Légendes vosgiennes

Edmond-Louis Dosse, Charles Hirlemann

Description

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Alors que la neige blanchit les grands sapins, que la bise souffle au dehors de la chaumière, les petits montagnards recueillis écoutent encore les légendes d’autrefois. Déchirant le voile de notre siècle blasé et matériel, elles leur montrent un tout petit coin de ciel bleu, dans l’au delà des rêves et des chimères. Elles émeuvent la sensibilité naissante de leur cœur, et leur font comprendre le doux parfum qui se dégage de l’âme lorraine...

Si nous voulons donc apprécier les habitants d’une région... vivre les angoisses et les joies par lesquelles ils sont passés à travers les siècles... écoutons ses légendes, sans sourire de leur trop tendre naïveté... Méditons-les... Mieux que l’aridité d’un guide, elles nous feront doucement apprécier les beautés et les forces de la Nature que nous admirons... parfois sans les comprendre... (extrait du Prologue, éd. originale de 1929).

Edmond-Louis Dosse (1874-1949), né à Embrun. Issu d’une famille de militaires, il rédigera des cours de tactique militaire, un traité sur la guerre de montagne ; chef d’état-major de l’Armée d’Orient en 1918 ; gouverneur militaire de Lyon de 1932 à 1936.

Légendes vosgiennes est son seul ouvrage « civil ». Illustrations de Charles Hirlemann.

Sujets

• Vosgos (departamento)
• Légende (Wieniawski)
• Fiction
• Contes
• Vosges
• Légende
• Littérature
• France
• Europe

Informations

• Publié par: Editions des Régionalismes
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9782824056401
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 25 Mo

Extrait

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Légendes vosgiennes



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Tous droits de traduction de reproduction
et d ’ adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Éric Chaplain
Pour la présente édition :
© edr/ ÉDITION S des régionalismes ™ — 2021
EDR sarl : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.1099.1
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l ’ informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N ’ hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d ’ améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.




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général dosse


légendes vosgiennes






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Forêt de l’Ormont.



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PROLOGUE
C ertains sceptiques assurent que la science et ce que nous croyons être le progrès, ont eu raison des naïves croyances populaires. Ils affirment que la mère-grand ne conte plus, au coin du feu, au cours des longues soirées d’hiver, de sa voix douce et chevrotante, les histoires du temps jadis. Sans se laisser émouvoir par la note d’art naturel et grandiose qui s’en dégage, ils apprécient cascades, torrents bois et rochers en volts, planches et cubes de pierre...
Est-ce donc que la Poésie, cette douce conseillère de l’âme française, noircie par le torrent de fumée des usines, effrayée par le bruit des turbines, et trop amoureuse de l’irrégularité charmante de la Nature, pour pénétrer dans les alignements des cités ouvrières, songerait à quitter notre Lorraine ?..
Chassée peut-être des bas-fonds des plaines et des vallées écorchées par l’industrie… elle s’est heureu- sement réfugiée dans la montagne. Planant sur les fo- rêts, roches et vallons, que la main de l’homme n’a pu dévaster encore, elle les embellit toujours du mystère qui charmait nos ancêtres... Alors que la neige blanchit les grands sapins, que la bise souffle au dehors de la chaumière, les petits montagnards recueillis écoutent



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encore les légendes d’autrefois. Déchirant le voile de notre siècle blasé et matériel, elles leur montrent un tout petit coin de ciel bleu, dans l’au-delà des rêves et des chimères. Elles émeuvent la sensibilité naissante de leur cœur, et leur font comprendre le doux par- fum qui se dégage de l’âme lorraine. Sous une forme captivante elles leur donnent des enseignements mo- raux qui frappent leur imagination, plus que des règles groupées en une aride nomenclature.
Mais pour nous, amis de la Nature, ces souvenirs des siècles passés, transmis par la tradition, directement des vieillards aux tout petits, ne sont-ils pas l’aide la plus précieuse pour comprendre l’âme d’un pays que nous effleurons ?..
La rudesse ou la grâce d’un paysage, l’aspect sombre d’une forêt de sapins, l’élégance des peupliers, le bruis- sement des hêtres sous la brise, l’élan vers le ciel de rochers déchiquetés, le calme majestueux d’un lac qui sommeille, le clapotis de la mer en fureur, le contraste entre le ciel bleu et les neiges éternelles de la haute montagne, la vue de la dune qui fume sous le soleil ardent, les tons émouvants des levers ou couchers de soleil qui caressent doucement la nature, l’angoisse éprouvée dans une tourmente de neige, la volupté des chaudes journées, la tristesse infinie des brouillards... créent en effet en chaque pays, par la continuité des mêmes sensations, une mentalité spéciale. Le mon- tagnard ou le paysan ne trouvent que rarement la possibilité de traduire dans les livres ces sentiments trop intimes. Seuls les contes nous permettent d’en deviner tout le délicat parfum.



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Si nous voulons donc apprécier les habitants d’une région.... vivre les angoisses et les joies par lesquelles ils sont passés à travers les siècles... voyager autre- ment qu’en snobs ou en indifférents... écoutons ses légendes, sans sourire de leur trop tendre naïveté... Méditons-les... Mieux que l’aridité d’un guide, elles nous feront doucement apprécier les beautés et les forces de la Nature que nous admirons… parfois sans les comprendre...
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A défaut de mieux, elles nous élèveront dans un rêve qui plane trop haut dans le ciel pour qu’un nuage de fumée puisse le noircir.




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Légende de la Maix



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LÉGENDE DE LA MAIX
C ’est par un sentiment de douce mélancolie, que le voyageur venant de Vexaincourt se sent étreint, en apercevant le lac de la Maix (1) au débouché de la forêt... Charme émouvant mais étrange d’un paysage de légende, formé par la grande dépression noire du lac qu’encercle une muraille de sapins et de feuillis de hêtres verts, dominé par une petite chapelle assise dévotement sur l’escarpement d’une rive... comme pour en préserver les abords des Elfes mystérieuses.
Au Moyen-Age, en ce lieu solitaire, se dressait fiè- rement, tout en granit, le burg fameux de la Maix. Ses tours aiguës, arrogantes, semblaient surveiller les deux vallées boisées qui, dans le lointain, s’écoulent en pente douce, vers la Meurthe au cours sinueux. Nulle chaumière ne se blottissait sous ses hauts remparts crénelés, car il était enserré de forêts profondes et son terrible sire était renommé pour sa cruauté... Toute la tendresse d’âme du baron était en effet res- tée jadis par-delà le Rhin. Jeune écuyer, dans le burg de son suzerain, au mépris de la foi jurée, il avait en

1. Le lac de la Maix est situé à proximité de Vexaincourt. Il existe une autre version de la légende du lac de la Maix. Celle-ci, qui est peu connue, a été racontée à l’auteur en 1886 à Vexaincourt.



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Sous-bois dans l’Ormont.




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