Contes et Légendes des Charentes , livre ebook

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La spécificité des pays charentais n’est plus à présenter aujourd’hui. Elle s’est, pour beaucoup, forgée dans une histoire complexe, entre Poitou et Gascogne, souvent assombrie par les vicissitudes de la politique ou de la religion.


Mais la vitalité et la bonne humeur charentaises transcendent tous ces épisodes dramatiques et donne corps à une série de contes et de légendes historiques et merveilleuses.


Et l’auteur, ou plutôt « l’arrangeur » a su garder tout le talent du conteur traditionnel et permettre ainsi au lecteur charentais... ou non d’apprécier ou de découvrir un pays, un peuple entreprenant et attachant toujours.


Un recueil à mettre entre toutes les mains... un grand régal ! par un auteur d’origine belge qui, au tournant de l’après-guerre 1939-1945, publiera de nombreux ouvrages de contes et légendes : pays de Flandre, pays d’Ardenne, Pays Basque, etc.

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Nombre de lectures

4

EAN13

9782824054407

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

4 Mo

Même auteur, même éditeur :









isbn

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2006/2011/2016/2020
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.0692.5 (papier)
ISBN 978.2.8240.5440.7 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.


AUTEUR

HENRY PANNEEL








TITRE

CONTES & LÉGENDES DES CHARENTES




AVANT-PROPOS
O ù est-il le bon vieux temps des longues veillées d’hiver où, devant un bon feu de ceps de vigne, on s’assemblait entre voisins pour s’aider mutuellement à « épelouner » les marrons de leur piquante armure, à « épivarder » le maïs, en grattant l’épi sur une queue de poêle, à « énauler » les noix vertes à coups de marteau, tout en grignotant de larges « rôties » de pain grillé trempées dans du vin.
Et toute l’assemblée frémissait aux récits fantastiques de sorciers, de revenants, de fées : les « fades », et tous êtres issus de la superstitieuse imagination du Charentais qui, sur ce point, était digne de rivaliser avec le Breton.
Il serait impossible de dire les mille croyances désuètes qui influençaient l’âme crédule des paysans d’Aunis, de Saintonge et d’Angoumois ! Elles abondaient dans tous les domaines de la vie courante.
Il y avait les « filandières », toujours au nombre de trois et vêtues de blanc, portant fuseau et quenouille, qui se réunissaient au clair de lune auprès des fontaines ou de la Charente, dans les grottes de la Roche-Courbon, à Saint-Savinien, aux Arciveaux... Il y avait les sorcières : « genopes » et ganipotes », les guérisseuses: « penseuses », « rebouteuses » et « devins »...
Les Charentais croyaient à l’incarnation du Diable, que les âmes des défunts rôdaient alentour des cimetières, que les cris du hibou étaient de funeste présage. Ils observaient certains jours « néfastes » et au cours de ces derniers, nul n’eût osé entreprendre de voyage ou de travail sérieux. Le grillon qui chantait dans l’âtre, l’hirondelle qui nichait sous le toit faisaient partie de la famille et on apprenait aux enfants à les respecter. Les saints et les saintes avaient une large place dans la vie, car à chacun était dévolu le don de guérir une maladie déterminée. L’un faisait passer la fièvre, soignait les rhumatismes ; Sainte-Anne faisait monter le lait à la fois aux nourrices et aux bêtes, et la Trinité — qu’ils prenaient pour une sainte — guérissait l’épilepsie. Mais on ne savait pas toujours à quel saint se vouer lorsque le mal n’était pas bien connu, alors on découpait de petits morceaux d’étoffe sur chacun desquels on écrivait le nom d’un saint, on les jetait ensuite dans un vase empli d’eau et le premier fragment qui touchait le fond donnait, suivant le nom qu’il portait, l’indication du saint à invoquer.
Celui qui, au matin du I er Mai, allait sournoisement mouiller un linge à la rosée du champ du voisin, devait avoir double récolte, aux dépens de ce dernier. Qui, le jour de la Saint-Jean, arrachait un brin de chanvre mâle dans la chènevière d’un autre, voyait naître, en son étable, autant de veaux qu’il avait de vaches, alors que l’autre n’obtenait que des génisses. Qui dérobait une poignée de fumier, entre la Saint-Jean et la Saint-Pierre, privait le volé de sa récolte, au bénéfice du larron... Croyances bénignes, mais qui suscitaient fréquemment de graves rixes entre voisins et incitaient certains à veiller la nuit au coin de leur champ.
Sous peine de catastrophe, il fallait se hâter de jeter au dehors toute poule qui manifestait l’intention de couver dans la maison. Aucune affaire ne devait être entreprise un vendredi. Malheur aussi à celui qui donnait du feu entre Noël et le jour de l’An. La lessive faite pendant la semaine Sainte faisait mourir la pécheresse dans l’année, et le pain cuit le jour de la Toussaint ou au cours des Rogations, était néfaste à la santé.
Encore signe de malheur, la belette qui, devant vous, franchissait le chemin de droite à gauche, et combien d’autres...
Plus curieuses étaient ces coutumes matrimoniales de l’Angoumois où les jeunes mariés devaient apporter aux « consuls » qui les unissaient, une balle — une « pelote » — faite de losanges de drap ou de cuir de couleurs diverses. La femme mariée deux fois offrait un pot de terre empli de treize bâtons appartenant à treize espèces d’arbres différentes et portant fruits. Quiconque, les yeux bandés, parvenait à briser le pot en lançant les bâtons recevait pour récompense le souper et deux sols six deniers. La femme mariée trois fois, devait un tonneau de cendres tamisées treize fois et treize cuillers de bois fruitiers différents. Celle mariée quatre fois, donnait une maison de treize chevrons où treize hommes habillés de blanc allaient danser aux dépens de l’épousée. Enfin, celle qui se mariait pour la cinquième fois, s’en tirait avec une cuve emplie de fiente de « geline » (poule) blanche...
Mais ce fut aussi dans ces Charentes que s’écrivirent nombre de nos plus belles et de nos plus tragiques pages d’Histoire, depuis les invasions des Maures, les atroces guerres de religion, jusqu’aux évènements de 1939-1945, où les Forces de l’Intérieur de la Résistance Charentaise, mal armées, mal vêtues, mal nourries réussirent cependant, après de sanglants combats, à déloger de leurs redoutes de béton, les derniers Allemands farouchement retranchés dans les « Poches » de l’Atlantique... Royan, ville martyre, fut rasée...
Et rappelons aussi, qu’au nombre des courageux pionniers qui, au XVIII e siècle, émigrèrent de France pour s’établir les premiers au Canada — les Acadiens — se trouvaient quantité de Charentais qui implantèrent « là-bas », outre leur pittoresque accent, l’amour indéfectible du « vieux pays ».




