Mémoire d'éléphant

Bounmy

Description

Chaque jour la forêt diminue sur notre planète, tout particulièrement au Laos. Ainsi, l’habitat des éléphants se réduit. Le comble est qu’ils sont eux-mêmes responsables de cette destruction ! Depuis des décennies l’homme les emploie pour descendre des montagnes les billes énormes de bois précieux. Là où aucune mécanique ne peut passer, l’éléphant y parvient, au péril de sa vie. Les accidents sont nombreux et souvent mortels. Pourtant, domestiquer les éléphants, leur confier des tâches qu’ils sont seuls à pouvoir effectuer grâce à leur force et leur intelligence semble être le seul moyen de sauver cette espèce de l’inévitable extinction qui les guette. Déjà, de nombreuses essences de bois sont interdites à la coupe afin d’éviter la déforestation. Combien de temps encore ce magnifique animal sera-t-il employé ? Que se passera-t-il lorsque la forêt ne donnera plus de bois ? Que deviendront alors ces animaux privés de travail et de nourriture ? Leur survie est terriblement menacée. À ce jour, environ quatre cents éléphants sauvages et autant de domestiques sont recensés... Dix décès annuels pour deux naissances… Constat affligeant et sans appel. Ce récit conté par un éléphant retrace la vie faite de joies, de labeur et de peine d’une des espèces les plus imposantes et les plus attachantes du monde animal. Puisse-t-il ouvrir nos yeux et notre cœur avant qu’il ne soit trop tard…

Informations

• Publié par: Les Éditions du Net
• Date de parution: 23 novembre 2015
• Nombre de lectures: 4
• EAN13: 9782312038230
• Langue: Français

Extrait

Mémoire d’Éléphant
Bounmy
Mémoire d’Éléphant








LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015 ISBN : 978-2-312-03823-0
À Lawrence Anthony

Avant-Propos
Chaque jour la forêt diminue sur notre planète, tout particulièrement au Laos. Ainsi, l’habitat des éléphants se réduit. Le comble est qu’ils sont eux-mêmes responsables de cette destruction ! Depuis des décennies l’homme les emploie pour descendre des montagnes les billes énormes de bois précieux. Là où aucune mécanique ne peut passer, l’éléphant y parvient, au péril de sa vie. Les accidents sont nombreux et souvent mortels.
Pourtant, domestiquer les éléphants, leur confier des tâches qu’ils sont seuls à pouvoir effectuer grâce à leur force et leur intelligence semble être le seul moyen de sauver cette espèce de l’inévitable extinction qui les guette.
Déjà, de nombreuses essences de bois sont interdites à la coupe afin d’éviter la déforestation.
Combien de temps encore ce magnifique animal sera-t-il employé ? Que se passera-t-il lorsque la forêt ne donnera plus de bois ? Que deviendront alors ces animaux privés de travail et de nourriture ? Leur survie est terriblement menacée.
À ce jour, environ quatre cents éléphants sauvages et autant de domestiques sont recensés... Dix décès annuels pour deux naissances… Constat affligeant et sans appel.
Ce récit conté par un éléphant retrace la vie faite de joies, de labeur et de peine d’une des espèces les plus imposantes et les plus attachantes du monde animal.
Prologue
Un hommage éléphantesque



Transmis par Joeliah le 26 février 2013

Hommage coup de cœur qui accompagne celui de ses amis du monde animal, à Lawrence Anthony, une légende en Afrique du Sud et auteur de trois livres dont le best-seller « The Elephant Whisperer », qui a courageusement sauvé la faune contre les atrocités de l’homme y compris le sauvetage courageux des animaux du zoo de Bagdad lors de l’invasion américaine en 2003, et a réhabilité des éléphants dans le monde entier.
Le 7 mars 2012 Lawrence Anthony est mort d’une crise cardiaque en plein sommeil, il avait 61 ans. Il manque à son épouse, ses deux fils, ses deux petits-fils et à de nombreux éléphants.
Deux jours après son décès, les éléphants sauvages se sont présentés à son domicile menés par deux grandes matriarches. D’autres troupeaux sauvages sont arrivés séparément en masse pour dire au revoir à leur ami humain bien-aimé.
Trente et un éléphants ont patiemment marché plus de vingt kilomètres pour se rendre à sa maison en Afrique du Sud.
Témoins de ce spectacle, les humains étaient de toute évidence étonnés, non seulement par l’intelligence suprême et par la précision du moment où ces éléphants ont détecté le décès de Lawrence, mais aussi par cette manifestation d’émotion profonde que les animaux bien-aimés ont montrée et évoquée d’une façon organisée : une marche lente de leur habitat jusqu’à la maison de Lawrence – pendant des jours – en file indienne, de façon solennelle.
Alors, comment après la mort de Lawrence, ces éléphants de la réserve – qui vivent dans des régions éloignées du parc – ont-ils su ?
« Un homme bon est mort subitement » , dit le rabbin Leila Gal Berner, Ph.D., « et à plusieurs kilomètres de distance, deux troupeaux d’éléphants, qui ont détecté qu’ils avaient perdu un ami cher, ont commencé à se déplacer comme dans une procession solennelle presque funèbre, jusqu’à la maison du défunt pour montrer leur respect à sa famille.
« S’il fallait avoir une preuve de la merveilleuse interdépendance de tous les êtres vivants, la voilà avec les éléphants de la réserve de Thula Thula.
Le cœur d’un homme s’arrête, et le cœur de centaines d’éléphants est en deuil.
Cet homme a offert la guérison à ces éléphants, et maintenant, ils sont venus pour rendre un hommage affectueux à leur ami. »
La femme de Lawrence, Françoise, était particulièrement touchée, sachant que les éléphants n’étaient pas revenus chez lui depuis plus de trois ans !
Mais pourtant, ils savaient où ils allaient. Les éléphants de toute évidence ont voulu montrer leur profond respect, et honorer leur ami qui leur avait sauvé la vie, en restant là-devant la maison pendant deux jours et deux nuits sans rien manger.
Puis, un matin, ils sont repartis.

