... de guerre et d amour...
290 pages
Français

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Description

Un village du Berry au début du XXe siècle... la vie, le travail, le poids des croyances et des traditions... la fête aussi parfois... C'est l'été... les blés sont mûrs, les épis bien dorés... ils annoncent déjà une moisson d'abondance... Mais l'Histoire n'aime pas que la paix s'éternise... Alors la guerre éclate, poussant deux personnages sur le devant de la scène... Grégoire, appelé sur le front dès août 2014, et qui au cours d'une tardive permission décide de ne pas repartir... Marie, qui veut réaliser son rêve obsédant d'aller vivre à Paris... qui veut découvrir une autre existence et assouvir des désirs secrets qu'elle a honte parfois de s'avouer... C'est la chronique souvent tourmentée du choix de la liberté... chronique de deux destins qui refusent de se soumettre et qui à leur manière se rebellent contre la fatalité...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 août 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342054705
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

... de guerre et d'amour...
Jean-Marie Prével
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
... de guerre et d'amour...
 
 
 
 
 
 
 
D’ici, c’est-à-dire de la première ferme quand on vient de Saint-Claudel, on peut voir sur toute sa longueur la seule rue du village. Le village s’appelle Villeceleil.
Ce jour-là, un après-midi déjà bien avancé… le soleil qui s’attarde et assomme le paysage d’une pesante torpeur… comme s’il l’entraînait vers une sieste interminable, presque indécente… La chaleur dure depuis des semaines… depuis des semaines aussi qu’il n’a pas plu… pas une goutte d’eau, ça, on peut le dire… et au milieu de ce décor assoupi, presque comme une anomalie, on voit une jeune fille courir. Elle court en sabots et soulève derrière elle une traînée de poussière. Elle crie aussi, oui, elle crie un prénom… qu’on finit par entendre… Marie ! Marie ! Voilà ce qu’elle s’époumone à crier… et plusieurs fois de suite, sans même reprendre son souffle. Son visage est si rouge qu’il en a effacé les taches de rousseur… mais pas cette vibration de joie que Marie découvre dès qu’elles sont en face l’une de l’autre et qu’elles s’embrassent pour se dire bonjour. Agathe, parce que la jeune fille qui a couru à en perdre haleine s’appelle Agathe, a très envie de parler, là tout de suite, tellement l’excitation la submerge… mais il faut qu’elle se calme un peu, qu’elle retrouve une respiration plus tranquille… Oh ! de toute façon, Marie croit avoir deviné. Enfin… ! mais qu’est-ce qui peut faire courir une jeune fille comme une folle, en sabots, par une telle chaleur ? Allons, ça ne peut être qu’une histoire de cœur, une histoire d’homme, une affaire d’épousailles, enfin d’abord de fiançailles… il faut bien respecter les étapes… d’ailleurs ici on dit plus simplement « accordailles »… les deux parties autour d’une table… on trinque à la noce prochaine et l’affaire est conclue… Bien sûr qu’elle a raison Marie, naturellement qu’il s’agit de ça, d’ailleurs encore essoufflée Agathe raconte… raconte qu’elle est allée voir la Gertrude, une vieille femme un peu sorcière, enfin qui aurait certains pouvoirs… chaque village ou presque a la sienne… qui prétend lire l’avenir par exemple, dire la bonne aventure… mais seulement quand elle est dans de bonnes dispositions, que les astres sont bien à leur place et que le quartier de lune coïncide. Dame, le futur il ne se laisse pas déchiffrer comme ça, en plus du don exceptionnel, du génie intuitif, il lui faut un bon ciel, des configurations harmonieuses, des planètes conciliantes. Justement aujourd’hui tout ou presque était réuni paraît-il. En plus la Gertrude elle a sorti le grand jeu, avec une poudre mystérieuse qui a fait jaillir de grandes flammes, l’imposition des mains sur le sommet du crâne et d’obscures incantations dans un jargon incompréhensible… Tout va s’arranger au mieux a promis la Gertrude, y a vraiment pas à s’en faire qu’elle lui a certifié, oui, le François c’est du sérieux, il va se déclarer bientôt, une demande officielle, en bonne et due forme… c’est écrit, il y a des signes qui ne trompent pas, qui sont infaillibles… Et l’annonce de tout ce bonheur à venir seulement pour un franc, rien qu’un franc et pas un sou de plus. « Tu te rends compte a renchéri Agathe, tu te rends compte… » Marie, admettons qu’elle se rende compte, parce qu’elle ne va pas lui gâcher cet instant d’euphorie, cette parenthèse de court bonheur qui va se refermer très vite… parce que l’existence ici ne laisse passer les bons moments qu’avec avarice… la jubilation fait dans l’intermittence, souvent rarissime… Alors oui qu’elle en profite, qu’elle se tricote ses petits rêves, un amour à l’endroit, un serment à l’envers… la passion partagée ça tiendra bien jusqu’à la noce… après…
À Villeceleil on ne s’éternise pas à rêver, c’est ainsi. Il y a les corvées quotidiennes, l’invariable contrainte des mêmes tâches, toujours répétées, toujours besogneuses, inévitables obligations qui ramènent vite à la réalité. Les poules à rentrer c’est pour Agathe… alors bonsoir à demain et elle part précipitamment, encore en courant, moins vite que tout à l’heure quand même, mais en soulevant toujours une traînée de poussière, dans l’autre sens…
Marie aura aussi sa corvée. En arrivant dans la cour de la ferme elle verra deux seaux de chaque côté de la porte et il faudra aller les remplir au puits. Y penser la met de mauvaise humeur et elle n’a aucune envie de se presser. Le père rouspétera c’est sûr… De toute manière pour ça il n’a même pas besoin d’une raison, chez lui c’est naturel, faut qu’il gueule… Alors non Marie ne va pas se précipiter, pour rentrer elle va prendre son temps. « La feignasse ! Elle ne mérite pas la soupe qu’elle mange… » ça, elle y aura droit, elle n’y coupera pas, alors autant que ça en vaille la peine. Assise sur le muret qui limite un côté de la mare elle observe l’unique rue du village, l’alignement des maisons et des fermes, la hauteur irrégulière des toits qui parfois se surélèvent comme des marches bancales. Si l’on est un peu attentif à son regard on remarque une sorte d’hostilité, peut-être même pire que ça, du dégoût, oui, du dégoût dans ce énième constat de monotonie et de laideur… de la répugnance pour cet univers étriqué de masures sans charme et de tas de fumier malodorants… Ici mais de quoi donc peut-on rêver hein, de quoi… ? Tiens justement Adélaïde qui passe poussant une brouette avec deux bidons de lait… « bonsoir Adélaïde… » Adélaïde, trois ans de mariage et déjà trois marmots… oh ! des marmots qui sont gaillards et qui poussent bien ajoute-t-elle systématiquement… comme si elle avait besoin de se justifier, de convaincre… En regardant Adélaïde s’éloigner, Marie pense à Agathe… à Agathe dans un an, dans deux ans, dans trois ans…
Pourtant la soirée est douce, anormalement douce, trop pour être mélancolique. On est en mai, en mai 14. À Villeceleil comme dans beaucoup d’autres villages, le mois de mai est celui de la fête. Depuis des lustres qu’il en est ainsi… Peu de travaux aux champs alors il faut en profiter. Le vent du printemps a nettoyé le ciel pour enterrer l’hiver. À présent il tourne dans les têtes, souffle un brin de folie, des envies d’éclats de rire… Le labeur exténuant suspendu pour un temps déclenche une singulière frivolité. Le répit dans l’effort c’est si rare qu’on ne va pas le bouder, ah non ! bien au contraire on va le célébrer ! Et Marie ce jour-là elle fera comme tout le monde. Parce que le jour de la Saint-Donatien il faut rire, chanter, danser, afficher ostensiblement une joie de circonstance… Oui, Marie fera comme Agathe, comme Hortense, comme toutes les jeunes filles de Villeceleil, même si elle souhaite secrètement que cette fois-ci soit la dernière… que pour la prochaine elle puisse être loin d’ici… avec la certitude qu’elle n’en ressentira aucune nostalgie.
Là, elle n’a pas encore bougé. Dans une cour toute proche, des gamines chantent. Marie connaît cette chanson… elle parle de mariage… du premier couplet au refrain… le mariage… comme si c’était la seule chose importante, le seul but de la vie, se marier… Un peu plus loin un cercle de marronniers dessine une place minuscule avec une fontaine au milieu. Sur la droite, deux bancs et une table signalent la présence presque anonyme de ce qu’on appelle l’auberge. Et dans le prolongement, à l’extrémité du même bâtiment, la vitrine de l’épicerie, commerce en tous genres, bazar, mercerie… vitrine de tant de désirs et tant de convoitises… Certains portés sur l’exagération n’hésitent même pas à dire que les tentations de la ville arrivent jusqu’ici… La ville, Marie c’est son rêve…
Quand elle est entrée dans la cour, Clairon, le vieux chien s’est dirigé vers elle, a quémandé une caresse en gémissant, est venu fourrer sa truffe noire dans sa blouse… Marie comme d’habitude s’est attendrie de son regard doux, docile, câlin… sa main a fourragé le poil épais et frisé, la robe blanche aux larges taches marron… a lissé entre ses doigts les ondulations soyeuses de ses longues oreilles… puis a entendu la voix du père tonner de la grange. Alors elle a abandonné le chien, a saisi un seau dans chaque main et s’est précipitée vers le puits.
 
