spécialistes français, anglais et américains face à un point de vue qui leur semble gravement méconnaître les réalités historiques caractérisant l’écriture et la condition théâtrales à l’époque élisabéthaine. Leurs regards croisés sur ces deux ouvrages, sans nier que subsistent d’importantes lacunes dans la biographie de Shakespeare, même si on en sait plus long sur lui que sur la plupart de ses confrères, grâce à un grand nombre de documents incontestables, entendent à leur tour verser au dossier quelques données dûment vérifiées.
Alors Shakespeare, un « mensonge » qui n’aurait que trop duré, ou, au contraire, valeur sûre de l’Angleterre éternelle ?
Au lecteur d’en juger !
 
AUTEURS : Daniel Bougnoux, Christophe Camard, Roger Chartier, Jacques Darras, Jonathan Frances, Dominique Goy-Blanquet, François Laroque, Lois Potter, James Shapiro, Henri Suhamy, Gisèle Venet, Stanley Wells et Paul Edmonson, Richard Wilson.
 
Dominique Goy-Blanquet est professeur d’université. Son dernier livre est intitulé Côté cour, c ôté justice : Shakespeare et l’invention du droit (Classiques Garnier, 2016).
 
François Laroque est professeur d’université. Il vient de publier un Dictionnaire amoureux de Shakespeare (Plon, 2016)


 
 
COLLECTION OCTETS DIRIGÉE PAR JOËL FAUCILHON
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Couverture de Guillaume Blanquet. Nous remercions Guillaume Blanquet et Alain Bouldouyre de leur générosité spontanée.
© 2016 Éditions Thierry Marchaisse ISBN (ePub) : 978-2-36280-079-5


 
Shakespeare Combien de prétendants ?
 
s ous la direction de DOMINIQUE GOY-BLANQUET et FRANÇOIS LAROQUE
 
Octets • THIERRY MARCHAISSE


SOMMAIRE
Le livre et la scène R OGER C HARTIER
Will en question : qui a écrit Shakespeare ? J AMES S HAPIRO
« De Delia Bacon à John Florio. Beaucoup de bruit pour rien ? » F RANÇOIS L AROQUE
Un beau mensonge nommé Shakespeare ? D ANIEL B OUGNOUX
Florio, Bruno, Saviolo, Giulio Romano. Faut-il inscrire l’« o » des noms italiens dans l’« O » de bois de Shakespeare ? C HRISTOPHE C AMARD
« By Me William Shakespeare » : La question du testament J ONATHAN F RANCES
La vengeance de Christophe Colomb ? Sept arguments contre l’hypothèse Florio L OIS P OTTER
Shakespeare, rien qu’à l’oreille J ACQUES D ARRAS
La poétique shakespearienne : inimitable s’il en est G ISÈLE V ENET
Le singe dactylographe D OMINIQUE G OY- B LANQUET
John Florio alias Shakespeare ? De Polichinelle à Pinocchio H ENRI S UHAMY
Manifeste pour Shakespeare P AUL E DMONDSON S TANLEY W ELLS
Le Fluor Florio. Qui a tué William Shakespeare ? » R ICHARD W ILSON
BIBLIOGRAPHIE
LES AUTEURS


