Des larmes d espoir
268 pages
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Des larmes d'espoir , livre ebook

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Description

John, un jeune irlandais, découvre un adolescent africain désemparé sur la côte sud de Ténériffe où la mer l’a jeté la nuit précédente alors qu’il débarquait avec d’autres clandestins dans la tempête.
L’Irlandais, plongé dans une profonde dépression due à un événement tragique vécu dans le passé en Irlande, décide de l’aider, poussé par des souvenirs et des rêves qui ne cessent de le tourmenter et que peuple un jeune noir.
La vie réunit plusieurs personnages qui n’avaient rien en commun, ni l’origine (Mali, Irlande, Espagne) ni la culture. L’histoire de chacun rejoint celle des autres et décrit de manière intime la douloureuse situation des émigrés aujourd’hui.
Un roman plein de sensibilité qui nous entraîne de l’île de Ténériffe, à l’Irlande, en passant par la France et La Nouvelle-Calédonie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 février 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332657282
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-65726-8

© Edilivre, 2014
– 1 –
Le soleil projetait sans pitié ses rayons à la verticale sur ses épaules, tandis qu’une légère brise marine était impuissante à le soulager de cette asphyxiante chaleur. A chaque pas, ses chaussures de sport pesaient sur les pierres du chemin. Il avançait à rythme lent mais continu. Il n’était pas facile de courir vite dans cette zone désertique parsemée de roches volcaniques et de cailloux où le temps et les rares promeneurs qui passaient par là avaient fini par tracer un chemin parallèle à la côte. Il connaissait bien ce circuit qu’il parcourait presque chaque jour pour rester en forme. Chaque pierre, chaque bosse, chaque montée ou descente lui étaient devenues familières. Il garait sa voiture en bordure d’un petit lotissement coincé entre une haute falaise et l’océan et courait le long de la côte bordant cette réserve naturelle, sauvage et protégée appelée « malpais » jusqu’à atteindre le phare de Rasca, pointe sud de l’ile de Ténériffe. Après une brève pause, il reprenait le chemin inverse au même rythme. La solitude, le silence et les tons verts, jaunes et bruns du paysage qui composait une palette de nuances variables selon le moment de la journée et lui donnaient la sensation de se fondre dans ce milieu sauvage.
Aujourd’hui, la mer était calme qui bordait le rivage d’une mince ligne d’écume blanche. Certains jours, cette écume explosait dans l’air avec violence après avoir heurté les rochers. Peu de gens osaient se baigner ici comme étaient rares les embarcations qui se risquaient à approcher le rivage parsemé de récifs à fleur d’eau.
L’état du sentier l’obligeait à concentrer son attention sur le sol pour lui éviter de se tordre la cheville dans un trou, de s’égratigner en effleurant un buisson ou buter sur une pierre tranchante. De temps à autre, il jetait un coup d’œil à droite, à gauche et loin devant lui pour surveiller l’horizon.
Il courait depuis une dizaine de minutes, le silence était total, les gouttes de sueur inondaient son torse nu et son dos pour mourir sur la ceinture de son short qui peu à peu prenait une couleur foncée. Il ne portait que ce vêtement, des baskets et une casquette dont la visière lui protégeait le visage. Son corps bronzé brillait sous le soleil. Il accusait une bonne trentaine, semblait de constitution robuste sans surplus de graisse, ses jambes s’étaient musclées au fur et à mesure des kilomètres parcourus. Quant à la couleur de ses cheveux, mélange de blond et de roux, elle trahissait ses origines saxonnes.
On était aux alentours de midi. Sa respiration saccadée s’accordait aux mouvements de ses membres : en sportif confirmé, il aspirait deux fois par le nez, expirait deux fois par la bouche, au rythme d’une machine bien réglée. Soudain, il arrêta sa course. Un fait inhabituel et même étrange attirait son attention. Pour mieux observer et comprendre ce qui l’intriguait, il se remit en marche. Le paysage verdâtre et marron était parsemé de taches bleues qui semblaient trembloter sous la brise. En s’approchant, il découvrit qu’il s’agissait de sacs en plastique, accrochés ça et là aux buissons épineux. Il distinguait à présent des taches sombres sur le sol en divers endroits. Le mystère se dissipait peu à peu à mesure qu’il avançait. Sur un espace d’environ cent mètres de long sur vingt de large, parallèlement à la côte, des vêtements, des chaussures, des objets disparates et ces sacs déchirés parsemaient le sol.
Les vêtements étaient regroupés en tas comme quand les baigneurs sur la plage se dévêtissent avant d’aller à l’eau, pantalons par-ci, chemises et tee-shirts par là. John stoppa pour observer la scène avec plus d’attention encore ; ce qu’il avait vécu le matin même lui revenait soudain à l’esprit.
Comme chaque jour, aux alentours de huit heures, il était entré au supermarché proche de chez lui, avait pris du pain pour son petit déjeuner et « El Dia », le quotidien du coin avant de se diriger vers la caisse. Tandis qu’il préparait sa monnaie, Maria, l’employée de service, lui montra un article paru en première page du journal.
– Vous avez vu ce qu’il s’est passé cette nuit à Palm-Mar ?
John la regarda surpris.
– Une « patera » s’est échouée tout près d’ici.
– Une quoi ? lui demanda John.
