Cyclone sur Bora Bora et autres histoires polynésiennes
58 pages
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Cyclone sur Bora Bora et autres histoires polynésiennes , livre ebook

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Description

Un mariage historique, un match de football burlesque, un procès équitable, des élections colorées... un seul fil relie ces onze nouvelles polynésiennes qui composent ce livre : l’absurde, le saugrenu, la finalité cocasse de chaque situation. Histoires réelles ? Inventées ?

Informations

Publié par
Date de parution 06 septembre 2013
Nombre de lectures 4
EAN13 9782312013336
Langue Français

Extrait

Cyclone sur Bora Bora
Jean-Serge Lalanne
Cyclone sur Bora Bora
et autres histoires polynésiennes






LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Pour Michelle, qui va bientôt découvrir Bora Bora


























© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01333-6
Sommaire
Sommaire
Avant-propos
Catégorie A
Le tavana d’occasion
La soirée Spartacus
Le sifflet du muto’i
Le faaamu
Les brouettes
Taximan
Le ragoût
Inadvertance
Cyclone sur Bora Bora
Robinson
Glossaire des mots tahitiens
« Les pattes du canard sont courtes, il est vrai, mais les allonger ne lui apporterait rien »
Tchouang-Tseu
Avant-propos
Tahiti. Un groupe d’ami(e)s se retrouve un soir au bord du lagon. Chacun leur tour, ils relatent un évènement qui s’est produit dans leur vie, il y a très longtemps, avant l’époque des ordinateurs et des réseaux sociaux.
Histoires réelles, histoires inventées ?
Evidemment, toute ressemblance avec des personnes ou des faits ayant existés, ne serait que pure coïncidence – ou pas.
Bonne lecture



