De vos nouvelles
110 pages
Français

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De vos nouvelles , livre ebook

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Description

Chaque rencontre, chaque vie est un miracle et derrière un regard, une confidence, il y a un chemin, une lutte, un espoir.

Je vous ai donc croisés et toutes vos vies, toutes vos expériences, vos grands bonheurs, vos souffrances mêlées à mes propres joies, mes propres douleurs m’ont sans doute inspirée et surtout donné envie d’écrire des nouvelles...
« De vos nouvelles »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414149377
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-14935-3

© Edilivre, 2018
L’orange bleue…
Rose entrait dans sa cinquantième année.
Elle avait réuni quelques amis et ses enfants pour fêter ce demi-siècle, pour fêter ce chemin à la fois si long, si court « ce milieu »… Alors que rien ni dans un sens ni dans l’autre disait qu’elle allait vivre un siècle mais dans la tête de Rose il s’agissait d’un milieu…
Il lui restait tant à faire, tant à découvrir, tant à comprendre… C’était Rose…
Le rétroviseur de sa vie ne lui servait que pour prendre appui et rebondir, uniquement. Pourtant, il était plein à déborder. Rose était orthophoniste. Ces enfants en difficulté qui lui arrivaient c’était l’espoir qui frappait à sa porte, c’était la possibilité de changer le cours d’une vie, c’était prendre un bloc de pierre décroché de la falaise et trouver l’or qu’il renfermait.
Voilà, sa place était là dans ce bureau vrai avec tous ces enfants qui butaient sur les mots comme ils butaient sur les mauvaises pierres jetées sur leurs chemins.
Rose savait comprendre, sentir, analyser. Elle était forte de tout cela.
Lorsque Rose me raconta son histoire elle était bouleversée.
Bouleversée d’être tombée dans le fossé immense qui sépare la compréhension et le vécu.
Combien de fois a-t-on pensé comprendre, combien de fois a-t-on dit « je te comprends » et combien de fois le manteau de la même situation sur nos épaules, avons-nous réalisé à quel point nous étions loin, si loin d’avoir compris, loin de la réalité.
Je vous livre ici le fossé.
Rose avait été élevée dans une fratrie de trois par une mère seule en haine contre un père parti pour une autre dans une époque où le divorce était montré du doigt, dans une époque où le divorce était silence…
Alors il avait bien fallu apprendre les mots pour exprimer la douleur, le vide, la colère… Les mots, quelle merveille, le mot juste, celui qui vous délivre, qui ouvre les portes, qui fait jaillir les larmes retenues, les mots, le mot, celui que vous allez écrire sur un papier plié en quatre pour le garder là dans votre poche pour mieux le retrouver en cas d’urgence, le mot magnifique.
Les livres étaient devenus sa joie, sa liberté, sa respiration, son évasion.
Ses premiers voyages elle les avait réalisés du bout de son index droit en caressant les images, en caressant le nom des pays avec cette phrase chuchotée « un jour j’irai » et l’appartement étriqué s’ouvrait vers d’autres terres, d’autres gens.
De son enfance encore elle avait gardé le sens de l’économie, elle avait vu sa mère compter recompter, une chasse intransigeante au gaspillage, s’en sortir avec ce que l’on avait, encore et encore.
Rose était dans sa cuisine, sa cuisine de toujours, en train de préparer sa moitié de siècle. Elle était heureuse de ce repas partagé.
La table fut chaleureuse. La maison riait et c’est sa fille aînée qui apporta l’enveloppe au moment où les cinquante bougies venaient d’être soufflées.
Rose rougit, confuse, émue, le vin, l’émotion, le cœur parfois déborde et s’affole. Elle ouvrit la carte… Un silence immense s’échappa de l’enveloppe.
Ses yeux restaient collés au billet, c’était un billet de voyage… Pour cette destination, pour ce rêve qu’elle pensait inaccessible parce que trop coûteux « LA ROUTE DE LA SOIE »
L’Ouzbékistan, l’Asie Centrale… Et le même doigt de son enfance passait repassait sur le billet de voyage. C’est ce cadeau contre son cœur qu’elle remercia tout le monde avec un sourire trempé de larmes.
C’est dans la ville légendaire de Samarcande qu’elle rencontra son guide SHERZOD.
SHERZOD avait vingt six ans, il était étudiant, il voulait s’en sortir. La nouvelle indépendance de son pays attirait les touristes et SHERZOD avait vite compris qu’il pouvait profiter de cette manne financière, il parlait plusieurs langues dont le français magnifiquement et il aimait son pays. Cette conjoncture était la chance de sa vie, gagner sa vie en faisant découvrir son pays. Il avait peaufiné le circuit, choisi les maisons d’accueil, les anecdotes, les détails de l’histoire. C’était son premier groupe. Il avait l’étincelle du début, tout absolument tout sortait de son cœur, sa passion à cette terre, à ce peuple… Pas de discours usé et sans vie, tout était livré avec la force magique des premiers pas.
Il était à l’écoute du groupe et durant ces trois semaines de voyage il avait su tisser des liens avec chacun et chacun avait compris qu’après son pays, son rêve c’était La France, il fallait l’entendre citer Voltaire, Victor Hugo.
Le dernier jour, le groupe décida d’offrir à SHERZOD le voyage pour La France et de le recevoir chacun leur tour chez eux, le chapeau de la fin du voyage se remplit du rêve du guide.
Ils venaient tous des quatre coins de France, ils étaient heureux de cette chaîne de l’amitié.
Et c’est ainsi qu’un an plus tard Rose reçut SHERZOD pour donner de son pays.
Le séjour fut magnifique car ces deux là étaient façonnés de la même curiosité, de la même tolérance, de la même chaleur, du même rire.
Rose était heureuse.
La table qui lui avait offert le voyage était de nouveau réunie pour rencontrer Sherzod et Sherzod racontait son pays aux enfants de Rose et les enfants de Rose riaient de son humour… Et les frontières s’abaissaient et les cultures se rejoignaient et un vent nouveau soufflait dans la maison…
Rose était dans sa cuisine quand Sherzod entra. Il voulait l’aider. Il s’approcha de la table et s’arrêta net devant la poubelle, les yeux fixés sur ce trou béant.
« Qu’est-ce qui se passe Sherzod ? » dit-elle.
« Tu as jeté une orange ? » dit-il.
Il avait posé la question en détachant chaque mot, les yeux collés sur le fruit. Elle s’approcha à son tour comme pour vérifier ce qu’elle savait déjà.
Dans un éclair elle revit son voyage, les petits jardins avec trois fois rien que chacun cultivait pour se nourrir, les plats de carottes et de riz servis… Le peu de viande…
Elle regardait l’orange, elle regardait Sherzod immobile.
– « Elle était pourrie » dit-elle très vite à son tour figée.
Elle aurait voulu lui dire qu’elle ne gaspillait pas, que l’orange était pourrie vraiment mais elle savait ces mots inutiles. Elle aurait voulu reprendre l’orange, la lui montrer mais elle resta les bras le long du corps.
Tous les deux étaient penchés au dessus de l’orange bleue, au-dessus de leur différence, de leurs mondes qui dans cette poubelle venaient de s’entrechoquer.
Elle s’en voulait, Rose.
Ils restèrent ainsi prostrés un long moment.
C’est sa fille, en entrant dans la pièce qui brisa le silence.
« Vous avez besoin d’aide ? »
Rose tel un ressort se redressa et prit un plat qu’elle donna à Sherzod d’une main ferme en le poussant (un peu) vers la porte.
« Voilà » se dit-elle « C’est fini »
Elle reprit sa respiration doucement et emboîta le pas du guide.
Sherzod fit quelques mètres, s’arrêta, se retourna vers elle et plongea son regard noir dans les yeux de Rose. On aurait dit un enfant qui ne comprend pas sa leçon, qui ne comprend pas le monde, ce regard immense qu’elle connaissait par cœur, ce regard comme une toile vierge…
Et il eut cette question qui résonne encore aujourd’hui dans la tête de Rose :
« POURQUOI L’AS-TU LAISSÉE POURRIR ? »
La ronde des prisonniers…
(D’après un tableau de Van Gogh)

