Soleil Abyssal
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Soleil Abyssal , livre ebook

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Description

69º51’07.8’’ N, 61º24’48.0’’ O
An 985
La lutte sanglante, qui confrontait les vikings et les sirènes, avait éclaté. Créatures pacifiques, ces dernières avaient subi de nombreuses pertes les forçant à se retirer dans la cité Abyssal. L’esprit vengeur de la reine était si fort qu’elle avait lancé une malédiction à ses ennemis…
An 2025
Leira, une jeune sirène, a pour mission de dérober une substance bien spéciale des habitants maudits de Perdition. Sous aucun prétexte elle ne doit se faire voir, chose difficile puisqu’elle est éprise d’Hel, un jeune policier. C’est lorsque celui-ci la voit que tout bascule et qu’elle se retrouve prisonnière. Dans ce périple, les deux héros, descendants de clans ennemis, retrouvent l’espoir et travaillent ensemble pour briser la malédiction qui a déjà causé beaucoup trop de souffrance…
Lorsqu’on attise l’esprit de vengeance d’une sirène, on doit se préparer à éteindre un brasier, même au plus profond de l’océan.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 mai 2023
Nombre de lectures 3
EAN13 9782898320743
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Prologue
Détroit de Davis,69 º 51’07.8’’ N, 61 º 24’48.0’’ O, an 985
Ce jour-là, deux camps se sont opposés pour une île de taille insignifiante encerclée par les glaces de l’Arctique. Quel œil l’avait repérée le premier ? Celui ô combien affûté des explorateurs norvégiens, ou celui qui transperce même la noirceur de la cité Abyssale ? On ne le saura jamais, mais un combat fut engagé et le résultat fut catastrophique : une pluie sanglante et cristalline, dont plus rien ne subsiste d’autre que son souvenir…
Siku, reine des glaces
Tout au fond du détroit de Davis, dans les abysses, était nichée une cité engloutie par l’obscurité. Ma cité. Malgré la noirceur, l’ambiance y était joviale et chaleureuse. Les sirènes qui y habitaient auraient fait rougir d’envie celles qui peuplaient les légendes, qui les dépeignaient comme des hommes et des femmes munis d’une vulgaire queue de poisson. Comprenez-moi bien, je n’avais rien contre ces créatures aquatiques, loin de là. Je les trouvais magnifiques, mais nous, sirènes de la cité Abyssale, étions uniques.
Contrairement aux croyances populaires, nos deux jambes n’étaient pas siamoises et notre corps, de forme humaine, était serti d’écailles taillées dans une matière bien spéciale : du diamant. Ça ressemblait à une combinaison cintrée qui recouvrait l’entièreté de notre peau, à l’exception de notre visage, une partie de nos bras et nos pieds. Des écailles plus longues, semblables à des plumes, ornaient notre taille et nos épaules. Nos orteils et nos doigts étaient palmés, des nageoires vaporeuses cernaient nos membres et nos flancs, et cinq fentes branchiales marbraient chaque côté de notre cou, nous permettant de respirer sous l’eau. Une fois sur la terre ferme, nous les soudions instinctivement pour laisser nos poumons prendre le relais, nos extrémités palmées ainsi que nos nageoires se résorbaient, et nos manteaux scintillants donnaient l’illusion d’être de simples mais sublimes vêtements. Cette nouvelle apparence que nous arborions nous permettait de fouler n’importe quelle terre humaine, incognito.
Puis, ce jour était arrivé. Un jour sans date, sans repère dans le temps, mais malgré tout gravé dans chacune de nos écailles. La moitié de notre population était à la surface, en mission d’exploration sous mon commandement. Notre cité était certes grande, mais il nous fallait plus de matériaux et de ressources pour accueillir toutes ces nouvelles sirènes-nées. Nous nous étions divisées en plusieurs sous-groupes pour couvrir le plus de terrain possible. L’avant-midi progressait et le soleil avait atteint son point culminant quand un son avait glacé mon sang déjà froid dans mes veines. Un bruit qui n’annonçait qu’une chose : la fin de la paix entre les humains et les sirènes de la cité Abyssale.
J’avais immédiatement ordonné notre retrait, mais pour plusieurs membres de ma communauté, il était trop tard. Subtilement, j’avais nagé jusqu’à cette île miniature près de laquelle flottait un immense bateau. Ma tête avait émergé de l’eau, et j’avais observé en silence ce combat perdu d’avance, en compagnie des survivants, tous aussi impuissants que moi. Nous étions des êtres pacifiques. Nous ne savions même pas comment nous défendre. Et contre des hommes si massifs et armés, nous n’avions aucune chance. Des larmes brûlantes avaient roulé le long de mes joues gelées, alors que la neige fine qui recouvrait le sol s’était colorée de taches écarlates, à mesure que des corps sans vie s’y échouaient. Mais la douleur et le dégoût qui m’habitaient s’étaient exacerbés lorsque j’avais assisté à cette scène horrible : un marin accroupi près des dépouilles de mon mari et de mon fils s’était empressé d’arracher, sans ménagement, leurs écailles de pierres précieuses, les fourrant une à une dans sa besace crasseuse.
À cet instant précis, mes propres écailles de diamant s’étaient transformées en opales noires. Moi, la reine des glaces jadis emplie de douceur, je venais de me métamorphoser en sirène assoiffée de vengeance. Ces hommes m’avaient tout pris pour une banale parcelle de terre… J’allais leur voler toute parcelle de bonheur.
Cette promesse serait éternelle et transcenderait les générations. Le sentiment de manque dévorerait les entrailles de ces barbares, jusqu’au dernier-né de leur lignée. Jamais ils n’atteindraient le bout de leur souffrance. Ce serait une malédiction, et dès qu’ils tenteraient de la briser, tout s’effacerait…
