Coffee Cake
188 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Coffee Cake , livre ebook

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traduit par

188 pages
Français

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Description

Psychologiquement affaibli après une relation catastrophique, Liam évite désormais les hommes, à l’exception d’aventures sans lendemain lorsque ses besoins doivent être satisfaits.


Pourtant, Whitney, son dernier coup d’un soir, semble vouloir plus et Liam découvre que l’homme est prêt à employer les grands moyens pour obtenir ce qu’il désire.


Mais c’est sans compter sur Liam qui, de son côté, est tout aussi déterminé à chasser Whitney de sa vie et de son magasin avant de tomber amoureux de lui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 juin 2015
Nombre de lectures 62
EAN13 9791092954180
Langue Français

Extrait

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Kiterie Aine

COFFEE CAKE



Traduit de l'anglais par Christine Gauzy-Svahn


MxM Bookmark


Le piratage prive l'auteur ainsi que les personnes ayant travaillé sur ce livre de leurs droits.

Cet ouvrage a été publié sous le titre :

COFFEE CAKE

MxM Bookmark © 2015, Tous droits résérvés

Illustration de couverture © Archie the red cat

Relecture et correction © Danièle M.

Avant propos

Qu’est-ce qu’un coffee cake ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser un coffee (=café) cake (=gâteau) n’est pas un gâteau aromatisé au café, mais une pâtisserie qui se déguste en accompagnement d’un café ou que l’on mange lors d’une pause-café.

Mais ceci n’est que la définition de base, car dans le langage familier anglais, cela signifie bien des choses et, combinées ensemble, toutes les définitions de coffee cake créent des situations remplies de sous-entendus dont les personnages de ce roman vont jouer avec délice.

Il faut donc savoir que to cake en anglais signifie, entre autre « flirter, draguer », mais aussi que a coffee cake désigne des ébats sexuels, et – noix sur le gâteau – lorsqu’il est question decoffee cake with nuts, on parle de relation homosexuelle.

Ainsi lorsqu’un pâtissier offre un coffee cake à un barman, il est évident qu’il cherche à faire passer un message. Reste à savoir si le barman en question saisira toutes les nuances.

Bonne lecture à tous et à toutes.

1

— Je t’aime.

Liam sourit intérieurement et roula sur le côté, repoussant la couette. Il regarda son rencard de la nuit précédente parcourir maladroitement la chambre en toute hâte dans une volonté d’enfiler ses vêtements et de sortir de là avant que quelque chose d’encore plus terrifiant n’arrive, comme le petit déjeuner.

Ces trois mots tout simples faisaient toujours cet effet sur les hommes. C’était un moyen élégant et fiable de les voir prendre la poudre d’escampette avant que lui-même ne doive partir travailler. Il n’avait même pas besoin de se presser ; il pouvait prendre son temps dans la douche et apprécier un petit déjeuner agréable et tranquille. Il aimait quand ça se déroulait ainsi.

Cette fois-ci, il avait murmuré ces mots bien avant que son alarme ne se mette à brailler une horrible chanson pop dont il ne se rappelait plus le nom. Cependant, il doutait que ce soit l’alarme qui ait fait bondir le type hors du lit ; ce n’était jamaisl’alarme.

Le coup de la veille, Will ou William, ou probablement quelque chose de totalement différent vu les évidentes origines hispaniques du type, était maintenant hors de son lit et balbutiait vaguement qu’il l’appellerait, tout en essayant de passer un slip. Quel que soit son nom, et ça aurait pu être n’importe lequel vu l’état de post-ébriété de Liam, « Will » semblait s’en approcher suffisamment, vu son intention de ne plus jamais revoir cet homme.

