HISTOIRES DE LA MER

Lafonta Isabelle

Informations

• Publié par: Flies France Éditions
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9782373800555
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 5 Mo

Extrait

Sur la crête des vagues coiffées d’écume, le navire de la « caravane des contes » fait route, toutes voiles dehors, vers l’océan des légendes. Tour à tour bercé par le chant des marées ou ballotté par les tempêtes, il file gaiement vers la haute mer escorté par le roi des poissons, l’enfantcoquillage et la sirène qui aimait les pommes. A tribord, la cité magique blottie tout au fond des flots ne scintille ra que pour toi. Et à bâbord, sur les plages de l’île jadis pêchée à la ligne par les dieux de la mer, les crabes violonistes feront claquer leurs pinces en ton hon neur avant de chuchoter à ton oreille tous les mystères des océans de la terre.

9 782910 272388

ISBN 2910272389

14,50 euros

Histoires de la mer

Isabelle Lafonta

IsabelleLafonta

Histoires de la mer

Illustrations de Claire Degans

Flies France

La caravane des contes

Isabelle Lafonta

Histoires de la mer

Illustrations de Claire Degans

Flies France

Pourquoi la mer est salée

Conte comorien

Ilétait une fois un roi très Qu’il aurait été agréable d’avoir de avare. Quand il croisait l’eau de mer sucrée ! quelqu’un, il le regardait, l’arrê Toutefois, n’oublions tait et lui intimait fermement : pas qu’avec le corail et les perles, le sel est – Rendsmoi mon regard ! l’une des plus grandes richesses de – Pardon, Sire ? l’Océan. Jadis, on le surnommait –J’ai posé mon regard sur d’ailleurs « l’or blanc » en raison de sa rareté et de sa grande valeur marchande. toi !Ou tu me le rends ou tu Avant l’invention du réfrigérateur, le l’achètes ! salage jouait un rôle essentiel dans la Nul ne savait par quel moyen conservation des aliments en permettant rendre le regard du roi. Alors, de limiter la prolifération des bactéries. Depuis l’Antiquité, les hommes ont donc résigné, on donnait en échange appris à extraire le sel de la mer en un troupeau de vaches au sul installant des marais salants dans les régions côtières. Grâce à d’innombrables tan, qui continuait à s’enrichir, canaux, ces derniers acheminent l’eau de encore et toujours. Dans ces mer dans des bassins peu profonds où celle-ci s’évapore sous l’action contrées, les gens évitaient de du soleil et du vent, favorisant ainsi sortir, de crainte de croiser le la récolte du sel. monarque. En ce tempslà, la mer était sucrée. Le roi, toujours avare et cupide, appela tous ses sujets et

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leur dit : – A compter de ce jour, je vous interdis formellement de recueillir de l’eau de la mer ! Elle m’appartient, à moi et à moi seul ! Dispersez vous maintenant et représentezvous demain matin avec le prix ! – Quel prix, ô Sire ? demanda un homme. – Le prix de mon regard et de ma parole ! Chacun me remettra deux troupeaux de bœufs ! Croyezvous que mon regard et mes mots soient gratuits ? Sachez que celui qui ne s’acquittera pas de sa dette, sera condamné à mort. La foule se dispersa. Certains contestèrent. Oh, pas à haute voix, bien sûr, car ils n’étaient pas autorisés à contester ou à contredire le sultan. Le lendemain, le roi fit construire un mur au bord de la mer, où il vendit chèrement l’eau sucrée de l’Océan. A la nuit tombée, des gardes armés jusqu’aux dents surveillaient ce qu’ils estimaient être un bien royal. Les pêcheurs étaient interdits de pêche, il va de soi. Un matin, le roi, pour narguer ses sujets, arriva à la place pu blique, ordonna qu’on lui apportât un fût entier d’eau sucrée, fraî chement recueillie de la mer. Il se coucha sur un matelas en or et proclama : – Je suis le roi des rois ! Je suis riche et viril ! Regardez comme je suis robuste et beau alors que vous êtes malingres et laids ! Domestiques, amenezmoi cette eau succulente de la mer qui est mienne ! Quatre servants soulevèrent péniblement la barrique et versèrent

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l’eau dans la bouche grande ouverte du roi, qui commença à hur ler et à gesticuler dans tous les sens. – Arrêtez ! Arrêtez ! suppliatil. Les domestiques suspendirent leur mouvement. Le sultan se re leva, tituba et finit par s’écrouler à terre avant de mourir. Le vizir goûta l’eau et s’écria :

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– Cette eau n’est pas sucrée ! Elle est salée ! Tout le monde se précipita à la mer. Chacun testa l’eau. Elle était bel et bien salée ! Les aïeux s’accordent à dire que Dieu, pour punir ce roi avare et cupide, avait jeté un plein sac de sel dans l’Océan. Lorsqu’il voulut lui rendre son goût sucré, il fut surpris et stupéfait. Il ne lui restait pas une pincée de sucre. Alors il s’exclama : – Tant pis, la mer restera amère ! Et la mer resta salée…

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L’origine des vagues et des marées

Conte philippin

Peu après la création du  Les vagues qui se monde, le soleil épousa la lune.  forment en mer  n’ont pas toutes Comme ce dernier était très laid  la même allure ni et avait un tempérament querel  la même puissance. C’est leur, il passait son temps à se dis  pourquoi les marins les désignent sous des noms différents. puter avec sa jeune et jolie épouse. Lorsque la brise souffle doucement, Il lui reprochait de se montrer la surface de l’eau est plissée par des trop coquette et de changer d’ap ondulations appelées rides. De loin, l’écume qui coiffe certaines vaguelettes parence chaque jour. fait penser aux boucles douces d’une — Bientôt, fulminaitil, le ciel toison de laine. Aussi appelle-t-on ne sera plus assez grand pour ac ces vagues des moutons. En heurtant un obstacle, les flots effectuent cueillir tous tes vêtements ! Quel un brusque retour sur eux-mêmes : besoin astu de troquer ton beau c’est le ressac. Enfin, tous les matelots manteau de pleine lune contre redoutent deux types de vagues parti- culièrement dangereuses : les lames toutes ces capes brodées de crois déferlantes et les tsunamis, toutes deux sants argentés ? capables de couler un navire. Un jour, il entra dans une telle colère en voyant sa femme essayer une nouvelle robe ornée de quartiers de lune satinés que celleci s’en fuit à l’autre bout des cieux.

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