Rune, capitaine de l’ Utforska
Dans le ventre d’un immense navire norvégien était niché un équipage de Vikings. Mon équipage. Malgré les longues heures de voyage accumulées et l’air glacial du détroit de Davis, l’ambiance sur le pont était gaie et empreinte d’espoir. Ces Vikings contrastaient étrangement avec ceux qui parsemaient les épopées victorieuses. Les histoires et les légendes les dépeignaient comme des guerriers courageux, fonceurs et, pour la plupart, en plein exil pour les crimes qu’ils avaient commis. Des brutes sanguinaires qui encaissaient les pertes de leurs pairs sans broncher… Comprenez-moi bien, je n’avais rien contre mes ancêtres qui avaient défendu notre peuple au péril de leur vie, loin de là. Je trouvais leur histoire magnifique, mais nous, Vikings du navire norvégien Utforska , étions différents. Contrairement aux croyances populaires, nous étions avant tout des explorateurs, des découvreurs et des colonisateurs. Nous étions des marins extraordinaires, manœuvrant la barre avec précision. Des hommes nés pour ne faire qu’un avec l’eau. Mais une fois sur la terre ferme, le legs de nos ancêtres prenait le relais et nous reconnections avec nos racines de combattants. Ces nouvelles terres que nous colonisions, nous étions prêts à les défendre, peu importe le prix.
Puis, ce jour était arrivé. Un jour sans date, sans repère dans le temps, mais malgré tout gravé dans chaque planche de mon navire. L’équipage de l’ Utforska participait à une mission d’exploration, sous mon commandement. La Norvège était certes grande, mais il nous fallait plus d’espace pour accueillir toute cette future relève viking. Une flotte de vingt-cinq bateaux sillonnait les eaux de l’Arctique pour couvrir le plus de terrain possible, dans un océan parsemé d’embûches flottantes et glacées. L’avant-midi progressait paisiblement et le soleil venait d’atteindre son zénith lorsqu’enfin une minuscule parcelle enneigée, et surtout déserte, avait attiré mon attention. Une barque avait immédiatement été jetée à l’eau pour accoster sur cette île de petite taille, presque anodine, mais pas pour autant inintéressante ; un endroit parfait pour accueillir un peuple de pêcheurs. Je venais tout juste d’y poser le pied quand un son avait fait bouillir le sang déjà brûlant dans mes veines. Un bruit qui n’annonçait qu’une chose : le début d’une bataille pour ce bout de terre que mon équipage et moi venions de découvrir.
J’avais immédiatement exigé de mes hommes qu’ils se mettent en position et de ne céder sous aucune condition. Le sifflement des flèches et des lances avait résonné comme une musique à mes oreilles. Bruyamment, nous avions repoussé les intrus, mon spectaculaire navire flottant au loin, telle une œuvre d’art. Après avoir abattu deux résistants, j’avais battu en retraite pour observer la finale de cet affrontement gagné d’avance. Nous étions des combattants. Les terres vierges sur lesquelles notre regard se posait devenaient aussitôt nôtres et nous savions comment les défendre. Contre des adversaires aussi faibles et peu armés, nous n’avions eu qu’à les effrayer pour qu’ils déguerpissent, laissant quelques malheureux derrière. Des gouttes d’un liquide rouge et chaud avaient éclaboussé mes joues froides, alors que la neige qui craquait sous mes bottes avait été décorée de taches écarlates et de cristaux de glace scintillants. Mais la fierté et la joie qui m’habitaient pendant que nous prenions possession de cette île s’étaient éteintes d’un coup lorsque j’avais assisté à cette scène : un Viking était accroupi près des deux dépouilles tombées sous mon arme et s’empressait d’arracher de petites pierres précieuses qui recouvraient leur peau, n’y laissant que des plaies sanguinolentes. Les cristaux de glace…
À cet instant précis, ma vision s’était brouillée de honte, et ce marin pilleur, mon ami, était allé rejoindre les cadavres, ma lance en plein cœur. Moi, Rune, capitaine de l’ Utforska, je venais de réaliser que nous nous en étions pris à des êtres mythiques et pacifiques… en plus de profaner leur corps, qui, avais-je remarqué, était d’une beauté saisissante. Mes hommes et moi allions certainement payer pour cette erreur.
Cette dette risquait d’être éternelle et de transcender les générations. Ce sentiment de culpabilité nous dévorerait les entrailles, jusqu’à la dernière bouchée. Jamais nous ne nous pardonnerions cet écart. Ce serait une malédiction et seule la mort nous en libérerait… ou pas.


Chapitre 1
Leira
Cité Abyssale, 14 avril 2025, 1 h
Je nageais, les palmes grandes ouvertes et mon cœur battant la chamade, vers cette force qui m’appelait depuis des années. Mon amie Kay était juste derrière moi, tout aussi fébrile de finalement percer ce mystère. La cité Abyssale était endormie, à l’exception des sirènes en mission et de deux rebelles trop curieuses. Nous étions à trente mètres de profondeur, alors si le soleil se levait, j’étais cuite… Mais je sentais que nous approchions. Quelque chose grésillait dans mes entrailles, de plus en plus intensément. Je bifurquai vers la droite et la sensation devint si puissante que mes membres tremblèrent. Enfin, je m’arrêtai aussi soudainement que si je venais de percuter un obstacle. Nous y étions. Là, coincé entre deux rochers dont la base était à moitié enfouie dans le sable, un objet scintillait. J’étirai mon bras, et du bout des doigts, je touchai sa surface dure, lisse et étrangement chaude. Peut-être que sa couleur noire y était pour quelque chose. Je senti

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