Il était vrai que l’homme avait de jolies fesses, un sexe énorme, et Liam aurait probablement pu passer l’éternité au lit avec lui afin d’explorer chaque centimètre de ces muscles fermes et de cette peau chaude et dorée. C’était tentant, cela va sans dire, de se laisser aller à le faire, mais Liam n’était pas dupe. Si vous leur donniez le bon numéro de téléphone et les laissiez vous contacter pour un plan cul ou deux, vous risquiez, sans vous en rendre compte, de vous retrouver embarqué dans une relation inconfortable et malsaine impliquant des sentiments. Il n’avait pas besoin de ça. Trois ans plus tôt ? Peut-être. Maintenant ? Hors de question. Maintenant, sa seule motivation à draguer un mec, ou à se laisser draguer, était physique, et encore uniquement quand le besoin physique en arrivait au point où il ne pouvait plus s’en occuper tout seul. C’était ainsi depuis trois ans, et il était parfaitement satisfait à l’idée de continuer comme ça pendant trois ans de plus, voire davantage.

Se libérant de la couette vert sauge, Liam s’étira avec langueur et pivota sur le lit jusqu’à ce que ses pieds reposent sur les coussins.

— Tu dois partir tout de suite ? roucoula-t-il doucement. Je pensais qu’on pourrait prendre un petit déjeuner.

Encore fallait-il qu’il prenne son petit déjeuner en compagnie d’un des mecs avec qui il avait couché au cours des dernières années, mais c’était hors de propos. Rampant jusqu’au bout du lit, débordant presque de fierté à sa capacité de chasser quelqu’un de chez lui, Liam fit passer ses pieds par-dessus le rebord et sourit.

Un jean fut enfilé pendant que son propriétaire sautillait sur un pied et jetait des coups d’œil frénétiques au réveil.

— Voudrais. Peux pas. T’appelle.

Le type remonta son pantalon en titubant, le boutonna et attrapa son tee-shirt.

— Merde.

Il mit le tee-shirt et fronça les sourcils.

Liam ramassa une chaussure dont le bout pointait de dessous son lit et la souleva, un doigt crocheté au talon.

— Oh, mais j’allais faire une omelette. Je suis très doué pour ça aussi.

Il était très doué pour ça, mais il n’avait aucune intention d’en préparer une à quelqu’un d’autre que lui-même et quelquefois, peut-être, à sa meilleure amie Kari, si elle avait de la chance et surveillait ses manières.

Saisissant sa chaussure, Will se pencha en avant et embrassa Liam sur le sommet de la tête.

— La prochaine fois, Beaux Saphirs.

— La prochaine fois, répéta Liam.

Bien sûr, il n’y aurait pas de prochaine fois, mais il n’allait pas laisser échapper cette information. Heureusement, son immeuble avait un accès limité et même si le type essayait de s’arrêter pour une « prochaine fois », il lui serait incapable d’entrer. L’interphone de l’immeuble avait un système un peu défaillant qui, lorsqu’il fonctionnait, envoyait un message à son téléphone lui permettant d’ouvrir la porte pour laisser entrer la personne. Il ignorait l’appel à moins d’attendre une livraison, et comme Kari possédait un passe, il n’avait pas besoin d’utiliser l’interphone pour lui ouvrir.

— Tee-shirt, pantalon, chaussures, sac… marmonna Will, passant une main dans ses cheveux bruns ondulés avant de se pencher pour ramasser son autre chaussure et ses deux chaussettes.

Il se retourna, dansant d’un pied à l’autre pendant qu’il enfilait ses chaussettes, ses yeux fouillant les recoins de la chambre.

Liam se mit à rire, se tordit et se redressa.

— Tu l’as lâché près de la porte.

Il offrit l’info et se leva. Si ses souvenirs étaient corrects, c’était un sac à dos noir et vert, et ils l’avaient fait tomber sur le fauteuil au cours de leur progression plutôt maladroite vers la chambre. Liam passa devant Will et se dirigea vers la porte menant au salon.

