La lecture à portée de main
137
pages
Français
Ebooks
2012
Écrit par
Christian Pénicaud
Publié par
Editions CPE
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Ebook
2012
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Publié par
Date de parution
27 décembre 2012
Nombre de lectures
32
EAN13
9782365729741
Langue
Français
Périgord, Les Histoires extraordinaires de mon grand-père - Un pays sans légendes est un pays sans âmes, sans vie, sans rêves ! Il n'’est pas une région de France qui ne recèle un nombre incalculable de mystères, de contes, de légendes et d’'histoires, merveilleuses ou fantastiques.
Le Périgord, région d'’un seul département, la Dordogne, n'’en est pas avare et il constitue peut-être la région qui puise le plus loin dans le temps les racines de son histoire. Autour de la Vallée de la Vézère et de la Vallée de la Dordogne, à Lascaux, aux Eyzies de Tayac-Sireuil, à Montignac, à La Roque-Gageac, nous sommes plongés dans ce que certains appellent l’'un des "berceaux de l’humanité". Ainsi, l'’Imaginaire du Périgord peut être considéré comme datant de plus de vingt-deux millénaires. Par "Imaginaire", il faut entendre non seulement ce qui relève de l'’imagination, mais aussi ce que notre mémoire a pu mettre en "images", que celles-ci soient réelles ou fictives. L'’Imaginaire, c’est donc aussi tout ce qui a, au fil des siècles, créé un esprit, une âme périgourdine.
Cette âme périgourdine est ainsi basée sur un grand nombre de traditions, de rites, de coutumes, sacrées ou païennes. Le folklore local en garde la mémoire et nous l’'exprime sous la forme de chants et de danses. Les vitraux des églises, les différents monuments, naturels ou créés par l'’homme, les musées nous permettent de retrouver des personnages, eux aussi sacrés ou tout simplement extraordinaires, qui ont marqué l'’histoire de cette région. Certains de ces lieux de vie sont devenus magiques, comme Sarlat, les dernières bastides, les grottes.
Publié par
Date de parution
27 décembre 2012
Nombre de lectures
32
EAN13
9782365729741
Langue
Français
Les croquants
Le Moyen-Âge, on le sait, a connu de nombreuses révoltes paysannes, appelées « jacqueries » car, à cette époque, on appelait souvent les paysans les « jacques ».
Le roi était loin et, s’il fallait s’en prendre à quelqu’un pour témoigner sa colère, c’était plutôt les seigneurs de province que l’on sollicitait. Du reste, en 1358, lors de la plus célèbre des jacqueries, il était plutôt curieux d’entendre les paysans marcher en criant « Vive le Roi ! ».
Oui, les paysans avaient une certaine image du roi, faite de respect et de considération, image qu’ils ne conféraient pas forcément à leurs seigneurs : ils les voyaient, les connaissaient parfois très bien, tant pour leurs bonnes actions que pour leurs mauvaises. Ainsi les considéraient-ils comme les responsables de leurs malheursIls accusaient autant la disette que les soldats pillards et les mercenaires. Excédés, épuisés, ils partent alors en guerre, brûlent les châteaux et tuent ! Et comme c’est trop souvent le cas dans les luttes des petits contre les grands, ils sont manipulés par les uns, trompés par les autres et, finalement, massacrés par les nobles ! Alors, cette jacquerie est plus meurtrière que lors de la guerre contre les Anglais : on comptera plus de vingt mille morts !...
Vive le Roi ?...
Et, avant que ne survienne la nuit du 4 août 1789 et l’abolition des privilèges, de nombreuses jacqueries éclatent et notamment en Périgord, en 1594 où, si l’on s’en prend encore aux nobles, le roi est à son tour quelque peu égratigné. On crie toujours « Vive le Roi ! », mais on ajoute des doléances qui le visent directement : «… Plus de gabelle ! Plus de taille ! ».
En 1637, 60 000 paysans, partis de la bourgade de Crocq, dans le département de la Creuse, se rassemblent autour de quelques gentilshommes, dont Antoine du Puy de la Mothe, nommé général des Croquants, et s’emparent de la ville de Bergerac.
À ce sujet, il faut noter que ce terme de « croquants » dont se prévalaient ces paysans en révolte, parce qu’ils venaient de Crocq,
provient, selon M.A. Thomas, d’une regrettable erreur « résultant d’une similitude de nom » !... et l’auteur de cette erreur serait l’écrivain Agrippa d’Aubigné lui-même ! En fait, selon Palma Cayet, « les révoltés appelaient les nobles « les croquants parce qu’ils ne demandaient qu’à croquer le peuple, et ce sobriquet se serait retourné contre les mutins ». D’ailleurs, ce mot a été employé dans des régions où la ville de Crocq était, paraît-il, totalement inconnue.
Enfin, en 1642, après de nombreuses batailles, tant dans le Bordelais ou l’Agenais que dans le Périgord, où un simple laboureur du nom de Pierre Grellety contint gaillardement les sergents royaux pendant quatre ans, l’armistice fut déclaré sur tout le Périgord.
Jacquou le Croquant
Ce qui n’empêcha nullement les habitants de toute cette région et des alentours de continuer pendant de longues années à utiliser ce terme de « croquant ».
Peut-être est-ce pour cette raison que l’écrivain Eugène Le Roy n’hésita pas à baptiser le héros de l’un de ses romans « Jacquou le Croquant ». Cette histoire fut commencée en 1896 et publiée en 1899, donc plus de deux cents ans après ce fameux armistice. Elle se situe, en fait, en 1830 et au-delà et, bien que romancée, elle n’en est pas moins basée sur des faits et des lieux réels. Eugène Le Roy y décrit la lutte, au sein de la forêt Barade, d’un jeune paysan contre la misère due à la tyrannie du seigneur du château de l’Herm, le comte de Nansac.
À neuf ans, Jacquou se trouve orphelin à la suite de la mort de son père aux galères et de celle de sa mère, minée par la faim et la pauvreté. Errant à travers la campagne, il est recueilli par le curé du village de Fanlac, l’abbé Bonal, qui le nourrit et entreprend son éducation. N’oubliant jamais l’injustice dont sa famille et lui-même ont été victimes, Jacquou, devenu adulte, se bat et, avec l’aide de tous ceux qui, comme lui, ont de bonnes raisons d’en vouloir au comte de Nansac, incendie son château et provoque la ruine de ce despote.
Stellio Lorenzi adapte ce roman en 1967 et réalise un feuilleton en six épisodes, avec Eric Damain, dans le rôle de Jacquou enfant, Daniel Le Roy, dans celui de Jacquou adulte, Claude Cerval dans celui du comte de Nansac et Henri Nassiet dans celui du curé Bonal.
En 2007, Laurent Boutonnat en fait une adaptation au cinéma, avec Léo Legrand, dans le rôle de Jacquou enfant, Gaspard Ulliel, dans celui de Jacquou adulte, et aussi Marie-Josée Croze, Albert Dupontel, Jocelyn Quivrin et Tchéky Karyo.