– Vous savez bien… Une « patera », cette espèce de rafiot de fortune qui amène les immigrants africains en cachette la nuit. Moi, j’étais au courant avant les journaux, ma tante qui habite par ici m’a dit que la nuit dernière on a entendu des voix, des cris et tout ! On a prévenu les flics de la Guardia civil, il paraît qu’ils les ont tous arrêtés. Ma tante les a aperçus tôt ce matin en partant travailler, ils étaient alignés comme des sardines sur le bord du trottoir. Quelle horreur !
John réagit en hochant plusieurs fois la tête, les yeux écarquillés et les sourcils relevés. Sa façon à lui d’exprimer sa stupéfaction. Il en apprenait des choses. A dire vrai, ça ne le surprenait plus tellement car dans le coin on commençait à s’habituer à ce fait divers qui se produisait au moins une fois par semaine. Chacun savait que, dans les îles, le nombre de clandestins était en hausse constante. Il paya et s’en alla, laissant Maria avec ce qu’elle croyait être un « scoop ». Il se mit à rigoler en pensant qu’aucun client de passage au supermarché ce jour-là n’échapperait aux commérages de Maria et de sa tante chérie.
Il rentra chez lui déjeuner et laissa négligemment le journal sur la table. Pourtant, en terminant de siroter son café, il jeta un œil distrait sur la dernière page comme il le faisait quand il était pressé. Puis il nettoya la vaisselle et rangea la maison avant de partir faire son footing quotidien.
C’est donc ici qu’ils ont débarqué cette nuit, pensa John en regardant autour de lui. L’endroit où il se trouvait surplombait d’un mètre à peine le niveau de la mer et la quinzaine d’autres qui séparaient le sentier du bord de l’eau étaient couverts de rochers travaillés par l’érosion et affleurant seulement à marée basse. Planté là, les bras ballants, John dirigea son regard vers l’océan qui brillait sous le soleil comme un miroir. L’océan atlantique semblait s’être calmé après une nuit de tempête.
Dans sa tête commença à se dérouler l’horrible film de ce qui avait dû se passer ici durant la nuit. Une nuit d’encre, sans lune, plus noire encore que ceux qui avaient échoué en cet endroit désolé. Il ne put s’empêcher d’imaginer les centaines de roches abrasives plantées au hasard sur le rivage, parmi lesquelles il est difficile de se faufiler quand les vagues ne cessent de les couvrir et découvrir sans fin. Et ces corps fragiles, affamés, épuisés pour la plupart, projetés sur ces récifs impitoyables propres à les broyer dans la tourmente des rouleaux, ces êtres sans défense qui ne voient pas où ils vont, ignorent où ils sont et dont le seul but est de surmonter cette ultime épreuve avant d’accéder enfin à ce qu’ils croient être leur Terre promise. John les imagine ballotés comme des fétus de paille, il devine leurs clameurs de douleur et de peur au milieu de la tempête. Leur martyre a pu se prolonger car franchir cette barrière du premier coup est réputé impossible. Combien de fois chacun d’eux a-t-il été jeté sur les récifs pour être ensuite aspiré par le reflux, proie fragile qui lutte désespérément pour se mettre debout, échapper aux éléments déchaînés, guidée par son instinct de survie en espérant que la déferlante finira par le pousser dans la bonne direction. Le film se déroule et John essaie de comprendre comment ces zombies à peau noire ont fait pour se protéger, bras en avant, corps et jambes heurtant ces blocs abrasifs, tentant de s’agripper à la moindre aspérité pour ne pas perdre les quelques mètres gagnés, avant que ne les submerge la vague qui les obligera à tout recommencer. Ils ne sentent pas les douleurs provoquées par les écorchures parsemées sur leur corps, surtout genoux et tibias. Il leur faut se sortir de là coûte que coûte. Ils y sont finalement parvenus, mais au prix de quels sacrifices…
Un long moment immobile, plongé dans sa réflexion, John revient à la réalité, il se déplace lentement d’un paquet de vêtements à un autre en quête d’un détail, d’un élément qui lui permettrait de mieux cerner la personnalité de ces fantômes en chair et en os qui ont laissé ici tant de traces. Il avait entendu dire que les immigrants transportaient des vêtements secs de rechange dans des sacs en plastique pour les protéger de l’humidité. Il les trouvait à ses pieds, tremblotant sous la brise, leur mission accomplie. Il poursuivit son inspection. A l’évidence, cinq où six personnes s’étaient changées là, deux ou trois un peu plus loin. Il fit quelques pas en direction du rivage et dans un recoin, entre deux rochers, trouva un pantalon, une chemise et une trousse de toilette entrouverte laissant voir une brosse à dents et d’autres objets. Sceptique, il se demanda pourquoi les avoir largués à cet endroit après avoir connu une traversée aussi mouvementée. L’obscurité et la panique étaient sans doute l’explication. Cela lui faisait penser aux scènes de champs de bataille au lendemain d’un combat, quand règne un silence de mort dans un paysage couvert de toutes sortes d’objets hétéroclites abandonnés, alors que la paix du lieu recouvre d’un voile pudique l’horreur de la veille.
Ce qu’il a découvert l’a affecté. Bien sûr, confortablement installé dans son sofa, il n’avait pas été sans lire d’un œil intéressé quelques articles sur le sujet mais aujourd’hui, il en est le témoin et ça le touche soudainement.
Un quart d’heure a passé. Il ne peut rien faire d’autre que con

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