Sophie était un beau bébé de deux ans tout en blondeur, en rondeur, en fossettes…
C’est juste à ce moment là que son père décida de partir de la maison.
C’est sur sa peau tendre et perméable que sa mère déversa ses larmes. C’est dans l’apprentissage des premiers mots qu’elle construisit son premier langage « papa pati » et devant les yeux noyés de sa mère « maman bobo ».
Un week-end sur deux son père venait la chercher. Elle adorait ce papa qui inventait des jeux, ce papa si fort qui la soulevait pour faire l’avion, ce papa qu’elle respirait pour l’emporter avec elle.
Et puis il fallait rentrer… Les premières fois à la question « comment cela s’est passé chez papa ? »
Elle exprima sa joie d’avoir joué avec son père, que la dame Laura était très gentille, que bientôt son papa allait revenir la chercher… Mais elle comprit très vite en voyant les yeux bleu-ciel de sa mère viré au noir acier, en découvrant ces fenêtres maternelles se remplir de larmes, que ce bonheur là ne devait pas se dire… « maman bobo ».
Au fil du temps elle était devenue prudente, silencieuse, observatrice… Déjà dans un dialogue intérieur, déjà dans un rôle de composition…
Sophie aimait aller chez ses grands parents maternels.
Il y avait un grand jardin et son grand-père la mettait dans la brouette pour cheminer jusqu’aux légumes, il la laissait plonger les mains dans la terre et aux retours des plantations il la portait contre lui, contre sa force où elle retrouvait un peu de son père.
Dans la maison familiale, les femmes s’activaient. C’était jour des confitures, ses tantes, sa mère, sa grand-mère lavaient les fruits, les pelaient, remplissaient les bocaux et surtout, elles bavardaient, livraient leurs secrets sans se douter un instant que Sophie, sous la table, faisait manger ses poupées, en écoutant…
– « Ah vous vous plaignez mes filles mais ce que j’ai enduré avec votre père, je n’avais pas droit à la parole, vous étiez quatre, je ne travaillais pas à l’extérieur, aucune liberté, je n’ai fait que servir, j’aurais aimé naître à votre époque » disait sa grand-mère.
– « Mais maman aujourd’hui c’est pire, rien ne les arrête, ils vivent leur vie, leur sport, leurs copains nous aident à peine et lorgnent sur des plus jeunes, des plus disponibles »
Et sa mère.
– « Tous les mêmes, regarde moi du jour au lendemain il part… »
Sophie ne comprenait pas trop, pas tout mais te

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