Il était une fois la Franche-Comté , livre ebook

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2013

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La légende du terroir trouve souvent son origine dans un conte oral traditionnel. Elle a été mise par écrit pour être lue publiquement. Pour nous faire découvrir le légendaire, la tradition et la culture de Franche-Comté, David Aubry a su faire appel au merveilleux. Chacune des légendes qu'il nous rapporte est liée à un lieu de notre terre comtoise à un objet de chez nous, à un personnage de chez nous.


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Publié par

Date de parution

17 janvier 2013

Nombre de lectures

639

EAN13

9782365729222

Langue

Français

Le lac Saint-Point


Il était une fois, il y a de cela très longtemps, au bord du Doubs, en lisière d’une profonde forêt de sapins, une grande cité que l’on appelait Damvauthier. Une ville puissante, célèbre par la beauté de son site et la prodigieuse richesse de ses habitants.
Heureux habitants de cette ville opulente ! Ils vivaient dans une oisiveté dorée et passaient le meilleur de leur temps dans les festins et les fêtes. Ils étaient paresseux, gourmands, bouffis de vanité et d’orgueil. Le luxe était pour eux un besoin et le plaisir, souvent pimenté de débauche, une habitude.
Dans cette ville dissolue, les hommes et les femmes étaient devenus durs, violents, cruels. Ils maltraitaient leurs esclaves, ils se méfiaient des voyageurs, ils chassaient sans pitié ceux qui frappaient à leur porte, pèlerins, mendiants ou pauvres hères.
A plusieurs reprises, on avait vu sur la place un vieillard à l’air mystérieux criant à tous ceux qu’il voyait : « Gens de Damvauthier, enfants égarés, changez de vie pendant qu’il en est encore temps... sinon la colère de Dieu s’abattra sur vous et vous retomberez au néant ! »
Mais personne ne tenait compte de ses avertissements. On le chassait de la ville, mais il y revenait, inlassable, obstiné. Puis il n’y revint plus. Damvauthier, plus encore qu’auparavant, s’abandonna aux pires désordres.
Un jour d’hiver froid et triste. La neige tombait en bourrasque. Une femme franchit les portes de la cité en haillons et pieds nus, toute courbée dans la neige et le vent. Dans ses bras, elle portait un tout jeune enfant. Il pleurait et criait, le visage bleui, cinglé par les flocons.
Elle frappa, sans se lasser, à la porte des riches maisons bien chaudes, d’où parvenaient les odeurs des festins et l’écho des rires et des chants ; partout, elle fut repoussée.
La malheureuse mère avait trouvé chaque fois la même dureté de coeur et essuyé le même refus. On l’avait chassée sans pitié et la vue de son enfant affamé et transi n’avait pas touché ces êtres endurcis et cruels.
« Tout est fini, pensait la femme. je suis prête à mourir, mais, je vous en supplie, mon Dieu, sauvez mon enfant, donnez-lui le droit de vivre et de vous aimer. Mon Dieu, sauvez-le ! »
Soudain, elle vit venir un vieillard très bon et très doux qui était le moine Saint Point. Le vieillard habitait dans la forêt une petite cabane faite de branchages. Il y fit entrer la femme et l’enfant et alluma un bon feu de brindilles, qui les réchauffa. Puis il apporta un morceau de pain d’orge et un bol de caillé. L’enfant se mit à sourire et le vieillard le regarda avec attendrissement.
Minuit. Tout à coup, le tonnerre gronde plus long et plus violent qu’aux jours des pires orages. La terre tremble, les sapins s’abattent avec un craquement sec, les chiens hurlent à la mort. A Damvauthier les convives restent immobiles et silencieux. Le tonnerre s’est tu, il n’y a plus qu’un bruissement sourd et continu, celui de l’eau qui coule et tombe en cascades.
Puis, les cloches : on sonne le tocsin. Que se passe-t-il ? Les habitants de Damvauthier sortent. L’eau dans les rues monte, monte encore. Le courant est si fort qu’il emporte les imprudents.
L’eau atteint le niveau des toits. Les derniers rescapés disparaissent. Puis, c’est le grand silence. Les clochers émergent un moment, puis leurs croix. Damvauthier est engloutie sous les eaux.
Le lendemain, la femme réveillée par les cris joyeux de l’enfant sort de sa cabane et à travers les arbres observe la vallée. A la place de Damvauthier, cité du plaisir et de la dureté, elle voit un grand lac, sur lequel court une brume légère. Elle ne comprend pas.
Le vieillard, un bâton de pèlerin à la main, s’approche : « les gens de cette ville n’ont pas écouté les avertissements de Dieu, dit-il doucement et ils ont été punis par un terrible châtiment. » Puis il disparaît, pendant que le soleil se mire sur les eaux du lac, dont on entend près des joncs le léger clapotis...
La femme, dès lors, vécut avec son enfant au bord de ce lac, auquel elle donna le nom de saint Point, son protecteur. La cabane de l’ermite devint quelques années plus tard une petite chapelle et des villages nouveaux s’établirent autour d’elle.
Des pêcheurs racontaient que leurs filets s’étaient accrochés aux croix des clochers de la ville engloutie ; d’autres affirmaient avoir vu, le soir, des ombres étranges errer sur les eaux. On entendrait même parfois très nettement, montant du fond du lac, le glas sonné par les cloches de la cité maudite...

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