Des bras glissèrent autour de sa taille, et il fut tiré vers l’arrière, tout contre un torse dur et bien musclé, celui-là même qu’il avait minutieusement assailli quelques heures plus tôt. Étonné, Liam laissa échapper un couinement de surprise manquant quelque peu de dignité.

— Tu aurais dû rester couché, loin de la tentation, Beauté, ronronna Will, déposant de légers baisers au creux de son cou.

Il glissa ses mains sur le devant des hanches étroites de Liam et caressa la peau pâle, le bout de ses longs doigts effleurant à peine les poils châtain taillés avec soin.

Sa peau se couvrit de frissons là où Will l’embrassait, et une bouffée de chaleur monta en lui, prenant naissance dans ses hanches. Merde. Il est environ trente secondes trop tard pour réaliser qu’il aurait dû se couvrir ou enfiler des vêtements.

Faisant glisser ses mains sur celles posées sur ses hanches, Liam se retourna et leva la tête pour sourire gentiment à cet homme. Il ne s’était jamais trouvé petit même s’il mesurait à peine un mètre soixante-treize, et il avait oublié pendant un instant à quel point Will était plus grand et large d’épaules que lui. Dans leur position actuelle, c’était absolument évident.

— Je m’en souviendrai pour la prochaine fois, dit-il en riant, ne s’embêtant pas à préciser que ce serait sans aucun doute avec quelqu’un d’autre. Je vais te chercher ton sac.

Il ôta les mains qui maintenaient ses hanches, les relâcha et s’éloigna. Attrapant son peignoir suspendu derrière la porte, il l’enfila et se dirigea vers le salon.

Will apparut quelques instants plus tard, chaussures aux pieds et ses longs cheveux maintenus en arrière en un semblant de queue-de-cheval désordonnée.

Liam lui tendit son sac en souriant.

— J’attendrai ton appel.

Il ne le ferait pas – pas vraiment – mais dire une telle chose était ce qu’ils attendaient, au moins parce que leur ego était tel qu’ils espéraient vraiment qu’il attende.

Will prit le sac, le jeta sur son épaule, sourit, passa son autre main derrière la nuque de Liam et l’embrassa.

Liam haleta de surprise.

Au moment où ses lèvres s’écartèrent, Will glissa sa langue entre elles et commença à explorer de manière experte les recoins de sa bouche.

Les genoux de Liam menacèrent de se dérober sous lui, et il saisit l’encadrement de la porte pour garder l’équilibre. Le fait que l’homme ne puisse pas se contenter d’attraper ses affaires et foutre le camp au lieu de le peloter et le toucher commençait à l’agacer. Malgré son énervement, Liam ouvrit la bouche plus grand et poussa sa langue contre celle de Will. Autant en profiter, et l’homme embrassait merveilleusement bien. Un léger effleurement contre son palais le fit frissonner.

Will s’écarta enfin, planta un baiser sur le nez de Liam et sourit.

— Je dois y aller, Chaton.

Il retira sa main de la nuque de Liam et caressa du bout des doigts sa joue et sa mâchoire. Recourbant ses doigts sous le menton de Liam, Will y fit courir son pouce.

— C’est dommage que je ne puisse pas rester, mais je vais penser à toi toute la journée.

Il lui embrassa le nez, puis se tourna et s’esquiva par la porte.

Liam resta planté là quelques secondes, le regardant disparaître dans le couloir. Il y avait un certain niveau d’intimité dans ce baiser, dans ces paroles, et même dans son sourire. La légère douleur qui étreignit sa poitrine le secoua. Il ferma la porte et ses jambes se dérobèrent sous lui.

— Reprends-toi. Il n’était pas si formidable.

Un peu quand même, mais être formidable au lit n’impliquait pas qu’il fallait garder cette personne dans sa vie. Matt avait été la preuve vivante qu’il n’était pas nécessaire qu’une personne tienne à vous pour que chaque once de vous désire ardemment la moindre partie d’elle. Les années qui avaient suivi avaient prouvé que presque n’importe qui pouvait remplir suffisamment cet espace pour qu’il n’ait pas à songer à celui ou ce qu’il voulait.