Le livre et la scène ——————— R OGER C HARTIER
«  I L N’Y AVAIT PERSONNE EN LUI  » mais « personne ne fut autant d’hommes que cet homme ». C’est ainsi que Borges désigne dans sa fable Everything and Nothing la tension dans laquelle se situe la vie de Shakespeare : être tous les êtres, sur les scènes des théâtres ou les pages de poèmes, et n’être rien. Ce rien est d’abord celui des archives. Pourtant, elles ne manquent pas, avec les mentions de Shakespeare et des siens dans les registres paroissiaux de Stratford-upon-Avon, les actes notariés qui attestent ses acquisitions immobilières ou ses activités de prêteur, les procès faits aux mauvais débiteurs, le testament établi en janvier 1616 et révisé le 25 mars, un mois avant son décès le 23 avril. Les archives existent, donc, mais elles déçoivent : aucune lettre, aucun journal, aucun livre de raison, aucun brouillon, aucun manuscrit. Le fait n’a rien d’étonnant dans un temps où les manuscrits autographes étaient détruits après avoir été copiés au propre pour les censeurs et les imprimeurs et où ne subsistent très généralement ni les esquisses témoignant du travail d’écriture, ni les scénarios des pièces, ni même les copies utilisées par les imprimeurs. Dans le cas de Shakespeare, ces absences ordinaires ont nourri, tout ensemble, les difficultés qu’il faut surmonter pour écrire la biographie d’un auteur sans archives littéraires et les spéculations à propos de l’identité de l’écrivain qui aurait réellement écrit les œuvres faussement attribuées à William Shakespeare.
Comme l’a remarqué François Laroque, « Depuis le XIX e  siècle, de nombreuses voix discordantes se font régulièrement entendre pour clamer haut et fort que Shakespeare n’était pas ‘Shakespeare’ ». La candidature de Florio comme étant le dramaturge et poète dissimulé derrière le prête-nom de l’acteur né à Stratford-upon-Avon n’est que l’avatar le plus récent d’une obsession commencée à la mi- XIX e  siècle avec l’attribution des œuvres de Shakespeare à Francis Bacon par Delia Bacon et qui, ensuite, a multiplié les prétendants (au nombre 77 dans un dernier recensement), les plus notables étant, outre Marlowe (pourtant tué en 1593), Edward de Vere, 17 e  comte d’Oxford (pourtant mort en 1604) et William Stanley, 6 e  comte de Derby. L’invention du véritable auteur des œuvres attribuées à l’acteur est devenue un genre en soi qui a sa constante (affirmer que le Shakespeare des archives notariales ne peut pas être celui qui a écrit les poèmes et les pièces publiées sous nom) et ses variantes puisque très nombreux sont ceux qui en auraient la paternité. Récemment un ensemble d’études rassemblées par Paul Edmonson et Stanley Wells a rigoureusement démontré les raisons (et la vanité) d’un tel projet ( Shakespeare Beyond Doubt. Evidence, Argument, Controversy , Cambridge UP, 2013).
Une première raison pour mettre en doute ces attributions proliférantes, de Bacon à Florio (partagée par les biographies qui considèrent l’auteur et l’acteur Shakespeare comme une seule personne) est leur ignorance des contraintes et habitudes qui régissent la composition des pièces de théâtre aux XVI e et XVII e  siècles. Celles-ci nous éloignent fort de l’idéologie romantique de la littérature qui postule que les œuvres sont en relation étroite avec les expériences vécues et que l’irréductible singularité du génie d’un auteur s’exprime dans la radicale originalité de ses écrits. Il n’en allait pas ainsi au temps de Shakespeare, lorsque la collaboration était une modalité ordinaire, voire majoritaire, de l’écriture dramatique, lorsque le réemploi des mêmes histoires, des mêmes lieux communs, des mêmes formules situait l’invention au sein de l’imitation, et lorsque les écrivains n’étaient pas propriétaires de leurs textes : les pièces appartenaient aux libraires éditeurs qui en avaient acquis une copie, quelle que fût l’origine et la nature de celle-ci. Shakespeare est certainement l’un de ces rares « hommes océans » dont les œuvres ont traversé les siècles et les espaces qu’admire Victor Hugo, mais il est aussi un homme de son temps que rien ne pouvait soustraire aux pratiques d’écriture et de publication propres à son époque.
Comme d’autres, moins que d’autres certes (Marston affirmait avoir participé à l’écriture de 220 pièces…), Shakespeare a écrit en collaboration. Non seulement dans la décennie 1590 pour Henry VI et Titus Andronicus ou les années 1612-1613 pour les trois pièces écrites avec John Fletcher ( Les Deux Nobles Cousins , Henry VIII et le Cardenio perdu), mais également tout au long de sa vie – par exemple, avec George Wilkins pour Périclès ou avec Thomas Middleton pour Timon d’Athènes , composés en 1607 ou 1608. Ces collaborations ont porté les «  attribution studies  » qui s’efforcent d’individualiser ce qui ne l’était pas pour les dramaturges liés dans l’écriture comme dans le quotidien. Elles lancent un sérieux défi à toutes les thèses soutenant que « Shakespeare » est un autre puisqu’il leur faut, ou faudrait établir que cet « autre » a entretenu avec Peele, Middleton, Wilkins et Fletcher des relations qui les ont conduits à écrire ensemble. Elles rendent également difficile de retrouver dans des œuvres écrites à plusieurs mains les émois, souffrances ou blessures d’un seul cœur.
Shakespeare a été un praticien expert et inventif des réemplois. Presque toutes ses pièces sont fondées sur des histoires déjà racontées ou déjà portées sur la scène (par exemple, celles de Hamlet et de Lear). Ses œuvres, qui dès 1600 ont nourri des recueils de lieux communs, au sens de vérités sublimes qui éta

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