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Chapitre 1 La naissance

C’est dans une forêt de bambous, sur un lit de mousse tendre, au son de l’orage qui s’éloigne, que je suis né.
Ce fut un grand choc. Tout d’abord, je suis tombé de haut, car ma mère est grande et a accouché debout. Ensuite, je ne m’attendais pas à toute cette lumière éblouissante, ni à tout ce bruit.

Le premier contact avec ma mère fut un coup de pied.
– Debout ! Lève-toi vite, il faut s’éloigner de cet endroit, l’odeur du sang pourrait attirer les prédateurs. Il y a encore des tigres par ici.
Elle m’aide à me lever. Je flageole sur mes jambes, je n’ai pas d’équilibre.
– J’ai faim.
– Plus tard, répond ma mère.
Je marche en me tenant sous son ventre, je sais que j’y suis à l’abri.
Je trébuche sur une racine, une trompe bienveillante et habile m’évite la chute.

Après une éternité, nous nous arrêtons enfin dans une clairière. Le parfum des daturas embaume cette douce soirée de septembre. Je peux enfin téter le bon lait chaud qui me redonne des forces. Je peux entendre les bruits inquiétants de la forêt, mais aussi le doux chant des oiseaux qui fêtent le retour du soleil, le ploc-ploc des dernières gouttes de pluie qui s’égrènent sur les feuilles de bananiers et marquent la fin de l’orage.
Des voix résonnent au fond de ma tête. Je reçois des messages télépathiques venus de toutes parts.
– Félicitations Thong Kham pour la naissance de ton fils !
– Bienvenue bébé éléphant !

C’est ainsi que j’apprends que je suis un mâle.
– Merci à tous ! répond ma mère.
Une voix résonne plus fort dans ma tête. C’est mon père qui me souhaite la bienvenue sur cette terre du Laos :
– Je suis désolé, je ne peux pas venir te voir, je travaille plus au nord, les humains ont besoin de moi.
– C’est quoi les humains ?
– Tu le découvriras bien assez tôt. Il y en a qui nous apprennent à les rejoindre dans leur monde. Ils nous acceptent dans leur communauté. Ils nous aident à évoluer.
Nous, nous les aidons pour leurs travaux, car ils sont faibles. Malheureusement, il y en a qui sont mauvais, ils tuent des nôtres. Tu les identifieras grâce à la couleur de leur aura. Tu apprendras à les reconnaître et à les fuir.

Toutes ces voix me fatiguent. Je me couche et m’endors. Ma mère me prodigue de tendres caresses avec sa trompe. Elle tâte tout mon corps comme si elle le sculptait. Toute sa vie, elle gardera ainsi dans sa mémoire cet instant. Elle appelle cela « prendre une photo ».

La faim me réveille. Je tète goulûment ma mère qui a dormi debout. Elle a veillé toute la nuit.
– Mon fils, tu dois faire tes exercices. Tu dois apprendre à te servir de ta trompe.
C’est vrai que je ne suis pas habile. Je la cogne partout.
– Ramasse ce bout de bois.
J’essaye, mais n’y parviens pas.
– Recommence ! C’est avec cet appendice que tu vas te nourrir, te laver, boire, te gratter.
– Moi je préférerais courir après ce papillon.
– Non ! m’invective ma mère. Cueille cette branche d’arbre, avec elle, tu pourras chasser les insectes qui te piquent le dos.

Plus facile à dire qu’à faire. Je réussis à saisir la branche à sa base, mais quand je tire pour la casser, je ne récolte qu’un bouquet de feuilles à la trompe.
Mou de dédain de maman...
– Viens, allons nous laver dans le lac.
Qu’est-ce qu’elle marche vite ma mère ! J’ai du mal à rester sous son ventre où je peux téter quand j’ai faim.
Comment sait-elle où trouver de l’eau ? Nous traversons une forêt o