— En plus, ce n’est pas comme s’il aurait vraiment téléphoné, de toute façon, marmonna Liam en se relevant lourdement.

Il verrouilla la porte, fit demi-tour et retourna dans sa chambre. Il ramassa ses affaires au sol et les déposa dans une panière près de sa commode. Il était presque sûr d’avoir entendu quelque chose se déchirer hier soir, mais il n’avait pas le temps de s’en occuper, aussi ne prit-il pas la peine de regarder ce que c’était. S’il le pouvait et en avait le temps plus tard, il le ferait ; sinon, il se contenterait de le remplacer. Il ne portait jamais rien qu’il craignait d’abîmer quand il sortait draguer des mecs. La première fois qu’il avait commencé ce petit jeu, il le faisait, mais après avoir recousu sa troisième ou quatrième chemise déchirée ou ayant perdu un bouton, il avait décidé que ça ne valait pas le coup de porter un vêtement qu’il ne pourrait pas se permettre de remplacer. En fin de compte, cela semblait importer peu qu’il s’habille bien ou pas ; les gars lui faisaient du gringue malgré tout.

Liam ouvrit le tiroir du haut et sortit un boxer et des chaussettes. Il le ferma, ouvrit le suivant et en tira un pantalon noir plié avec soin.

Il se retourna et observa les draps et les couvertures froissées sur son lit. Un coussin était posé à la tête du lit où Will avait dormi, un autre était par terre du côté gauche, et les trois autres étaient empilés au bout, menaçant de tomber. Ils avaient été poussés là pendant la nuit. Il ne l’avait pas remarqué jusqu’à présent parce qu’il s’était réveillé avec la tête sur le torse de Will. Il était le genre de personne à avoir besoin de tendresse après le sexe même s’il n’avait jamais aucune intention de revoir le type. Liam s’y connaissait suffisamment en matière de psychologie sexuelle pour savoir que c’était lui qui s’attachait trop facilement. Ça l’ennuyait d’être ainsi, et c’était l’une des raisons pour lesquelles il ne fréquentait personne. D’habitude, ce n’était pas une chose sur laquelle il s’appesantissait et il n’appréciait pas qu’elle trotte maintenant dans sa tête. Certains hommes se fichaient qu’il se blottisse contre eux ; d’autres voulaient leur espace prétextant qu’ils avaient chaud après une partie de jambes en l’air. Mais même ceux qui s’en moquaient n’étaient pas particulièrement enclins aux cajoleries. Sa poitrine se serra douloureusement. Will avait été du genre câlin. Il avait attiré Liam dans ses bras juste après et il avait été encore là quand il s’était réveillé. Ce simple fait avait donné le sentiment à Liam d’être un salop pour la première fois depuis qu’il avait commencé ce petit jeu tordu de coups d’un soir.

Repositionnant la couette sur le matelas, il fronça les sourcils et étala avec précaution ses vêtements sur l’immense coffre en bois sombre qui reposait au pied du lit. Il se dirigea vers la penderie et sortit une chemise blanche encore sur son cintre et la suspendit au crochet à l’arrière de la porte de l’armoire. Ouvrant la porte juste à côté, il alluma la lumière de la petite salle de bain attenante et quitta son peignoir. Une douche chaude et quelques jours de travail, et il irait bien.

2

Le coffee shop sentait merveilleusement bon. C’était un mélange entre la saveur piquante du café, l’odeur apaisante du lait chaud, le parfum délicieusement sucré des pâtisseries et l’arôme épicé du thé. Il n’y avait nullement besoin des odeurs artificielles des bombes aérosol ou des bougies ; chaque coffee shop créait son propre parfum de désodorisant en fonctionnant de manière normale. Le Cheri’s Coffee n’était pas différent.