 
 
 
 
 
Marie ne se souvient plus quand elle s’est mise à rêver à une autre vie, une vie qui serait loin d’ici, qui serait différente, vraiment différente… Peut-être que ce désir trotte dans sa tête depuis bien longtemps, qu’il a toujours été présent… mais l’enfance ne retient pas ces choses-là, n’y prête pas attention… Et puis avec le temps il s’est mis à exister à se faire plus pressant… Mais bon sang, pour qu’il devienne obsédant à ce point, que s’est-il produit… ? Marie est incapable de l’expliquer. Ce pourrait être une colère du père… une colère de trop, plus brutale, plus violente… Elle n’en est même pas sûre… Ou un sentiment de lassitude et d’ennui plus accablant que d’habitude, à la limite de l’insupportable, un désespoir au bord des larmes… peut-être… mais seulement peut-être… Ah ! bien sûr, dans cet appel du lointain, dans ce besoin de changement, de coupure radicale avec le monde paysan il ne faut pas oublier la tante Amélie, la sœur du père, celle qu’il appelle avec mépris la Parisienne… et qui dans son esprit ne mérite sûrement pas la majuscule… un beau jour elle a quitté Villeceleil, elle est partie à Paris et n’est jamais revenue… Oui, chez certaines femmes de la famille il y a peut-être des gènes qui n’aiment pas la campagne… des caractères qui se trans

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