Comment ne pas écrire son premier roman ?

Daniel Comminette

Description

La vie que les écrivains connus nous font miroiter vous fait rêver ? Vivre de votre plume est votre souhait le plus cher ? Arrondir vos fins de mois en couchant sur le papier vos géniales pensées vous procurerait enfin un peu de confiance en vous... Pourquoi diable n'avez-vous pas encore fini votre premier ouvrage ? Vous trouverez ici maintes raisons de ne pas publier... À vous d'en faire des excuses ou des motivations. Selon votre degré d'humour, cette lecture vous plongera dans une atroce dépression qui vous ôtera toute envie d'écrire ou boostera votre créativité ! Allez, venez-nous rejoindre, que serait la vie sans défi ?

Sujets

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Informations

• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 30 août 2019
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782414345311
• Langue: Français

Extrait

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intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-34532-8

© Edilivre, 2019
Dédicace


A Skyfall mon ange gardien descendue du premier étage…
Vous écrivez depuis toujours, votre rêve est de partager avec le monde entier votre créativité littéraire. Connaître le succès et vivre de votre plume sont les moteurs de votre passion. Comme la plupart de vos semblables, vous êtes tombé sur tant d’embûches que vous ne pourriez même pas lister la moitié des raisons qui vous ont empêché de réaliser ce rêve.
Nous avons entrepris ici de répertorier quelques-unes de ces raisons qui ressemblent à s’y méprendre à ce que l’on appelle communément « des bâtons dans les roues ».
Loin de nous l’idée de vous proposer des solutions, non. Prenez plutôt ce recueil comme un document rassurant, vous prouvant que vous n’êtes pas seul au monde à voir vos projets littéraires capoter sans cesse.
Quant à ceux qui sont passés de l’autre côté, ceux qui connaissent le bonheur suprême d’irriguer la terre entière de leur créativité divine, lâchez ce livre ! Il n’est pas fait pour vous. Avez-vous besoin de vous moquer, en sus de votre intolérable réussite, du laborieux auteur auto-financé ?
Bon, nous voilà entre nous cher ex-confrère. Oui, ex, car si vous tenez cet ouvrage entre les mains, c’est que moi, à votre différence, j’ai été publié et que vous avez acheté mon bouquin. C’est fou comme ça fait du bien…
Allez, on s’accroche et on lit religieusement en espérant trouver le moyen de faire pareil !
1. Lisez beaucoup :
Le temps nécessaire à l’écriture sera ainsi englouti à lire les productions de types que vous ne risquez pas de croiser.
Ces auteurs prolifiques, assis bien au chaud dans leurs limousines sur l’autoroute de la gloire, enrobés dans un halo de réussite ; vous sur votre draisienne obsolète, cahotant sur les chemins boueux de l’improductivité. Les jeux vidéo et les séries télé sont chronophages, la lecture aussi, même si la lecture sera la seule à vous faire souffrir de ne pas être dans la limousine.
2. Admirez abondamment les auteurs qui vous plaisent :
Développez vos complexes. Ce génie inaccessible étalé sans retenue tout au long de ces innombrables pages envoûtantes de créativité vous glace. Comment est-ce possible ? Le tout drapé de réussite béate, photo de l’auteur à l’air épanoui à l’appui. Vous souffrez, tant pis pour vous, vous n’avez qu’a vous y mettre. S’ils l’ont fait, c’est que ça ne doit pas être si compliqué !
3. Critiquez les auteurs que vous jugez médiocres :
Et développez vos complexes : ils sont peut-être mauvais mais eux, ils ont écrit, fini et publié ! Vous êtes donc moins bon que le moins bon des auteurs que vous ayez lus… Dur !
4. Optez pour la sécurité :
Choisissez de faire de bonnes études, de préférence à caractère économique ou commercial ou de vous astreindre dès le plus jeune âge à pratiquer une activité professionnelle. Vous pensez qu’une fois bien installé, dans une vie confortablement matérialiste, vous pourrez entreprendre d’écrire… Bien sûr !
5. Vous avez confiance en vous :
Vous êtes génial : vos idées sont nourries par de riches expériences de vie et des rencontres formidables. Un exemple ? Michel, pilier de comptoir notable au Café du Commerce à Jubisy-le-pontois, est votre source d’inspiration. Grâce à sa vision holistique de la société humaine, le monde tourne plus rond sans coup férir après chaque session de remodelage alcoolisé nocturne. Ses idées ne peuvent qu’intéresser la population du monde entier car il a le Savoir. Il vous impressionne, vous faites vôtres ses idées, belle mentalité ! Ça ne peut que fonctionner !
6. Parlez de votre projet :