Liam aimait l’odeur qu’il dégageait. Elle lui donnait envie de fermer les yeux et d’inspirer profondément. Le travail était souvent chaotique et même stressant, mais il était également apaisant. Après ce matin, il en était reconnaissant. Même le chaos était apprécié si cela signifiait qu’il n’avait pas de temps pour ruminer sur des choses auxquelles il ne voulait pas penser.

Son collègue de travail, James, s’occupait du comptoir pendant que Liam opérait sa magie sur les boissons. Liam était plus rapide avec ces dernières et l’avait été environ deux semaines après avoir commencé à travailler ici. Il avait un rythme qui se rapprochait sacrément du zen. S’occuper des boissons faisait aussi passer sa journée plus vite. En conséquence, il fourrait tous les autres derrière le comptoir, tout le monde sauf Kari. Sa meilleure amie ne savait pas se taire, et la mettre derrière le comptoir, c’était comme demander aux ennuis de vous tomber dessus. L’autre avantage d’être sous-directeur était qu’il savait exactement avec qui il travaillait le lendemain d’un coup d’un soir, ou du moins qu’il pouvait s’arranger pour travailler avec James plutôt qu’avec Kari. Il l’aimait de tout son cœur, mais elle était grande gueule et des questions déplacées aimaient s’échapper de sa bouche à des moments inopportuns. Son sens de l’humour sarcastique n’était généralement pas apprécié par les employés de bureau nerveux ou les reines du shopping passionnées qui fréquentaient le petit coffee shopbondé. Le bon côté de la chose était que le charme de Kari opérait sur toutes les personnes avec qui elle travaillait, y compris la propriétaire, Cheri.

Au contraire d’elle, James était un génie avec les clients. Cet homme était un acrobate social, ce que Liam attribuait au fait qu’il lisait au moins trois journaux par jour et semblait toujours plongé dans un tas de livres. Le sac qu’il portait en était rempli et beaucoup d’entre eux parlaient de philosophie et d’histoire. Bien sûr, une grande partie de cette capacité devait être attribuée à l’expérience de la vie. Après soixante ans passés au contact des gens, on apprenait à leur parler. Entre ça, son sourire sincère et la cadence étrangement belle de sa voix, il n’y avait pas une seule personne – d’après ce qu’avait vu Liam – qui n’aimait pas James. Travailler ici était son idée de la retraite. Il avait dit une fois à Liam que c’était à cause de l’atmosphère, et celui-ci comprenait parfaitement.

Il était heureux que son service n’ait commencé qu’après le déjeuner. Les choses étaient plus calmes quand les gens n’étaient pas pressés et que le flot des clients ralentissait en faveur de ceux qui avaient des emplois du temps plus flexibles. Liam les regardait tous depuis l’arrière du comptoir. Il n’avait jamais réalisé que les après-midi étaient chargés de couples.

Deux adolescentes étaient assises dans un coin au fond, partageant un livre en gloussant, et se lançaient parfois des coups d’œil embarrassés. Cela fit réaliser à Liam qu’il aurait aimé grandir ici, en ville, où même si vos parents et pairs n’approuvaient pas, vous pouviez trouver un endroit où être tranquille. Pas loin d’elles, un couple avec un bébé était penché sur des cartes touristiques. L’homme souriait et soupirait d’un air soumis pendant que son épouse ou petite amie sautillait presque sur place. Elle n’arrêtait pas de pointer la carte en disant « on devrait aller là ». Il y avait d’autres couples, faisant tous des choses tout aussi mièvres. Il y en avait même un, bien à l’abri dans un coin près des toilettes, qui s’embrassait.