A la fin du livre, se trouve un glossaire des mots tahitiens utilisés.
Mauruuru
Catégorie A
Si je me souviens ? Comment pourrais-je oublier cette journée. Les années passent, mais ma mémoire, pour cet évènement, est infaillible.
C’était un jeudi. Le dernier jeudi du mois d’octobre. J’étais arrivé par la goélette en provenance de Tahiti. J’avais passé quatre jours à faire le tour des magasins de bricolage, afin de me procurer des machines-outils qui permettraient de réaliser des meubles en bois de cocotiers, pour aménager l’intérieur de mon habitation.
Jacques m´avait véhiculé du quai des bateaux au pied du chemin qui montait jusqu´au plateau où se trouvait mon fare . De la terrasse de celui-ci, s’offrait à moi une vue splendide sur le lagon sur lequel, l’arrivée des voiliers, les entraînements de piroguiers ou les splendides couchers de soleil me ravissaient.
C´est Jacques, ancien légionnaire tombé amoureux de l´île et de sa vahine Fetia, jamais reparti dans le froid de la métropole, qui m´avait fait connaître Rahi Rahi qui allait me vendre son terrain.
Rahi Rahi venait de temps en temps depuis son atoll des Tuamotu. Pour s’oxygéner, il disait. Cela le changeait de la platitude de son île. C´est en sirotant un verre au snack du village avec Jacques, que Rahi Rahi évoqua son désir de vendre son terrain planté de cocotiers et son petit fare . L´avion pour venir lui coûtait cher et après la saison des pluies l’entretien du terrain lui prenait de plus en plus de temps.
Sachant que je venais de toucher un petit héritage, suite au décès accidentel de mes parents, Jacques me fit signe de me porter acquéreur. Pour me décider, il appuya sur ma corde sensible, en ajoutant que Maeva se déciderait ainsi, à venir vivre avec moi.
Maeva travaillait comme réceptionniste dans le seul hôtel de l’île situé à la sortie du village où j’avais logé quelques jours à mon arrivée. Ensuite, j’ai occupé le studio au-dessus du grand et unique magasin où se mêlaient l’alimentation, le matériel nécessaire à l’équipement des fare , les articles de pêche et les pareos de toutes couleurs.
J’appelais le magasin « La Samaritaine », comme le nom du grand magasin proche de l’endroit où j’habitais à Paris, avant que je me décide d’accompagner un ami féru de voile pour la conquête du Pacifique.
Il m’a été facile de tomber amoureux de Maeva, grâce à ses yeux rieurs et son charme envoûtant. L’inverse fût plus difficile, mais ma cour assidue a fini par rompre le fil qui enserrait son cœur.
Maeva vivait au village chez ses parents, fonctionnaires à la retraite. Ils élevaient son fils Teriitua, un petit blondinet de cinq ans, souvenir d’un marin de passage.
L’achat du terrain et du fare de Rahi Rahi fût vite conclu et quinze jours après, l’acte de propriété était signé devant Maître Feret, notaire à Papeete.
Rahi Rahi était reparti dans les Tuamotu et je n’ai plus eu de ses nouvelles. A mon retour sur l’île, nous avons fêté avec Jacques et Maeva ma nouvelle acquisition et mon nouveau statut de propriétaire.
Maeva était toujours réticente à l’idée de venir habiter sur le plateau, prétextant l’éloignement de son travail à l’hôtel, ainsi que celui de l’école pour Territua et, surtout, la surface du fare qui ne comportait qu’une seule pièce.
Sur ce dernier point, Jacques était vite venu à ma rescousse. Il s’improvisa architecte et décida, dessin à l’appui, qu’il m’aiderait à construire des pièces supplémentaires.
Pour l’éloignement, j’argumentais en soulignant qu’il me restait de l’argent de l’héritage pour l’achat d’une voiture, que j’accompagnerai Teriitua à l’école et que ma retraite d’employé des postes nous suffirait pour vivre.
Deux années après, malgré l’agrandissement de la maison, l’investissement dans une petite voiture, l’acquisition de cinq poules pondeuses et l’aménagement d’un petit potager qui donnait salades, concombres et haricots, Maeva ne se décidait toujours pas à venir habiter sur le plateau, préférant nos épisodiques rencontres amoureuses.
Donc, ce dernier jeudi du mois d’octobre de cette année, que je voudrais oublier, Jacques m’avait quitté en me souhaitant comme à son habitude « Bon 491. » En plus, d’être sportif, architecte, menuisier, il avait la passion des chiffres et avait mesuré la distance du chemin, de la route jusqu’à mon fare, elle était de 491 mètres.
Le dénivelé était important, estimé à 10% toujours d’après Jacques. Ma marche lente me permettait de pester contre les ornières, creusées par les pluies, qu’il faudrait que je rebouche. De chaque côté du chemin de terre des centaines de cocotiers, dont le vent bruissait dans les palmes, étaient entretenus par Kaipo et sa famille, récolteurs de coprah. En échange, en fin d’année, ils me donnaient un cochon de lait que nous partagions, lors d’un repas, avec Jacques, Maeva et ses parents.
Arrivé sur le plateau, je n’avais rien remarqué d’anormal. J’avais vérifié que les poules avaient pondu et étaient toujours au nombre de cinq, me méfiant des chiens errants que je chassais régulièrement.
Puis, j’ai entendu des voix. Etant le seul habitant du plateau, je me suis muni d’un bâton pensant à des rodeurs ou voleurs, qui auraient profité de mon absence.
En contournant le fare , mon cœur s’est mis à battre très fort.
Personne ne remarqua ma présence dans l’embrasure de la porte que je ne fermais jamais à clef. Ni mon ombre portée par le soleil couchant sur le carrelage du sol. C’est moi qui prends la grande chambre.
C’est la première phrase que j’ai entendue. J’ai reculé, pensant m’être trompé d’endroit, d’avoir pris le mauvais chemin, mais ce n’était pas possible, il n’y avait qu’un et unique chemin qui montait au plateau et il n’y avait surtout qu’un fare – mon fare –
Ils étaient sept. Sept hommes autour de la table sur laquelle était posé un grand papier ressemblant à un plan. C’est moi qui prends la grande chambre – a répété un des sept. Je suis le plus âgé, c’est moi qui commande.
Je me suis alors approché de la table et j’ai crié : C’est ma chambre
Même pas surpris de me voir, ils ont ri tous les sept.
Je les ai regardés et en tentant de hausser un peu plus la voix j’ai répété : C’est ma chambre, c’est mon fare , vous êtes chez moi, il faut partir.
Ils ont de nouveau, tous les sept, éclaté de rire et celui qui avait affirmé « je suis le plus âgé c’est moi qui commande », a pris la parole :
− Non, ici nous sommes chez nous. Cette propriété fait partie de notre famille depuis des générations. Nous l’appelons la terre Tupuna, la terre de nos ancêtres, tu n’as rien à faire ici. Mais cette terre, ce fare , j’ai répliqué, je les ai achetés il y a deux ans à Rahi Rahi.
Lorsqu’ils ont entendu le nom de Rahi Rahi ils ont encore été secoués de rires. En les regardant tous les sept, je remarquais qu’il manquait dans leur bouche les mêmes dents. Nous nous appelons tous Rahi Rahi, a poursuivi l’homme. Moi je suis Rahi Rahi Tahi, le premier, je suis l’aîné de huit frères. On m’appelle aussi Ho’e, le 1. Ici, je te présente Piti, le 2, Toru, le 3, Maha, le 4, Ono, le 6, Hitu, le 7 et Va’u, le 8. Notre mère avant de mourir nous a demandé de visiter Pae, le 5, qui habite ici, pour le prévenir. Nous constatons que Pae a bien travaillé. Il a agrandi

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