Écrivez sur un mémo de votre smartphone les premières idées qui vous viennent après quelques verres de vins engloutis un après midi au Café du Commerce. Assis seul dans un coin, observant de votre œil acerbe et critique la population exsangue et béotienne autour de vous (Jean-Paul Sartre, smartphone mis à part, n’a-t-il pas procédé de la sorte ?), votre prose prend forme. Faites ensuite lire votre géniale production, brute et avec l’orthographe au naturel, à la première personne de votre entourage que vous croisez. Attendez, dodelinant d’impatience, guettant ses réactions pendant que votre victime se demande comment vous dire qu’il n’y a rien à dire sur votre narcissisme littéraire. Devant votre mine fière et réjouie, il baissera le pavillon de l’honnêteté pour hisser celui du politiquement correct. C’est sur un ton volontairement peu enjoué qu’il bredouillera quelque chose qui ressemble à peu près à tout sauf à un compliment pour qui sait se montrer un peu lucide. Tactique délicate ; votre génial génie vous empêchera toutefois de saisir la subtilité de sa tentative. Vous penserez avoir atteint votre but, trop content d’avoir touché un public aussi facilement. Vous mettrez votre toute jeune carrière entre parenthèses, car finalement, abriter un génie créateur aussi puissant, ça épuise. Vous méritez bien un peu de repos. Et hop, on arrose ça au Café du Commerce.
7. Écrivez pour devenir riche :
La probabilité d’un succès est tellement infime, les paramètres qui génèrent eux-mêmes les paramètres qui régissent les raisons d’un succès menant à la richesse sont si nombreux, que les meilleurs statisticiens qui s’y sont collés ont rendu les armes. On raconte même que les plus tenaces d’entre eux coulent à présent des jours paisibles, tenus à l’écart de tout ce qui se rapproche d’un chiffre dans de grandes maisons que l’on qualifie pudiquement de sanatoriums. Au menu du petit-déjeuner : cocktail de pilules joliment colorées pour éloigner leurs obsessions. Bref, réunir les ingrédients du succès tient du miracle, bien que les dieux eux-mêmes semblent en avoir perdu la recette. Écrivain à succès, c’est un peu comme le lotto, les soucis en plus.
8. Pensez à votre deuxième production :
Alors que vous vous démenez pour organiser péniblement les rares idées qui vous semblent dignes de l’intérêt du public pour un premier ouvrage, vous vous demandez déjà comment vous allez pouvoir ne pas décevoir les critiques qui auront inévitablement encensé ce premier opus. Avant même de l’avoir terminé, vous envisagez déjà la pression de votre capitaliste éditeur, les interrogations tapageuses de la presse people quant à l’éventuelle panne d’inspiration de votre plume magique (et si votre premier succès n’avait été qu’un accident ??) et bien d’autres joyeusetés dont votre cerveau inquiet se montre capable. Vous avez peur de décevoir après avoir connu le succès, alors vous ne prendrez pas ce risque… Vous rangerez votre matériel de parfait petit écrivain dans une boite, la boite dans un carton et le carton dans le garage. On n’est jamais trop prudent.
9. Vous tombez amoureux :
Alors que vous étiez bien parti pour rédiger un préquel des « Bienveillantes », votre esprit entièrement accaparé par l’impérieux besoin d’organiser sur le papier la plus vaste intrigue jamais imaginée, un impondérable se produit : la voisine du dessus est venue vous demander si son chat, dont vous ignoriez jusque-là l’existence, ne vous ennuie pas lorsqu’il passe la journée à miauler quand elle n’est pas là… Maintenant, c’est vous qui ne pensez plus qu’a miauler conjointement avec votre sus-mentionnée voisine. Le chat, lui, ne vous laisse plus ignorer son existence tant il est opiniâtre et inventif quand il s’agit de montrer sa désapprobation nocturne de vous voir occuper la place qui était la sienne dans le lit de sa maîtresse (qui est maintenant la vôtre également). C’est donc tout naturellement contrit de bonheur que vous rangez dans un obscur recoin de votre mémoire votre fabuleux projet littéraire. Monsieur Little n’a qu’a s’y remettre lui-même si il veut étoffer son chef-d’œuvre !
10. Vous avez envoyé votre manuscrit aux éditeurs qui ont refusé celui de JK. Rowling :
Vous vous dites qu’après une bourde pareille, ils ont changé de politique de sélection et acceptent toutes les productions qui leur sont proposées. Erreur, car ils ont tous changé de métier, il se dit que certains ont écrit et tente de se faire publier…
11. Vous abandonnez dès le premier refus :
Oui, il existe plusieurs maisons d’éditions. De plus, choisir d’envoyer votre recueil de poèmes baroques au spécialiste de l’édition de livres à vocation médicale n’était peut-être pas la chose la plus avisée que vous ayez entreprise (excepté peut-être le choix du sujet de votre ouvrage). Visez mieux, tenez bon. Ce que vous faites est peut-être médiocre, mais tant que personne ne vous l’a dit, vous pouvez encore y croire. C’ est beau l’espoir…
12. Ne dactylographiez pas vos textes :
Vous êtes un esthète et un esthète ne se sert pas d’un traitement de texte. Le traitement de texte, c’est pour la fange. Seulement...