Liam les regarda et se demanda pourquoi il n’avait jamais remarqué la foule de l’après-midi pour ce qu’elle était. Il aurait aimé ne pas l’avoir remarqué maintenant ou peut-être l’avoir remarqué plus tôt. Son estomac se noua douloureusement et il attrapa la tasse la plus proche, détournant délibérément le regard du couple qui se câlinait dans le canapé de l’autre côté de la pièce. Repoussant l’horrible sensation, il se concentra sur la boisson qu’il préparait. S’il pouvait se concentrer sur son travail, il pourrait se détendre et oublier la frustration qui semblait empirer à chaque couple qui entrait dans le café d’un pas désinvolte, l’air détestablement heureux. Inspirant profondément, Liam essaya de ne pas regarder au-delà du bar. Cela l’aida, et lorsque vingt et une heures arrivèrent, il avait presque totalement oublié pourquoi il était stressé.

Ils étaient en train de retirer les pâtisseries pour les emballer et les ramener chez eux ou les jeter, lorsque cela le frappa à nouveau. Cela arriva pendant qu’il entassait les desserts dans un sac qu’il humait. Cannelle, sucre et légère odeur de vanille envahirent l’air autour de lui. Il s’arrêta, la main à mi-chemin entre le box des desserts et le sac qu’il tenait.

— Il sent les cookies. Ce n’était pas le parfum d’une femme, c’était celui des cookies…

Le soulagement l’envahit, comprimant sa poitrine et desserrant le nœud de son estomac en même temps.

— Qui ça ? demanda James d’un air absent, écrivant un nombre sur le brouillard de caisse avant de prendre une autre pile de billets et de continuer ses comptes.

— Personne, répondit Liam en secouant la tête. Un client tout à l’heure avait une odeur familière et je viens tout juste de réaliser pourquoi.

Il se doutait bien que James ne le croirait pas. Ce dernier le regarda, le sourcil relevé.

— Vraiment ? Personne… sourit-il d’un air entendu. Un client sentait les cookies et tu te mets dans cet état ?

Il ricana doucement.

— Je suis curieux de voir dans quel état tu serais si c’étaitquelqu’un.

— Et dans quel état je suis, exactement ?

Il détestait que ce commentaire le perturbe autant. Cela ressemblait à ce que Kari aurait dit si elle avait été là, seul le ton était plus doux. Le ton était… entendu. James ne le croyait pas, et Liam aurait vraiment aimé ne pas avoir ouvert la bouche. Bien sûr, grogner ne faisait que le confirmer.

— Tu as l’air heureux.

James secoua la tête et retourna à ses billets. Il soupira et les rassembla une nouvelle fois, les faisant défiler une fois de plus entre ses doigts.

— Je suis toujours heureux, grommela Liam, sachant que le ton de sa réponse était contradictoire avec ses paroles.

James reposa les billets dans la caisse et gribouilla à nouveau sur la feuille de papier.

— Pas aujourd’hui. Tu es déprimé depuis que tu es arrivé. Je suis juste content d’avoir été ici, à la place de Kari. Ça aurait été une mauvaise idée que tu fasses la caisse, vu à quel point tu avais la tête ailleurs. J’aurais été inquiet si tu ne savais pas préparer les boissons en mode « pilotage automatique » comme tu le fais.

Sa matinée avait été un peu frustrante, mais il n’était pas déprimé.

— Je vais bien. Et j’ai été bien toute la journée, souffla-t-il.

James lui lança un regard du coin de l’œil, soupira et retourna à sa feuille.

— Si tu le dis.

Peut-être que James avait raison, peut-être pas. Bien sûr, cela signifiait qu’il avait simplement besoin d’une meilleure distraction pour déconnecter son cerveau. Aller voir Kari était un bon moyen pour se distraire à condition qu’il ne laisse rien échapper. Il suffisait de bien détourner son attention pour qu’elle ne remarque pas qu’il lui cachait quelque chose. Liam regarda le sac de cookies dans sa main et sourit. Peu importe qu’ils travaillent tous les deux ici, les pâtisseries de fin de journée étaient toujours les bienvenues.

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