Courriels à deux inconnues
103 pages
Français

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Courriels à deux inconnues , livre ebook

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Description

Échanges de courriels entre un industriel proche de la soixantaine, vivant seul dans une grande demeure corrézienne, et deux femmes rencontrées sur la toile.


Bien que très différentes, il éprouve vite de l’attirance pour ces deux jolies femmes.


Après trois semaines de dialogues, il se décidera à aller rendre visite à l’une des deux, hésitant jusqu’au dernier moment. Un accident de voiture mortel mettra fin à cette histoire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 juin 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383516781
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Exergue
« Parlez-moi d’amour et j’vous fous mon poing. »
Georges Brassens
1
Il referma son ordinateur bruyamment, s’étira, se leva et fit quelques pas pour rejoindre sa terrasse encore ensoleillée par le soleil couchant.
Le disque rouge disparaîtrait bientôt derrière la butte de Chantegrèle. Dès que l’ombre atteindrait la maison, la température baisserait rapidement et il ne ferait pas bon rester dehors, dans ce coin perdu de Corrèze situé un peu en altitude.
Il avait cru retrouver ses racines en venant s’installer dans cette grande maison familiale, au centre de ce petit village haut perché, situé à seulement quelques kilomètres du site industriel qu’il dirigeait.
Il y avait passé toutes ses vacances scolaires, partageant la vie des paysans-ce terme n’ayant à l’époque aucune connotation péjorative dans un temps où l’envie, la jalousie et la haine n’avaient pas encore fait de ravages. Il avait vécu des vacances heureuses, dans cette demeure que les gens du village appelaient pompeusement, et peut-être un peu par dérision « le Château de Chaumareys ». Le marquis de Chaumareys, tristement célèbre, y était né le 20 décembre 1763. Cette grande maison sans prétention était passée à la famille à l’occasion d’une succession.
La vie l’avait éloigné de ce lieu privilégié, son parcours professionnel l’ayant conduit un peu partout en France, jusqu’au jour où on lui avait proposé la direction de cette usine située miraculeusement à deux pas du pays de ses ancêtres. Il avait ainsi pu reprendre de plus près la supervision du domaine, en particulier de la ferme, tenue par des amis d’enfance de son père.
Maintenant, il se retrouvait seul dans cette vaste demeure, après une vie loin de ses racines où ses activités l’avaient conduit. Il pouvait enfin penser sereinement au crépuscule de sa vie.
Ayant perdu ses parents, fils unique, veuf très tôt, son épouse emportée par un cancer galopant deux ans à peine après son mariage, il n’avait jamais retrouvé l’amour, lui qui l’avait cherché en vain toute sa vie.
Très tôt, la réponse à la question existentielle qu’avait posée Albert Camus, – la vie valait-elle la peine d’être vécue – lui avait paru évidente, aller de soi. La vie n’avait de sens que si l’on y trouvait l’amour. Aimer lui avait toujours paru être une évidence absolue, le seul but à atteindre.
Il pensait l’avoir trouvé, un jour qu’il déambulait dans son village natal. Il avait vingt ans, allait faire une course quand il l’aperçut, de dos, marchant devant lui dans la même direction. Elle sentit ce pas derrière elle, se retourna, et ce fut pour lui un choc si violent qu’il en perdit le souffle.
Il vécut quatre ans d’un bonheur indicible, ils étaient mariés depuis deux ans quand un cancer aussi soudain que fulgurant emporta la femme de sa vie.
Il ne s’en remit vraiment jamais, chercha en vain à surmonter ce malheur en se jetant à corps perdu dans la recherche scientifique. Il s’y consacra entièrement, ce qui lui permit d’être reconnu. Il accéda à des postes de responsabilité et on venait de lui confier la direction d’un établissement industriel important situé à quelques kilomètres seulement de sa maison familiale.
Son métier très prenant et le drame qu’il avait vécu l’avaient détourné de ce qu’il considérait pourtant comme la seule raison de vivre, la recherche de l’amour. Ses hobbies annexes-le bridge et la Numismatique – avaient fait le reste.
Enfin, ce poste de fin de carrière allait lui permettre, espérait-il, de se consacrer à ce qui aurait dû être la seule quête de sa vie : retrouver l’amour d’une femme. Sa retraite était maintenant proche. Rechercher une compagne pour y vivre un amour fou devenait à nouveau à ses yeux une nécessité impérative.
Après bien des hésitations, il avait fini par se décider à prendre ce problème à bras le corps, en y mettant toute son énergie, pour ne pas vieillir seul. Il était encore bel homme, de taille moyenne, mais svelte, et ne faisait pas son âge. Un observateur attentif aurait pu déceler dans son regard et son attitude ce trait de caractère marquant : une volonté de fer, une opiniâtreté qui lui permettait de mener à bien la plupart de ses projets. Il y mettait toutes ses ressources, une fois sa décision prise. Et ce soir-là, devant un feu de cheminée crépitant (il faisait exceptionnellement froid en ce début mai), il avait bien l’intention de tout faire pour trouver cet être rare qui voudrait bien vivre avec lui et redonner vie à cette maison endormie. Ce n’était pas gagné !