LA LANGROTE VERTE
E ntre les villes d’Angoulême et de la Rochefoucauld, sur la lisière Ouest de la Forêt de la Braconne, près du petit bourg des Rassats, vivait une famille d’honnêtes paysans : les Jaulde.
A l’époque de ce récit, grande était l’affliction du père.
Un fils venait de naître, mais si chétif, si menu, qu’il semblait ne pouvoir survivre. Les malheureux parents se désespéraient, car il y avait longtemps qu’ils attendaient cet enfant et déjà, ils l’aimaient de toute la force de leur cœur ; aussi, la crainte de le perdre si vite, leur était-elle extrêmement pénible.
— Ah ! s’écria enfin le père Jaulde, en saisissant sa tête à deux mains, qui donc pourrait nous assister et empêcher notre enfant de mourir ?
A cet instant, on frappa à la porte et Jaulde vit entrer une très belle dame vêtue comme une reine. Il demeura un moment ébahi, puis, s’inclinant respectueusement devant la visiteuse demanda
— Oh ! noble dame, auriez-vous donc entendu notre pauvre appel ?
— Oui, répondit-elle. Je suis la Fée Braconne, qui règne sur cette forêt. Ta douleur m’a émue et comme tu es un brave homme, je suis immédiatement accourue à ton aide.
— Oh ! Madame, balbutia Jaulde éperdu de joie, en s’agenouillant devant la fée... Je vous en supplie ! que mon petit Lucas conserve la vie, et je ferai tout ce que vous exigerez de moi.
— Tranquillise-toi, répondit la Fée, car ton fils vivra. Il deviendra même un robuste garçon, courageux et dévoué comme toi... Pourtant, ajouta-t-elle, je pose une condition... Le jour de ses vingt ans, ton Lucas devra épouser la Langrote verte du puits de Nanteuil...
Or, en patois charentais on donne le nom de « langrote » au lézard.
Le père Jaulde en demeura tout pantois.
— Que mon fils épouse une langrote ! répéta-t-il interloqué.
&

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