2
Il fallait vivre avec son temps. Et de nos jours, la façon la plus efficace de rencontrer l’âme sœur était de la chercher sur Internet.
Ce soir-là, il se connecta et se mit à la recherche des multiples sites de rencontre qui s’y trouvaient. Pas n’importe quels sites de rencontres ponctuelles, sans prises de tête comme mentionné, mais des sites où trouver une compagne pour une liaison durable.
Après un certain temps à surfer, deux lui parurent plus haut de gamme que les autres.
N’arrivant pas à choisir, il décida de s’inscrire aux deux, et régla par carte le montant réclamé.
Sur le premier, il opta pour une présentation sobre :
Veuf, sans enfants, la soixantaine, souhaiterait rompre solitude.
Industriel, partage mes loisirs entre le bridge et la lecture. J’aime aussi chiner dans les brocantes, à la recherche de beaux objets à sauver de l’oubli. Je suis un collectionneur, d’un peu de tout, mais principalement de monnaies et de cartes postales anciennes.
Mes mensurations : 1,70 m, 72Kg (quand je surveille mon poids !)
Il joignit une photo avantageuse, prise deux ou trois ans plus tôt.
Pour le second site, il privilégia l’autre facette de son personnage :
Veuf, sans enfants, la soixantaine, 1,70m, 72Kg, agriculteur, amoureux de la nature, de la cuisine et de tous les plaisirs simples de la vie.
Après tout, il était un peu les deux, lui que ses amis voyaient comme ayant plusieurs facettes. Normal, leur disait-il, je suis Gémeaux ascendant Poisson, j’ai donc, comme disent les astrologues, une personnalité doublement double.
Il joignit la même photo.
Le survol rapide des nombreux sites ne lui apporta pas grand-chose, les profils parcourus ne lui paraissant pas vraiment intéressants. Un peu découragé, il se dit que le mieux serait d’attendre d’être contacté.
3
Vendredi soir 11 mai 20.
La journée avait été harassante, ce vendredi 11 mai 20… Edouard avait su stopper rapidement un mouvement de grève par une négociation habile avec le responsable CGT.
Vingt-et-une heures à sa montre. Fatigué, il hésita, puis se dit que ça lui changerait un peu les idées, et se connecta pour consulter sa messagerie.
Plusieurs demandes de contacts avaient été formulées, venant des deux sites.
Après un examen minutieux, deux retinrent son attention, une de chaque site.
Sur le premier, la personne avait écrit :
Bonjour Edouard,
Je m’appelle Christine, mais tout le monde m’appelle Chris.
J’ai cinquante ans (dix ans de moins que vous !) brune, grande, 1,70m.
Célibataire, sans enfants, cette situation m’a bien convenu jusqu’à présent.
Enseignante, je partage mes loisirs entre la lecture, la promenade et les machines à sous, nombreuses dans les stations balnéaires de Royan et La Baule quand j’y vais en week-end.
Habitant Poitiers, la première est plus près, mais la seconde beaucoup plus fournie en machines à sous !
Je joue au bridge de temps en temps, mais un bridge de salon. Je ne suis inscrite à aucun club. Les objets ne m’intéressent pas particulièrement, je ne vois dans les bibelots que la contrainte de les dépoussiérer régulièrement, mais peut-être m’apprendrez-vous à y voir autre chose.
Je n’ai jamais ressenti jusqu’ici le besoin de vivre à deux, mais il me semble que je commence à changer d’avis. Pourquoi ? Je serais bien incapable de répondre à cette question et vous la retournerais bien volontiers.
Je vous joins une photo.
J’espère que vous n’habitez pas trop loin de chez moi. Je ne suis pas une grande voyageuse !
À bientôt, peut-être.
Chris
L’image jointe montrait une grande femme mince, posant bien droite devant un objectif qu’elle regardait avec une petite moue qui n’enlevait rien à la beauté de ce visage entouré d’une abondante chevelure noire.
Le second venait de l’autre site.
Bonjour Edouard,
Je m’appelle Anne-Sophie, j’ai quarante-cinq ans, 1,52m.
Apparemment, vous faites bien plus jeune sur la photo !
La différence d’âge ne me gêne pas, l’important est de trouver des affinités, de partager les mêmes loisirs, d’avoir des centres d’intérêt communs, de voir si l’on a vraiment plaisir à être ensemble, tout simplement. Je me sens comme vous proche de la nature bien que n’étant pas agricultrice.
Célibataire, sans enfants, j’ai rencontré beaucoup d’hommes dans ma vie, des liaisons sans lendemain, et j’aimerais maintenant m’engager dans une relation stable et durable. La perspective de vieillir seule ? Peut-être, je ne sais pas.
Aide-soignante, j’ai la chance de vivre dans une charmante petite ville, dans une maisonnette entourée d’un grand jardin où je fais pousser des légumes, des fleurs et des tas de plantes variées.
Vous allez pouvoir me donner des conseils pour mes cultures.
Cuisiner m’amuse, surtout quand j’en ai le temps. Comment se fait-il que beaucoup de femmes ne voient dans cette occupation qu’une corvée fastidieuse ?
Mais surtout, j’aime les chiens et les chats. J’ai un Border Collie et un British shorthair.
Je souhaiterais en savoir un peu plus de vous.
Aimez-vous les bêtes ?
Peut-êtr

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